La restauration de juillet
- Le peuple français a rejeté massivement notre constitution.
- C'est la révolution ?
- Non, Sire, la révolte est matée.
- Comment diantre avez-vous fait ?
- Rien, nos hommes sont restés en place partout, l'ordre
règne. Quelques ministres ont changé, rien de plus.
- Et le peuple n'a pas bougé ?
- C'est les vacances !
- Mais la constitution ?
- Elle passera, nous nous y employons.
- Malgré le verdict des urnes ?
- Nous dirons que le vote du Luxembourg a retourné la situation
- Non, vous n'oserez pas, c'est un peu gros tout de même pour un pays si minuscule !
- C'est juste une question de communication, plus c'est gros, plus
ça passe. Il suffit de trouver
quelques chroniqueurs dévoués qui oseront l'affirmer sans
rire. Ce n'est pas plus difficile que de prétendre qu'il
faudrait plus de libéralisme pour répondre à une majorité qui en
dénonce les excès. Ensuite, la répétition
des journaux suffira pour habituer l'opinion.
- Vraiment, vous croyez ?
- Des accidents sont possibles comme avec ce
référendum mais cela n'a aucune importance. Jamais nous n'avons eu autant de moyens
à notre disposition, il ne faut pas s'en priver. Plus besoin de s'embarrasser des peuples.
- On vit vraiment une époque formidable
- D'autant que d'autres se chargent de terroriser les populations, nous n'avons plus qu'à passer pour leurs sauveurs.
- N'avons nous rien à craindre de la gauche au moins ?
- Ils se battent entre eux et beaucoup sont déjà acquis à nos intérêts.
- Décidément, il semble que nous soyons là pour longtemps.
- Retournons à nos bonnes affaires. Il faut en profiter tant qu'on le pourra et après nous le déluge !
- Que la fête commence.
- Dansons la carmagnole...
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