Ce n'est pas nouveau, dira-t-on puisque c'est un phénomène naturel, mais ce qu'il y a de nouveau, c'est que, cette fois-ci, c'est vraiment la faute des hommes. Dans les mythologies antiques, le déluge était vécu comme la suppression de la création par son dieu créateur reniant sa créature à cause des péchés des hommes, de leurs disputes, leur égoïsme, leur éloignement du Dieu. Ce sentiment de culpabilité a fait progresser la conscience de soi en produisant le travail humain, l'agriculture, d'abord comme service aux dieux (faire le travail de la nature à sa place pour être utiles aux dieux et "gagner sa vie"). Pourtant, je peux vous l'assurer, l'homme n'était pour rien dans les précédents déluges alors que c'est bien sa faute réelle, sa démesure qui le menace lui-même cette fois. Faudra-t-il la colère du ciel pour comprendre enfin qu'on ne peut continuer à gaspiller nos ressources dans une vie d'enfer ? Chaque cyclone menaçant sera désormais chargé de notre culpabilité et les déluges à venir accuseront longtemps notre insouciance irresponsable. Il ne s'agit pas seulement d'un "réchauffement", non, après-nous le déluge !
Le contentement d'un progrès des écologistes ne doit pas camoufler le conservatisme, le libéralisme, le productivisme qui se mondialisent et qu'il ne faut pas simplement tempérer de quelques précautions mais qu'il nous faudra radicalement remettre en cause. Il y a urgence. Il faut bien se réjouir du progrès des écologistes, mais non pas s'en contenter, petit pas à petit pas comme si le temps ne nous était pas déjà compté : après nous le déluge !
Malgré les excellentes perspectives que nous vaut cette victoire pour les chômeurs, les sans-papiers et tout le reste (hélas!), nous sommes un certain nombre à nous rassembler pour affirmer la nécessité d'une écologie radicale anti-productiviste autour du Revenu d'Existence et réaffirmer notre honte de participer à un gouvernement si libéral, productiviste et psycho-rigide. Notre préoccupation n'est pas les prochaines élections mais notre refus de ce monde inhumain qui n'est pas durable, notre refus de continuer cette course en avant qui ne fait qu'empirer notre vie sans souci pour l'avenir, car, nous le répétons : après nous le déluge !