Tout-à-coup le ciel se dégage, l'inespéré se produit. Balayés tous les doutes sur les risques du non, plus besoin de se raccrocher à un plan B minimal. Il n'est plus temps de se demander s'il faut voter non et quelle en sera la suite. De tous les pays européens monte la même exigence d'une véritable constituante, d'un processus démocratique à l'échelle de toute l'Europe et dont les Français seraient les leaders s'ils refusaient cette constitution imposée d'une façon absurdement technocratique. Après les Français il y aura les Hollandais et d'autres sans doute mais dès maintenant des voix s'élèvent de toutes les nations européennes pour dénoncer les insuffisances du traité constitutionnel, apporter leur soutien au non des Français et même appeler à la convocation d'une assemblée constituante ! Devant ce mouvement européen qui s'amorce, les partisans du oui restent sans voix, car c'est aussi ce qu'ils souhaitaient au fond, sans avoir pu y croire. Arrêtons donc de nous étriper sur tel ou tel article d'un trop mauvais compromis plein de contradictions, exigeons dès maintenant une procédure plus démocratique afin d'établir un meilleur texte, une véritable constitution pour l'Europe, plus solide et durable. Je suis sûr que l'appel à une assemblée constituante peut rassembler tous les européens convaincus.

Si on ne veut pas fonder le lien social sur la concurrence, ce n'est pas une mince affaire, pas une amélioration mineure de la constitution mais une remise en cause des principes de la construction européenne par le marché. Seule une assemblée constituante élue démocratiquement peut avoir la légitimité de le faire. Il n'est plus temps de se demander ce que nous ferons le lendemain du vote et il ne suffit pas de proposer des alternatives ou quelques constitutions idéales. Nous devons appeler à l'élection d'une assemblée constituante. Comme le disait Jean-Maurice Dehousse, l'ancien bourgmestre de Liège (lors de l'émission Ripostes), dans un vibrant plaidoyer pour un non des Français, tout dépend du niveau du non. Une victoire indécise n'apporterait rien de mieux que des ajustements à la marge alors qu'une victoire plus nette donnerait toute sa crédibilité à l'engagement dans une processus constituant de tous les peuples d'Europe, seule issue progressiste de la crise ouverte par le rejet du traité constitutionnel.

La politique doit retrouver ses droits et partout on ne parle plus que de cela, de notre être-ensemble, de notre destin commun, des règles qu'on veut se donner, de la place du marché... Sursaut démocratique inespéré du rêve européen qui n'a aucune chance d'aboutir après l'échec du référendum en dehors d'une assemblée constituante réunissant tous les peuples d'Europe dans un projet plus démocratique, écologique et social de développement humain, de relocalisation de l'économie et de marchés régulés (le choix n'est pas entre la loi de la jungle d'un néolibéralisme débridé et une planification autoritaire). Nous avons la chance de construire une véritable Europe en mettant un terme au processus technocratique par un non retentissant. Pour cela nous devons appeler dès maintenant, avec le plus grand nombre d'européens, à l'élection d'une assemblée constituante qui donne tout son sens à notre non en redonnant la parole aux citoyens et une ambition pour l'avenir de l'Europe.

Pétition : http://europa-constitution.net

Jean Zin 22/05/05
http://jeanzin.fr/ecorevo/politic/constitu.htm