La France
Le mouvement des chômeurs a perdu sa dynamique mais il
serait bien imprudent de l'enterrer trop rapidement. Déjà
son existence changera toutes les luttes futures, remettant en cause le
travail lui-même, et il continuera sous de multiples formes. Il semble
trouver son expression politique avec le groupe "raisons d'agir" autour
de Bourdieu. Le Danemark qui est le pays le plus avancé, nous encourage
par les "exigences déraisonnables" de ses 500 000 grévistes
dont nos journaux n'ont dit mot ou presque. Et puis, surtout, les négociations
sur les 35 heures vont se révéler un excellent terrain de
lutte. Les négociations en cours partout à la fois peuvent
favoriser des revendications plus globales mais provoqueront inévitablement
des démonstrations de force, des manifestations et des grèves
un peu partout en France.
Le travail
Il nous semble que l'essentiel de ce mouvement des chômeurs est
d'avoir posé radicalement la question du statut du travail,
de sa transformations à l'ère de la société
de l'information. Il est apparu clairement une nouvelle issue (Gorz, Bourdieu)
profitant enfin des possibilités historiques de libération
du travail et permettant de réorienter l'économie sur des
bases plus humaines et écologiques, au lieu de livrer la planète
aux ravages du néo-libéralisme et à sa pression de
plus en plus insupportable sur nos vies. La possibilité de libération
est réelle, à très court terme car elle passe par
une transformation du travail qui a déjà eu lieu. Là
où le danger s'accroît, s'accroît aussi ce qui sauve
comme disait le poète. Nous sommes dans une lutte pour la réappropriation
de nos vies qui ne fait que commencer.