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06/92 |
Tristesse d'automne abandonnée
Ne laissant rien qui vaille
Ni personne
Rien
Qu'un dégoût maussade et las de tout
Notre vie pourtant est si douce
Et nos amis sont si gentils
Mais d'où nous vient ce dur ennui
Puis le vent se lève
Et lève la poussière au loin
Toi tu regardes sans rien faire
Pris dans ton lit de pierres
Silence
...
Je n'ai rien fait qui vaille
Mais à quoi sert de le redire ?
Je suis si ignorant
Mais le temps n'attend pas
Ferme sur tes faiblesses
Sois fort dans tes combats
Tout ce temps perdu ne sert à rien
Mangez la banane
Parlez
DEBOUT
Voulez-vous l'heure ?
Il est moins dix,
Vite il n'y a pas de temps à perdre
Notre temps nous est compté
Et qui pour en répondre ?
J'ai cru jadis que les hommes existaient
Mais ce ne sont là,
Que de sombres personnages,
Qu'à peine l'on croise d'un regard.
Hélas Gildas! Je m'étais trompé!
Dans ce monde de non dupes
On ne dit plus un mot
Et tout, pleurs ou rires, ne laisse qu'un ennui profond comme l'oubli
J'ai une nouvelle
Pour cette foule harassée
Ils ne sont plus "obligés" d'être heureux
Le Dieu Bonheur nous a quittés
Les ânes de ce temps sermonnent en chaire,
Suffisances de possesseurs
Comme d'un marché qu'il ne faut pas éteindre
Mais
A travers toutes les méandres de l'erreur
Une voix se fait entendre
Malgré les quelques professeurs.
Et leur rit au nez
On ne vaut pas mieux que toute vie
Mais toute vie vit en nous
Esprit de chair
Notre devoir n'est pas de dormir.
Il y a le devoir de bien dire,
Mais il ne suffit pas d'un devoir pour le remplir...
Le bafouillage ne fait que commencer.
Nous en sommes réduits à l'évocation
Pour ne pas trahir nos pensées immémorables
Ce n'est pourtant que le second de nos devoirs
Le premier reste de donner sens à notre être,
Jouir qui ne va pas de soi mais nous surmène
Prendre la parole, en porter témoignage
Au nom de l'impossible à dire
Au nom de Liberté
Bien sûr faut-il ne pas se démentir aussitôt, lasser de pesantes maladresses, en s'y mesurant à notre inhabileté fatale...
Cela n'en diminue pas l'urgence pour tous.
Il n'y a plus d'initiation pour passer à l'âge d'homme, l'âge de raison.
Initié à la stratégie,
Un par un.
Il faut pour ce passage un solide roc,
Une volonté de vie qui donne force pour faire face aux incertitudes infinies du monde
Pas du tout de certitudes aveugles et muettes, inadaptées à la survie
Nous devons défendre notre singularité la plus essentielle
Défendre notre peau
Et pour cela défendre celle des autres qui nous donne sens.
Rien dans la langue, ni dans le conformisme des faits
n'est prêt d'accueillir une nouveauté
Qu'il faut marteler sans cesse pour l'imposer à l'universel
Car
Toute nouveauté n'est pas bonne à dire,
Il faut savoir attendre son temps avant d'agir
Personne à qui se plaindre, il ne faut rien négliger
Et tirer parti de tout puisqu'il nous faut vaincre
De l'action. C'est de la poésie.
Qu'on l'ait voulue plus mélodieuse
N'est pas de mes soucis
Mais de gagner du temps.
Aux armes Citoyens !
VITE
Nous avons Universellement besoin
de l'égalité de droit,
de la fraternité des coeurs,
et d'une liberté rebelle
Aux yeux du pouvoir nous ne sommes que des producteurs, il pèse notre rentabilité
Et nous avons pris les yeux du pouvoir.
Le monde raisonnable est triste comme une banlieue blême.
Pourtant
Les mille contraintes qui font les conventions ordinaires de nos échanges peuvent tout à coup
Disparaître,
Happés par l'instant brut et réel.
Il y a là une vérité dans l'épreuve qui ne se prouve pas,
Ni délivre du mal ou récompense divine.
Pur fait d'existence
Ce qui s'en écrit d'éternité est la fraternité fragile de cette présence
singularité insondable,
durable surprise de l'amour.
De l'autre côté, l'écoeurement et la honte!
Celui qui ne fait rien certain qu'il n'y a rien à faire, certain que ses forces ne s'y mesurent pas
Rajoute de tout son poids aux lourdeurs du monde et à ses fausses lois
Les lamentations ne font qu'y ajouter leur fardeau
On doit prendre la responsabilité d'être dans un monde étrange.
Guerrier attentif aux pouvoirs, prudent, économe car décidé.
Le bien-être n'est pas le but ultime de l'esprit, mais un corps qui se plie à sa volonté de faire
Le désir de durer doit se prouver à chaque instant
La fin du communisme et l'essoufflement de la social démocratie ne peuvent pas laisser longtemps l'espoir en berne, comme si l'humanité avait pu jamais se résigner à son sort: supporter sans rien dire l'arbitraire, l'injustice et la misère, attendre sans rien faire que la mort nous gagne, sans raisons de vivre qu'un morne confort et sa plate servitude. Passé le temps de comprendre, la flamme doit renaître plus forte et brillante pour ne pas seulement résister mais vaincre, les combats ne manquent pas, il ne faut plus disperser nos forces mais les ajouter.
Nous ne voulons pas des partis (un de plus). Ils nous réduisent à répéter leurs slogans, camouflent leurs erreurs, ignorent nos diversités et nous divisent. Nous ne pouvons créer que ce qui existe déjà : Le Mouvement. Un mouvement rassemble des énergies éparses, organise son expression et son action sans demander de comptes à ceux qui se joignent à cet effort. Le mouvement se doit d'être la coordination permanente des bonnes volontés, instrument de ceux qui agissent et dénoncent les pouvoirs.
Notre charte est celle de nos pères qui n'ont pas achevé la besogne mais tracé le sillon. Chacun est libre de vivre comme il veut (comme le veut sa raison unique et déchirée dans notre commune solitude), chacun se vaut parole contre parole (sans distinctions de fortune ou de sang) et chacun vit en nous (solidaire, miroir et juge): Liberté, égalité, fraternité. Cela ne va pas de soi. L'avenir dépend de ce que nous en ferons, il dépend de nos actes.
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