Archéologie de la Bible
Le Bible dévoilée, Les nouvelles révélations de l'archéologie
Israël Finkelstein, Neil Asher Silberman, Bayard, 2002
- L'histoire des religions
Au moment où l'on nous appelle à une croisade du bien contre
le mal, de la lumière de la raison contre l'obscurantisme islamiste,
il est indispensable de revenir sur nos propres croyances, prendre la mesure
de notre débilité mentale malgré la puissance terrifiante
de notre science (Nous sommes des nains sur des épaules de géants).
La seule attitude raisonnable face aux religions n'est ni le fanatisme, ni
le rejet méprisant, mais d'en faire l'histoire. On ne s'imagine pas
à quel point c'est difficile, presque impossible. La partialité
est ici de mise. Il est assez comique de voir comme la science a pu être
convoquée pour confirmer rationnellement la véracité
de la Bible, de la traversée de la Mer rouge (entre autres miracles)
jusqu'à la psychologie de Moïse. Quand on cherche des preuves,
on en trouve toujours. Pourtant cela fait longtemps qu'on pouvait savoir
que tout cela était pure invention. La religion juive
a été (re)constituée par Cyrus (539), Esdras (458) et
Néhémie (445) au retour de l'exil babylonien, sur la base de
l'idéologie de Josias (639-609) complètement remaniée.
Il n'y a donc pas d'Abraham, ni de Moïse (dont la naissance, "sauvée
des eaux", est calquée sur l'origine légendaire de Sargon[1]),
ni de conquête de la terre promise. Le monothéisme a une
origine perse ou hittite (Ahura Mazda pour Zarathoustra ou le dieu Shamash
des Hittites sur son chariot de feu).
Bien sûr, pour être convaincu, il faut se donner la peine d'aller
voir dans le détail. Contredire ce qui est tenu pour
vrai depuis des millénaires est bien difficile à croire, et
l'on se laisse si facilement séduire par des histoires merveilleuses.
Par contre, quand on se penche sérieusement sur l'histoire des religions, comme
Jean Bottéro, ce qui est difficile ensuite c'est de continuer à y
croire plutôt, même pour un moine. La synthèse des données archéologiques
fournie ici par les auteurs est précieuse, mais se limitant à l'archéologie d'Israël,
ne tient pas assez compte de ce que les recherches assyriennes avaient déjà
montré (voir N. Kramer, L'histoire commence à Sumer) : qu'une large partie du matériel biblique était
d'origine sumérienne ou akkadienne (l'histoire de Job, du déluge, l'Ecclésiaste, etc.) et plus globalement babylonienne
(chérubins, code d'Hammurabi, etc.) beaucoup plus qu'égyptienne.
On avait aussi depuis longtemps des documents historiques (Documents araméens d'Egypte, Les éditions de Cerf, 1972) montrant qu'il y avait bien d'autres temples
que celui de Jérusalem et aucun monothéisme avant Cyrus. Les lettres de commerçants juifs témoignent du culte de "Anat-Yahô",
où Yahô est associé à la déesse Anat, ce
qui est d'autant moins monothéiste que beaucoup d'autres divinités
sont mêlées à leurs bénédictions. Seul
le sabat peut-être les distinguait du reste de la population, ce n'est
même pas sûr. Une lettre étonnamment explicite d'un envoyé
du roi Darius ordonne aux juifs les prescriptions rituelles (sabat, fête
des azymes, exigeant un pain sans levain, et se terminant par la formule
: "Qu'il soit fait ainsi chez vous, selon que l'a dit le roi Darius" p384). Après les déportations mésopotamiennes, le mélange
des langues, la destruction des dieux, Cyrus se voudra le libérateur
des peuples à qui il rendra "leurs dieux et leurs terres", constituant
le premier véritable empire, unité des peuples dans leurs différences.
Dans la reconstitution de l'idéologie de Josias s'introduit pourtant
largement l'intérêt de l'empire qui veut faire des juifs un
rempart contre l'ennemi égyptien. L'exil babylonien
et le retour des exilés sera ainsi projeté sur un mythique esclavage égyptien qui permet de
justifier par la religion un antagonisme fondamental avec l'Egypte,
conformément à la situation de l'époque.
On savait aussi depuis longtemps que les textes de la Bible compilaient des
traditions différentes, celles de "Yahvé" puis YHWH/Adonaï,
Dieu archaïque et jaloux, celle du cananéen "El", qu'on trouve dans Isra-ël
(signifiant celui qui a lutté contre Dieu) et, enfin, celle d'Elohim
(tous les dieux!), mais on arrivait à faire passer cela pour une preuve
d'authenticité ! Il n'y a pas que les juifs à être concernés
par le mythe biblique puisque chrétiens et musulmans s'en réclament.
Les musulmans se veulent aussi les fils d'Abraham. Il est donc bienvenue que
l'archéologie nous donne une idée plus précise de comment
les choses se sont réellement passées derrière les récits
fantastiques remaniés par les pouvoirs successifs.
On ne pourra examiner en détail ici l'histoire de la Bible,
mais disons-le tout de suite, contester la vérité littérale
n'est pas retirer toute valeur à une religion qui continue à
nous inspirer. Certes, les revendications historiques des religieux juifs
(sur Hébron et le tombeau des patriarches par exemple) perdent tout
fondement mais on perçoit d'autant mieux que la profonde originalité
de la religion hébraïque n'est pas tant le monothéisme
que de se revendiquer comme religion d'anciens esclaves
et de refuser la division en castes [selon des découvertes
plus récentes, ce seraient des cananéens
révoltés contre la domination égyptienne de
l'époque sur la région et quelques anciens esclaves
égyptiens qui auraient formé une dissidence
révolutionnaire égalitaire rejetant les signes de
richesse et se réclamant de Yavé sans être
monothéistes[2]]. Si la religion de Zarathoustra valorisait déjà l'intériorité
(la bonne foi), la Bible y ajoute la dimension tragique de la culpabilité,
de l'exil, de la déchéance et de la persécution. Comme
dit Raoul Vaneigem (Résistance au christianisme, Fayard), que la nation juive "garde foi, confiance, crédit
en une déité qui lui est aussi contraire a de quoi étonner".
Mais c'est aussi ce qui en fait toute la profondeur humaine et continue à
nous émouvoir. Ne sommes-nous pas tous exilés de la vie ? Il
n'y a pas si longtemps, Bob Marley chantait encore un magnifique "Exodus".
D'ailleurs, toutes les religions de l'antiquité savaient différencier
un sens historique littéral (exotérique), d'un sens moral
et mystique (ésotérique). La dimension métaphorique
est inéliminable de la langue. Prendre les mythes au mot est une sorte
de folie interprétative, de l'ordre de la paranoïa, alors que ce qui compte c'est l'intention
générale du récit, ce qu'il nous enseigne et nous fait
vivre. L'importance donnée au caractère historique de la Bible
est l'effet paradoxal d'un scientisme qu'on ne retrouve guère avant le XIXè
siècle. Il est crucial donc pour la vérité religieuse
et spirituelle de se détacher du sens historique et matériel
en opposant aux fanatiques du texte les faits de l'archéologie.
- L'archéologie
Ainsi, ce livre nous montre qu'il n'y a pas eu de conquête de la terre promise car il n'y avait
rien à conquérir avant le Xème siècle. Le sud
de la Palestine ne possédait presqu'aucune ville encore, Jérusalem
n'était qu'un minuscule hameau. Aucun peuple n'a pu venir conquérir
le pays de Juda qui restera encore longtemps sous-développé, rural et clairsemé.
Il n'y a donc pas de peuple venu
d'Egypte sous la conduite de Moïse (cela n'empêche pas qu'il
y a eu des Cananéens esclaves en
Egypte lorsque Ramsès a détruit Avaris, capitale des
Hyksos, qu'on peut relier à l'histoire de Joseph à la
cour du Pharaon avant la reconquête égyptienne). On ne
parle même pas d'Abraham
dont le décor ne correspond absolument pas à sa datation
supposée, mais tout-à-fait à l'époque
d'Esdras et Néhémie. Les juifs sont des cananéens.
Rien ne les différencie sinon d'être d'abord plus frustres
peut-être, et d'habiter les terres hautes plus pauvres
que les plaines. Se donner Abraham comme ancêtre était
nécessaire
pour prétendre appartenir à un peuple hautement
civilisé.
"Ur était déjà renommée comme lieu de savoir
d'une très haute antiquité ; mais son prestige augmenta considérablement
dans toute la région lorsque, vers le milieu du VIè siècle
av. JC, elle redevint un important centre religieux grâce au roi babylonien
- ou chaldéen - Nabonide. Ainsi, le choix comme origine d'Abraham
de la Ur des Chaldéens donnait aux Juifs à la fois distinction
et ancienneté culturelle" 353.
"La plupart des Israélites ne venaient pas de l'extérieur
de Canaan ; ils étaient indigènes. Il n'y a pas eu d'exode
de masse en provenance d'Egypte. Le pays de Canaan n'a pas été
conquis par la violence. La plupart de ceux qui ont constitué le premier
noyau d'Israël étaient des gens du cru, ceux-là mêmes
qui peuplaient les hautes terres durant les âges du Bronze et du Fer.
Les premiers Israélites étaient - comble de l'ironie - d'origine
cananéenne !" 143.
Il n'y a pas d'inconvénient par contre à croire en l'historicité
de David qui
gagne la "royauté" en terrassant avec sa fronde
un géant d'une bande rivale (ce qui donne la mesure de
l'importance
de son royaume !). Tout n'est pas faux dans ces légendes mais
l'archéologie démontre que Salomon est
une pure invention de l'époque de Josias [ce qui est
contesté désormais, Salomon ayant bien été
un grand batisseur, caractérisé par les "portes en triple
tenaille"]. Il n'y a pas de traces archéologiques du premier
Temple
! [peut-être à cause de sa destruction complète]
Même si certains faits peuvent être historiques, dont une
bonne
part des noms de roi, toute l'histoire est arrangée pour servir
les
intérêts politiques de Josias ou des Perses. Impossible de
s'y
retrouver vraiment De nombreuses indications de lieux ou de
peuples montrent avec évidence qu'il s'agit d'une reconstruction
tardive
faisant référence à des villes beaucoup plus
récentes
(comme Hébron) tout en ignorant les réelles grandes
villes de
l'époque comme Haçor.
"Si l'on se fonde sur l'étude archéologique, jusqu'à
l'époque de David et de Salomon, et même au-delà, la
population sédentaire de Juda était très minime ; le
royaume était isolé, très marginalisé ; la contrée
n'avait aucun centre urbain digne de ce nom ; elle manquait de la hiérarchie
habituelle : hameaux, villages, villes" 159.
Ce qui apparaît clairement dans cette reconstitution, c'est que l'enjeu essentiel du
Roi Josias était d'établir à partir de Jérusalem
l'unité d'Israël (Nord) et de Juda (Sud), les récits bibliques ayant
pour fonction de légitimer ce rattachement d'Israël à
Jérusalem. La réalité est à peu près le
contraire de ce que raconte la Bible. Alors que la Judée restait inculte,
Israël s'est développée beaucoup plus tôt, sur les
terres plus riches de Samarie et Galilée, échappant même au contrôle égyptien au
début du IXè siècle av. JC. Loin de vouer un culte à
Jérusalem, c'est à Béthel que se situe le temple d'Israël
pratiquant par ailleurs le polythéisme et connaissant un assez grand
mélange de populations. L'apogée d'Israël se situe de
884 à 842, sous le règne des Omrides calomniés dans la Bible.
"C'est à l'apogée de la prospérité du royaume
du Nord, sous le règne de Jéroboam II, que nous pouvons trouver
enfin la totalité des critères qui constituent un Etat : l'alphabétisation
généralisée, l'administration, la spécialisation
de la production économique et la maintenance d'une armée professionnelle.
C'est aussi de cette époque que datent les premières protestations
prophétiques. Les oracles des prophètes Amos et Osée,
qui comptent parmi les premiers écrits prophétiques conservés,
contiennent des passages qui décrivent l'apogée du règne
de Jéroboam II" 247.
Ces prophéties
de châtiments et destructions ayant été recueillies deux
siècles après, ont été remaniées au profit
de Jérusalem, tout comme les autres traditions et légendes.
En tout cas, c'est la chute d'Israël qui va faire la fortune de Juda.
Téglat-Phalasar III dévaste Israël et s'allie avec Juda
(Achaz) au temps du premier Isaïe en -732. La destruction des villes
du Nord comme Haçor amène un flux de population cultivée
vers les villes du sud et surtout Jérusalem
qui fait "un grand bond en avant". C'est alors que le judaïsme va commencer à s'élaborer.
"Mais d'où venaient ces richesses ? Sur quoi s'appuyait cette évolution
vers la formation d'un Etat ? Il n'y a qu'une réponse possible : c'est
que Juda s'était mis soudain à coopérer avec - voire
à s'immerger dans - l'économie de l'Empire Assyrien [...] En
même temps que cette extraordinaire transformation sociale, vers la
fin du VIIIé siècle av. JC, se développa une lutte religieuse
intense dont la conséquence directe fut l'émergence de la Bible
telle que nous la connaissons" 281.
L'unification
religieuse autour de "YHWH l'unique" et centrée sur le temple de Jérusalem,
a des raisons à l'évidence politiques. Ce n'est pas encore
un monothéisme pourtant mais plutôt un dieu exclusif et jaloux.
Dans son élan, ce mouvement amènera Ezéchias à
vouloir gagner son indépendance contre l'Assyrie, ce qui s'avérera
désastreux, provoquant la riposte de Sennachérib en 701. Lakish
fut entièrement détruite mais Jérusalem encore épargnée.
Avec Manassé la prospérité et le polythéisme
(la liberté religieuse) revinrent. Il sera calomnié par son
successeur Josias, véritable fondateur du judaïsme puisque
c'est lui qui invente le Deutéronome, soi-disant découvert
lors des travaux de rénovation du Temple en 622, mais dont le style
"ressemble de façon frappante à celui des traités
assyriens de vassalité du début du VIIè siècle
av. JC, qui énuméraient les droits et les devoirs des peuples
sujets envers leur suzerain (dans ce cas présent, Israël et YHWH)" 319. Josias détruira le temple de Béthel et organisera la résistance
à la nouvelle puissance égyptienne de Psammétique Ier mais le fils de celui-ci,
Neko II, le tuera en 610 à Megiddo.
13 ans après, c'est la terrible invasion des forces
babyloniennes de Nabuchodonosor (en 597) et la destruction du Temple. L'archéologie
confirme "l'intensité de la destruction de Jérusalem par
les Babyloniens restée visible à l'oeil nu pendant un siècle
et demi après l'événement". On ne sait vraiment combien de juifs furent déportés à Babylone, entre 4000 et 8000 sans doute (surtout nobles et clergé)
mais le
pays se vida de ses habitants qui se réfugièrent en Egypte (Jérémie)
ou ailleurs. Il semble que les exilés garderont leur identité
ainsi que leurs rites religieux, mais ils se nourriront largement de la civilisation
babylonienne, qui est la plus avancée de l'époque, au point
que leur religion sera transfigurée en monothéisme, intellectualisée
et largement méconnaissable.
Lorsque Cyrus renverse le pouvoir babylonien en 539 et renvoie les exilés
à Jérusalem, il semble qu'environ 30 000 revinrent à travers le désert. C'est ce
retour sur la terre de leurs ancêtres qui sera transposé dans
la sortie d'Egypte et la prise de pouvoir sur les "cananéens" occupant les lieux. "La saga de l'exode faisait écho à leur propre situation de rapatriés" 351.
On peut penser que la reprise en main de la région par ces rapatriés,
au nom de l'empire Perse, ne se fera pas sans problèmes. La refonte
de la religion est telle qu'il est téméraire, en l'état
actuel de nos connaissances, de déterminer la part des innovations
de Josias et celle d'Esdras dans la rédaction finale du Deutéronome.
Je pense pour ma part qu'on surestime encore l'apport de Josias et qu'on
sous-estime le fondement babylonien, qui est décisif dans sa constitution
et son organisation étatique. Certes, on distingue littérairement
deux versions du Deutéronome et deux Isaïe, correspondant à
ce qui a pu être écrit avant ou après l'exil, mais l'ensemble,
fixé vers 444 par Néhémie (ministre d'Ataraxerxès,
le souverain perse), est bien une réécriture du passé,
pur produit des luttes politiques et religieuses de ce temps qui fait écran
aux réalités précédentes, comme en témoigne
l'archéologie. Il faut souligner que c'est le remplacement de la royauté
par l'administration perse qui donnera toute son importance au clergé
resté implanté localement.
"A partir de ce moment-là, la famille davidique n'a plus joué
aucun rôle dans l'histoire de Yehoud. En même temps, le clergé,
dont l'importance s'était affirmée durant l'exil, et qui joua
un rôle majeur parmi ceux restés à Yehoud, conserva son
autorité en raison de sa capacité à préserver
l'identité du groupe. C'est pourquoi, durant les décennies
suivantes, le peuple de Yehoud fut gouverné par un système
duel : politiquement, par des hauts-commissaires désignés par
l'autorité perse, sans connexion aucune avec la famille royale davidique
; religieusement, par les prêtres. La monarchie ne jouant plus aucun
rôle, le Temple devint le centre de l'identité du peuple de
Yehoud. Ce fut l'un des tournants cruciaux de l'histoire juive" 350.
L'identité religieuse juive ne prendra pourtant toute sa dimension qu'avec les Zélotes et les
Maccabées se
révoltant en -167 contre Antiochus IV et sa tentative d'hellénisation
forcée par la suppression de l'ancien culte et du pouvoir religieux.
"Le zèle contre la Loi a produit le zèle pour la Loi". C'est
la véritable origine du refus de l'assimilation et du culte de l'empereur qui leur attirera
tous leurs ennuis futurs. La traduction de la Bible en grec, à la
même époque (dite Bible des septantes), aura pourtant une importance
décisive, permettant la diffusion de cette tradition dans tout le
bassin méditerranéen où les juifs formaient déjà
une diaspora qui prendra de l'ampleur bien plus tard (+70), après
la Guerre des Juifs (Flavius Josèphe), puis leur expulsion de Jérusalem
(+135). La destruction du temple transformera encore complètement
l'ancien judaïsme désormais centré sur la synagogue et
le texte sacré. La séparation du politique et du religieux
qui en résulte caractérise le judaïsme depuis lors comme
religion de l'exil (ce que la constitution de l'Etat d'Israël remet
en cause désormais). Cette séparation sera reprise par les
chrétiens, Augustin opposant la Cité de Dieu et la Cité
des hommes. C'est un pas que l'Islam n'a pas encore franchi. N'est-il pas
troublant de constater que la guerre reprend entre l'Irak et les Etats-Unis
sur les terres de Babylone et de la Judée ? Guerre obscurcie par des
discours religieux paranoïaques alors que nous partageons la même
origine, la même tradition, mais aussi hélas le même aveuglement
d'une foi refusant de reconnaître des vérités plus matérielles
qui font retour dans le Réel avec une violence dévastatrice.
A partir de cette
date (pas avant 135 donc), le christianisme,
largement issu des Esséniens mais aussi du culte de Mitra, du néoplatonisme
d'Alexandrie et du stoïcisme, pourra s'appuyer sur la diffusion de la
Bible et la diaspora d'un peuple dominé, opposée aux diasporas
des maîtres grecs et romains, pour devenir finalement la religion de
l'Empire (en 325) qui étend la citoyenneté à tous ses
sujets, maîtres comme esclaves, la personnalité juridique romaine
trouvant là un fondement universel (Catholicon). Mais c'est encore
une autre histoire (voir mon histoire des religions).
[1]
Le Pentateuque (les livres "historiques" de la Bible) n'est pas sans évoquer L'épopée du roi du combat, mettant en scène le premier grand conquérant, Sargon d'Akkad
qui régna 55 ans (2334-2279) et se proclama "oint de Dieu". Sa naissance
est décrite ainsi : "Ma mère, la grande prêtresse,
m'a conçu, en secret elle me porta. Elle me déposa dans un
panier de joncs, avec du bitume elle en scella le couvercle. Elle me déposa
sur la rivière de façon à ce que l'eau ne me recouvrît
pas." (Pritchard, 1969, p119, ou "La mésopotamie", G. Roux, p177, Seuil, Points)
[2] (note de janvier 2009) Une émission d'Arte sur l'archéologie de la Bible
contredit certaines des affirmations de "La Bible
dévoilée" notamment sur l'existence de Salomon mais
surtout renforce l'hypothèse que l'origine du peuple juif serait
bien des esclaves (soit en Egypte, soit cananéens), leur
religion étant une religion révolutionnaire
égalitaire, contre les riches et pour la simplicité
volontaire...
27/10/02
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