séminaires B4 B5
Le but des 8 séminaires est d’abord de faire un bilan des transformations du travail (et du non travail qui lui est corrélatif) dans nos sociétés massivement salariées.
Mais plus fondamentalement il s’agit de comprendre l’articulation entre le travail (et le non travail) et les différents processus d’insertion, d’intégration (ou au contraire d’exclusion) dans le jeune âge (école), l’âge adulte ou la vieillesse (intégration ou exclusion des retraités dans les activités socialement reconnues).
Mais de plus en plus et en outre, pour vivre, il faut avoir accès « gratuitement » aux richesses produites et notamment aux biens publics globaux de plus en plus importants dans notre société. Dans le langage marxien, il s’agit d’une forme de « socialisation des forces productives » : le progrès technique est transformé en biens publics (pensons aux logiciels libres) de telle sorte que leurs appropriations privées (pensons à Microsoft) paraissent de plus en plus comme des usurpations. Ces biens publics sont d’abord les biens environnementaux, qui correspondent à des nécessités vitales, de sorte que le respect des droits de l’homme (droit à l’existence) implique l’octroi de droits inconditionnels et sans contrepartie (revenu social d’existence qui peut être versé sous des formes sociales diverses, individuelles ou non, monétaire ou non etc.). Parmi ces biens figurent l’eau (potable en particulier, mais aussi pour irriguer les terres des pays en voie de développement (PVD)), l’air mais également les différentes composantes du « capital humain » comme l’éducation, la qualification de la main d’œuvre, le degré de culture artistique et politique de la population, sa sécurité physique (effectivité de l’Etat de droit) et psychologique (santé psychique, prévisibilité de l’avenir pour les individus, pour leurs carrières professionnelles et leur famille), la qualité des services publics, notamment de santé, de communication et de transports et enfin la fécondité de la recherche scientifique et technique.
La conception libérale (qui est celle du MEDEF) repose sur la fiction, potentiellement catastrophique (comme les pays en voie de développement (PVD) en font déjà la cruelle expérience), que le marché, c'est à dire la généralisation de relations contractuelles monétisées à deux (patrons, salariés), ni plus, ni moins, se régule parfaitement tout seul (autorégulateur).
Notre développement ne peut être durable que si nous réussissons à mettre en place une régulation ternaire et non binaire qui fasse toute sa place dans la « maille sociale élémentaire » à ces biens publics (éducation, capitalisation de l’expérience professionnelle, qualité de la vie et de l’environnement, etc. ) qui s’avèrent de plus en plus la conditions sine qua non du développement tout court, même non durable. La forme de rémunération adéquate et équitable des fruits de ces biens publics globaux est de l’ordre de la « rente » égale pour tous (justification fondamentale du revenu social d'existence). Mais lorsque par construction (vicieuse) cette rente est inégale alors le niveau qui revient à chacun résulte d’une foire d’empoigne. La question est donc, par exemple pour les fonds de pension, celle du contrôle collectif de la gestion de ces fonds dont seule une infime partie revient à chacun, trop infime en tout cas pour qu’il puisse sans rire se prendre pour un capitaliste !
On voit la pression grandissante à l’atomisation de la vie sociale. Elle menace en particulier les revenus de transfert et les revenus indirects : retraites, question des stock option, des fonds de pension etc.
Cela n’implique pas mécaniquement que la production de ces biens publics globaux doive relever exclusivement de l’Etat, selon nos travers jacobins, ou même de l’économie administrée : une grande partie de la recherche est assurée par des entreprises capitalistes ; à l’autre extrémité les mères travaillent pour le bien commun.
On voit même que, dans un langage marxien, le gigantisme et les concentrations des grandes machines capitaliste et étatiques entravent le développement des forces productives d’une part (stérilisation de l’inventivité sociale : voir Microsoft) et rendent sinistre la vie quotidienne d’autre part. Au point de déshumaniser et d’aliéner, comme disait le jeune Marx, les relations humaines quotidiennes et vitales : harcèlement moral et sexuel, abus de médicaments antidépresseurs et de psychotropes, généralisation de la violence et de l’insécurité physique et psychologique, précarisation de la vie et de l’emploi, « mal bouffe », décervelage culturel et esthétique etc. C’est pourquoi dans les transformations à venir ce qui se passe dans le tiers secteur est décisif, critique : il s’agit d’insérer dans le dialogue micro social entre le producteur et le consommateur, un tiers qui ne soit pas seulement le « notaire » du contrat de travail, mais qui soit le médiateur et le « rassureur » : il doit « assurer » au sens des assurances sociales et des assurances chômage, mais il doit aussi « rassurer », c'est à dire étendre les obligations de l’Etat de sûreté, celles de l’habeas corpus, à toutes les dimensions de l’être ensemble, et en particulier aux dimensions psychologiques (nous avons tous droit à un « future ») et professionnelles (reconnaissance de notre « progression en âge et en sagesse » comme dit la Vierge Marie) : cela ouvre le droit de chacun, à inscrire de toute urgence dans les droits sociaux de la charte européenne des droits de l’homme, à des conseils et à une carrière, privilège actuellement des seuls salariés des grandes entreprises qui ont des DRH « modernes ».
Cela implique en particulier un service public (non nécessairement étatique) national des « ressources humaines » qui suive, conseille, aide à former et à se reconvertit les individus qui doivent passer de la mobilité et de la flexibilité « guillotine » à des trajectoires « partenariales » et gratifiantes dans le plus de dimensions possibles. Dans cette perspective le droit à un revenu d’existence paraît être la base distribuée par ce service national à partir de laquelle, selon des formules « polynomiales » qui sont déjà pratiquées par certaines entreprises, les modulations des rapports privés peuvent intervenir sans commettre les injustices qui consistent à sanctionner les variations de productivité des agents de manière disproportionnée (par exemple en jetant sur le pavé les gens). Cela implique un perfectionnement du « comput » des temps et des « externalités » et des biens publics que la généralisation des NTIC devrait faciliter. De même la multiplication des monnaies plurielles, à laquelle on assiste déjà dans une perspective capitaliste (chèques restaurants, cartes dédiées, etc.), et surtout leur utilisation dans le domaine social et dans le tiers secteur devrait permettre de « recoudre » le tissu social déchiré.
Pistes : rapport SUPIOT, R SALAIS, F. EYMARD DUVERNAY
La crise a « dualisé » la société : d’un côté les travailleurs à CDI ; de l’autre le workfare et l’extension de la précarité (CDD, travail partiel, chômage, « petits boulots »). Mais cette symétrie est illusoire : toutes les familles « étendues » ont au moins un de leurs proches qui a eu recours à leur solidarité (hébergement, aides, gardes des enfants, vacances etc.) parce qu’il connaît, qui le chômage, qui une entrée délicate dans la vie active, qui une reconversion et une formation etc. C’est pourquoi le retour de la croissance est trop récent pour que l’opinion oublie déjà cette nécessité et cette expérience de la solidarité. C’est sans doute la raison pour laquelle l’entreprise du MEDEF est vouée à ne rencontrer qu’un écho mitigé et qu’au contraire le gouvernement joue sur du velours.
Dans le rapport BOISSONNAT on envisageait une « mutualisation » de cette « sécurisation » du statut du travailleurs par une association d’un certain nombre d’entreprises. Certes il s’agit d’un premier pas vers cette sécurisation grâce à une assiette plus large qu’une seule entreprise. Mais comment va se définir le contour de cette mutuelle ? Si c’est une branche, l’expérience a montré, hélas, que toute une branche pouvait devenir sinistrée. D’autre part ces consortium ne vont-ils pas exclure de fait les salariés des petites entreprises ?
Pourquoi s’arrêter en chemin et renoncer à l’ambition de faire bénéficier à tous, à travers un « service national de l’emploi et des ressources humaines », des conseils, des services d’aide psychologique, d’aide au montage de micro-entreprises, notamment dans le tiers secteur, dans le financement et la formation, et dans le versement du revenu social d’existence couplé à un certain nombre de revenus en nature (accès à des réseaux, capital temps). Comme l’aspect « longitudinal » est très important (suivi des carrières professionnelles, mais aussi « bénévoles » ouvrant droit à des crédits temps ou formation) cette gestion « nationalisée » mais locale des RH pourrait être confiée à des entités de type « caisses d’allocations familiales » qui distribuent déjà le RMI et gèrent beaucoup des aspects « non marchands » des « carrières » maternelles : allocations pour les enfants, ARS, retraites des mères de familles (AVMF), API, AGED, aides au logement etc. Il faudrait évidemment coupler ce suivi orienté surtout vers le salaire indirect avec les ANPE et les ASSEDIC plus orientées vers le salaire direct, et les organismes de formation permanente, outre l’éducation nationale.
A supposer donc que le corps social adhère à cette conception « tripartite » du contrat de travail (ou d’activité pour reprendre la terminologie de H Arendt), il faut donc préciser les obligations qui incombent à la partie « publique » et les formes institutionnelle d’existence de cette composante qui soient compatibles avec la plus grande décentralisation et la plus grande proximité et la plus grande transparence.
Pistes : DEJOURS, BOLTANSKI et CHIAPELLO, D. LINHART, M H IRIGOYEN etc.
La précarisation et l’atomisation croissantes du travail aboutissent à une intensification de l’exploitation et de l’aliénation, ce que Marx appelait la plus value absolue. Ces phénomènes sont vécus de manière honteuse par les travailleurs. Ils restent dissimulés. Mais comme le travail devient moins physique et plus « cérébral », voire social (services rendus aux personnes), cette intensification est vécue de manière essentiellement « psychologique » : les accidents de travail relèvent de plus en plus de la santé publique (amiante, éthers de glycols, etc.) et de la psychiatrie : stress, dépressions nerveuses, harcèlement moral et/ou sexuel, abus de tranquillisants, et usage généralisés de drogues légales (tabac, alcool, travail des « workoolics » etc.), illégales (dope, coca, amphés, etc.) ou de substituts (violence, érotisme, jeux etc. ). Ces intensifications se conjuguent avec ce qui est le plus spectaculaire dans l’extension du progrès technique, ce que Marx appelait la plus value relative.
Comme l’ont dévoilé les psychiatres ergonomes comme C DEJOURS, H ETCHEGOYEN, il y a une multiplication de souffrances d’autant plus cruelles qu’elles sont déniées ou cachées ce qui condamne les travailleurs à la solitude au rebours et au mépris des leçons de la séculaire solidarités ouvrière. Qu’en est-il des tendances au totalitarisme que W REICH avait décelées dans les rapports sociaux de production capitalistes ?
Le rapprochement proposés par C DEJOURS et repris par le commandant MARCOS (Diplo d’août 2000) entre cette dénaturation du langage qu’observaient J P FAYE et H ARENDT dans les camps d’extermination nazis et celle qu’on voit dans les laboratoires de l’exploitation et de l’aliénation modernes sont ils légitimes ? Nous condamnent-ils à un totalitarisme d’autant plus épouvantable qu’il s’avance masqué derrière la tendresse du despote ?
Dans leur ouvrage sur les raffinements du management capitaliste L BOLTANSKI et E CHIAPELLO montrent que le nouvel esprit du capitalisme a su « récupérer » celui de 68 et de ses mythes libérateurs pour raffiner, perfectionner et anesthésier les rapports d’exploitation et d’aliénation. Cet esprit a un temps d’avance sur une éventuelle riposte des forces progressiste et en particulier syndicales (et on voit quelle débandade c’est du côté de la CFDT).
Comment lutter contre ces forces aussi formidable qu’invisibles ?
Peut-on parler d’écologie psychologique ou d’écologie mentale et en particulier d’écologie des conditions de travail ou d’écologie ergonomique ?
A contrario comment ressusciter le droit au bonheur, « une idée neuve en Europe » selon St Just ?
Pistes:
Serge VOLKOFF, Michel GOLLAC
Il s’agit d’une part de retracer les tendances de fonds, en termes d’effectifs, de temps, d’intensification, de durées etc. d’un point de vue macro-économique (évolution des différentes branches, des différents métiers, des différentes formations etc.) mais aussi d’un point de vue micro-économique (temps de la vie quotidienne, temps de la production et de la consommation, périodes annuelles des vacances, enquêtes budgets temps, temps de travail domestique, temps des relations conviviales avec les voisins et les enfants etc.)…
Quelles sont les pulsations de la vie quotidienne : déplacements en liaison avec l’organisations spatiale et temporelle de la ville et de ses différentes parties ?
Mais de manière plus qualitative il s’agit de mesurer la désorganisation des temps qui font la texture la plus intime et la plus vitale des individus. Faut-il reprendre les travaux de W GROSSIN sur la déstructuration des temps vécus des chômeurs ? Quelle est la dimension temporelle du stress et des pressions psychiques ? L’intensification du travail aboutit-il à une destruction des repères et des capacités de socialisation des individus ?
Pistes : Jean ZIN, Alain CAILLE, André GORZ
Une fonction fondamentale du travail salarié « classique », malgré toute son exploitation et son aliénation, est d’assurer, selon des formes mutilées certes, une certaine socialisation et une certaine intégration.
Comment perpétuer cette fonction vitale s’il y a une déconnexion croissante entre le revenu d’activité et la durée et « l’efficacité » ce celle-ci ? Certes l’accroissement des richesses est de moins en moins imputable à tel ou tel individu ou même à telle cause, et donc a fortiori à tel ou tel niveau d’effort : il dépend plutôt des biens publics globaux et des externalités ou des autres. Mais a contrario il n’est pas sain de faire « l’économie » de tout stimulant matériel pour l’efficacité d’ensemble.
C’est ensuite une question d’équité : toute peine mérite salaire ; et la justice distributive depuis ARISTOTE commande de proportionner les gains, donc les revenus, aux apports de chacun, et non de les « forfaitiser ».
Enfin, psychologiquement, chacun a besoin d’être « évalué » socialement et légitimement dans son insertion sociale.
Comme
dit Gorz, il s’agit d’une part de « voir le bout de ses actes »,
donc d’avoir des circuits de rémunération « courts
». Mais d’autre part il faut sécuriser et médiatiser
cette confrontation envers autrui. En d’autre termes comment déterminer
le niveau efficace et juste du revenu social d'existence.
Pistes : Pascal PETIT, Jérôme GLEIZES, Michel VOLLE, école de la régulation etc.
La « nouvelle économie » est elle si nouvelle que cela ?
La question divise la gauche, et les Verts en particulier. Selon J ROBIN nous vivons une révolution du même ordre de grandeur que celle du néolithique. En effet dans nos sociétés l’information est une grandeur physique au même titre que les autres paramètre de la matière. La substitution de l’information à l’énergie et à la matière constitue une rupture intrinsèque abstraction faite de tous les rapports sociaux de production. Pour d’autres comme CASTELLS la rupture pour être moins radicale induit un nouveau Kondratiev qui remplace celui du pétrole et de l’électricité techniques du « fordisme » (en fait la trinité Ford, Keynes, Beveridge).
La conception marxienne classique critique l’illusion générée par le « fétichisme » du capital selon laquelle la technique serait un automate qui piloterait l’évolution des rapports sociaux de production. Elle fait, de manière analogue aux théories du Kondratiev, un parallèle entre la « Grande dépression » (1875 1895) et la crise dont nous sortons à peine (1971 1997) : dans les deux cas il y a eu des vagues de concentration sauvages et une mondialisation débouchant dans le premier cas sur « l’impérialisme » et la première guerre mondiale.
La question semble devoir rester très controversée. Néanmoins un consensus se dégage pour constater un développement formidable de la « socialisation » des forces productives sous la forme d’une importance croissante du capital fixe et des biens publics globaux (système d’exploitation des ordinateurs, « capital » de connaissances et de savoir faire « incorporé » de manière non « mobilière » dans le corps et la tête des travailleurs) dans les réseaux et la très grande faiblesse des coûts marginaux dans toutes ces économies de « réseaux » (téléphone mobile, télévision, NTIC etc.) sans oublier les services environnementaux eux mêmes organisés en réseaux du fait qu’ils constituent la plupart du temps des « monopoles naturels ».
On est entré progressivement d’une économie du salaire à une économie de rente « méritocratique » puisque ces rentes rémunèrent des investissements dans le « capital humain » (et non foncier). Il semble donc « naturel » que le revenu monétaire individualisé comporte une part « forfaitaire », un revenu social d'existence, constituant dans les catégories fétichisées de l’économie libérale « l’amortissement » de cet « investissement ». D’où la justification du revenu social d'existence.
Quel est l’envers de cette médaille ? Quelles sont les nouvelles formes d’exploitation et d’aliénation véhiculées par la net économie et dissimulées par les discours à l’eau de rose qu’elle suscite ?
En particulier quelles transformations des droits de propriété sont en jeu notamment du côté des productions intellectuelles ? La question est posée du côté des droits de propriété intellectuelle notamment pour la musique (MP3), les logiciels (logiciels libres), le génome humain : le code génétique est il du point de vue informatique du symbole (caractère) ou de l’image (bitmap) ? Peut-il y avoir lien entre les deux mondes ? La propriété d’une machine à écrire implique-t-elle celle du sens des textes que je peux écrire avec elle ?
Comment réguler, c’est à dire coordonner les travaux de production et distribuer les richesses issues de ces productions de manière efficace et équitable ? En l’absence de l’identification d’une imputabilité individuelle des causes de l’enrichissement collectif ne convient-il pas d’imaginer des formes d’appropriation collective de ces nouveaux biens d’autant plus que le partage du savoir ne se fait pas sur le mode des vases communicants mais, comme disent les théoriciens des jeux, sur le mode win win.
Pistes : les travaux du MAUSS, de D MEDA, A GORZ etc.
La « pensée unique » semble depuis 1995 en France avoir son âge d’or derrière elle. Dès lors le travail n’est plus la référence unique de l’existence humaine. Le succès des 35 h qui a surpris les économistes « orthodoxes » démontre la réalité de cette économie win win. Le travail, et dans une perspective historique comme le montre D MEDA, et à notre époque, surtout lorsqu’on n’oublie pas les pays en voie de développement (PVD), apparaît comme un élément parmi d’autres dans le vaste spectre des activités humaines qui vont des activités végétatives (sommeil, respiration, veille, etc.) jusqu’aux créations d’œuvres intellectuelles et artistiques. C’est pourquoi l’approche exclusivement économique des sociétés humaines constitue un contresens suicidaire : la signification du travail ne peut pas plus être autoréférente que le marché peut être auto régulateur.
Il faut « ré encastrer » (comme dit K Polanyi) l’économique dans l’anthropologique comme le travail dans l’activité (comme dit H ARENDT) et l’œuvre.
La question de la fin du travail est dans cette perspective ambiguë. D’une part il faut poursuivre « l’abolition du salariat » en tant que forme de travail « socialement et historiquement déterminée » dans son exploitation et son aliénation. Mais d’autre part, à supposer que ce soit possible, incertitude tragique s’il en est, il faut « garder » la puissance d’intégration sociale qu’opère le travail salarié, si exploité et si aliéné soit il.
Le tiers secteur devrait être un laboratoire privilégié pour expérimenter des articulations nouvelles entre les formes classiques de travail salarié et de nouvelles formes d’activités : bénévolat, loisirs, militantisme politique etc.
Pistes : Michel CAPRON, Eve CHIAPELLO, etc.
La gauche, et les Verts en particulier, se désintéresse du management des entreprises. Il faut évidemment saluer l’exception, somme toute assez récente, du livre de BOLTANSKI et CHIAPELLO « Le nouvel esprit du capitalisme ».
Or il est intuitivement évident que les formes d’organisation des entreprises influencent l’état d’esprit des salariés et donc leur bien être. Pour ne pas mettre la charrue devant les bœufs il faudrait partir de l’objectif à long terme du développement durable et en retour repenser l’organisation des entreprises pour que leur mode de fonctionnement et leur organisation soient conformes à ces objectifs.
Comment repenser les instruments de pilotage et d’évaluation des entreprises : comptabilité générale et analytique, tableaux de financement, indicateurs de développement durable, bilan social ? Ne faut-il pas rendre obligatoire un « bilan environnemental » sur le modèle du bilan social ? Comment impliquer les PME PMI dans cette mobilisation générale en faveur du développement durable ?
Comment généraliser les démarches qualité adaptées aux ambitions environnementales ?
Pistes : Christine DELPHI, Jacqueline LORTHIOIS.
Le travail au féminin a plusieurs dimensions.
1 Il faut d’abord convertir la société à la parité dans les salaires et les conditions de travail (congés de maternité, partage des contraintes de la vie familiale et politique, etc.). Quels sont les moyens incitatifs (et répressifs également, il ne faut pas l’exclure) de rendre justice aux femmes ?
2 Il y a en outre toute le PIB « invisible » du travail domestique. Peut-on lui substituer des relations de service marchandes ? On voit bien qu’il y a des limites à cette substitution : un minimum « incompressible » de don et d’implication personnelle, affective et corporelle semble requis par nos enfants, les personnes âgées, les malades, les enfants à l’école, et même les rapports sociaux de production. Il faut donc retourner les questions et vouloir « féminiser » les activités et en particulier les relations professionnelles.
3 Il faut enfin féminiser la « gouvernance », non seulement des entreprises mais encore des différents collectifs auxquels nous appartenons et qui font toute la trame de la quotidienneté.