L’alternative écologiste

Temps de lecture : 3 minutes

Tome II

Il m'a semblé utile de regrouper les textes écrits après la parution de mon premier livre L'écologie-politique à l'ère de l'information (éditions è®e, 2006) et qui en prolongeaient les principaux thèmes (Ne pas se tromper d'écologie et L'alternative au productivisme).

André Gorz s'étant suicidé depuis, il était naturel de lui rendre hommage car je ne fais que prendre sa suite sur de nombreux points même si je ne peux être considéré comme son disciple. Alors que les critiques du premier livre visaient surtout une écologie de droite ou gestionnaire, cette fois-ci les critiques de l'écologisme visent plutôt ses versions utopiques, morales et sectaires. L'alternative défendue n'a pas changé (revenu garanti, coopératives municipales et monnaies locales), sa cohérence s'affirme simplement un peu plus ainsi que son urgence pour sortir de la crise.


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Relocalisation, mode d’emploi

Temps de lecture : 20 minutes

La relocalisation économique et politique se trouve au coeur de l'écologie-politique et ceci, non pas tant pour économiser de l'énergie, comme le croient ceux qui réduisent la question écologique à celle de l'énergie, mais bien pour équilibrer la globalisation marchande et préserver notre milieu, notre qualité de vie, nos échanges humains, pour réhabiter notre territoire enfin, en traduisant une pensée globale en agir local.

La relocalisation n'a pas les inconvénients d'un protectionnisme national ou européen qui pour être en partie nécessaire ne peut aller trop loin désormais au risque d'attiser les conflits. On peut donc s'étonner qu'on ne parle pas plus de relocalisation alors qu'elle constitue une composante essentielle de la sortie de crise et devrait être centrale au moins dans les programmes écologistes. On aimerait effectivement que les partis écologistes proposent les voies d'une véritable alternative et ne se contentent pas de vouloir accumuler des contraintes et des mesures isolées sensées réduire un productivisme qu'on sait pourtant consubstantiel au capitalisme, ne pouvant absolument pas se passer de croissance !

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L’historicité de l’être social (aliénation et liberté)

Temps de lecture : 53 minutes

Georges Lukács, Prolégomènes à l'ontologie de l'être social

"La genèse de l'être social est avant tout une transformation de l'homme". p337

C'est le dernier livre de Georg Lukács (1885-1971), l'auteur du fameux "Histoire et conscience de classe" (1923) qui avait tant inspiré l'école de Francfort mais surtout Lucien Goldmann et Guy Debord dans la critique du fétichisme de la marchandise et du spectateur passif. Il est donc assez incompréhensible que ce livre posthume vienne seulement d'être traduit en français !

Certes, il n'est pas sans faiblesses mais à défaut d'être un grand livre, il n'en demeure pas moins absolument indispensable, et à plus d'un titre dans le contexte actuel. Pas pour les fausses raisons qu'on en donne en dos de couverture. Pas seulement non plus pour prolonger et corriger les analyses d'"Histoire et conscience de classe", ni juste pour réfuter les post-situationnistes qui sont restés scotchés à une période historique révolue, mais plutôt pour son insistance sur notre historicité et la part active que nous prenons à la détermination de notre avenir même s'il n'est jamais conforme à nos rêves et qu'on ne fait que troquer une ancienne aliénation contre une nouvelle, sans fin de l'histoire pensable. Au soir de sa vie, c'est l'irréversibilité du temps qu'il essaie de penser, en même temps que l'expérience de tous nos échecs sans renoncer à vouloir faire l'histoire, une histoire qui nous dépasse mais qui n'est pas écrite à l'avance et dont nous faisons partie, où nous avons un rôle à jouer même à notre insu.

Au-delà de l'historicité de l'existence et de la dialectique entre sujet et objet comme entre infrastructure et superstructure, ce livre est précieux de rappeler cette évidence, contre une vision trop "socialiste" ou unanimiste de la "volonté générale", que, si les sociétés humaines ne sont pas des corps biologiques intégrant leurs finalités et régulations, ni des troupeaux d'animaux grégaires, et si elles doivent se constituer politiquement (explicitement), elles sont nécessairement divisés et plurielles car faites d'êtres parlants et de travailleurs ayant leurs propres finalités qui se diversifient et ne se totalisent pas, sinon après-coup, même si ces finalités ont pourtant bien une origine sociale.

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Mélatonine et vieillissement

Temps de lecture : 6 minutes

Une étude sur la musaraigne vient confirmer le potentiel controversé de la mélatonine pour retarder le vieillissement et les maladies dégénératives, s'ajoutant à une liste déjà impressionnante de propriétés thérapeutiques (antioxydant, régulation du sommeil, dépression, diabète type 2, cancer...).

S'il ne faut jamais croire au miracle dans le domaine de la santé et qu'il vaut toujours mieux un suivi médical, le peu d'effets indésirables de cette hormone justifie qu'elle soit en vente libre dans la plupart des pays... sauf en France où elle est carrément interdite (!), du moins sous sa forme naturelle. Cet excès de précaution n'est pas seulement contre-productif, il est plus que louche, protégeant à l'évidence les intérêts des firmes pharmaceutiques plus que la santé publique.

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Le travail du temps (à l’ère du numérique)

Temps de lecture : 25 minutes

Au lieu de supprimer la rareté, une surabondance d'informations ou de biens ne fait que mettre en évidence à quel point c'est le temps qui nous manque toujours, constituant notre bien le plus précieux et le plus rare.

Le temps, c'est la vie, c'est l'existence même, la durée qui nous est impartie dans ses limites matérielles. Nous ne sommes pas pour autant spectateurs passifs de ce passage du temps. Privés certes d'éternité, en tant que simples mortels, nous nous projetons activement malgré tout dans le futur d'une vie qui ne s'épuise pas du tout dans l'instant de la présence mais imprime sa marque dans les mémoires. Le temps, c'est d'abord le temps du désir, finalité qui s'introduit dans la chaîne des causes et configure un monde où le temps vient à manquer par construction, dans l'écart entre le subjectif et son objectif, entre la triste réalité et son idéalisation.

Il n'y a donc rien de plus normal que de faire du temps de travail la mesure de la valeur et l'on comprend fort bien que le moteur du capitalisme soit le gain de productivité, c'est-à-dire la réduction du temps de travail par unité produite. Seulement, il y a un hic à l'ère du numérique ! C'est que le travail immatériel n'étant pas linéaire, au contraire du travail de force ou du temps machine, il ne peut plus se mesurer par le temps dès lors que sa productivité n'est plus proportionnelle au temps passé. Ce n'est pas accessoire et entre en opposition frontale avec le salariat comme temps de subordination au profit du travail autonome et de contrats de projet. On devrait bien assister à une totale reconfiguration des rapports de production, des modes de distribution et des protections sociales.

Ce n'est pas pour autant l'abolition du temps, évidemment, surtout pas qu'il nous manquerait moins, bien au contraire. Ce n'est même pas la disparition de la valeur-travail qui garde une bonne part de sa pertinence. C'est seulement, mais ce n'est pas rien, que le temps ne suffit plus à mesurer la production immatérielle, ce dont il faut essayer d'évaluer toutes les conséquences.

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Revue des sciences 06/09

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Changer de système de production

Temps de lecture : 23 minutes

Ce n'est pas la crise économique et financière, aussi grave soit-elle, qui pourra provoquer la fin du capitalisme qui en a connu bien d'autres. Mais si la sortie du capitalisme a déjà commencé, c'est pour de toutes autres raisons, plus profondes et plus durables, liées à notre entrée dans l'ère du numérique et du travail immatériel. Ce sont ces nouvelles forces productives qui remettent en cause les bases même du capitalisme industriel : aussi bien la rémunération du travail que la valeur d'échange ou la gratuité numérique.

C'est pour des raisons matérielles, liées à la reproduction des forces productives, que le système de production est contraint de changer radicalement, de même que c'est pour des raisons liées à la reproduction matérielle que ce système devra intégrer les limitations écologiques, notamment en favorisant la relocalisation de l'économie. Si la sortie de la société salariale a déjà commencé, c'est pour l'instant surtout à notre détriment par destruction des protections sociales et l'explosion de la précarité. Il faudra comme toujours des luttes sociales pour conquérir de nouveaux droits et pouvoir réorienter ce nouveau système vers notre émancipation et une économie plus soutenable. Rien ne se fera tout seul.

C'est en tout cas dans ce cadre matériel que notre action peut être décisive, loin de toute utopie ou subjectivisme des valeurs. Les "nouvelles technologies" ont ici une place centrale, comparable à la machine à vapeur. Il n'y a pas que le matérialisme de la reproduction et des techniques qu'il faut prendre en compte cependant, mais tout autant les flux constituant la production en système justement : il faut absolument que ça marche ! Pour sortir du productivisme capitaliste et de son modèle industriel, il ne suffira pas d'initiatives isolées ni de mesures partielles, il faut que les nouveaux rapports de productions et des nouveaux dispositifs fassent système (production, distribution, circulation), en assurant leur reproduction.

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La bulle spéculative

Temps de lecture : 19 minutes

On ne parlera pas ici de la bulle financière mais bien de la formation d'une bulle spéculative dans l'idéologie, d'un idéalisme arrogant qui s'affiche d'un bout à l'autre du spectre politique, véritable symptôme de l'époque. On peut dire en effet que ce ne sont pas seulement les bourses qui ont été contaminées par la fièvre spéculative, mais bien toute la pensée, l'idéalisme s'exaspérant dans la dernière période à la mesure de notre impuissance, au point de toucher jusqu'aux derniers représentants du marxisme.

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La crise n’a pas (encore) eu lieu

Temps de lecture : 15 minutes

Le système financier ne s'est pas écroulé, les bourses remontent, la spéculation reprend, la révolution n'a pas eu lieu. On commence à parler, timidement, de sortie de crise. Les financiers couverts d'opprobres relèvent la tête : ce n'était pas si grave, le système est increvable, on peut décidément tout se permettre...

Ce n'est pas un mauvais moment pour faire le point sur les causes de la crise et ses suites probables, car on n'a rien vu encore ! La lenteur des conséquences économiques et sociales peut surprendre mais ne devrait pas tant nous étonner car la crise de 1929 aussi avait été assez longue à l'allumage avec de nombreux rebonds faisant faussement espérer une reprise qui n'arrivait jamais. Un peu comme pour le climat, plus on a affaire à des cycles longs, plus l'inertie est grande même s'il y a des moments d'accélération brutale.

Il faut souligner à quel point les crises illustrent comme nous sommes dépendants d'une situation qui nous échappe en grande partie, la seule liberté qui nous est laissée étant de faire ce qu'il faut faire et ne pas se tromper sur la difficile interprétation des faits pour ne pas empirer encore les choses ! On est loin de pouvoir maîtriser les effets collectifs de nos actions qui s'imposent à nous comme des phénomènes naturels extérieurs (il nous faut attendre que la mer monte pour quitter le port).

Les crises illustrent aussi comme nous sommes dépendants des moindres signes, le nez collé à la vitre. D'où l'importance de prendre un peu de recul afin d'essayer de comprendre les véritables causes de la crise et comment elle pourra se résoudre. Pour cela il ne suffit pas de faire appel à des déductions théoriques (libérales ou marxistes) mais il faut prendre sur l'économie comme sur l'idéologie un point de vue historique et même cyclique. Il y a cependant une très grande résistance à la notion de cycle sans laquelle pourtant on ne comprend rien à ce qui se passe, à notre actualité dans sa répétition du passé.

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Revue des sciences 05/09

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Gilgamesh ou l’écriture du deuil

Temps de lecture : 16 minutes

Comment les plus vieux écrits de l'histoire pourraient-ils nous apprendre encore quelque chose à notre époque hypermoderne ? C'est pourtant le paradoxe qu'une vérité gravée dans le marbre ne soit pas pour autant acquise pour toujours : il faut encore qu'elle soit lue, et relue, afin de pouvoir nous apporter ses lumières et dissiper les illusions du sens commun. C'est pourquoi l'oubli des "humanités" est toujours un oubli de l'histoire, un retour à l'obscurantisme, à l'imitation, si ce n'est à la barbarie.

On écrit toujours contre l'oubli, contre l'apparence et l'immédiat. Ce qui s'écrit, c'est la contra-diction elle-même mais c'est aussi le passage du temps. Paradoxalement, ce qu'on fixe par l'écriture, c'est le changement lui-même et notamment l'impensable transformation de soi qui nous fait passer du rire aux larmes et de l'ombre à la lumière, subversion d'une identité figée dans ses rigidités et ses certitudes. L'écriture qui rend compte du mouvement des astres doit rappeler à celui qui est trop joyeux qu'il fut si malheureux autrefois, comme à celui qui est trop triste, les bons moment qu'il connaîtra encore. Cette transformation du héros de l'histoire est la trame de tout récit comme roman des origines qui prend les formes fantasmatiques de la toute-puissance ou du prince charmant, autant dire le rêve des golden boys, dans leur absence totale d'originalité depuis la nuit des temps.

C'est pourtant la vanité de ce rêve que nous raconte déjà l'un des premiers mythes de l'histoire, l'épopée de Gilgamesh, qui montre comme le pouvoir et les biens de ce monde sont illusoires face à la mort, surtout celle d'un ami. Le trajet de Gilgamesh est assez semblable à celui de ces traders fous qui se retrouvent soudain au monastère, à ces compétiteurs effrénés qui changent de vie après avoir frôlé la mort dans un accident.

On peut lire dans la renonciation à l'absolu, à l'immortalité, au surhomme, la conscience de soi de notre humanité qui prend forme, mais l'essentiel, loin de toute pensée positive et d'une "joie de vivre" naturelle autant que du culte de la performance, c'est bien cette confrontation à la mort, au négatif, à nos limites car ce n'est rien d'autre que notre fragilité et notre détresse éprouvées qui nous rendent plus humains et fraternels.

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Une Europe à refaire

Temps de lecture : 7 minutes

L'Europe est en bien mauvaise posture. Loin d'être épargnée par une crise venue des Etats-Unis elle s'en trouve paradoxalement bien plus ébranlée, dans ses fondements même, jusqu'à pouvoir la menacer d'éclatement à brève échéance. Puisque l'Europe a fait la preuve de son impuissance, et même de son inexistence, pas étonnant que les élections européennes ne passionnent guère les foules, ni les médias qui l'évoquent à peine.

Bien sûr, il y a de bonnes raisons de penser que la seule solution à la crise, serait la relocalisation d'un côté mais aussi une Europe protectrice de l'autre, qui pourrait même y gagner un leadership mondial que justifierait son rang économique. Seulement il faudrait pour cela une toute autre Europe, une Europe des peuples forgée dans des mouvements sociaux européens et reconstruite sur de toutes autres bases.

Les raisons d'y croire sont bien minces mais tout ce qu'on peut souhaiter à cette assemblée de notables et de technocrates coupés de la population, c'est que leur mandat se termine vite et que les bouleversements qui s'annoncent débouchent sur une véritable constituante mettant un terme à cette Europe de supermarché. Ce n'est pas du tout le plus probable pour l'instant mais si la crise est aussi profonde qu'elle s'annonce, il ne faut pas sous-estimer la combattivité des peuples et les redistributions des cartes qui devraient s'opérer. Cela pourrait être en tout cas l'occasion d'une véritable naissance de l'Europe politique, tout autant que de sa désagrégation...

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Du communisme à l’écologie

Temps de lecture : 7 minutes

Dans ces temps de bouleversement où c'est la réalité qui redevient révolutionnaire, on assiste partout au retour du commun, depuis si longtemps totalement discrédité pourtant par l'idéologie néolibérale. La glorification de l'individu avait atteint de tels sommets qu'on ne peut que se réjouir de l'éclatement de cette bulle narcissique et du retour, vital, à la réalité de nos interdépendances et solidarités collectives. On peut craindre cependant que selon une stricte logique dialectique, on s'emporte à réduire un peu trop du coup la part de l'individu au nom d'une communauté retrouvée.

Pourtant de simples considérations matérielles devraient mener à l'abandon des anciennes idéologies au profit d'une écologie-politique constituant une réponse bien plus adaptée à notre époque en se confrontant aux défis planétaires tout en restant attentive aux diversités locales, effectuant ainsi une synthèse de l'individu et du collectif plus équilibrée, moins centralisée, moins idéologique, plus objective enfin.

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La révolution numérique est-elle soutenable?

Temps de lecture : 12 minutes

La crise sociale, économique et financière qui commence à peine s'explique parfaitement par les cycles de Kondratieff, retour de la révolution bien nécessaire mais qui n'est finalement qu'un phénomène cyclique générationnel se reproduisant tous les 60 ans à peu près et qui dessine l'issue de la crise par la reprise de l'inflation et la réduction des inégalités comme pendant les 30 glorieuses. Schumpeter ajoute que chaque nouveau cycle se caractérise par des innovations techniques et une nouvelle génération d'entrepreneurs qui enclenchent une croissance longue après la phase dépressive de "destructions créatrices".

Il se produit justement, en ce moment même, une précipitation de l'histoire et un saut technologique dont la portée pourrait dépasser de beaucoup le prochain cycle, puisque c'est une véritable unification technique de l'humanité comme l'agriculture a pu l'être auparavant, mais à un rythme sans commune mesure cette fois. C'est en effet incroyable mais il y a déjà 60% de l'humanité qui utilise un téléphone portable, avec une accélération ces derniers mois en particulier dans des pays pauvres (mais jeunes) dépourvus d'infrastructures, ceci alors même qu'on assiste à une convergence entre ordinateurs et téléphones. C'est un événement considérable, véritable basculement anthropologique vers un homo numericus devenu une part de notre humanité, au coeur de notre avenir malgré qu'on en ait, et dont il faut prendre la mesure de l'impact écologique,

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La vie artificielle n’est pas la vie !

Temps de lecture : 11 minutes

Dans la biologie artificielle, il faut distinguer 1) les organismes génétiquement modifiés qui sont bien des organismes vivants, même asservis, 2) la biologie synthétique qui se borne à reconstruire synthétiquement un génome donné, ce qui réussit à recréer effectivement une bactérie bien vivante (un mammouth peut-être un jour), 3) enfin, le projet d'une vie artificielle, c'est-à-dire la création de toutes pièces d'une cellule vivante à partir d'un génome minimal, voire d'autres bases que l'ADN ou l'ARN (comme l'APN).

On n'y est pas du tout mais l'intéressant, c'est que cela pose par avance la question de la création d'une nouvelle forme de vie car on peut être à peu près sûr que cette vie artificielle n'aura rien à voir avec la vraie vie. En effet, la vie c'est l'évolution alors qu'une vie artificielle se doit de ne pas évoluer, ou à la marge, afin de pouvoir répondre à nos impératifs techniques. Plutôt que des organismes vivants, ce ne sont que des machines biologiques, éventuellement programmables, qu'on devrait arriver à produire ainsi. Rien de vraiment vivant donc car la vie ne se réduit ni à la reproduction, ni au métabolisme alors qu'elle est plasticité, processus de transformation par interaction avec son milieu. Une vie sans évolution, c'est comme une intelligence incapable d'apprentissage, un contresens. Il n'y a pas de vie coupée de ses origines, sans une histoire qu'elle continue (héritage génétique) ni sans un monde qu'elle habite et qui la constitue (diachronie et synchronie).

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El porvenir radiante

Temps de lecture : 13 minutes

Traducción del artículo L'avenir radieux : Eduardo Baird.

He traducido este bello y estimulante artículo de Jean Zin, a quien ya conocemos, que declara el Año 01 de una nueva era, Y nos habla con alegría de nuestra necesidad de autonomía y solidaridad. Llega a su fin el régimen depredador y corrupto, muere el mundo de la expoliación y el lucro. Ayudémosle a morir!

Después de tanta infamia y de tanta crueldad, de tanta explotación, exclusión y hambre, nace el mundo fraterno y solidario, el mundo de los productores libres y asociados. Ayudémosle. a nacer!

Eduardo Baird.

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Revue des sciences 04/09

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La revanche de l’esclave (Kojève)

Temps de lecture : 73 minutes

Lutte pour la reconnaissance et dialectique du Maître et de l'esclave
Pour inaugurer la nouvelle version du blog, il m'a semblé utile de mettre à la portée de tous cette introduction à la fameuse "introduction à la lecture de Hegel" d'Alexandre Kojève analysant le désir humain comme désir de désir, texte qui a été essentiel pour la philosophie française et la réception de Hegel, ayant influencé Bataille, Lacan, Sartre, etc. On peut contester son interprétation de Hegel à la lumière de l'être pour la mort heideggerrien et du travail marxien mais il a le mérite de le rendre lumineux, ce qui n'est pas rien ! Il ne s'agit pas de prendre au mot cette dialectique du maître et de l'esclave qui reste au niveau du B.A.BA mais de donner à penser la structure du désir (il s'agit de philosophie pas d'idéologie). Ainsi, une interprétation individualiste serait bien peu hégélienne d'une lutte à mort des riches contre les pauvres. On naît du côté des dominants, plus souvent qu'on ne le devient soi-même. Reste la structure du désir et d'une conscience-de-soi qui renie sa part animale pour être reconnue par les autres consciences-de-soi dans son autonomie mais se heurte plutôt à toutes ses dépendances, n'ayant d'autre issue que la transformation révolutionnaire du monde (son humanisation) et la reconnaissance mutuelle dans toutes nos imperfections, c'est-à-dire en abandonnant la prétention à la maîtrise (l'homme total) ainsi que la conception aristocratique de la liberté, miroir inversé de l'asservissement...

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Misérables métamorphoses

Temps de lecture : 8 minutes

Ontologie de l'accident, Catherine Malabou,
Essai sur la plasticité destructrice
Le mythe de la métamorphose est consubstantiel à l'être parlant, au monde des mots. Pour les chamans, le devenir animal était certes une véritable transformation personnelle, bien qu'éphémère, alors que l'initiation constituait un rite social, rite de passage entre l'adolescence et l'âge adulte par la confrontation avec la drogue, la séparation et la mort (la peur et la souffrance).

Depuis l'Empire romain, dépouillant le citoyen de tout pouvoir politique, c'est tout autre chose, on a commencé à se replier sur soi en rêvant d'une transformation purement individuelle (cultiver son jardin), thème repris par les mystiques néoplatoniciens et par la conversion chrétienne, parant la métamorphose attendue de toutes les vertus, sauvés un par un de tous nos péchés et du poids du monde !

Je vends la vie parfaite, la vie sainte et vénérable. Qui veut être au-dessus de l'homme ? Qui veut connaître l'harmonie de l'univers et revivre après sa mort ? (Lucien de Samosate, Philosophes aux enchères).

Ces promesses ultimes ont été reprises un peu trop légèrement par les théories de l'aliénation nous faisant miroiter l'idéal d'un homme complet et d'une existence authentique enfin, dépouillée du vieil homme et de nos anciennes dépendances, comme si la vieillesse et la dépendance n'étaient pas notre avenir et qu'on pouvait vivre impunément, sans blessures ni remords.

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