Plutôt Le Pen que Fillon ?

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A priori, c'est bouclé. Au second tour, Fillon ferait 67% contre Marine Le Pen 33%, sauf qu'il est devenu téméraire de se fier aux sondages et aux vainqueurs désignés d'avance. Si Juppé avait gagné la primaire, il était quasiment certain que les électeurs de gauche auraient fait barrage au Front National, cela me semble beaucoup moins évident avec Fillon et sa brutalité sociale.

Je ne m'aventurerais pas à faire des prédictions, il peut se passer beaucoup de choses jusqu'à l'élection et on ne sait pas encore combien de candidats à gauche vont concourir au plus ridicule, mais jamais les chances de l'accession de l'extrême-droite au pouvoir n'ont été aussi grandes. Il paraît que les frontistes s'inquiètent plutôt d'une hémorragie de leurs électeurs vers le champion de la droite conservatrice... mais libérale et européiste. Pas de quoi séduire l'électorat populaire en tout cas. Tout se jouera donc entre ceux qui se laisseront tenter par la purge sociale et les électeurs de gauche qui ne se dérangeront pas cette fois-ci pour aller voter contre un populisme qui a incontestablement le vent en poupe un peu partout. Vraiment, je ne vois pas Fillon élu - un autre arrivant en deuxième place aurait beaucoup plus de chance de mobiliser largement.

On est quand même effaré de voir comme tout tourne au plus mal avec le chiffon rouge de la droite la plus bête du monde et l'éclatement d'une gauche en miette complètement irresponsable entre dogmatismes et ambitions personnelles (idiotes car promises à l'humiliation), nous réduisant au rôle de spectateurs du désastre annoncé. Au moment où chaque candidat à une élection se croit obligé de promettre la rupture avec le passé, nous voilà replongés dans l'histoire par ses mauvais côtés et une connerie humaine au plus haut qui nous laisse désemparés - en attendant la sanction du réel et la reprise des luttes sociales sur les ruines de la politique ?

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Le retournement du cycle

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L'existence de cycles ne fait aucun doute malgré tous ceux qui le dénient mais les étudier ne permet pas pour autant de faire des prédictions certaines tant leur durée peut être variable et les conditions extérieures différentes (ou la position dans les autres cycles). Nous ne sommes pas dans l'éternel retour du même car le temps linéaire continue, notamment du progrès des sciences et techniques mais il n'y a pas qu'une histoire cumulative, il y a aussi des renversements dialectiques qui se produisent avec une relative régularité aussi bien en politique, dans la mode ou les idées qu'en économie. Justement, l'intérêt d'en reconnaître le caractère cyclique est en premier lieu de ne pas considérer toute tendance actuelle comme définitive mais comme un moment transitoire du cycle.

Ainsi, les analogies de notre crise avec celle qui a suivi 1929 sont assez frappantes pour devoir admettre que les mêmes causes ont les mêmes effets, donnant un aperçu de la suite malgré toutes les différences - c'est très loin d'être aussi dramatique pour l'instant mais on n'est même pas à l'abri d'un conflit nucléaire si les tensions devaient monter ! Evidemment, on s'intéressera d'autant plus aux cycles qu'on espère sortir d'une époque régressive. Lorsque nos idées progressent, on s'imagine facilement que ce sera pour toujours tant il est difficile d'admettre que nos évidences puissent n'être que momentanées mais quand tout va au pire, attendre que le cycle se retourne pour retrouver l'espoir mène sans aucun doute à voir un retournement à tous les coins de rue. Tout de même, les signes ne manquent pas qu'on soit, depuis 2008 au moins, dans un tel moment de bascule avec une montée des protectionnismes, une relative démondialisation et une possible reprise de l'inflation. Il n'est pas sûr par contre que ce soit une si bonne nouvelle pouvant annoncer dans l'immédiat une période encore plus régressive et quelques catastrophes à venir - avant de sortir du cauchemar ?

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Combiner démocratie, oligarchie et aristocratie

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Aristote, Polybe, Montesquieu, Rousseau
Depuis Mai68, l'idéal d'une démocratie radicale (celle des assemblées générales) paraissait de l'ordre de l'évidence bien que sans arrêt confrontés à son échec et à toutes les perversions d'un démocratisme dont les Verts m'ont semblé un exemple caricatural (il y en a bien d'autres évidemment). Les réseaux sociaux ont redonné force à cette utopie vite déçue. Malgré ces échecs répétés, impossible d'abandonner l'exigence démocratique, mais il serait idiot, vu le résultat, d'en surestimer la réalité et les vertus, obligés de prendre conscience de la difficulté au moins.

Au-delà de la fiction juridique rousseauiste, qui garde toute son importance, si on adopte un point de vue plus matérialiste, on va voir que les plus grands penseurs politiques convergent sur la nécessité de ce que Aristote appelait une république tempérée, avec une division des pouvoirs. On avait souligné à quel point la Politique d'Aristote avait été réfutée par son élève Alexandre le Grand qui la rendait inutile dans l'Empire soumis par la force armée. La philosophie politique est de peu de poids par rapport aux puissances matérielles et le droit du plus fort (que Rousseau refusait de considérer comme un droit) mais justement, c'est bien la nécessité de reconnaître ces puissances effectives par le pluralisme qui justifie une constitution mixte, c'est-à-dire combinant les différentes constitutions démocratique, aristocratique voire oligarchique (c'est le point discuté).

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Brexit, Trump, …

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trumpComme pour le Brexit, l'élection de Trump était considérée impossible jusqu'au dernier moment, ce qui est étrange dans ce cas étant donné le nombre d'Etats qui lui était acquis mais il faut croire qu'on ne voulait pas y croire. Il semble que le populisme ne puisse gagner que par surprise. Il ne faut sans doute pas trop juger Trump sur sa campagne caricaturale, ceux qui le connaissent (comme Dominique Villepin) avertissaient qu'il était plus rationnel qu'il ne pouvait en avoir l'air. Sa présidence pourrait n'être pas aussi catastrophique qu'elle s'annonce.

Les risques sont quand même énormes et, en tout cas, cela devrait bouleverser les équilibres mondiaux. L'histoire n'est pas finie et ces coups de boutoir du populisme sont apparemment nécessaires pour débloquer des situations et réorganiser l'économie globalisée en fonction des évolutions en cours. Le tremblement de terre n'est que la conséquence d'une tectonique des plaques antérieure. Il fallait qu'il se passe quelque chose, une rupture avec la période précédente - au moins pour perdre ses illusions sur la démocratie comme sur un retour à une grandeur passée.

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Revue des sciences novembre 2016

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Pour la Science La Recherche Physique, espace, nanos Climat, écologie, énergie Biologie, préhistoire, cerveau Santé Techno La prospective est aussi difficile qu'indispensable, forcément basée sur l'état des savoirs dont cette revue tente de rendre compte. Ce mois-ci, sans parler d'un possible (bien que peu probable) contact laser avec des civilisations extraterrestres, ni des plans pour une colonisation de Mars qui semble quand même bien prématurée, on a un très curieux "cristal temporel" ainsi qu'une nouvelle théorie avec 6 nouvelles particules qui pourrait achever la physique ! On peut s'inquiéter sinon qu'il y ait de moins en moins d'oxygène dans l'atmosphère à cause de la combustion des énergies fossiles mais un nouveau procédé permet, avec des catalyseurs nanostructurés, de faire de l'éthanol directement avec du CO2. Les dernières avancées de la biologie permettent d'établir enfin que l'évolution est bien collective mais brouillent les frontières du vivant et de l'organisme entre virus et microbiote. Il y a de quoi s'étonner que des bactéries infectées par des virus géants produisent des virus qui en protègent, et plus encore, que des bourdons puissent apprendre à tirer une ficelle pour obtenir leur nourriture ! On a aussi un aperçu des premiers mythes, ou la "neurodynamique darwinienne de l'apprentissage" qui semble prometteuse pour l'intelligence artificielle ou la compréhension du fonctionnement du cerveau.

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