EcoRev’41 : Produire autrement

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Ecorev no 41Il est difficile de rendre compte de toute la richesse de ce numéro qui explore un peu toutes les pistes. Pour ceux qui se préoccupent du concret de la production, il y a là matière à réflexion. Je dois bien avouer pourtant que de passer en revue les alternatives proposées m'a laissé plutôt morose et sceptique, ce que n'a fait que renforcer l'utopie genre "An 01" à la fin du numéro qui nous présente un monde idéal grâce à une super "Dotation Inconditionnelle d'Autonomie". Je me suis essayé moi aussi à présenter un avenir radieux, mais en sachant combien c'est artificiel et simple rhétorique, façon d'escamoter le réel de la vie, sa dureté, ses conflits, ses malheurs et tous les obstacles qui se dressent sur la route. Il ne suffit pas d'avoir chacun son utopie, plus ou moins naïve et bancale, en s'imaginant que tous l'adopteraient avec enthousiasme dans l'illusion de l'unanimité alors qu'on ne représente rien...

Je le répète souvent, le problème ne vient pas tant de nos ennemis mais bien plutôt de notre déficit intellectuel collectif, notre impuissance à nous entendre sur une stratégie réaliste, laissant le champ libre à tous les illuminés et démagogues. Pour l'instant, ce qui s'annonce n'a rien de réjouissant, l'heure n'est certes pas à se bercer d'illusions. On peut juste tabler sur les convergences qui se dessinent et se réjouir de voir que les lignes bougent - bien trop lentement, hélas, retardant par toutes sortes d'archaïsmes notre adaptation au monde qui vient et bouleverse tous nos repères, monde globalisé du numérique, de l'écologie et du développement humain.

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Du national-populisme au nazisme

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Hannah Arendt et Martin Heidegger, histoire d'un amour, Antonia Grunenberg
Heidegger-ArendtLorsqu'on se replonge dans l'Allemagne pré-nazi et les débats philosophico-politiques de l'époque sur l'aliénation et les utopies communautaires ou communistes, on ne peut qu'être frappé de l'immense écart avec ce qui a suivi. Pour certains, ces massacres de masse n'auraient été qu'une parenthèse dans cette quête de l'absolu qu'il faudrait reprendre à notre compte comme si de rien n'était, comme si le réel n'en avait révélé le caractère non seulement illusoire mais criminel. Il est assez effarant de voir à quel point on se fait encore des idées aujourd'hui sur la politique et l'issue de la crise, comme s'il n'y avait jamais eu d'histoire avant nous et que notre situation était entièrement inédite.

Il est exact que notre entrée dans l'ère de l'information "change tout" mais il ne faut pas exagérer comme la "nouvelle économie" qui pouvait prétendre que les règles de la logique même avaient changé avant l'éclatement de la bulle internet qui a ramené ces spéculations hasardeuses à la dure réalité (de même que les gigantesques sommes injectées finiront bien par faire s'écrouler le château de cartes). Ce qui est vrai, c'est que le numérique apporte de nouvelles possibilités d'information et de mobilisation mais il rend aussi à peu près impossible le repli nationaliste.

Si l'histoire ne se répète jamais à l'identique, le contexte en étant toujours assez différent, il n'en reste pas moins qu'on peut y déceler des cycles qui reviennent comme les modes et qu'il est toujours instructif d'y retrouver des conjonctions étonnement semblables, notamment entre la crise de 1929 et la nôtre, caractéristiques de la fin d'un cycle de Kondratieff (fin de la déflation, krach de la dette et début d'un nouveau cycle d'inflation). Rien ne permet d'en prédire la suite, le pire n'est jamais sûr, les leçons du passé pouvant toujours servir, comme on l'a vu avec les réactions des banques centrales à l'opposée des années 1930, et c'est bien ce à quoi on peut participer en rappelant quelques faits.

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Le jeu de la guerre

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Le-Jeu-De-La-GuerreIl ne faudrait pas laisser croire qu'il n'y aurait que le travail dans la vie. S'il vient en premier, c'est qu'il en occupe la plus grande part dans la population, nous fournissant tout simplement les moyens de vivre. Cependant, une fois admis le vide des loisirs et de l'oisiveté, on ne peut prétendre qu'il n'y aurait qu'une seule façon d'y échapper. Il n'y a pas que le travail ou le jeu mais aussi l'amour et la guerre.

Le travail n'a jamais été le seul mode d'existence possible, ce qu'exprimait bien la tripartition (prétendument) indo-européenne entre "ceux qui travaillent" (laboratores), "ceux qui combattent" (bellatores) et "ceux qui prient" (oratores). La disparition de la guerre dans nos contrées, ou du moins cette paix inhabituellement longue dans notre histoire européenne, pouvait faire croire que la combativité se réfugierait désormais entièrement dans la compétition économique. Il était sans doute un peu naïf de s'imaginer qu'une fonction si ancienne et structurante que la guerre se dissolve sans laisser plus de traces. Il semble bien que, pour certains du moins, ce qui en prend la place, c'est une forme de militantisme politique aux accents effectivement militaires et qui va des révolutionnaires de gauche ou de droite jusqu'aux Islamistes.

Le hasard des commémorations du centenaire de la guerre de 1914 fait resurgir notamment les récits d'Ernst Jünger sur "La guerre comme expérience intérieure", témoignant de l'ivresse des combats, qui fait trouver si terne le retour à la vie civile, et pas seulement de ses horreurs - ce qui n'était pas précisément ce qu'on souhaitait rappeler de cette terrible boucherie (pas plus que ce qui relie les nations à la guerre). Or, cela va faire 20 ans, cette année aussi, que Guy Debord, devenu curieusement une icône et même un "trésor national", s'est donné la mort d'un coup de fusil. Il se trouve que ce n'est pas pour rien qu'il avait fait un "jeu de la guerre" et se proclamait stratège, justifiant ainsi une posture qu'on peut dire aristocratique de refus du travail. Significativement, quand on lui demandait ce qu'il faisait dans la vie, il ne disait pas qu'il ne travaillait pas, conformément à son grand principe. Non, mais, bien après que cela ait perdu tout sens, il se prétendait encore révolutionnaire professionnel ! Il avait donc bien une profession, faire la guerre, soldat de la révolution (enfin, il se voulait plutôt général!) comme bien d'autres militants dans l'âme et même s'il en critiquait le dévouement sacrificiel. Cet imaginaire héroïque a certainement participé à son prestige et il fait manifestement aujourd'hui le succès du jihad et d'apprentis terroristes mais imprègne beaucoup d'autres discours radicaux, de plus en plus à droite, hélas !

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Revue des sciences janvier 2014

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Pour la Science

Climat, écologie, énergie

Biologie, préhistoire, cerveau

Santé

Techno

La revue des sciences reparaît donc mais seulement les extraits terminés sont publics (la plupart des liens ci-dessus ne marchent donc pas).

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