Il est difficile de rendre compte de toute la richesse de ce numéro qui explore un peu toutes les pistes. Pour ceux qui se préoccupent du concret de la production, il y a là matière à réflexion. Je dois bien avouer pourtant que de passer en revue les alternatives proposées m'a laissé plutôt morose et sceptique, ce que n'a fait que renforcer l'utopie genre "An 01" à la fin du numéro qui nous présente un monde idéal grâce à une super "Dotation Inconditionnelle d'Autonomie". Je me suis essayé moi aussi à présenter un avenir radieux, mais en sachant combien c'est artificiel et simple rhétorique, façon d'escamoter le réel de la vie, sa dureté, ses conflits, ses malheurs et tous les obstacles qui se dressent sur la route. Il ne suffit pas d'avoir chacun son utopie, plus ou moins naïve et bancale, en s'imaginant que tous l'adopteraient avec enthousiasme dans l'illusion de l'unanimité alors qu'on ne représente rien...
Je le répète souvent, le problème ne vient pas tant de nos ennemis mais bien plutôt de notre déficit intellectuel collectif, notre impuissance à nous entendre sur une stratégie réaliste, laissant le champ libre à tous les illuminés et démagogues. Pour l'instant, ce qui s'annonce n'a rien de réjouissant, l'heure n'est certes pas à se bercer d'illusions. On peut juste tabler sur les convergences qui se dessinent et se réjouir de voir que les lignes bougent - bien trop lentement, hélas, retardant par toutes sortes d'archaïsmes notre adaptation au monde qui vient et bouleverse tous nos repères, monde globalisé du numérique, de l'écologie et du développement humain.