Le mouvement actuel semble dans une impasse. On ne voit pas quels pourraient être ses débouchés, comment on pourrait obtenir le retrait de la réforme une fois celle-ci votée (sauf à passer par une véritable grève générale). On n'est pas dans la même situation qu'avec le CPE, la question des retraites et donc de notre avenir ne peut être mise sous le tapis, mais c'est peut-être justement la chance que la mobilisation dure et se radicalise, même s'il va très certainement y avoir un reflux très important en terme de nombre. De quoi donner le temps de s'organiser et de gagner en consistance, d'élaborer des propositions alternatives majoritaires puisqu'à partir des retraites, c'est bien le travail tout au long de la vie qui est en cause ainsi que les 30 prochaines années sur lesquelles il faut se projeter alors que tout a changé autour de nous.
De son côté, le pouvoir, on ne peut plus discrédité, s'est mis lui-même dans une impasse à refuser d'écouter les syndicats pourtant unanimes, car on ne voit pas non plus comment la protestation cesserait désormais dans un contexte si objectivement révolutionnaire. On peut dire que toutes les conditions sont remplies avec cette crise profonde qui remet en cause l'ordre précédent dans ses fondements même, faisant apparaître son injustice criante et son insoutenabilité effective. Jusqu'ici, la réalité était en avance sur une subjectivité révolutionnaire complétement absente, donnant un aspect irréel encore aux dernières manifestations avec un côté marche forcée auquel on avait du mal à adhérer car, cette fois, ce n'est pas la subjectivité qui nous met en marche mais, qui petit à petit, rejoint ce que la rupture historique que nous vivons peut avoir de réellement révolutionnaire.