Science – Jean ZinEcologie-politique, ère de l'information et développement humain2024-02-24T14:57:02Zhttps://jeanzin.fr/feed/atom/WordPresshttps://jeanzin.fr/wp-content/uploads/2012/07/favicon2.gifJean Zinhttps://jeanzin.frhttps://jeanzin.fr/?p=343152023-12-16T09:48:03Z2023-12-16T08:46:11ZLire la suite]]>1Jean Zinhttps://jeanzin.frhttps://jeanzin.fr/?p=341192024-01-25T07:31:36Z2023-12-06T18:00:20ZLire la suite]]>Jean Zinhttps://jeanzin.frhttps://jeanzin.fr/?p=338522023-12-16T09:37:58Z2023-11-19T16:45:31ZLire la suite]]>1Jean Zinhttps://jeanzin.frhttps://jeanzin.fr/?p=332552024-01-01T15:01:52Z2023-08-05T17:00:39ZLire la suite]]>3Jean Zinhttps://jeanzin.frhttps://jeanzin.fr/?p=330032024-02-13T16:01:07Z2023-06-26T17:00:11ZLire la suite]]>4Jean Zinhttps://jeanzin.frhttps://jeanzin.fr/?p=327292024-02-24T14:57:02Z2023-04-19T10:00:35ZLire la suite]]>3Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=315852022-09-06T15:18:34Z2022-08-18T17:00:20ZLire la suite]]>10Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=312052022-07-06T15:54:22Z2022-05-30T17:00:48ZLire la suite]]>12Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=310412022-11-27T14:58:25Z2022-04-09T11:00:13ZLire la suite]]>0Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=310122022-08-07T09:48:24Z2022-04-06T18:00:38ZLire la suite]]>10Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=307682023-05-04T13:25:55Z2022-02-17T18:00:04ZLire la suite]]>8Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=307102024-02-23T13:39:11Z2022-01-30T11:00:30ZLire la suite]]>5Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=303982024-01-15T09:02:26Z2021-12-13T18:00:38ZLire la suite]]>26Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=288632023-08-26T15:00:39Z2021-04-12T17:00:10ZLire la suite]]>1Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=285792023-12-16T15:43:57Z2021-03-04T18:30:35ZLire la suite]]>14Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=280092021-08-07T15:41:54Z2020-10-23T18:00:00ZLire la suite]]>0Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=279352020-12-03T17:03:07Z2020-10-09T16:00:33ZPour les lecteurs de ce blog, et de son ancienne revue des sciences, il n'y a rien de surprenant à ce que la découverte de l'édition génétique ait été récompensée par un prix Nobel car c'est indubitablement une des découvertes les plus importantes qui soit. En effet, le mécanisme CRISPR-Cas9 utilisé par des bactéries pour se défendre des virus en coupant leur ADN s'est révélé un outil puissant d'intervention sur des séquences du génome, facilitant énormément les modifications génétiques jusqu'à les mettre à la portée de n'importe quel biologiste. Si ce n'est donc évidemment pas le début des OGM, c'est un changement d'échelle considérable qui devrait généraliser les manipulations génétiques, y compris sur notre propre génome (un Chinois l'a déjà fait), pour des améliorations qui seront le plus souvent très utiles mais pouvant constituer tout aussi bien une nouvelle "bombe nucléaire" (s'attaquant à l'ADN du noyau) plus dangereuse encore que la menace atomique.
Il est on ne peut plus logique qu'à chaque fois qu'on augmente notre puissance technique, on augmente le risque de son utilisation destructrice. Emmanuelle Charpentier admet d'ailleurs tout-à-fait que sa découverte pourrait être mal employée mais ce qui renforce l'inquiétude cette fois, c'est que, contrairement à la physique nucléaire, il n'y a pas besoin d'un Etat ni même d'un véritable laboratoire pour qu'un savant fou fabrique un virus bien plus dévastateur que notre coronavirus. J'y vois un risque majeur bien qu'il ne soit pas pris du tout au sérieux, à ce qu'il semble.
]]>8Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=269592020-11-03T17:48:57Z2020-08-01T17:00:01ZFrançois Durpaire fait paraître une Histoire mondiale du bonheur très intéressante, montrant l'évolution historique de cette notion de bonheur (qui est d'abord religieuse) en même temps qu'elle permet de retrouver les mêmes débats partout dans le monde, oppositions entre bonheur hasardeux ou mérité, entre Confucius (Maître Kong) et Mozi (Maître Mo), entre Job et protestants. Analyser les représentations du bonheur à différentes époques est certainement très éclairant.
Il est beaucoup plus problématique que Jean-Paul Demoule prétende répondre à la question Cro-Magnon était-il heureux ? Impossible cette fois, en l'absence d'écriture, d'avoir accès à leur idée du bonheur, à laquelle on ne fait que substituer la nôtre. La question n'a effectivement aucun sens sinon de projeter ses propres fantasmes, notamment, comme il le fait, sur une sexualité qu'on ne peut pourtant imaginer libre, prise au contraire dans des lois contraignantes et des tabous organisant les structures élémentaires de la parenté, sans parler des enlèvements et des viols. C'est comme Marylène Patou-Mathis qui projette sur Néandertal ses fantasmes rousseauistes de société sans violence, ou Marshall Sahlins fantasmant sur les sociétés sans Etat, sociétés d'abondance où le travail est minime. Cela lui semble suffisant pour être heureux mais c'est parce que les loisirs sont de nos jours très "valorisés", et le temps libre supposé créatif, épanouissant et non pas terriblement ennuyeux parfois (pour de nombreux chômeurs et retraités ou provinciaux).
]]>8Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=264062020-12-22T17:04:35Z2020-06-20T18:00:13ZPourquoi y a-t-il des virus plutôt que rien ? Pourquoi n'y a-t-il pas de vie sans virus, pas d'organisme sans système immunitaire pour s'en défendre mais pas non plus d'organisme qui ne soit infecté par des virus ? Il faut bien une forte raison.
Le statut des virus reste encore très incertain alors qu'ils sont omniprésents depuis l'origine. La question n'est pas de savoir si un virus est "vivant" mais de comprendre qu'il fait partie intégrante du vivant, qu'il en est un élément régulateur vital bien qu'extérieur, sorte d'information circulante auto-reproductrice. Il y a des épidémies bactériennes comme la peste se substituant aux virus pour coloniser les corps et s'y reproduire mais, contrairement aux bactéries, les virus n'ont aucune autonomie par rapport aux cellules qu'ils infectent, dépouillés de toute la machinerie métabolique pour se réduire à leur reproduction par la cellule qu'ils pénètrent, incarnant ainsi une pure fonction reproductive soumise à la sélection naturelle de l'évolution. Surtout, les virus sont loin d'être un détail marginal du vivant et de simples parasites alors qu'ils sont plus nombreux que les bactéries elles-mêmes ("Les virus sont dix fois plus nombreux que les procaryotes et on estime qu’ils tuent la moitié des bactéries présentes sur Terre tous les deux jours").
Plus on descend dans les profondeurs océanes, plus les virus interviennent dans la mortalité des bactéries. Ils sont responsables de 16% de cette mortalité dans les sédiments côtiers, de 64% entre 160 et 1000 mètres, et de 89% au-delà. (La Rechercheno 424, p17)
Ce fait trop méconnu illustre parfaitement leur rôle dans les profondeurs de l'océan : plus les ressources se font rares, plus il y a de virus dont la fonction principale, à l'évidence ici, est de réduire des populations qui deviennent trop nombreuses, évitant ainsi l'épuisement des ressources pouvant mener à l'extinction de l'espèce au sommet de son expansion. Un organisme sans virus qui en régule la reproduction ne fait pas long feu et peut disparaître après avoir tout dévasté (ça nous parle). Les organismes vivants ne sont jamais que les survivants des virus, qui eux-mêmes ne peuvent se reproduire s'ils éliminent tous leurs hôtes à être trop contagieux et mortels. C'est une question d'équilibre, résultat d'une coévolution sur le long terme et d'une sélection écologique (où des espèces peuvent disparaître avec leurs virus, ou des virus s'intégrer au génome, y apportant de nouvelles fonctions favorisant leur survie).
Il est important de bien mesurer le fait qu'un virus est presque toujours spécifique à une espèce, un récepteur (même s'il y a quelques passages d'une espèce à l'autre qui servent d'ailleurs à des transferts de matériel génétique entre espèces, ce qui est très important à l'échelle de l'évolution cette fois). C'est donc bien la densité d'une espèce qui se trouve régulée par les virus, ce qui est un facteur de conservation de la biodiversité en limitant l'explosion démographique d'une espèce par rapport aux autres, favorisant ainsi la complémentarité dans l'exploitation des ressources pour en maximiser la productivité biologique et la durabilité.
C'est à ce niveau de généralité qu'il faut situer la cause des virus et des pandémies, cause bien plus déterminante que la cause particulière de tel ou tel virus, la plupart du temps transmis par des animaux selon des conditions contingentes. Il y a toujours la tentation de trouver un coupable (chauve-souris ou pangolin) et d'idéologiser la question, en faire notamment la conséquence de notre destruction des milieux, intention louable de faire servir chaque catastrophe à une juste cause. Cela occulte cependant la véritable cause qui est la combinaison d'une surpopulation, notamment des mégapoles, avec l'intensification des transports longue distance, notamment par avion. On peut facilement vérifier comme la propagation de la pandémie a suivi les voies aériennes cette fois, alors que c'étaient les navires auparavant qui apportaient le bacille de la peste. Il est inévitable que des virus, en mutations constantes, finissent pas profiter de ces vecteurs de dissémination accélérée. On ne peut rêver s'en délivrer, seulement se préparer à la prochaine et renforcer nos défenses.
]]>4Jean Zinhttps://jeanzin.frhttp://jeanzin.fr/?p=262712021-10-27T08:38:40Z2020-06-06T17:00:33ZBien qu'ayant arrêté ma revue des sciences fin 2018, j'avais continué quand même à suivre l'actualité scientifique jusqu'au mois dernier mais n'y trouve plus assez d'intérêt, devenu trop répétitif, occasion d'en esquisser un bilan. Quand j'ai commencé, on était dans l'excitation de la convergence NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, Cognitif) suscitant toutes sortes de fantasmes qui ont eu le temps de se dissiper depuis, montrant qu'on s'emballe trop facilement alors qu'une découverte n'est jamais qu'à moitié aussi importante qu'on le croyait. Si les nanotechnologies sont partout, ce n'est pas la révolution attendue, pas plus que la biologie synthétique. L'Intelligence Artificielle, dont l'explosion a été sans doute l'événement principal de la période (avec les smartphones), va par contre certainement beaucoup plus bouleverser nos vies, mais si elle a bien fait des progrès spectaculaires avec le deep learning, il semble qu'elle atteint un seuil ne devant pas être dépassé avant longtemps. Surtout, le réchauffement climatique et l'écologie qui étaient ma préoccupation principale étaient sujets alors à des controverses qui n'ont plus vraiment cours, le GIEC ayant bien fait avancer les connaissances qui ne s'affinent plus qu'à la marge, confirmant l'urgence d'une transition énergétique qui est d'ailleurs en cours désormais.
Il serait absurde de prétendre que le progrès des sciences va s'arrêter alors qu'il n'y a jamais eu autant de chercheurs et de travaux publiés mais on est passé sans doute d'un moment d'effervescence et de changement de paradigme, à ce que Thomas Kuhn appelait la science normale, celle des petits pas et non plus des révolutions scientifiques. Le rythme des découvertes n'est pas constant et connaît des accélérations suivies de longues stagnations comme on l'a vu en physique par exemple, où une nouvelle révolution théorique est attendue en vain depuis des dizaines d'années pour résoudre les question fondamentales de la gravitation quantique et de la matière noire, entre autres.
J'évoquais d'ailleurs dès 1994, dans mon "Prêt-à-penser", "La structure des révolutions scientifiques" de Thomas Kuhn, ainsi que la théorie des catastrophes, les fractales, les structures dissipatives de Prigogine et la théorie du chaos, qui étaient à la mode à l'époque, promettant des révolutions conceptuelles qui ont été ramenées depuis, là aussi, à des proportions plus modestes bien que restant importantes. Lorsque j'ai intégré le GRIT (Groupe de Recherche Inter et transdisciplinaire), en 2002, je me suis plus focalisé sur la physique, la biologie et la théorie de l'information ou des systèmes, puis de 2005 à 2018 j'ai donc fait une revue mensuelle des nouvelles scientifiques et ce que cela m'a enseigné, c'est surtout l'étendue de notre ignorance, loin de ce qu'on s'imagine de l'extérieur, notamment la nécessité de ne pas avoir d'opinions en science, presque toujours contredites par l'expérience, alors que les réseaux rendent si facile la manipulation des opinions et la diffusion de fausses nouvelles.