L’invincible liberté

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L'enthousiasme de la jeunesse iranienne pour la première révolution féministe témoigne de la force irrépressible du besoin de liberté qui n'est pas une lubie de l'Occident décadent droit-de-l'hommiste mais bel et bien une aspiration universelle. Evidemment, le risque que cela se finisse en massacre est très grand, puisque pouvant se faire au nom de Dieu, mais qu'on brave ainsi la mort témoigne d'autant plus de la détermination d'un désir d'émancipation qui ne craint pas de s'y exposer - et l'écrasement éventuel du mouvement ne suffira pas à rejeter dans l'oubli cet élan libérateur qui finira par avoir gain de cause.

En fait, c'est dans le monde entier que la jeunesse éduquée ne peut plus supporter le patriarcat traditionnel, la répression sexuelle et les contraintes arbitraires du vieux monde (un peu comme Mai68 en France). C'est la même jeunesse qui a fui la Russie en guerre et sa grande régression culturelle. On peut penser qu'elle se manifestera aussi en Chine un jour ? et en Turquie ? C'est en tout cas ce que laisse penser une jeunesse connectée et uniformisée plus que jamais sur toute la planète, mobilisée de plus par les urgences écologiques, habitant bien une toute autre planète que leurs parents et leurs ancêtres.

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La fin de la guerre

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Il est à l'évidence trop tôt pour déclarer la fin de la guerre, avec le risque d'être démenti aussitôt, mais les derniers événements me semblent avoir opéré un retournement surprenant de la situation, non seulement en Ukraine mais dans le monde. D'abord, sur le plan militaire, la redoutable efficacité des armes de précision alliées aux drones de reconnaissance rend très vulnérables aussi bien les tanks que les navires ou les avions beaucoup plus onéreux, démonstration qui a pu décourager les Chinois de profiter de la guerre en Ukraine pour attaquer Taïwan. Si les succès de la contre-offensive ukrainienne paraissent décisifs à ce stade, ils confortent surtout la suprématie occidentale (américaine), c'est-à-dire, très logiquement, des économies les plus avancées. On ne peut exclure une riposte des Russes arrivant à renverser le rapport de force mais on ne voit pas comment - la menace du nucléaire brandie en vain ne pouvant être acceptée notamment par la Chine dont Poutine a besoin.

L'événement le plus important a effectivement eu lieu le 16 septembre, au sommet de l'OCS (Organisation de la Coopération de Shanghai) à Samarcande où l'on a vu un Poutine très affaibli et n'obtenant de Xi Jinping qu'un soutien verbal, au nom d'un monde multipolaire opposé à l'hégémonie américaine, mais aucune mesure concrète. Le dirigeant chinois manifestait même un mépris visible envers le perdant et l'état de son armée, les "explications" promises par Poutine sur son opération aventureuse ne pouvant aller bien loin, alors que l'engagement pris devant Narendra Modi de terminer vite la guerre prenait plutôt un air de défaite.

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Ouf !

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Les premières pluies orageuses après des semaines de sécheresse éloignent un peu la crainte des incendies. La pandémie recule même si d'autres s'annoncent. La Chine a finalement cessé ses dangereuses manoeuvres d'encerclement de Taïwan qui pouvaient déraper à tout moment et constituaient le plus grand danger - à couper le souffle tant qu'elles étaient prolongées. Le blocus des céréales ukrainiennes a été levé éloignant le spectre des famines si ce n'est de l'inflation. De ce côté le front est pour l'instant stabilisé et la menace nucléaire n'est plus prise au sérieux - sauf un accident de la centrale nucléaire de Zaporijjia pas du tout à exclure mais qui est d'un autre ordre. On parle de plus en plus, de façon un peu prématuré, de défaite russe mais on n'y est pas encore même si c'est l'heure des comptes pour une opération militaire ayant coûté très cher à la Russie et sans doute pour des années.

On n'est pas sorti de l'auberge mais la prochaine fois qu'on voudra nous faire une belle peur, il faudra mettre le paquet pour qu'on y croit puisqu'il semble qu'on résiste à tout et qu'on s'en sortira toujours.

Rien n'est réglé pourtant, l'ordre mondial est à rebâtir, les grands incendies reviendront mais l'air est devenu de nouveau un peu plus respirable pour quelque temps, étonné d'être toujours là, bien secoué quand même par cette actualité brûlante, en attendant les prochaines...

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La drôle de guerre

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Le pire s'annonce sur tous les fronts, celui du climat, de la biodiversité, des pandémies à répétition, de la famine, de la fascisation qui gagne même les États-Unis et bien sûr le spectre d'une troisième guerre mondiale opposant les régimes autoritaires aux démocraties libérales. Les canicules se succèdent, la guerre fait rage depuis plusieurs mois à nos portes, l'inflation s'accélère, l'énergie et le blé devraient manquer, entre autres et surtout aux plus pauvres, jamais l'effondrement du système mondial n'a paru aussi imminent mais pour l'instant rien ne trouble encore un quotidien habituel dans l'insouciance d'un été précoce et de grandes vacances précipitées entre deux pics de la pandémie.

Ce faux calme avant la tempête n'est pas sans évoquer le temps de la drôle de guerre de 1939 avant que cela ne devienne beaucoup moins drôle et la véritable guerre, mais le contraste actuel entre les belles journées de juin-juillet et les menaces qui s'amoncellent produit une semblable dissonance cognitive et un effet déréalisant dont le réveil sera brutal.

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Pour une refondation de la gauche écologiste

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Le vote utile n'aura pas été assez massif pour dépasser l'extrême-droite et nous éviter le risque bien réel de sa victoire au deuxième tour. On peut craindre cependant, qu'en ignorant ce qui a donné à Mélenchon l'essentiel des votes de gauche au détriment des autres candidats, il s'en attribue tous les mérites. Pourtant rien ne serait pire que de laisser "La France Insoumise" devenir le parti hégémonique à gauche, la cantonnant à un rôle contestataire.

L'effondrement du Parti Socialiste et la difficulté des écologistes à convaincre pourraient au contraire donner lieu à la création d'un nouveau mouvement écologiste de gauche, ni libéral ni populiste, regroupant les écologistes et la social-démocratie, sur les ruines de leurs organisations, non pas derrière un leader à l'ancienne mais ancrée dans les territoires, s'appuyant sur les élus locaux pour un développement local et humain.

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La redistribution des cartes

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Nous voilà de nouveau spectateurs d'un avenir qui nous échappe complètement et d'une redistribution des cartes sur laquelle nous n'avons aucune prise. Depuis la pandémie nous avons quitté le monde prévisible de l'économie par l'intrusion d'un réel extérieur qui met un terme au cours normal des affaires - tout comme maintenant, nous voilà rattrapés par l'Histoire, c'est-à-dire la guerre.

Impossible de prévoir la suite mais c'est justement sur cet impossible qu'il faut insister et sur l'engrenage implacable commencé d'ailleurs en 2014 avec l'annexion de la Crimée à laquelle l'Occident n'avait répliqué que par des sanctions économiques déjà, certes moins sévères que celle envisagées actuellement mais une victoire éclair des Russes en quelques jours rebattra encore les cartes. Il ne s'agit pas de prendre parti dans le conflit en diabolisant l'adversaire mais d'essayer de comprendre le mécanisme implacable nous ayant mené là, c'est-à-dire le fonctionnement effectif du jeu de puissances au-delà des condamnations morales et des utopies démocratiques ou d'une prétendue auto-organisation de base.

La riposte militaire serait trop aventureuse - une folie entre puissances nucléaires bien que toujours possible au moindre dérapage - ce qui se joue serait plutôt la confrontation de la puissance économique à la puissance militaire et donc sur la durée (pas sûr qu'on puisse tenir si longtemps). La logique historique voudrait que ce soit l'économie, le capitalisme, qui finisse par gagner avec tous les ressorts de la technologie mais pas forcément du premier coup. Cette guerre paraît effectivement à la fois anachronique dans la globalisation marchande et numérique, où l'appartenance à un pays ou un autre perd beaucoup de son importance, en même temps qu'elle pourrait être hyper-moderne dans les armes, première véritable guerre du 3ème millénaire si les USA s'en mêlent, utilisant de nouvelles armes, la cyberguerre ou la guerre électronique jusqu'au spatial voire au nucléaire (ce n'est hélas pas totalement exclu), éprouvant leur potentiel ou leurs limites. On ne sait à quel point on sera touché mais on en subira sûrement des conséquences plus ou moins terribles. Il y a de quoi paniquer.

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Se préparer à l’inflation

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La plus grande énigme économique de ces dernières années était sans conteste le mystère de l'absence d'inflation malgré l'injection de liquidités en quantités inouïes. On a invoqué les prix décroissants de l'électronique et du numérique, la mondialisation et la concurrence des pays les plus peuplés ou encore le néolibéralisme consacrant la victoire des actionnaires et l'affaiblissement des syndicats, menant à une réduction des protections salariales et l'augmentation de la précarité. Pas sûr pourtant que tout cela suffise à expliquer le peu d'inflation engendré jusqu'ici par les milliers de milliards distribués et le quoi qu'il en coûte de la pandémie. L'inflation se serait cantonnée à la finance et la spéculation, notamment immobilière, mais pourrait avoir été simplement retardée ailleurs.

On trouve toujours des raisons à tout et c'est une caractéristique des bulles avant leur krach de théoriser la fin des anciennes lois de l'économie pour une nouvelle ère où il n'y aurait plus de cycles ni de limite et où les arbres monteraient jusqu'au ciel... Il reste quand même très étonnant que la planche à billet débridée n'ait pas provoqué jusqu'ici une dépréciation de la monnaie et une inflation des prix et des salaires. Précisément, c'est bien ce qui semble se produire désormais même si le FMI assure que cela devrait être temporaire et ne pas aller au-delà du premier trimestre 2022, mais rien n'est moins sûr. Or un retour de l'inflation changerait du tout au tout la configuration économique des prochaines années avec des conséquences importantes aussi bien au niveau social qu'au niveau écologique, pouvant à la fois intensifier les luttes salariales, renverser le rapport de force actuel capital/travail, mais aussi accélérer une croissance qui n'est plus aussi bien venue quand il faudrait plutôt la tempérer et, en premier lieu, réduire notre consommation d'énergies fossiles qui repart au contraire à cause de la surchauffe économique.

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Le virus numérique et les guerres futures

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Parmi les nouvelles récentes de 2020, il en est une qui a été absorbée dans le flux des informations quotidiennes, concernant un autre virus, numérique cette fois, qui pourrait pourtant faire date, préfigurant sans doute les guerres futures et le bouleversement radical des stratégies militaires à l'ère du numérique. C'était bien sûr annoncé depuis longtemps mais restait très théorique jusqu'ici, jusqu'à la découverte donc de ce cyberpiratage de grande ampleur (certes on commence à être habitué) qui cette fois avait pu toucher jusqu'à l'armée américaine et même des sites nucléaires (ce qui est moins anodin).

En fait, les dommages sont difficiles à évaluer et semblent minimes à ce stade, peut-être même inexistants. La seule chose qui semble bien établie, c'est que le virus, qui utilise des fonctions très communes, donnerait accès aux bases de données et sans doute aux mots de passe enregistrés ou aux fichiers. De plus la propagation du virus serait purement opportuniste touchant tout autant des grandes entreprises, sans donc cibler particulièrement l'armée. On pourrait donc penser qu'on s'est affolé pour rien, sauf que preuve a été donnée concrètement de la fragilité des réseaux et du caractère décisif de la capacité de s'y introduire, au moins pour espionner et paralyser l'ennemi. Ce n'est pas pour rien que la contamination est venue d'une entreprise, SolarWinds, fournissant des concentrateurs de réseaux. Cela devrait convaincre que la sécurité de ces méga-réseaux ne peut jamais être parfaite, trouvant toujours une faille quelque part et les exposant à de nouveaux virus informatiques tout-à-fait comme la surpopulation nous expose irrémédiablement à de nouvelles pandémies.

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Absurde, inefficace, arbitraire, liberticide, raciste

Temps de lecture : 7 minutesL'article 179 du code pénal iranien prévoit la peine de mort à la troisième récidive d'interpellation pour consommation d'alcool. Un iranien vient donc d'être exécuté (pour l'exemple ?) à cause d'une consommation d'alcool trop répétée...

Comment peut-on être Persan ? Chez eux l'alcool est interdit et réprimé brutalement, de façon aussi cruelle qu'absurde - sans arriver pour autant à éradiquer l'alcoolisme - alors que, chez nous, l'alcool est partout, mais c'est le chanvre qui est interdit ! Sans aller à ces extrémités, les peines pour infraction à la prohibition pouvaient être assez lourdes jusqu'ici alors que, maintenant, la consommation ne sera plus passible que d'une amende de 150 à 200 Euros. Cela peut sembler un progrès mais est difficilement justifiable et s'apparente plutôt à du racket (à la tête du client) quand la tendance est à la légalisation (Colorado, Californie, Canada), à l'évidence sans grand dommage.

On a pu croire assez longtemps que la prohibition allait de soi, s'appuyait sur des raisons médicales objectives dès lors qu'elle était à peu près universellement pratiquée (en dehors de la Hollande notamment). Ce n'est plus du tout le cas. Ce sont les données scientifiques qui ont remis en cause une différence de traitement entre l'alcool et le chanvre qui n'a aucun rapport avec leur dangerosité respective. Cette différence relève purement de l'idéologie ou de la culture, comme le dénonce une déclaration de l'ONU sur les drogues. De même, la légitimité de la prohibition du cannabis vient d'être contestée comme simple héritage colonial par l'Inde et l'Afrique du sud. Le consensus international sur la prohibition s'est bien renversé devant son échec et ses effets pervers, faisant apparaître la prohibition absurde, inefficace, arbitraire, liberticide, raciste.

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Sommes-nous déjà passés à l’économie administrée ?

Temps de lecture : 4 minutesIl semble qu'on assiste à un décalage grandissant entre les discours et une réalité prenant, sans qu'on s'en soit aperçu, le contrepied de la situation précédente. Les récents plans de sauvetage de l'économie témoignent en effet par leur ampleur du fait que nous serions entrés, depuis la crise de 2008, dans une phase économique à l'antithèse du néolibéralisme précédent, celle d'une économie administrée par les banques centrales et d'un ordre mondial interconnecté devenu too big to fail. Alors même que la pandémie a fermé temporairement les frontières, faisant croire à un retour des nations souveraines, c'est au contraire la solidarité et la coopération économique qui devraient en sortir renforcées ?

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Retour à la normale

Temps de lecture : 4 minutesOn n'en est certes pas encore à un retour à la normale qui devrait être très progressif mais beaucoup s'imaginent que cela n'arrivera pas, soit que l'état d'exception durera toujours, soit qu'on verrait la fin du capitalisme, du néolibéralisme, de la mondialisation, du productivisme. Devant le désastre, on nous appelle de toutes part à repenser le monde, comme si le monde dépendait de nos pensées alors que c'est plutôt le monde qui nous pense, pourrait-on dire, et nous oblige à réagir en bousculant nos sociétés et nos habitudes. Même des économistes parmi les plus conformistes tombent dans le panneau, comme au moment de la crise de 2008... On a vu la suite. Evidemment, il y aura des changements importants dans quelques secteurs, sans doute une relocalisation de productions vitales voire, espérons-le, une relance des protections sociales mais cela devrait rester assez modéré et s'épuisant d'années en années. Par contre, la reconfiguration économique autour du numérique devrait s'accélérer car, loin d'être un "choix de société", c'est un mouvement irrésistible déjà bien entamé.

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Etat d’urgence

Temps de lecture : 3 minutesCertains, comme Agamben, se ridiculisent en assimilant l'état d'urgence sanitaire actuel à l'état d'exception de Carl Schmitt et un déchaînement de l'arbitraire du pouvoir. Sa nécessité est niée pour une pandémie dont la dangerosité ne justifierait pas des mesures si radicales alors qu'elles s'imposent par la rapidité de la contagion et la saturation des hôpitaux qui s'ensuit. On n'est pas loin des théories du complot absurdes pour lesquelles le pouvoir étant l'incarnation du mal, il ne peut rien faire de bon. Il n'y a pas que l'extrême-droite qui délire, au lieu de relever justement la radicalité du moment et l'effraction de l'événement dans notre quotidien.

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Cryptomonnaies, la blockchain se déchaîne

Temps de lecture : 4 minutesIl est quand même très curieux qu'on persiste à faire comme si nous décidions de l'histoire alors que tout nous prouve le contraire. Quand on nous déclare la guerre ou qu'on spolie nos droits, nous sommes contraints d'y répondre, contre notre propre volonté. De la même façon, le progrès technique s'impose à nous malgré nous, par la connaissance et la concurrence ou la guerre (si l'ennemi risque d'avoir la bombe atomique il faut l'avoir avant lui).

La technique pas plus que la science n'a jamais été le produit d'un choix, ni promesse d'amélioration de la vie. Le progrès améliore beaucoup de choses, qu'il améliore la vie est plus discutable. Qu'on songe au passage des chasseurs-cueilleurs nomades à l'agriculture sédentaire, du paradis terrestre (avec ses périodes maigres) à une vie de labeur qu'il faut gagner à la sueur de son front. Les corps souffraient plus, la nourriture était moins bonne mais plus abondante et pouvant nourrir plus de population, empêchant tout retour en arrière mais permettant de développer la culture avec les débuts de la civilisation (des premières cités). On vit beaucoup mieux de nos jours mais il ne manque pas de raisons de se plaindre de la vie moderne et de son inhumanité. Le problème, c'est qu'on ne nous demande pas notre avis, c'est dans ce monde en développement que nous habitons et auquel nous devons nous adapter sans cesse sans pouvoir arrêter le temps.

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Changement de monde

Temps de lecture : 11 minutes   Rien ne sera plus comme avant
Il est devenu quasiment impossible de se projeter dans le monde futur tant il devrait être différent du nôtre, malgré les vaines tentatives d'arrêter le temps. On peut juste lister un certain nombre des bouleversements attendus dans les dizaines d'années qui viennent, bouleversements technologiques, climatiques, géopolitiques. Les incertitudes sont au plus haut, et pas seulement l'ampleur du réchauffement climatique, qui semble avoir été sous-estimé (notamment la fonte du pôle Nord et du permafrost), mais il apparaît que les plus grandes incertitudes sont politiques et géopolitiques aujourd'hui avec une montée des risques de guerre, y compris nucléaire (ou de cyber-guerres), que seuls les risques économiques semblent pouvoir empêcher. L'opposition des mondialistes aux souverainistes prend ici tout son sens.

Si le réchauffement n'est pas maîtrisé d'ici 2050, ce qui est une question (géo)politique plus que technique, les conséquences en seront démesurées même si ce n'est pas la disparition de la civilisation humaine. J'ai toujours combattu les exagérations absurdes mais il est un fait que les nouvelles ne sont pas bonnes et n'incitent certes pas à l'optimisme même si le pire n'est jamais sûr et qu'il y a des améliorations sur certains plans. Ce ne sera donc pas la fin du monde ni de l'humanité mais de toutes façons la fin de notre monde actuel assurément. Nous ne sommes plus dans le temps arrêté d'une fin de l'histoire, d'un dimanche de la vie où l'individu n'aurait plus qu'à s'épanouir et jouir d'un éternel présent, mais pris dans les mouvements de l'histoire qui nous dépassent et menacent de toutes parts. On n'est pas prêts de sortir d'une crise permanente si la crise est le nom d'un réel qui nous échappe et nous déstabilise.

L'inquiétude est d'autant plus justifiée que pour l'instant, nos émissions continuent à monter. Il n'empêche que tout n'est pas désespéré car la première partie du siècle aura été celle de la prise de conscience planétaire nous engageant dans la transition énergétique sinon écologique - même si cet unanimisme affiché n'a pas eu beaucoup d'effets depuis l'accord de Paris de 2015. Il faut se rappeler, en effet, que dans cette première période, des relevés semblaient indiquer un plateau des températures, ce qu'on appelait le "hiatus climatique", qui avait de quoi nourrir les soupçons sur les modèles. Cela avait pu donner un peu plus de crédit aux climato-sceptiques mais n'est plus le cas avec un progrès des mesures et les effets de plus en plus sensibles du réchauffement - sans parler des boucles de rétroaction positives sous-évaluées jusqu'ici et qui menacent d'un emballement (fonte des glaces, bombe méthane). Ce n'est qu'une conséquence du nouveau consensus mondial (qui ne peut être que celui de l'état de la science), si le climato-scepticisme est devenu dés lors un simple marqueur politique (d'extrême-droite ou de connerie), anti-système, anti-science, anti-mondialisme. Sinon, un cap a bien été franchi, dans la conscience au moins, et surtout des jeunes, même si le secrétaire général de l'ONU, avertit que "Nous continuons de perdre la bataille". Du moins, il est clair qu'il s'agit maintenant de passer aux actes.

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Le retour des fachos (qui s’ignorent)

Temps de lecture : 8 minutesLa situation n'est pas seulement catastrophique sur le plan écologique mais aussi sur les plans politiques et géopolitiques avec une irrésistible montée des régimes autoritaires. Il semble difficile qu'on échappe à l'éclatement des nationalismes et au retour d'une forme de fascisme, sinon à la guerre. La comparaison avec les années trente depuis la dernière crise se confirme hélas, bien que dans un tout autre contexte, ce pourquoi on peut trouver assez contestable d'appeler fascisme les tendances autoritaires actuelles qui n'ont rien à voir avec les prolongements de la guerre de 14-18 et l'époque des grandes industries de masse. Parler du retour des fachos se justifie tout de même par de nombreux thèmes similaires et la recherche de boucs émissaires mais aussi par le fait que l'existence historique du fascisme, et surtout du nazisme, avait jusqu'ici refoulé ces tendances, devenues indéfendables d'avoir mené notamment au génocide des Juifs d'Europe.

S'il y a des cycles historiques et idéologiques, c'est effectivement à cause de l'épuisement de la mémoire qui permet le retour d'un passé, qu'on pensait révolu, et des mêmes errements - ceci malgré la présence quotidienne de films sur le nazisme à la télé mais qui, justement, en se focalisant sur ses côtés les plus sombres rendent moins identifiable et plus acceptable sa version actuelle, très éloignée de ces extrémités jusqu'ici.

On peut sans doute dater de 1990 le début de la levée du refoulement avec l'apparition du Point Godwin dans l'internet naissant, disqualifiant la référence au nazisme sous prétexte qu'elle finissait immanquablement par être brandie à la fin de longues controverses - témoignant simplement par là que nos sociétés occidentales avaient depuis 1945 leur fondement dans ce rejet du nazisme (bien plus que sur les droits de l'homme). Tout comme la critique du politiquement correct, ce poing Godwin dans la gueule de celui qui osait invoquer le nazisme ouvrait petit à petit la porte à la "libération de la parole" la plus abjecte. Bien sûr, il ne s'agit pas de prétendre pour autant qu'il y aurait un retour du nazisme, on en est loin, ce pourquoi il vaut mieux parler d'un retour des fachos, plus proches de Mussolini que d'Hitler.

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L’écologie est politique (pas individuelle)

Temps de lecture : 6 minutesIl a fallu une révolte populaire pour que les écologistes admettent enfin que les écotaxes sont absurdes appliquées à des personnes qui n'ont aucune autre alternative. L'évidence des écotaxes pour les écologistes était tel jusqu'ici que les critiquer était complètement inaudible, preuve qu'on n'était pas écologiste ! C'est qu'elles ont une véritable utilité appliquées aux entreprises qui peuvent investir dans des économies de consommation et des énergies renouvelables, ce que le système des quotas assurerait mieux cependant avec un prix du carbone plus élevé.

Le problème, c'est que, justement, on ne peut pas trop taxer les entreprises, souvent exonérées au contraire pour ne pas grever leur rentabilité et qu'elles se délocalisent ! La concurrence internationale est l'élément déterminant ici, ce pourquoi l'urgence serait d'avoir un prix du carbone mondial. Croire que la taxation des individus pourrait compenser l'absence d'un tel mécanisme ciblant les plus pollueurs relève de l'aveuglement et finalement d'une conception marchande, libérale et individuelle de la société alors que nos modes de vie sont entièrement déterminés par l'organisation sociale de la production et de la distribution, ce n'est pas une simple taxe qui peut y changer quoi que ce soit, sans aucun bénéfice écologique donc. L'écologie n'a rien d'une question personnelle comme on nous en rebat les oreilles, c'est uniquement une question politique. Certes, une fois le tri des déchets organisé, il faut s'y plier individuellement, mais c'est d'abord une organisation collective.

En fait, non seulement l'écologie ne peut pas être individuelle - ce qui n'a aucun sens, l'individu ne faisant que participer à son milieu - mais, on l'a vu, elle ne peut se réduire au local non plus, même si le local est bien un maillon indispensable dans la diversité des situations et des solutions. L'essentiel de notre avenir se joue désormais en Inde après la Chine et avant l'Afrique (ou le Brésil), c'est à dire le développement des pays les plus peuplés dont les émissions montent en flèche bien qu'étant encore loin des nôtres par habitant. Les petites économies qu'on pourra faire ici seront de peu de poids si ces pays ne se convertissent pas rapidement aux énergies renouvelables au lieu du pétrole et du charbon. Plutôt que se regarder le nombril en voulant être un écologiste irréprochable et culpabiliser les autres, c'est donc bien sur l'action politique et globale qu'il faut se concentrer si on veut avoir une chance de dépasser notre impuissance individuelle. Pour que des mesures écologiques ne soient pas insignifiantes, il faut qu'elles soient absolument massives.

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Du référendum et des conceptions naïves de la démocratie

Temps de lecture : 12 minutesLa révolte contre l'injustice et le mensonge des écotaxes, imposées de plus par celui qui apparaissait comme le président des riches, a manifesté un déficit de démocratie accaparée par les élites parisiennes. La revendication de justice fiscale s'est muée ainsi en revendication démocratique qui s'est fixée sur le référendum d'initiative citoyenne (RIC), vieille revendication qu'on retrouve de l'extrême-droite à la gauche populiste et qui semble évidente (qui pourrait être contre?) mais qui existe déjà et dépend largement de son cadre, n'étant pas l'instrument rêvé d'une démocratie directe qui serait l'expression du peuple (parmi les thèmes qu'on voudrait soumettre à référendum, on entend souvent le rétablissement de la peine de mort et la suppression du RSA, il n'est pas dit qu'ils obtiendraient la majorité mais il y a beaucoup de haine pour les plus pauvres aussi, plus que pour les riches parfois).

Comme c'est une revendication qui ne coûte rien au pouvoir, elle sera sans doute octroyée, occupant les esprits plus que les rond-points dans les mois qui viennent. On peut soutenir une forme de RIC mais il n'a pas l'importance qu'on lui donne. C'est une mauvaise réponse à l'aspiration légitime à plus de démocratie mais qui témoigne surtout de conceptions très naïves de la démocratie, s'appuyant d'ailleurs en grande partie sur l'idéologie officielle de notre république avec sa si belle proclamation des droits de l'homme et du citoyen.

Ainsi, les insurgés peuvent invoquer le récit national pour réclamer ce pouvoir du peuple promis et toujours confisqué par le parlementarisme, ce qui est en fait l'appel à un pouvoir fort et une dictature de la majorité, dont le référendum est l'instrument privilégié, alors qu'il faudrait défendre des politiques de dialogue, une démocratie des minorités et des municipalités, à l'opposé du mythe d'un peuple uniforme (qui se tourne contre les étrangers avant de se retourner contre l'ennemi intérieur). Le piège, c'est que chacun se croit majoritaire (être le peuple) mais finit par se découvrir minoritaire, la majorité ne pensant décidément pas comme nous ! Ce qui est étonnant, c'est que les intellectuels eux-même donnent foi à ces vieilles illusions unanimistes de la démocratie, toujours divisée pourtant (au moins entre droite et gauche), comme s'ils ne retenaient pas les leçons de l'histoire - la vraie, pas la reconstruite. Le démocratisme ne sort pas de la tête de quelques idéologues plus ou moins illuminés mais se nourrit de toute une littérature donnant l'impression d'une régression de la sociologie, de l'histoire et de la philosophie politique.

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La stabilisation du climat comme objectif économique

Temps de lecture : 6 minutesIl faut revenir sur l'assimilation abusive du caractère effectivement dramatique du réchauffement climatique à la "fin du monde" et la fin de l'humanité, ou même à un effondrement général mal défini. Il est clair qu'on sort ainsi des prévisions scientifiques pourtant déjà assez alarmistes, annonçant bien l'effondrement de nombreux écosystèmes mais pas de tous, et une multiplication des catastrophes, voire une "terre étuve" si on ne fait rien, ce qui est incontestablement très grave mais n'a rien à voir avec une fin de l'humanité.

On peut s'interroger sur le besoin d'en rajouter à ce point comme si seule la montée aux extrêmes pouvait nous toucher. Il n'est pas question de minimiser les risques qui peuvent aller jusqu'à l'empoisonnement de l'atmosphère à très long terme alors que des boucles de rétroaction positives sont enclenchées, notamment la fonte du permafrost. On peut difficilement imaginer pire mais ce n'est pas tout-à-fait la même chose malgré tout que l'événement grandiose d'un effondrement final.

Il faut bien dire que lorsqu'on entend les scientifiques égrener avec prudence les conséquences probables du réchauffement, cela ne nous fait ni chaud ni froid en général (que la mer monte de 7m, qu'importe ?), on n'en est pas ébranlé dans notre être, chacun imaginant comment il pourrait s'en tirer, ce qui n'est plus possible si c'est l'humanité elle-même qui est menacée d'extinction. Il y a cependant un gros problème avec cette présentation. En dehors du fait qu'elle paraît bien absurde alors qu'on n'a jamais été aussi nombreux, elle suppose qu'on pourrait se mobiliser contre cette fin du monde catastrophique pour l'éviter alors que la question est plutôt de stabiliser le climat et d'empêcher la multiplication des catastrophes même si nous ne pourrons les empêcher toutes. Ce n'est pas tout ou rien, ce n'est donc pas la fin du monde qu'on aura évité, et ce sera toujours la fin du monde pour tous ceux qui resteront victimes des catastrophes futures, même à contenir le réchauffement (ce qui n'est pas encore le cas).

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Les prix du pétrole vont flamber

Temps de lecture : 5 minutesSelon l'International Energy Agency (IEA) les prix du pétrole devraient repartir nettement à la hausse à partir de 2020 au moins. Bien sûr, les prédictions là-dessus ne sont jamais complètement assurées car cela dépend de nombreux facteurs (politiques, économiques, financiers, techniques) mais c'est tout de même plus que probable pour deux raisons principales : le développement de l'Inde et l'arrêt des prospections depuis la chute des prix.

Il est important de souligner cet état de fait alors qu'une relativement faible augmentation des taxes sur les carburants à provoqué un mouvement général de protestation mais il est tout aussi important de faire le bon diagnostic sur les causes de cette raréfaction à distinguer d'une prétendue fin du pétrole. On a déjà montré comme le thème de l'effondrement était trompeur dans sa supposée instantanéité où la clef de voûte retirée, toute la biosphère s'écroulerait alors qu'on a des situations très diversifiées et des temporalités en jeu souvent considérables. En fait cette conception de l'effondrement global se réfère plutôt aux crises économiques systémiques, dont la soudaineté surprend effectivement, mais aussi à une supposée fin du pétrole qui se traduirait en effondrement économique (alors que celui-ci diminuerait la demande d'énergie). La difficulté, c'est qu'on peut s'attendre malgré tout à un nouveau choc pétrolier même si ce n'est pas la fin du pétrole - de la même façon qu'il y a un choc robotique, pas une fin du travail, et qu'il y a bien un choc climatique même si ce n'est pas la fin du monde.

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Les contradictions au sein du peuple

Temps de lecture : 5 minutesCe qui fait événement dans l'histoire est toujours sa relative imprévisibilité, la surprise d'un élément déclencheur souvent dérisoire par rapport à l'étendue de ses conséquences, illustrant comme nous subissons l'histoire plus que nous la faisons, même à participer activement aux troubles. Personne ne sait à l'avance où cela aboutira.

On a bien du mal à déchiffrer le sens de l'événement qu'on découvre au fil du temps, prenant de l'ampleur, faisant ressortir de vieilles rancoeurs accumulées, agrégeant de toutes autres revendications et catégories de population qui recréent du collectif, suscitant l'enthousiasme des foules et l'emballement des propositions de toutes sortes, dans une sorte de bulle spéculative qui décolle des réalités avant l'inévitable krach des illusions créées (comme pour les révolutions arabes ou "de couleur"). A la fin, ce sont toujours les causes matérielles qui sont déterminantes, pas les bonnes intentions.

Il faut comprendre d'abord ce qu'a d'inédit le mouvement des gilets jaunes et qui tient entièrement à l'environnement technologique, puisqu'on peut dire que c'est le produit de la conjonction de Facebook et BFM : le réseau permettant la constitution d'un mouvement inorganisé et contradictoire alors que les chaînes d'information continue donnent une grande visibilité à des mobilisations pourtant assez faibles, leur apportant le soutien d'une grande majorité de la population - c'est cela le plus étonnant, malgré les violences, avec l'alliance des extrêmes.

Que sa forme soit nouvelle et déroutante, spécifique de l'époque, ne disqualifie aucunement cette protestation informelle qui n'est pas du tout sans cause réelle et sérieuse. J'ai rappelé immédiatement mes anciennes dénonciations de la logique des écotaxes, de leur injustice et de leur inutilité sans offrir d'alternatives - ce que les Verts ne voulaient pas entendre mais que la réalité rattrape. Ce qui est immédiatement apparu à ceux qui devaient la payer, c'est le mensonge sur la motivation écologique, voyant bien que cela ne pouvait modifier leur utilisation de la voiture et ne servait qu'à leur prendre dans les poches pour compenser les cadeaux faits aux riches. Il ne faudrait pas nous prendre pour des cons. Ce qui a renforcé la colère, par dessus le marché, c'est de ressentir le mépris de classe du président des riches, s'ajoutant au mensonge et à l'injustice.

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