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Salaire ou revenu ? Dilemme à l'italienne


En Italie, l'absence d'aide aux chômeurs échauffe le débat sur un revenu
minimum. Plusieurs lignes de pensées s'affrontent sans passionner les
intéressés directs : chômeurs ou jeunes. Alors qu'elle mobilise peu les
forces sociales (sauf l'extrême gauche, les Centrai Sociali), la discussion
théorique voit s'affronter une longue liste de positions différentes. Avant
tout il y a la distinction entre salaire minimum garanti, (comme la
proposition des sénateurs Verts pour un salaire d'activité sociale), soit un
revenu toujours lié au travail (passé, présent, ou futur, social ou
partiel), et le revenu de citoyenneté, lié à la seule condition juridique de
citoyen.

Dans ce dernier champ, les intellectuels italiens semblent faire de leur
mieux pour se diviser. Les "post-opéraistes" (A.Fumagalli, S. Bologna, etc.)
cherchent à travers un revenu de citoyenneté à trouver une réponse au
capitalisme postfordiste, qui n'exploit plus seulement le travail, mais
aussi le temps libre, désormais fonctionnel, grâce notamment à la
consommation. Les "lavoristi" (de l'italien " lavoro " travail) pour qui le
secteur à défendre est encore celui du travail ouvrier ou dépendant, de plus
en plus dévalué par l'informatisation, perçoivent le revenu de citoyenneté
comme un péril. Les "néo-libéraux" (F.Silva, A.Martino, etc.) prônent un
revenu basilaire, inférieur au nécessaire de survie, qui pousserait les
entreprises à accepter les travailleurs peu productifs. Cette idée trouve un
écho dans l'expérimentation en cours d'un revenu minimum pour certaines
populations particulièrement défavorisées. Au sein des Verdi le débat est
vif, et les Giovani Verdi (les jeunes du parti) ont récemment disputé sur
l'idée d'un revenu européen, donc non lié à l'Etat national. Mais là encore,
pas de plein accord...

Alessandro Rossi, Giovani Verdi Roma