https://phys.org/news/2024-03-universe-dark.html
Une hirondelle ne fait pas le printemps et, comme à chaque fois, il faut attendre des confirmations suffisantes pour de telles remises en cause mais cette complète reconfiguration illustre bien comme les spéculations des sciences peuvent être balayées soudain par l'observation et le calcul, tout comme les autres spéculations. Il ne faut pas inventer des fantômes (matière noire, énergie noire) pour sauver la théorie, c'est la théorie qui doit changer de base, ce à quoi on résiste d'abord forcément. Une Intelligence Artificielle ne ferait pas mieux sans doute, seulement beaucoup plus rapide et réactive (par exemple pour réfuter cette nouvelle hypothèse trop audacieuse) ?
]]>En somme, notre compréhension de l'histoire et de l'évolution humaine est souvent biaisée par des récits idéalisés et des aspirations idéologiques. L'idée que nous sommes les maîtres de notre destinée se heurte à la réalité implacable de forces extérieures et de processus évolutifs qui nous dépassent. La "ruse de la raison" et la pression extérieure, loin de nos intentions conscientes, semblent guider le cours de l'histoire.
L'illusion de la rationalité innée se dissipe à mesure que l'on explore notre passé, mettant en lumière notre propension à nous laisser emporter par des mythes et des croyances irrationnelles. Cependant, cette reconnaissance n'implique pas une passivité résignée. Au contraire, elle nous oblige à nous ajuster constamment, à apprendre de l'expérience et à embrasser la complexité du réel.
Alors que nous sommes témoins d'une mondialisation en marche et des défis urgents tels que le changement climatique, il devient impératif de transcender nos récits idéologiques et de collaborer pour façonner un avenir durable. Notre place dans l'histoire n'est pas celle d'architectes tout-puissants, mais plutôt celle d'acteurs réactifs dans un drame évolutif.
En reconnaissant nos limites et en adoptant une approche plus humble, nous pouvons espérer naviguer à travers les complexités de notre époque. La véritable maîtrise réside dans notre capacité à apprendre, à nous ajuster et à faire preuve de résilience face aux défis qui se présentent. Après tout, c'est dans la confrontation avec le réel, plutôt que dans la poursuite d'idéaux illusoires, que réside la clé de notre progression collective.
]]>« Un héros s'aventure à quitter le monde du quotidien pour un territoire aux prodiges surnaturels : il y rencontre des forces fabuleuses et y remporte une victoire décisive. Le héros revient de cette mystérieuse aventure avec la faculté de conférer des pouvoirs à ses proches. »
Entre autres, George Lucas s'en est inspiré pour sa trilogie de science-fiction Star Wars ! On peut diviser l'histoire en trois sections : Partance (quitte le foyer où il a grandi), Initiation (épreuves à surmonter) et Retour triomphant. Les 17 étapes qu'il a dégagé sont :
Initiation
Retour
Ce qui est extraordinaire, c'est que cette structure du conte proche de celle de Propp, est considérée maintenant, réduite à 7 étapes, par des psychologues comme thérapeutique, permettant de donner sens à sa vie :
]]>Le cerveau humain semble programmé pour donner un sens au monde à travers des histoires... Ces histoires de vie rassemblent différents événements dans un récit global, avec le conteur comme protagoniste. Ces contes aident les gens à définir qui ils sont et à rendre l'expérience de la vie plus cohérente.
Nous avons constaté que les personnes dont l'histoire de vie contenait davantage d'éléments de parcours de héros rapportaient plus de sens à leur vie, plus d'épanouissement et moins de dépression.
Nous avons développé une intervention de « restauration » dans laquelle nous avons incité les gens à raconter leur histoire comme le voyage d'un héros. Les participants ont d’abord identifié chacun des sept éléments de leur vie, puis nous les avons encouragés à rassembler ces éléments dans un récit cohérent.
C'est cependant la précocité du développement de son cerveau qui change les perspectives sur la conscience.
]]>https://www.cell.com/trends/cognitive-sciences/fulltext/S1364-6613(23)00214-0
Il y a en fait différents niveaux de conscience. Il est possible qu'il y ait une forme de conscience végétative dès avant la naissance, attentive à la voix de la mère notamment mais éprouvant la souffrance de l'accouchement (et de la pression précédente sur l'utérus). Même si c'est différent avec notre néoténie, la rapidité avec laquelle les autres mammifères sont opérationnels dès leur naissance plaide effectivement pour une conscience déjà formée avant. Après la délivrance, une autre conscience liée aux mouvements cette fois doit se développer en même temps que le cerveau des nourrissons humains continue à grossir. Dater la conscience de 3 ans, c'est la dater de l'acquisition du langage (qui serait plutôt vers 2 ans). Cela se justifie si on parle d'une conscience spécifiquement humaine (morale) et par le fait qu'on perd les souvenirs d'avant 3 ans quand la mémoire se réorganise par le récit (les souvenirs précédents ne sont plus accessibles mais peuvent resurgir par une stimulation électrique des neurones).
]]>Les mythes les plus anciens tentent d'expliquer l'origine de l'humanité (souvent réduite à celle des ancêtres de la tribu), soit par une origine souterraine soit une origine céleste, mais qui les distingue radicalement des autres animaux (et des autres tribus "barbares", ramenées à l'animalité bien qu'ils parlent). De plus, la mort n'y est jamais une fin mais un passage, et n'y est pas opposée à la vie mais à la naissance. Claude Lévi-Strauss voit dans la plupart des mythes, comme dans les contes, des oppositions binaires, en particulier du continu au discontinu (vie/mort, universel/particulier), tentative de résoudre les contradictions apparentes par leur mise en intrigue où il voit une analogie avec la musique, donnant l'exemple du Boléro de Ravel (ou de la fugue) où la tension initiale se résout à la fin.
C'est cependant la dimension sociale et identitaire des mythes qui est essentielle, inversant les rôles (comme les dévas indiens deviennent les diables iraniens) pour se distinguer des mythes des groupes voisins. On est dès lors dans une autre dimension qui n'est plus seulement narrative et très liée au contexte. C'est ce qui rend les mythes bien plus difficiles à étudier, obligeant à se limiter à leurs différences locales. Reste que la fonction des mythes est bien de constituer un monde commun par des récits ancestraux célébrés dans les rites collectifs rétablissant l'unité du groupe. Maurice Godelier a montré que les sociétés traditionnelles ou religieuses se formaient sur des croyances communes, des mythes et des rituels (notamment les sacrifices), non pas sur l'agrégation de familles ou populations isolées ni par simple intérêt.
Aujourd'hui, non seulement nous ne pouvons plus croire aux anciens mythes mais leur multiplicité se heurte violemment à l'unification planétaire. Notre époque ne peut faire société qu'à se ranger derrière la science universelle et ses récits provisoires toujours confrontés à l'expérience. Nous pouvons donc sortir du mythe sans sortir du récit, juste arrêter d'y croire un peu trop ?
]]>Il y a bien sûr du vrai à devoir passer par des étapes précédentes pour progresser, arguments plutôt pour une discontinuité mais le plus contestable, c'est qu'il en fait un auto-développement, une tendance interne à se dépasser et vouloir explorer tous les territoires, tendance déjà présente à l'origine selon la pratique habituelle de réécriture de l'histoire à partir de sa fin. Cette soi-disant évolution continue a pourtant connue des millions d'années de quasi stagnation et ne s'est produite qu'à la suite de catastrophes et de la pression du milieu. On voit bien au contraire comme il y a partout une résistance au changement et la volonté de revenir à l'origine (aux anciens). S'il y a effectivement des petites innovations en permanence, allant dans tous les sens, c'est seulement la sélection "naturelle" après-coup qui leur donne un avenir et les rend nécessaires. Ce n'est pas un auto-développement de l'humanité confrontée au contraire à de rudes changements. C'est plutôt l'auto-développement de la technique et de l'accumulation de connaissances qui procure à chaque fois un avantage décisif. L'erreur vient de la définition trompeuse d'un homme modifiant son environnement à sa guise, comme si on inventait des modes de vie qui nous sont imposées par l'organisation sociale qui est notre nouvel environnement pas si facile à changer et ne nous laissant pas le choix de l'accélération technologique.
]]>L'esprit ce n'est ni une sagacité qui s'exerce à vide, ni le jeu gratuit du bel esprit, ni le travail d'analyse illimité de l'entendement, encore moins la raison universelle, mais l'esprit est l'être résolu ou l'ouverture déterminée et consciente à l'essence de l'être, d'une résolution qui s'accorde au ton de l'origine et qui est savoir.
Ce qu'il appelle esprit, n'est pas différent de l'esprit d'entreprise, "une puissance spirituelle qui originairement unit et engage, assigne, oblige", une communauté d'action plus que d'origine mais ce qui se présente ici comme savoir, est simplement récit et récit des origines, qui passe de l'origine de la planète (p52) à l'origine des Allemands ou de la langue allemande ! car il a conscience d'être dans le langage (pas dans un récit) et ce qu'il déplore, c'est bien que le mot "être" soit dévalorisé par le langage. Loin d'être un appel au concret de l'étant, sa question de l'être n'est finalement que la question de l'être de la fiction, du sens que le récit introduit d'une trajectoire historique avec ses héros et ce n'est pas pour rien qu'il rattache ces fictions à nos appartenances mais, comme d'autres, il est dans l'inutile conjuration du désenchantement du monde, d'une perte de sens à ne plus être inscrit dans un grand récit nous racontant des histoires qui nous font croire à l'existence du monde au dehors de nous, d'un autre monde que notre monde immédiat.
Là où l'esprit règne l'étant comme tel devient toujours et en toute occasion plus étant. C'est pourquoi le questionné vers l'étant comme tel en totalité, le questionner de la question de l'être, est une des questions fondamentales essentielles pour un réveil de l'esprit, et par là pour le monde originaire d'un être là historial, et par là pour maîtriser le danger d'assombrissement du monde, et par là pour une prise en charge de la mission historiale de notre peuple, en tant qu'il est le milieu de l'Occident. p59 (p85)
On voit bien que pour Heidegger ce qui relie Être et Temps, c'est l'Histoire, mais l'Histoire supposée réelle, celle de l'Esprit, au lieu du récit qu'on en fait, la pensée et le questionnement ne visant qu'à l'accomplissement d'une origine mythique alors que l'évolution (créatrice), qui est l'histoire réelle, vient de l'extérieur (du monde réel) et non d'une force spirituelle intérieure (du monde de l'esprit) ni d'un mouvement continu (originaire). Au lieu de réhabiliter un récit des origines, il s'agit de le déconstruire comme récit (pas seulement comme essence métaphysique) et destituer le sujet supposé de l'Esprit supposé comprendre (dont les modèles de langage se passent bien).
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