Legalize it

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Il n'y a pas d'exemple plus flagrant de l'échec d'une politique que la prohibition. On le sait au moins depuis que Roosewelt avait décidé, à peine élu, d'arrêter cette guerre insensée contre la population sur laquelle le crime et la corruption prospéraient ainsi que les tendances fascisantes de l'Etat. L'expérience historique n'empêche pas malgré tout une dénégation générale avec une obstination dans l'erreur qui en dit long sur notre rationalité limitée, sur la démagogie régnante et les tentatives folles de former un homme nouveau en dépit d'une anthropologie élémentaire. Le volontarisme est ici tout simplement criminel en plus d'être mensonger à s'acharner vainement contre un réel qui lui résiste.

La Californie va organiser un référendum sur la libéralisation de la Marijuana en novembre, ce qui pourrait entamer le diktat américain sur l'absurde répression des fumeurs de cannabis, mais ce n'est pas gagné et quand on voit l'état de guerre que la prohibition provoque au Mexique, il n'y a pas de quoi pavoiser sur nos capacités cognitives. On a l'esprit vraiment borné, en particulier à cause de nos hautes aspirations morales, aussi étonnant cela puisse paraître. C'est bien là qu'on peut constater à quel point l'enfer est pavé de bons sentiments et qu'on peut se faire avoir, en perdre tout sens critique, y perdre nos libertés enfin, pour la bonne cause évidemment...

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Revue des sciences 06/10

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ou comment nous faire gober n'importe quoi !

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L’abeille et l’économiste

Temps de lecture : 14 minutes

L'abeille et l'économiste, Yann Moulier-Boutang, carnetsnord, 2010
C'est un livre important et très étonnant, surtout dans le contexte actuel, en ce qu'il commence par célébrer le triomphe de la finance, contre l'évidence du présent désastre, mais l'insistance sur sa fabuleuse puissance de création de richesses dans une économie cognitive lui permet de conclure, dans les dernières pages, que c'est donc la finance qu'il faut taxer. La taxation de toutes les transactions bancaires est ici le coeur de la sortie de crise pour le capitalisme cognitif, couplé avec un revenu d'existence, revenu minimum qui peut se cumuler avec un travail. A cela, il faudrait joindre une comptabilité écologique des externalités et une relative extinction de l'Etat qui laisse la plus grande part aux marchés et aux ONG...

La partie prospective n'occupe que les 40 dernières pages, et on peut dire que le livre nous tient en haleine pendant les 200 pages précédentes à nous persuader que la finance a une telle puissance qu'on ne peut rien contre elle, puis que le travail immatériel vivant (cognitif, créatif, social, "caritatif") n'est pas mesurable mais résulte d'une pollinisation de la société non prise en compte, pas plus que les destructions écologiques... C'est au moment où aucun espoir ne pouvait plus subsister que les solutions apparaissent enfin !

Si la crise a eu pour effet de renforcer l'hypothèse d'une sortie du capitalisme, on ne peut dire que sa présentation, aux contours mal assurés, en soit très convaincante. Les mesures préconisées apparaissent bien insuffisantes mais il est indéniable qu'elles semblent s'imposer malgré tout. Il faut sans aucun doute les compléter, ne pas abandonner notamment l'impôt progressif, mais on devrait les ajouter désormais à notre panoplie. C'est ce qui fait la valeur de ce livre qui tient aussi à sa capacité à nous éclairer sur le présent en nous mettant en porte-à-faux par rapport à la vulgate de la crise et une condamnation sans appel de la finance.

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Revue des sciences 05/10

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La nature et la vie

Temps de lecture : 21 minutes

L'amour de la nature a plus à voir avec l'amour qu'avec la nature, et donc avec les histoires qu'on se raconte. Dés lors, les conceptions qu'on peut avoir de la nature sont assez inconsistantes bien qu'elles tiennent à nos représentations immédiates, c'est ce qu'on va essayer de montrer.

On a vu, en effet, que la véritable origine n'est pas tant l'origine de la vie ou de l'univers mais l'origine de la parole, de l'énonciation comme de l'apprentissage du langage maternel ! La psychologie et l'épistémologie (la phénoménologie) précèdent les mathématiques, la physique, la biologie, la sociologie et celle-ci détermine en grande part la psychologie, fermant le cercle encyclopédique.

Une fois dépouillée de sa gangue mystique personnifiant la Nature, que peut donc nous en dire la science ? D'abord qu'on doit distinguer en son sein ce qui relève de la physique et de la biologie, non qu'il n'y ait une grande interdépendance entre les deux mais parce que cohabitent deux logiques contradictoires, celle de l'entropie et celle de l'information.

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Retour sur les religions

Temps de lecture : 23 minutes

Au commencement, il y a le récit, l'histoire qu'on se raconte, le langage narratif qui produit toutes sortes de mythes en nous faisant prendre les mots pour les choses, leur prêtant des intentions, personnifiant la nature enfin, tout en nous différenciant des animaux, humanité fragile qui nous coupe déjà de l'origine et toujours à retrouver (par des sacrifices).

Sans même parler des techniques qui nous spécifient et de l'artificialisation de notre milieu, la culture s'oppose nécessairement à la nature dans ses symboles, ceci pour des raisons purement formelles : le signe qui n'est pas simple trace doit se détacher de sa matérialité. Dès lors, on peut dire qu'être au monde, c'est habiter le langage qui impose ses catégories au réel (le signifiant divise). C'est notre monde, celui des structures de parenté, des interdits, des rites et des mythes. Le monde humain, celui du sens, est un monde de forces obscures où nous sommes ensorcelés par des mots. Nous pensons toujours à travers une culture, des préjugés, une conception du monde, le prisme d'une tradition avec ses modes du moment. Il n'y a donc pas d'accès direct à l'être, même à vouloir rétablir et célébrer l'union avec les divinités de la nature. L'attitude "naturelle", c'est de donner un sens à tout mais le sens est hérité en même temps que la langue, valeur qui se veut supérieure à la vie même et qui peut se perdre pourtant par nos transgressions et notre mauvaise foi, nous rejetant de l'humanité, déshonoré, notre parole ayant perdu tout crédit...

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Complexification des modèles et simplification de la réalité

Temps de lecture : 20 minutes

Ce qu'on va examiner ici, c'est en quoi il faut passer par l'aggravation de la crise qui n'est pas contingente mais inévitable car elle opère une simplification de la réalité nécessaire à la décision politique, pour déboucher ensuite sur une complexification des modèles, un peu plus robustes mais qui ne pourront jamais prévoir l'imprévisible dans leur confrontation au réel (et qui peuvent même nous mener au pire à mesure qu'ils paraissent plus infaillibles). C'est la condition post-moderne de l'action dans un monde incertain et qui doit prendre en compte ses conséquences négatives.

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Revue des sciences 04/10

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Le savoir-vivre à l’usage des post-modernes

Temps de lecture : 26 minutes

C'est fou le nombre de gens qui voudraient nous apprendre à vivre, flics, curés, psychologues, éducateurs, philosophes médiatiques, etc. A cette foule innombrable, se joignent désormais quelques pseudo-révolutionnaires pontifiants et surtout les nouveaux écologistes qui nous font la morale et prétendent savoir ce qu'il nous faut : une vie naturelle et même pour certains une écologie mentale, mazette ! D'une certaine façon, on peut dire que cette pression sociale est inévitable mais si « le temps d'apprendre à vivre, il est déjà trop tard », c'est qu'apprendre à vivre, on ne fait que ça, c'est la vie elle-même et pourquoi il ne peut y avoir de véritable « savoir-vivre » en même temps que ce savoir nous constitue et se construit tout au long de notre existence avec son lot de ruptures, de retournements, de désillusions, de surprises.

Ce serait une terrible régression pour nos libertés de ne pas respecter une stricte laïcité sur ce sujet et, de même que les professeurs n'ont pas à se prendre pour des éducateurs mais à transmettre leur savoir, l'écologie-politique ne peut décider de ce que serait la bonne vie, devant absolument se limiter aux dimensions cognitives et politiques sans pénétrer aucunement dans l'espace privé auquel doit être laissé la plus grande autonomie.

Comme toute séparation, celle du privé et du public reste malgré tout relative et poreuse, ce qui était déjà sensible dans la médecine et ses enjeux biopolitiques mais se manifeste singulièrement de nos jours avec le féminisme ou l'écologie. C'est pourtant cette séparation entre morale et politique qu'on cherchera à maintenir fermement ici en montrant d'abord pourquoi il ne peut y avoir de véritable savoir-vivre (qui serait une vie déjà vécue) malgré ce qui se présente comme tel, puis, on essaiera de démêler dans les préceptes écologistes ce qui relève de la politique et ce qui relève d'un strict moralisme.

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La transition énergétique

Temps de lecture : 5 minutes

On n'a rien vu encore. La crise économique s'aggrave en devenant crise politique mais ce n'est pas notre seul problème, ni peut-être le pire car la crise énergétique va rapidement revenir sur le devant de la scène. En effet, le pic de la production pétrolière pourrait bien être atteint en 2014. Oui, dans 4 ans seulement, vous avez bien lu ! Ces annonces sont toujours sujettes à caution, très dépendantes du niveau des cours, mais justement la retombée de ce qu'on a pris pour une bulle du pétrole (à l'origine de l'écroulement financier) a découragé des investissements qui auraient pu exploiter d'autres sources et, c'est un fait, les capacités actuelles sont à leur maximum. On va donc se trouver avec des risques de pénurie sur une période de plus de 10 ans sans doute. Ce n'est pas la fin du pétrole, bien sûr, encore moins l'apocalypse mais juste le signe de la remontée des prix parallèlement à l'activité économique.

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L’intervention des peuples

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La situation semble complètement absurde où les gouvernements se retournent contre leur peuple et, comme un quelconque FMI jouant les croquemitaines, veulent imposer des politiques ne pouvant qu'aggraver la crise. C'est là qu'on se rend compte que les gouvernements qu'ils soient de droite ou de gauche ne sont que les fondés de pouvoir des marchés financiers, avec une marge de manoeuvre très limitée, démonstration à quel point les élections sont des pièges à cons, ne visant qu'à nous faire accepter le système, nous en faire les complices !

On a surtout la démonstration de la nécessité de l'intervention des peuples pour mettre une limite à des logiques devenues folles et dénoncer les dettes accumulées sur notre dos. L'histoire ne se fait pas toute seule même si on ne fait pas ce qu'on veut et qu'on en est à peine les acteurs. Tout phénomène laissé à lui-même va à sa perte selon les lois de l'entropie universelle. Sans notre intervention les bornes seront vite dépassées, de même qu'il faut souvent faire grève pour empêcher les petits chefs de péter les plombs et les cadences de devenir infernales. Notre dignité est de mettre des limites, d'exiger le respect de notre humanité, ne pas être réduit à un chiffre ni un moyen pour des fins qui nous sont étrangères. Les caves se rebiffent quand on pousse le bouchon un peu trop loin ! Ce n'est pas une question de sensibilité ou de caractère mais une nécessité logique.

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Revue des sciences 03/10

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etc.

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On a les moyens de s’en sortir !

Temps de lecture : 7 minutes

La situation semble complètement bloquée, présageant du pire. Une étincelle suffirait à tout faire exploser et on a du mal à voir comment cela pourrait s'arranger, la montagne de dettes accumulées devant être détruite d'une manière ou d'une autre, le plus probable étant par l'inflation (un nouveau cycle de Kondratieff). La décision prise de bloquer les dépenses n'est pas seulement le contraire de ce qu'il faut faire mais elle est tout bonnement impossible.

Avec toutes les autres crises qu'il faut affronter (écologique, géopolitique, technologique, anthropologique), il y a vraiment de quoi paniquer. Et pourtant, largement grâce à l'intervention des Etats et aux protections sociales, tout semble continuer comme avant et on a le plus grand mal à imaginer un désastre prochain. On peut penser que c'est folie mais on peut y voir aussi un acquis du sauvetage du système financier renforçant la certitude d'avoir les moyens de sortir de la crise. Or, cette certitude elle-même peut constituer un facteur aggravant dans un premier temps tout en précipitant malgré tout la réorganisation du système et l'intégration mondiale dans un deuxième temps.

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Le désir comme désir de l’Autre

Temps de lecture : 22 minutes

On ne peut rien comprendre au monde sans dialectique, on ne peut rien comprendre à la succession des idéologies libérales, totalitaires, néolibérales, etc. Ce n'est pas seulement l'identité des contraires, fondement de l'ésotérisme et d'un savoir paradoxal réservé au petit nombre, ni même leur complémentarité ("L'erreur n'est pas le contraire de la vérité. Elle est l'oubli de la vérité contraire". Pascal). Il s'agit bien de leur contradiction active dont nous sommes plutôt les sujets, produits de l'époque que nous produisons, de même que nous sommes les produits des autres, d'une culture et d'un langage que nous participons à (dé)former et transmettre. Le désir illustre parfaitement cette dialectique entre intérieur et extérieur en tant qu'il est désir de désir.

Si la dialectique est indispensable, à condition de n'être pas un simple artifice, pour penser les renversements de situation, les changements de mode et d'idéologie, elle l'est tout autant pour sortir de la logique d'identité et de l'illusion du moi autonome alors qu'on est entièrement pris dans les discours institués et les relations sociales. Il faut bien dire que le dévoilement de la dialectique du désir comme désir de désir peut avoir un véritable effet de désidération en découvrant soudain que, ce qu'on croyait le plus nôtre, notre désir obstiné de ceci ou cela, n'est que le désir de l'Autre (de sa mère par exemple) ! Difficile à avaler, sans doute, mais pour en finir avec l'individualisme méthodologique, il faut marteler ce que la psychanalyse enseigne de l'inconscient : vous ne savez rien de votre désir qui se joue de vous, sur une autre scène. On n'est pas cause de soi, c'est l'Autre qui nous cause. La philosophie y trouve sa limite mais c'est bien le fétichisme du désir qui s'y dénonce et sa perversion intrinsèque qui n'est pas imputable à sa dénaturation causée par les conditions modernes d'existence. Le désir comme désir de l'Autre constitue un des apports fondamentaux de Lacan qui ne semble pas avoir été intégré encore dans notre culture pourtant, refoulé systématiquement sous des métaphores trompeuses machiniques ou biologisantes, quand elles ne sont pas morales ou religieuses, alors que c'est l'énonciation qui est en cause, qui parle et à qui ?

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La lutte pour l’hégémonie

Temps de lecture : 5 minutes

Bien que ce soit au pas lent de l'histoire, il semble qu'on entre cette fois véritablement dans la crise économique avec les chômeurs en fin de droit et la fragilisation des Etats. Tous ? non, pas la Chine qui, pour l'instant, prouve la supériorité des dictatures sur les régimes libéraux (ploutocratiques) en périodes de crise. Elle n'est pas, bien sûr, à l'abri de troubles sociaux et pourrait connaître une résurgence du maoïsme sous une forme nouvelle, même si cela paraît impensable encore. La seule chose qui soit sûre, c'est que les choses vont bouger, en faveur de la Chine inévitablement, on ne sait à quel point et tout est là car on peut attendre le pire de la confrontation d'un empire américain déclinant, dont Obama éprouve l'impuissance, et une puissance chinoise émergente qui monte à la tête de leurs dirigeants.

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Revue des sciences 02/10

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Sortir du capitalisme

Temps de lecture : 13 minutes

La crise a remis à l'honneur la nécessité de sortir du capitalisme mais la plus grande confusion règne sur ce que cela pourrait signifier et les moyens d'y parvenir. Pour certains, comme les partisans de la taxe Tobin ou de l'interdiction de la spéculation sur les prix, on devrait parler plutôt d'une sortie du capitalisme financiarisé et dérégulé qu'on a connu depuis 30 ans, tout comme pour ceux qui veulent un meilleur partage capital/travail et plus de protectionnisme. Pour d'autres, c'est le marché lui-même qui est en cause, voire la vénalité de l'homme, son individualisme ou son égoïsme. On fait appel aux valeurs, on voudrait moraliser le capitalisme et ses profits sans comprendre qu'il s'agit d'un système qui élimine ceux qui voudraient faire preuve d'un peu trop de moralité justement ! Bien sûr, de nombreuses mesures préconisées sont positives, qu'elles jouent sur les régulations, les normes ou la redistribution mais on ne peut parler en aucun cas d'une sortie du capitalisme.

Il ne fait pas de doute qu'il faut revenir aux analyses de Marx pour apporter un peu plus de rigueur à l'anti-capitalisme, ce qui ne veut pas dire qu'on devrait reprendre les réponses étatiques que le marxisme-léninisme a voulu y apporter et qui ont été infirmées par l'histoire. On doit bien admettre que ce n'est pas aussi simple qu'on le croyait et qu'on ne fait pas ce qu'on veut. Il nous faut trouver d'autres voies pour sortir du salariat et du productivisme, de la détermination de la production par le profit tout comme de la marchandisation du monde.

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Qu’est-ce que l’écologie politique ?

Temps de lecture : 23 minutes

La question de la nature de l'écologie-politique se pose du fait qu'il s'agit d'un mouvement émergent, se constituant en réaction à des questions concrètes, et non de l'application d'une doctrine préalable. On peut dire que son corps de doctrine, encore très disputé, s'est constitué en marchant, ce qui justifie l'approche historique en général adoptée.

L'inconvénient de cette approche est cependant de ne pouvoir sortir tout-à-fait de la confusion initiale, notamment de la religiosité, du romantisme et du volontarisme dont l'écologie-politique a tant de peine à se débarrasser, réduite à une aspiration morale, à une pure question de valeurs, un désir d'harmonie sinon d'amour des hommes et des bêtes, au lieu d'une responsabilité incontournable qui en fait plutôt un enjeu cognitif vital. Il ne s'agit pas, en effet, dans la prise en compte des contraintes écologiques, de préférences personnelles : sur ce plan, on n'a pas le choix ! La réduction de l'écologie-politique à l'amour de la nature est à la fois inévitable historiquement et intenable pratiquement. Il faut l'affirmer haut et fort, on n'a pas besoin de faire de sentimentalisme pour prendre l'écologie-politique au sérieux, notamment sa dimension politique qui introduit dès lors la division entre les écologistes qu'on ne peut absolument pas rassembler en un seul courant qui irait de l'écologie profonde à l'écologie sociale.

Il y a nécessité d'un retour au réel et d'une définition plus conceptuelle et critique de l'écologie-politique comme nouveau stade cognitif, celui de la post-modernité et de l'unification du monde dont on est devenu responsables (jusqu'au climat à l'ère de l'anthropocène), avec toutes les implications pour la politique de la prise en compte des enjeux écologiques. Dans ce cadre, et comme son nom composé l'indique, l'écologie-politique doit intégrer la contradiction entre nature et culture (campagne et ville), posant des limites aux possibles, à nos capacités techniques de transformation du monde comme de nous-mêmes, mais il est bien question d'intelligence collective à construire et non de conversion des âmes, il est question de projet politique et non de morale.

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La haine de la pensée

Temps de lecture : 24 minutes

Tout le monde pense, cela ne fait pas question : tout vient de là, c'est une évidence, le pire comme le meilleur, non seulement notre intelligence plus qu'animale mais aussi toute l'étendue de la bêtise humaine qui en représente l'envers, aussi vrai que l'homo sapiens est tout autant l'homo demens. Les progrès des sciences et les grands penseurs du passé nous aveuglent sur nos propres capacités qui n'ont pas tellement progressé pourtant depuis la préhistoire : nous ne sommes guère que des "nains juchés sur des épaules de géants" selon l'expression de Bernard de Chartres.

Ce n'est donc pas parce qu'on pense qu'on ne penserait pas des conneries, tout au contraire, et si le bon sens est la chose du monde la mieux partagée, il se pourrait bien qu'il ne soit constitué que des préjugés de l'époque, de l'idéologie dominante, du "discours courant" et du conformisme de la "pensée de groupe", sans parler de toutes sortes de névroses individuelles ou collectives...

Voilà qui complique singulièrement une démocratie qui n'est pas le royaume de la raison qu'on prétend mais se trouve menacée depuis l'origine par la démagogie, le clientélisme, la fanatisation jusqu'à nos formes modernes de fascismes. C'est tout autant l'économie libérale qui s'en trouve ébranlée par les bulles spéculatives et les krachs qu'elles provoquent régulièrement, répétant systématiquement les mêmes erreurs. Si tout cela n'est pas une évidence, et comme refoulé derrière les beaux discours qui flattent notre intelligence, c'est bien parce que le fait que tout le monde pense et s'en glorifie n'empêche absolument pas une haine de la pensée à peu près universelle dont il faudrait prendre toute la mesure !

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