La déroute annoncée de la gauche

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gaucheOn pourrait en rire si ce n'était à pleurer mais il semble bien que les élections présidentielles soient faites pour nous faire délirer, en particulier une gauche pourtant au plus mal. Il y a en tout cas un certain nombre qui décollent de la réalité et se montent la tête à s'imaginer que ce pourrait être la réalisation de leurs rêves les plus fous, avec reconfiguration complète de l'économie et de la société ! Et pourquoi pas ? Il y a des miracles parfois, non ? On croirait qu'il n'y a jamais eu d'élections, que ce n'est pas pareil à chaque fois, ni que cette fois on peut s'attendre au pire - mais on ne veut pas perdre espoir, pas vrai ? Véritable dissonance cognitive, dans les débats plus ou moins groupusculaires d'une gauche éclatée, la montée du Front National est minimisée voire complètement refoulée sous prétexte que les électeurs populaires devraient se rendre compte de qui sont leurs véritables amis et qu'il y aurait de toutes façons un plafond de verre infranchissable, pourtant de plus en plus haut... Non seulement on fait comme si la menace nationaliste/identitaire/autoritaire n'existait pas et ne montait pas un peu partout en Europe mais, en plus, Mélenchon en sauveur suprême et ses partisans souverainistes ne font que la renforcer tout en s'imaginant, ce qui est complètement délirant, qu'il pourrait gagner l'élection alors qu'il ne fera que précipiter l'élimination de la gauche !

Il y en a qui vivent dans un autre monde. Il est vrai qu'il est insupportable de voir arriver la défaite annoncée, c'est pourtant notre triste réalité et, si par malheur il vous reste un soupçon de lucidité, on va donc vous traiter de rabat-joie, de défaitiste, et sortir quelques formules bien sonnées assurant que, si on n'essaie pas on ne pourra jamais gagner, qu'il y a des bonnes surprises comme l'élection d'Obama (Yes we can ? on a vu pas grand chose) ou celle de Tsipras (!), qu'il y a des retournements de l'histoire (sauf qu'il se fait contre nous actuellement). On se persuade d'un nouveau souffle avec le retour de la gauche anglo-saxonne ou quelques mouvements alternatifs qui s'ébauchent mais qui n'ont fait preuve jusqu'ici que de leurs échecs... La gauche européenne est au plus mal, en voie de disparition - même si ces choses là ne se font pas en un jour, les inerties sociales étant très fortes. C'est d'ailleurs cette inertie qui nous assure que, sauf événement imprévisible, les rapports de force ne changeront guère d'ici l'élection présidentielle.

Sous prétexte qu'il y a un timide réveil de la jeunesse étudiante, certains voudraient se persuader d'une révolution imminente - et de gauche en plus ! Révolution fiscale plutôt ? Ce n'est pas qu'il n'y ait des risques d'agitations sociales et de grands troubles avec une aggravation des multiples crises économiques et financières mais sans plus de débouché à la colère que les révolutions arabes, sinon quelques boucs émissaires faciles. On devrait pourtant savoir par l'expérience maintenant qu'il n'y a pas de révolution en démocratie : il y a des élections qui y mettent un terme en reproduisant nos divisions politiques. L'unité fantasmée de la société se heurte en effet à nos divisions effectives et aux contre-pouvoirs bloquant l'action. C'est même pour cela qu'à l'heure actuelle, ce qui domine, c'est l'appel à un pouvoir fort. Alors, pour "destituer le pouvoir", on peut repasser, c'est un complet contre-sens sur notre actualité immédiate. Certes la grande politique c'est fini, mais il semble qu'on ne veuille rien en savoir et vouloir absolument essayer de prouver le contraire!

A rebours des visions idéalisées de la démocratie, unie et raisonnable, la réalité est celle de la pluralité et de toutes sortes de délires logiques. Il suffit d'observer la multitude des discours politiques, des idéologies, des religions se contredisant pour savoir à quel point on peut soutenir n'importe quoi. La plupart du temps l'erreur est combattue par l'erreur contraire, ce qui rend impossible de s'entendre. Il n'y a pas plus de volonté générale que de peuple de gauche, plutôt fragmenté en courants hostiles qui chacun revendique l'exclusivité et promet sa victoire prochaine. Ces égarements, ainsi que le refus de reconnaître la réalité de rapports de force défavorables, participent à la débandade de la gauche et son éclatement devant les forces réactionnaires, mais on ne trouve pourtant rien de mieux que de l'encourager ! Comme on n'arrive à rien changer on va prétendre qu'il suffirait de formuler quelques belles utopies pour qu'elles se réalisent (que milles fleurs s'épanouissent). Pour d'autres, la question serait même simplement d'oser critiquer le capitalisme !! comme s'il n'avait été critiqué depuis toujours et comme si son existence tenait à notre prétendu soutien, qu'il ne s'imposait pas de lui-même mondialement désormais, sans nous demander notre avis ! Ce n'est pas d'avoir une "pensée critique" à son égard qui changera quoi que ce soit mais d'arriver à réguler sa sauvagerie ou de proposer une alternative viable, un système moins inégalitaire et plus adapté aux nouvelles forces productives (et qui puisse s'auto-entretenir, assurer sa reproduction pour être durable) dont on ne voit pas l'esquisse en dehors de quelques constructions théoriques plus ou moins débiles (on peut donc bien dire qu'effectivement, il n'y a pas d'alternative).

Il ne peut s'agir de se contenter d'annoncer la déroute et se retirer du jeu car il ne suffit pas de ne pas voter (ce que j'ai fait pendant des années) : si tu ne t'occupes pas de politique, la politique s'occupe de toi et cela risque d'être rude. Notre objectif doit être au moins d'essayer de limiter les dégâts, se mobiliser pour éviter le pire mais on ne voit pas comment, entre ceux qui veulent revenir en arrière et ceux qui sont persuadés de détenir la solution ou le bon candidat et que la vérité finira par apparaître à tous ! Il faut le répéter, notre principal obstacle n'est pas tant l'ennemi que notre propre connerie, celle d'une gauche dispersée devenue hors jeu et sans qu'on voit comment cela pourrait être autrement dans cette période qui est bien révolutionnaire mais dans un tout autre sens de bouleversement de nos modes de vie et de production, suscitant plutôt une crispation réactionnaire.

L'alliance de la gauche avec la droite que certains préconisent se fera dans les urnes pour combattre l'extrême-droite au prix de la quasi-disparition de la gauche sans doute comme on l'a vu aux régionales. Le plus embêtant, c'est non seulement qu'il semble bien qu'on ne puisse empêcher la déroute de la gauche mais qu'elle est sans doute nécessaire pour se reconstruire sur d'autres bases. En effet, même si un mouvement social d'ampleur émergeait à l'occasion de la remise en cause du droit du travail, c'est pour l'instant la gauche archaïque qui en sortirait renforcée, ne faisant que prolonger son agonie. Il faut que la vieille gauche meure pour que naisse une nouvelle gauche progressiste tournée vers l'avenir. Aucune raison d'applaudir ce naufrage laissant ainsi la place à une droite antisociale, et l'on ne voit pour l'instant aucune relève. Plus grave, encore, il est possible qu'on ne puisse se débarrasser du souverainisme sans faire l'expérience de ses limites, de sa face sombre et de son échec final face à un réel extérieur qui s'impose à nous et dont l'Europe n'est que le faux nez. Une droite au pouvoir sous la pression d'un Front National au plus haut pourrait être presque aussi dangereuse, et l'on ne voit pas aujourd'hui comment il pourrait en être autrement...

Une partie de la gauche renforce cette tendance qui fait du souverainisme national une sorte de baguette magique permettant de changer la société à notre convenance comme si on était nulle part, sur une autre planète. Les ambitions sont quand même plus réduites qu'au temps du collectivisme alors qu'aujourd'hui, les perspectives se résument le plus souvent à un changement de constitution, la sortie de l'Euro et la défense des droits acquis. Rien sur la nouvelle économie. La mesure la plus audacieuse serait une nouvelle réduction du temps de travail. On se frotte les yeux sur ce qui se présente comme une mesure d'avenir alors qu'elle ne pourra s'appliquer qu'à un nombre toujours plus restreint d'activités, les autres ne se mesurant plus par le temps ! C'est vraiment le témoignage à la fois du manque d'idées de la gauche, de son décalage avec les évolutions du travail, son refus d'admettre les échecs des 35H et surtout une incroyable erreur d'ordre de grandeur entre un chômage qui se compte en millions et les quelques centaines de milliers d'emploi pouvant être créés à court terme. C'est tellement à côté de la plaque qu'il y a de quoi en rester pantois. Cela ne veut pas dire qu'une réduction du temps de travail voire un mi-temps (que j'ai pratiqué longtemps) n'est pas souhaitable pour certains salariés ou entreprises, que le temps partiel ne devrait pas être encouragé - mais comme c'est forcément au prix d'une réduction du salaire, on ne peut l'imposer à tous. L'imbécilité de cette persistance dans l'erreur est vraiment le symptôme des blocages de la gauche et du fait qu'elle est complètement finie. Il faut reconnaître l'échec d'une politique, ne pas toujours répéter les mêmes erreurs, c'est le minimum. Ce qui ne veut pas dire accepter la dégradation de nos droits sans rien faire mais en construire de plus adaptés qui ne laissent pas tant de précaires et d'exclus non couverts.

Il y a donc vraiment de quoi désespérer. Au lieu de propositions comme hors du monde, il vaudrait mieux essayer d'abord de s'entendre sur le constat de notre situation, ce qui est déjà si difficile, se situer dans ce monde, sur cette planète et faire plutôt de la prospective pour comprendre dans quel monde on va vivre afin de s'y préparer, le rendre vivable, celui des smartphones, de l'impression 3D, des voitures autonomes, de l'intelligence artificielle, des robots et de l'ubérisation des services, d'une évolution accélérée dont on ne peut s'abstraire ni au niveau technologique (arrêter les robots aux frontières!), ni au niveau géopolitique (démographique, climatique, financier, etc), le numérique et les réseaux bousculant tout alors que le réchauffement devient de plus en plus sensible, que nous sommes entourés de guerres qu'on ne peut ignorer, pas plus que la terreur islamiste ou la pression migratoire qui devrait s'accentuer avec l'explosion démographique de l'Afrique. Nous sommes forcément impactés par le développement des pays les plus peuplés, tout comme nous ne pouvons être épargnés par les crises économiques et financières car tout est interconnecté désormais. Il faut préparer l'avenir, on n'a pas le choix. Il ne suffit pas de vouloir faire baisser le chômage et retrouver le plein emploi de grand-papa, pour y arriver. Le plus décisif à moyen terme, c'est sans doute l'accélération technologique qui bouleverse nos sociétés et remet en cause les positions acquises de façon assez brutale sans nous laisser le choix. On n'a rien vu encore, ce n'est qu'un début mais c'est justement ce qu'on ne veut pas prendre en compte et qui participe à la ringardisation d'une gauche sans avenir tournée vers son passé et qui devrait être laminée comme jamais aux prochaines élections.

La désindustrialisation va donc se poursuivre ainsi que la précarisation de l'emploi et un fort chômage technologique, non pas qu'il y aurait une disparition du travail, comme on s'en alarme partout, mais du moins une profonde transformation du travail à l'ère du numérique. Il devrait être constitué d'une bonne part de travail autonome, hors salariat et qui manque cruellement des institutions adaptées, dont les protections sociales sont à construire. Au lieu de combattre les auto-entrepreneurs comme des jaunes, on ferait mieux de leur apporter les protections sociales qui leur manquent. Je plaide aussi depuis longtemps pour des structures locales (coopératives municipales) servant de support à ces nouveaux travailleurs autonomes. Il ne s'agit pas du tout en l'affaire de nos opinions ou préférences personnelles mais de résoudre des problèmes concrets qui se posent et de s'attaquer aux chantiers si nombreux qui nous attendent à tous les niveaux d'une Europe à refaire par cercles jusqu'au local. En effet, dans ce monde globalisé où jouent des forces qui nous dépassent et qui permet de travailler avec l'autre bout de la Terre, le niveau local, plus à notre portée, devient essentiel au développement humain ainsi qu'aux services de proximité, relocalisation d'autant plus nécessaire pour équilibrer une globalisation irréversible.

Il faut souhaiter que l'éclipse de la gauche soit de courte durée tellement on a besoin de défendre les travailleurs et surtout les plus faibles, mais il faudra pour cela qu'elle fasse son deuil du monde d'avant. Il y a plusieurs points constituant une véritable scission entre la gauche à venir et la vieille gauche qui nous entraîne vers l'abîme. Le plus difficile pour la gauche syndicale et que devra bien admettre la gauche à venir, c'est le déclin de l'industrie et d'une société salariale dont la RTT est l'emblème. Il ne s'agit pas de négliger l'industrie qui reste stratégique mais dont les effectifs s'effondrent avec l'automatisation (sans parler des imprimantes 3D qui arrivent). Il ne s'agit pas non plus de démanteler le salariat, de baisser toutes ses protections, mais à condition de reconnaître le hors-salariat au lieu de vouloir l'y faire rentrer à tout prix. A l'opposé de la RTT, devant le développement de la précarité, c'est plutôt un revenu garanti (avec revenu de base) qui devra être revendiqué, la contrepartie sécurité (et formation) d'une flexibilité liée à la nouvelle économie mais qui ne se limite pas au salariat, intégrant les nouvelles formes de travail autonome et à la demande (ce qu'on appelle l'uberisation et qui tient surtout au potentiel des smartphones, pouvant se passer d'Uber grâce à la blockchain). Non seulement cette nouvelle gauche devra lutter pour de nouveaux droits mais donner plus d'importance au local, à la relocalisation, abandonnant les vieilles chimères de la planification, de l'étatisation et finalement de la nation mythifiée. C'est peut-être le plus difficile. Sinon, on peut espérer que l'opposition entre les partisans du nucléaire et ceux des énergies renouvelables devienne aussi obsolète que le nucléaire lui-même. Cette gauche est-elle réaliste ? Elle est, en tout cas, très différente, véritablement un tout autre monde, sans renoncer à la réduction des inégalités ni à la conquête de nouveaux droits et d'une assurance sociale nous protégeant des aléas de la vie - mais ce n'est pas la gauche d'aujourd'hui.

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90 réflexions au sujet de “La déroute annoncée de la gauche”

  1. "Il n'y a pas plus de volonté générale que de peuple de gauche, plutôt fragmenté en courants hostiles qui chacun revendique l'exclusivité et promet sa victoire prochaine. Ces égarements, ainsi que le refus de reconnaître la réalité de rapports de force défavorables, participent à la débandade de la gauche et son éclatement devant les forces réactionnaires"
    Il me semble qu'il n'y a jamais eu de peuple de gauche, malgré quelques points communs sur la solidarité et l'égalité. la gauche a toujours été divisée entre autoritaires et libertaires (ainsi que la droite).
    Murray Bookchin évoque un peuple de gauche dans une interview à Peter Einarsson:
    C'était une société solidaire, avec des tendances diverses, et non pas différentes gauches qui se détestent comme des sectes protestantes. La Révolution bolchevique a fait énormément pour détruire cette communauté, à cause de la répression de Lénine contre tous les adversaires du bolchevisme, et même contre ses partisans. Critiquer n'était même pas nécessaire ! Si tu n'étais pas pour, tu étais contre ! Des abîmes se sont creusés dans cette communauté de gauche
    Le pouvoir a tôt fait de faire éclater cette communauté. Les autoritaires ayant eu le dessus du fait de leur avantage structurel, mais qui s'est finalement retourné contre eux en détruisant l'engagement qui ne trouve sa durabilité que dans la liberté.
    Comment restructurer une gauche libertaire devrait être la principale préoccupation de cette nébuleuse de gauche.

  2. Un esclave ne se libère pas de lui-même, il accepte sa domination au contraire. Sauf à partir d'un lieu où il peut concevoir une libération de sa condition. Dit autrement: c'est en développant les marges d'autonomie que l'on constitue des bases pour une nouvelle libération, qui n'est pas une sortie de l'aliénation, répétons le, mais une autre étape simplement. Sinon, je n'oppose pas comme vous le faites, RTT et autonomie/revenu de base. Les deux semblent complémentaires, et il faut voir au cas par cas. Attaquer de front les propositions de RTT n'est d'ailleurs - sur le plan tactique - certainement pas le meilleur moyen d'entamer un dialogue avec la gauche traditionnelle.

  3. Je défends moi-même le temps partiel dans le texte, dès lors que c'est au cas par cas. Ce qui est absurde et n'a aucune chance de passer (encore moins de supprimer le chômage), c'est une réduction générale alors que cette fausse solution fait obstacle aux véritables solutions. Il est important de le dire.

    L'article souligne l'absence de dialogue possible entre les gauches mais cela fait plus de 10 ans que j'ai pu en faire le constat, notamment avec l'inamovible Michel Husson mettant fin à un groupe de travail d'ATTAC pour points de vue trop divergents ! Si la gauche traditionnelle doit disparaître de la scène, c'est bien de ne pas pouvoir intégrer les nouvelles revendications qu'elle étouffe plutôt (Planck disait cela des vieux physiciens qui ne se convertissaient pas au nouveau paradigme mais finissaient par mourir et laisser place aux jeunes).

    Ceci dit, ce n'était vraiment pas le jour, l'article tombe un peu à plat, publié avant que j'écoute les nouvelles...

  4. Concernant la société française, je la trouve particulièrement dogmatique, réactionnaire et nostalgique d'un pseudo glorieux passé. La société française n'a toujours pas fait le deuil de ses images d'Epinal, de Gaulle, Napoléon, Louis XIV, l'empire colonial...

    Ça produit un peuple de cuculs la praline inefficace, hargneux comme des roquets chétifs et ridicule.

  5. Bonsoir Jean,

    Pourquoi n'essayez-vous pas de travailler par le biais d'un télé-travail pas trop exténuant pour vos problèmes de santé, et ce grâce à votre réseau, avec le parti qui vous chagrine le moins pour axer le travail politique de la gauche sur une déconstruction populaire et vulgarisée des nationalismes ambiants de tendance dominante actuellement dans l'opinion publique ?

    De mon côté, j'ai essayé de travailler sur ces thématiques à ma manière, pas avec le meilleur des brio, mais tout de même avec sincérité, par rapport à ce que m'offrait mon capital réseau, mon capital cognitif et mon capital créatif, mais aussi dans mes handicaps intimes qui m'empêchait d'être ce que je souhaitais vraiment être.

    Je pense que le constat dramatique de notre état historique n'est plus trop important à cette heure de sur-domination du système productiviste mondial, bien qu'il faille en être sérieusement conscient.
    Bien que le pari nous soit davantage perdu que gagné, je vous invite, Jean, vous et toute la récolte de vos semences et les semences de vos récoltes à rester fidèle envers votre positionnement historique et à faire le nécessaire qui reste en votre pouvoir.

    La fidélité envers soi-même n'est pas une question de victoire politique, c'est une question éthique et même émotive (car notre nature humaine, notre dimension existentielle n'est pas seulement intellectuelle, elle est aussi émotive et habitée d'honneur et de fierté de soi envers soi, de soi envers l'opposition que l'on plaide contre des forces qui nous dépassent et, de ce que l'on souhaite donner au monde et aux mondes pour soi).

    La question qui se pose alors n'est plus notre capacité à changer les choses, mais bien plutôt ce que l'on souhaite incarner dans les choses de manière à ne pas participer ou de participer le moins possible à ce qui execre notre jugement philosophique sur la nature de l'identité humaine à préserver dans notre monde. Car nous sommes, bien que divisé de lui, bien dans un grand tout où l'importance de notre rôle actuellement en impuissance reste minimisé par nous-même (dévalorisé par la gloire du supérieur et du maître).

    Être fidèle à ce qui se passe c'est une chose importante, mais être fidèle à ce que nous sommes, ça peut l'être encore plus, lorsque l'on témoigne des capacités agissantes qui sont supérieures à la notre et qui en font de la merde !
    Nous savons que nous ne savons pas tout, c'est une raison supplémentaire pour ne pas sous-estimer notre rôle dans l'existence et le pourquoi de notre soif d'objection de conscience en échec constant. Dans un processus naturel ou encore historique, il y a bien le terme procès et rien ne prouve qu'il soit de nature purement matérielle ou transformatrice du réel.

    Je sais que cela reste maigre face aux bêtises qui sont couronnées mais j'aimerais que vous puissiez voir cette dimension impalpable et intemporelle qui reste bien trop sous-estimée par le règne empirique des sciences implacables et des causes à effets.

    Deuleuze voyait une violence dans Spinoza et dans ses dires, cette violence il n'arrivait pas bien à la définir, je pense que c'était l'autoritarisme de sa philosophie indiscutable qui asphyxiait une nature tout aussi implacable de l'humanité, sa capacité à rêver, à imaginer et à espérer, à dépasser par l'intelligence et la créativité ce qui l'écrase, elle et sa fragilité. Spinoza imposait aux autres avec toutes les vertus de sa philosophie, une incapacité pour l'autre de pouvoir rêver, le rêve étant pourtant un élément indiscutable bien qu'irrationnel du déterminisme de l'identité humaine si complexe. Non qu'il ne faille blâmer Spinoza pour cela, mais bien qu'il faille identifier cette tare. Rêver ça n'est pas mentir.

    Tiens bon mon ami lointain, essaye de faire ce que tu peut et ce qui ne détruit pas ta santé et celle des autres que tu cherches à défendre par le biais de tes pensées et de tes actes.

    Signé Bath et son oeuvre Virtualiste P-guY.

    • Hélas, je fais partie des infidèles. J'ai dû finir par trahir tous les groupes dont le faisais partie en remettant en cause leurs dogmes fondateurs et la pensée de groupe. On ne peut être fidèle à ses erreurs, son ignorance première. Apprendre, c'est devenir un autre, renoncer aux fausses croyances. Ma fidélité à moi-même c'est sans doute d'aimer plus la vérité que l'amitié, ce qui se paie chèrement sans pouvoir se satisfaire de notre impuissance. Il ne s'agit pas d'empêcher chacun de rêver mais pas en politique, pas pour remplacer l'action efficace par de simples rêves. Tout ce que j'essaye, c'est de déterminer ce que la situation exige et laisse possible, le contraire du rêve (surtout dans notre moment présent).

      Il est très difficile au commun des mortels n'ayant pas l'expérience de la politique de se défaire de l'illusion qu'il suffirait d'argumenter, de dialoguer. Si c'était le cas, la gauche archaïque n'aurait pas besoin de mourir mais c'est bien elle qui refuse le dialogue. Il faut voir comme Michel Martin a été reçu par Harribey en faisant référence à cet article, Harribey qui fait partie avec Michel Husson de ceux qui ont fait main basse sur ATTAC, vidant de substance cette association si prometteuse au début. C'est absolument désolant mais on est dans une guerre de religions, on a affaire à l'incommunicabilité entre les êtres, à une connerie trop humaine.

  6. Reste le problème du sens . La déroute de la gauche ne reflétant que la déroute générale d'une mondialisation qui n'a pas su trouver (encore) son sens .
    Les avancées technologiques et organisationnelles ont ouvert tous les possibles en matière de productions et services ; mais cette ouverture , en soi bénéfique , n'est durable et souhaitable que dans la mesure où des choix politiques exprimant notre capacité à reposer de nouvelles limites seront posés ;la relocalisation permet de rompre avec cette course à l'échalote produisant au bout du compte et entre autres périls , le terrorisme .
    Il s'agit effectivement "d'équilibrer une mondialisation irréversible " , surtout de lui donner du sens.
    Mais on est là sur une route loin de la déroute et des préoccupations de la gauche et des autres partis ; loin de l'élection présidentielle telle qu'elle est structurée : un simple outil de gestion de ce qui nous arrive.

    • « la déroute de la gauche ne reflétant que la déroute générale d’une mondialisation qui n’a pas su trouver ( encore) son sens » écrit Di Girolamo . Je préciserais quant à moi « retrouver un sens éthique »
      Je n’approuve pas par contre dans le billet lui-m^me le croc en jambe à l’égard de Mélenchon présenté en « sauveur suprême avec ses partisans souverainistes » et qui ne servirait qu’à « renforcer la menace nationaliste, identitaire, autoritaire ». Je ne demande pas à Jean Zin d’adopter les analyses de Mélenchon concernant l’état de ce monde voué à une culture productiviste et consumériste, dont lui-même dresse la critique par ses propres voies, mais du moins je souligne le caractère irrationnel d’un tel cliché en vue de se situer du bon côté de ceux qui disqualifient par principe un homme politique qui déclare requalifier le peuple en lui proposant de conquérir la souveraineté. Dans son dernier livre JLM analyse les révolutions économiques et sociales qui se sont produites, en un temps exceptionnellement très court dans les modes de vie. Comment une multitude (croissance exponentielle de la population sur un seul siècle ) , par déconstruction des cultures antérieures, formatée mondialement à une culture productiviste et consumériste, peut-elle apparaître désormais comme « l’acteur politique de notre temps : le peuple » ? Comment un observateur attentif peut-il désormais envisager la présence possible du peuple dans les mouvements revendicatifs plus spontanés ou sporadiques d’une population regroupée dans les villes géantes et aussi diversifiée ? Qui par exemple occupe une place publique pour s’opposer à la disparition d’un jardin public en Turquie ? Qui occupe spontanément des places publiques dans différentes circonstances? Quel est le rôle des réseaux sociaux, non pas comme moyen de pouvoir permettant de dominer une multitude de consommateurs, mais au contraire comme outil d’une prise de conscience collective des méfaits de cette « civilisation globale-totalitaire » ? Ici je veux citer JLM lui-m^me : « Le rôle des réseaux sociaux est essentiel dans la diffusion des informations et des décisions » mais « on voit aussitôt la diversité et l’entrelacs des émetteurs » et on voit aussi « la façon dont disparaît cet acteur collectif lorsque la température politique baisse »… dont « s’estompent les messages avant leur raréfaction ». D’où JLM conclue que « ce n’est pas le réseau qui crée le peuple en action, mais l’inverse » et « tout cela bouscule bien des certitudes doctrinales, lorsque « c’est le peuple qui prend la place qu’occupait hier la classe ouvrière révolutionnaire dans le projet de la vieille gauche » . Ne négligeons pas l’intérêt d’une analyse qui cherche à prendre en compte, du fait de l’accroissement de la population et de son urbanisation, entre autres causes, la disparition de la traditionnelle répartition en classes homogènes, avec leurs hypothèses idéologiques propres sur l’avenir. Du développement des individualismes, et du rôle hallucinatoire d’une civilisations des objets- marchandises donnés comme signes culturels dominants de la « bonne image de soi » à qui les possède parmi une multitudes des autres.

    • Il n'y aura pas de mondialisation trouvant un sens mais une pluralité de sens irréductible, c'est tout le problème. Quant à retrouver un "sens éthique", vieille rengaine religieuse, cela supposerait qu'on puisse perdre cette loi morale en nous, ce que je tiens pour impossible, sauf pour quelques psychopathes. La question est toute autre.

      La critique du productivisme et du consumérisme se retrouve dans tous les fascismes voulant restaurer la tradition, l'idéal et le sacrifice. La notion de peuple aussi est une notion fascisante (en dehors des luttes d'indépendance), négation de la lutte des classes au profit d'une lutte contre l'oligarchie financière identifiée facilement avec les seuls banquiers juifs (cosmopolites). C'est aussi le refrain de tous les populistes fascisants de prétendre redonner la souveraineté au peuple, ce qui n'est pas difficile puisque c'est le chef dans son immense amour du peuple qui représente cette souveraineté. Et l'analyse du monde du petit père des peuples qui éclaire les foules est indiscutable ! C'est dommage que ce soit complètement à côté des enjeux du temps, englué dans un moralisme inefficient et ne tenant pas compte des puissances matérielles ni du système de production (donc, effectivement, exit les classes, plus besoin de sortir du salariat puisqu'il n'y a pas de contradictions au sein du peuple, patronat compris).

      Je ne parle même pas de son nationalisme révolutionnaire. Alors, on peut faire crédit à Mélenchon de sa naïveté et sa sincérité, qu'il n'a pas conscience de travailler pour l'extrême-droite avec son espèce de péronisme de gauche, mais, enfin, il en reprend tellement les thèmes que cela devrait quand même éveiller l'attention. La plus grande différence, incontestablement, et qui est considérable, c'est son discours pro-immigrés mais qui est complètement inaudible dans le contexte actuel et constitue la raison principale pour laquelle il est l'idiot utile du FN. La question n'est pas de savoir si Mélenchon est un facho, ce qu'il n'est absolument pas pour l'instant, encore moins ce qu'il ferait au pouvoir (il n'y sera jamais), mais qu'il donne crédit au souverainisme et au populisme qui font le miel de l'extrême-droite.

      Ceci dit, ce n'est pas Mélenchon qui est responsable de la situation, il en est juste le clown. Qu'il précipite la déroute de la gauche pourrait même être salutaire d'une certaine façon. Sa démarche personnelle reste inexcusable et dangereuse. Il n'est pas exclu qu'il récupère tous les déçus du PS et arrive à dépasser les 10%. On sera bien content. Il faut que cette vieille garde disparaisse avec ses stratégies perdantes qui ne font que donner bonne conscience aux militants sans servir à rien, empêchant de prendre en compte la réalité.

      Il y en a marre de ces grands démocrates qui sont tellement démocrates et s'identifient au peuple qu'ils décident tout seuls comme avec Podemos. Il faut sans doute avoir de la démocratie une notion moins mystique pour se plier à la démocratie réelle avec tous ses défauts et ne pas promettre la lune.

      • A propos de JLM vous écrivez « La plus grande différence [avec les thèses fascistes !] , incontestablement, et qui est considérable, c'est son discours pro-immigrés mais qui est complètement inaudible dans le contexte actuel et constitue la raison principale pour laquelle il est l'idiot utile du FN. » Des gens comme vous, succédant à des insoumis comme Robin et à Gorz, et proposant inlassablement les relocalisations, des coopératives municipales, un revenu d’existence suffisant, sont- ils de même les idiots utiles de l’idéologie capitaliste ? Qu’est-ce, faire plus le clown : de tout attendre des progrès des quantités mathématiques dans une « ère de l’information » ou d’espérer l’accès de la multitude à une « ère du peuple » ? N'est-ce pas deux utopies positives? Mais le plus décevant c’est que vous soyez aussi acharné à répudier tout principe moral d’action, taxée aussitôt de reprise des anciens catéchismes religieux, à réfuter tout recours à une morale non transcendante, laquelle propose aussi et autrement un mode de discernement entre le mal et le bien, « déclenchant en nous une réflexion sur la condition humaine dans ce monde si nouveau et, dans ce moment, si dangereux … C’est une interrogation morale qui surgit alors ». « Le dégoût et l’horreur que suggèrent le saccage écologique et social dans tant d’évènements actuels interpellent sans cesse chacun de nous bien au-delà de la simple émotion ». Mais c’est faire le clown, n’est-ce pas, que ne pas professer la désespérance, cette anti-valeur sociale qui conduit les individus au racisme, à l’ostracisme, au repli sur soi, sur les frontières passées, et les valeurs dépassées ?

        • Je trouve extraordinaire de se croire plus moral que les autres. Il est un fait qu'on ne s'entend pas sur le bien et le mal ce que Socrate montrait déjà, le problème étant celui de connaître le bien (on ne sait pas qu'on l'ignore), mais tout le monde est moral en société. Se croire le seul moral, c'est rejeter les autres dans l'animalité et se congratuler à bon compte (les djihadistes sont extrêmement moraux de leur point de vue). Bien sûr chacun exerce son jugement moral et condamne les autres, dans les sociétés originaires cela produit des meurtres en série et des représailles interminables.

          Mêler la morale à la politique ne mène qu'à la démagogie et l'hypocrisie, Machiavel l'a bien montré, lui qui était on ne peut plus moral et démocrate. Ce n'est pas en supprimant les gens violents qu'on réduit la violence ni en supprimant les mauvaises gens qu'on supprime le mal, c'est éventuellement en changeant la situation, le système qu'on peut améliorer les choses, réduire les injustices, encore faut-il que ce soit possible.

          Ce qui m'a distingué dans mon engagement écologique, c'est justement de me préoccuper de transformer le réel, pas me contenter de mon indignation et de belles idées. A mon grand dam, j'ai constaté au terme d'un travail de longue haleine à quel point on ne pouvait pas grand chose dans le jeu de puissances qui nous dépassent et face à la connerie humaine. J'ai essayé de déterminer des dispositifs qui me semblaient à la fois nécessaires et possibles mais on ne peut dire que j'ai réussi même si les idées que je défends gagnent du terrain plutôt que d'en perdre - mais c'est dû aux évolutions matérielles plus qu'à moi qui ne suis sûrement qu'un clown moi aussi puisque je parle pour rien mais du moins, je ne trompe pas les gens en leur disant ce qu'ils veulent entendre (et il est difficile de prétendre que ce que je dis est faux, plus facile de le balayer parce que ce n'est pas drôle).

          • La politique est bien le contraire d'un positionnement moral prétendant qu'on a raison . Pourtant je ne vois pas comment il peut y avoir politique sans recherche du bien commun , au delà des raisons de chacun ; en ce sens la morale est bien inséparable du politique .

        • La morale, je dirais que c'est la tentative d'être efficace dans une vision globale systémique qui relève largement de la science, la technologie, la sociologie, le cognitivisme, la psychanalyse...

          Ca relève de reconnaitre le réel matériel et humain qui ne se dévoile que partiellement en cours de route, loin des certitudes.

          Bien entendu qu'il y a des salopards doublés d'une infinie connerie, qu'il faut faire avec sans non plus se laisser marcher sur les pieds, sachant que nous même sommes atteints de limites cognitives.

          La vie est un combat de nègres dans un tunnel, version africaine de la caverne de Platon, sans aucune intention raciste de ma part...

          Les arts martiaux asiatiques ou européens montrent bien qu'il faut faire avec les forces en présence, pas trop se laisser bercer par une prétendue bonne nature humaine qui serait atteignable par des prêches.

      • "Il n'y aura pas de mondialisation trouvant un sens mais une pluralité de sens irréductible, c'est tout le problème."

        Planter des arbres en rangées numériques nombreuses de même variétés , des pommiers ou poiriers ou autres en grand nombre , crée des déséquilibres de biodiversité obligeant les traitements chimiques et par rebond un déséquilibre encore plus grand ; planter des vergers d'espèces variées fruitières et non fruitières alternées, plantes de toutes sortes , inclure des légumineuses , le non labour , quelques volailles ou moutons en nombre adapté, bien choisir des variétés peu sensibles au maladies , favorise la venue d'insectes auxiliaire et une biodiversité équilibrée permet de récolter sans aucun traitement.

        Grands vergers industriels dont les variétés sont choisies en fonction de leur apparence et bonne tenue au transports et productivité ; espaces de biodiversité s'intégrant à des pratiques de polyculture élevage , produits destinés à la transformation et vente locale ...
        On a vraiment là deux directions diamétralement opposées ayant des implications importantes en matière de transport, d'aménagement du territoire , de métiers et conception du travail, de répartition du foncier etc etc
        La pluralité de sens est à la mode : le bouquet énergétique par exemple et là le bouquet agricole , l'agriculture industrielle et artisanale se complétant ....Sur le principe(faussement appliqué) qu'il faut de tout pour faire un monde .

        Alors oui , tout le problème est bien qu'il y a une pluralité de sens irréductible ; et ce problème repose sur l'idéologie libérale qui est un fascisme subtil de non choix ; il y a choix !
        En ce qui me concerne ( c'est plus facile au niveau individuel) il y a de nombreuses années que j'ai fait le mien. Et ce n'est pas une choix idéologique ou militant ; ça a été et c'est encore quelque chose de vivant et concret.

        • La morale, je dirais que c'est la tentative d'être efficace dans une vision globale systémique qui relève largement de la science, la technologie, la sociologie, le cognitivisme, la psychanalyse... dit Olaf. C’est plus efficace que les rodomontades de Jean Zin accusant toute morale dite de gauche de curaillerie favorable à l’extrême droite? Parfois Jean s’égare autant que moi ? De même ce que dit Di Girolamo tient de la morale puisqu’il a acquis la certitude, par l’expérience , d’une bonne méthode d’agriculture par opposition à une mauvaise. Dire que la permaculture qu’il cherche à bien conduire ( ce qu’autrefois on appelait la joualle, par associations de plantes sollicitées de coopérer entre elles? ) est plus morale que la monoculture productiviste, ce n’est pas placer l’une du côté de l’Archange Saint Michel et l’autre sous l’égide du Diable. C’est s’appuyer sur le respect de toutes plantes et animaux ayant survécu à l’Evolution sur la très longue durée.Venir de si loin mérite qu'on y prête intérêt. C’est prendre la mesure du temps long et de la pluralité des réponses du vivant à ce temps long. C’est, en terrain de meilleure connaissance des causes et des effets, laisser l’ivraie jouer son rôle dans la culture du bon grain. Pourquoi, Jean, n’y aurait-il pas de morale laïque en politique, puisqu’il y a une morale en toute activité vivante si on la reconnaît comme souveraine en ses propres actions, si on cherche à lui reconnaître un sens qui lui est propre? Et surement utile à la vie en général, plus que le culte de soi et des objets du commerce entre humains? Encore une de mes pitreries qui profitera au Front National....

          • Ceci dit, Jean n'hésite pas à traiter de raclures pas mal de gens du monde politique ou d'ailleurs, ce que je ne lui reproche pas, parce que je suis de son avis.

            Néanmoins, traiter de noms d'oiseaux des empaffés qui le méritent amplement, n'est ce pas un jugement moral ? Si vous voyez ce que je veux dire...

            Je suis de retour en France et grande est ma déception alors que je ne m'attendais pourtant pas à du fantastique...

            Je viens de travailler 3 semaines dans une boite gérée par des connards d'amplitude maximale et ils m'ont viré pendant la période d'essai alors qu'en 3 semaines j'avais trouvé pas mal de solutions. Tout ca me donne envie de vomir. Ces triples cons vont droit dans le mur et n'ont rien entendu de mes objections.

            Alors ils m'ont viré comme une merde, mais leur tour viendra inexorablement et dans pas longtemps.

  7. Les institutions politiques sont supposées assurer le bien commun (res publica), en fait plutôt le bien de l'oligarchie à peu près dans tout régime y compris démocratique. Le bien commun relève sans doute d'une morale laïque mais qui est l'objet de controverses et de luttes politiques. On peut bien dire que c'est une morale contre une autre, cela annule l'appel à la morale pour se focaliser sur les différences dans les propositions concrètes et les forces pour les soutenir. Bien sûr, on préfère se situer du côté de la morale, cette éthique de conviction permet de ne pas se préoccuper de sa responsabilité concrète et des détails pratiques pas toujours reluisants, en se suffisant des grands principes mais ce n'est pas méchanceté de remarquer que ces grands principes, qu'ils soient religieux, moraux ou idéologiques ont mené presque toujours au pire (c'est évidemment très regrettable). Le mal se fait le plus souvent au nom du Bien (l'enfer est pavé de bonnes intentions).

    J'ai essayé de montrer dans le texte "du matérialisme historique au volontarisme fasciste" que dès qu'on abandonne le matérialisme pour revendiquer des valeurs, on est poussé vers le volontarisme fasciste mais je ne m'attends pas à ce que cela soit compris plus que le reste - ni bien sûr qu'on arrête de faire la morale (encore moins d'avoir des valeurs). Que notre morale joue dans notre engagement politique est obligatoire, comme en tout engagement, ce n'est pas le sujet de la politique (du collectif et du possible). On ne peut pas attendre que le sens vienne du politique dans une démocratie pluraliste (le fascisme donne du sens à gogo, imbattable sur ce terrain). Il y a une confusion entre différents discours, différents niveaux (entre la pensée et l'être). On verra bien la suite qui s'annonce redoutable.

    http://jeanzin.fr/2013/09/10/du-materialisme-historique-au-volontarisme-fasciste/

    • je suis assez d'accord sur beaucoup de choses ( du moins ce que j'en comprends ) avec vous ; mais pas entièrement ; reste pour moi , à un moment ou l'autre à mieux l'exprimer ......Ce qui se fera dans le temps des commentaires , qui sont fait pour qu'on avance un peu ;soit que je cède à votre logique , soit que je parvienne à en exprimer une autre . Là encore on est limité , moi beaucoup , et il faut laisser du temps au temps .

      • Contre la mondialisation, sur la nécessité de l'enracinement local :
        David Abram. : …L'enracinement local est vernaculaire, spécifique, unique, irréductible. Lui seul peut assurer la diversité vitale dont nous avons tant besoin. Je me sens actuellement entièrement voué à ces retrouvailles entre le langage et l'enracinement local.
        Nouvelles.Clés. : Il y a un parallèle stupéfiant entre ce que vous dites du langage et ce que les écologistes nous apprennent sur l'uniformisation mondiale des semences qui, elles aussi, deviennent cosmopolites, alors que leur force multimillénaire venait justement du fait qu'elles étaient locales, adaptées à des microclimats spécifiques !
        D.A. :…C'est pourquoi LE grand travail du moment que nous vivons dans l'histoire humaine est celui-ci : trouver comment redevenir local très rapidement ? C'est l'impératif écologique n°1 : relier nos sens, notre langue, notre corps, notre expression, à un lieu spécifique, à une vallée, un plateau, une baie, où nous vivons réellement. Redevenir local, voilà le mot d'ordre que nous devons répandre le plus vite possible !
        Passages extraits de : http://www.cles.com/debats-entretiens/article/retrouvons-un-ancrage-local-le-sacre-s-y-trouve

  8. et oui pas d'espoir plus rien à faire pour le moment qui ne soit vain et voué à l'échec ...se jeter au tapis pour éviter les balles perdues, la fermer se calmer, une fois de plus , se démobiliser en attendant des jours meilleurs , on a pas tellement le choix et essayer d'éviter le pire on est peut être même pas en mesure de le pouvoir ... , comme d'habitude tu dois trouver les commentaires un peut nul mais il faut dire aussi que tu anticipes tout ce qu'on aurait à te dire , et tu ne tends aucune perche ... tout ce qui est écrit me semble vrai et il n'y a pas d’issue on en est réduit à compter les coups , tenter par différents moyens peu avouables de tromper l’ennui et mesurer oh combien la situation est complétement bloquée , peu importe de par quel bout on prennent les questions ... cela semble sidérer pas mal de gens pour ceux qui trouvent que ne pas voter ça suffit pas , personnellement ce n'est pas mon cas , il y a toutes formes d'activismes possibles pour essayer de combattre la droite et l’extrême droite ou de précipiter la disparition de la gauche , même si l'activisme ça change rien au final , et souvent ça nous met encore plus dans la merde, mais ça rends peut être la situation plus supportable quand tout ne tiens que par le poids des habitudes et la force d'inertie des systèmes , ce qui est sûr c'est qu'on a pas fini de déprimer

    • Oui, il y a de quoi bien déprimer, je ne vois pas en tout cas de sortie et aucune énergie pour un activisme qui ne m'a jamais semblé aussi vain. Il ne me semble pas que j'y sois pour quelque chose, ne faisant que décrire notre situation et la connerie ambiante mais je ferais mieux de me taire assurément puisque cela ne sert à rien.

      C'est la première fois je crois que je ne me sens pas partie prenante du mouvement social tant il me semble parti sur de mauvaises bases mais j'ai peut-être tort car souvent les revendications de départ sont insignifiantes, la dynamique du mouvement pouvant produire du nouveau. Je n'y crois guère (pas plus qu'à la portée du catastrophisme de Jorion ou des bons sentiments de Pierre Rabhi), notre situation historique étant si défavorable mais, moi aussi j'ai besoin de me raccrocher à quelque chose. Se dire que nous aurons notre revanche à plus long terme ne suffit pas à nous consoler de nos défaites à venir. Je ne suis pas un simple spectateur de ma déchéance, ne pouvant m'abstraire localement de l'ambiance générale.

      Les lumières ne sont pas forcément si joyeuses devant la vérité crue qu'elles ne nous fassent regretter l'obscurantisme. La question ne se résumant pas à savoir si on peut se passer de religion mais se passer aussi d'idéologies nous promettant la lune, de nous sauver de la vie et du monde par quelques formules magiques et l'émotion des foules. On ferait donc toujours n'importe quoi, ou plutôt nous ne serions encore une fois que les jouets de nos agitations. Il y a quand même une chance que le numérique, le traitement de l'information, l'intelligence artificielle nous sortent d'une bêtise trop humaine ? Ce n'est pas impossible, probable même, sauf que si ça se fait, ce n'est pas pour tout de suite. C'est bien ce qui est insupportable, laissant la place aux fous exaltés comme aux démagogues.

      • Je pense également que l'intelligence artificielle pourrait remettre les compteurs à zéro, dévoilant la nudité des rois exaltés ou manipulateurs.

        Quant aux mouvements sociaux ils partent sur des idées plus ou moins lubies pour en changer en cours de route, pour le meilleur ou le pire.

      • ces catastrophes annoncées ont bien sur quelque chose d’insupportable quand on fait partie des plus fragiles surtout car on vois bien les drames et les souffrances que ça peut produire dans nos vies respectives, quand depuis longtemps on a atteint nos limites et que depuis 10 ou 15 ans ils ont changés nos cœurs en pierre ... comme toujours on se raccroche à ce qu'on peut et on fait avec ce qu'on a ... il me semble néanmoins qu'il y a des incertitudes importantes on verra bien !! de toute façon tu le sais bien inutile d'avoir raison trop tôt ... le mouvement social, assez timide pour le moment est purement réactif et ça ne durera pas, comme depuis 30 ans ... quant aux robots il semble que tout dépend de qui les fait et qui les programmes .. c'est sans doute couru d'avance que ça renforcera la domination et l’isolement des gens tout en alimentant tout un tas de big data ( panoptisation ultime de la vie domestique )... ou si ça met en contact les gens ça sera sur leur point communs et on y perdra totalement le gout des autres ...

        • Ce que vous , nous disons là , pas besoin de courir bien loin pour l'entendre , bien sûr chacun désignant des réalités différentes , suivant son histoire , sa réflexion ....Mais il suffit de brancher un interlocuteur lambda sur comment et où va le monde pour entendre un discours pessimiste et inquiet .
          Le problème étant qu'à la fin des discussions, sauf le plaisir du verre ou blog partagé , on reste sur notre fin et on revient par la force des choses à la force des choses qui fait qu'on y peut pas grand chose.
          Le souci de Jean , le mien et celui de beaucoup de ses blogueurs c'est de savoir quoi faire même si ce faire est peu , pourvu qu'il ne soit pas empreint de vanité ; tenter d'agir un peu , au moins d'une manière réaliste pouvant à un moment ou l'autre déboucher sur quelque chose.
          De mon côté , étant plus un actif qu' intello , je poursuis le projet de ruchers vergers communaux , mettre ensemble les gens des communes autour de leur environnement et économie locale. Peut être aller vers une coop communale ou inter communale ....C'est hyper laborieux ....je donnerais des nouvelles plus tard .
          Quant au plan national ..Il me semble dommage de pas utiliser le temps médiatique des présidentielles pour développer quelques propositions un peu structurantes globalement , positionnant l'importance de l'échelon local et d'une démocratie plus directe et plus participative impliquant la société civile dans la résolution des grands problèmes .( une société centralisée construit des centres d'accueil pour les migrants , une société vivante passe directement par les communes et les gens pour organiser quelque chose)

          Ne serait ce que pour voir si ces propositions trouvent un écho ou au moins commencer à les diffuser .
          De toute manière je ne vote plus aux présidentielles ; il faudrait au moins que j'arrive à exprimer quelque chose.

          • Ton idée d'abeilles+verger communal me semble très maline. C'est un peu comme les Johads (Johad plutôt que Jihad:-)). Est-ce qu'il y a des communs (sections de communes) dans ta commune? S'ils existent, ils doivent bien être gérés par? Ton projet pourrait valoriser ces sections de communes.
            Si tu réussis ton coup, toute ta commune sera sensibilisée aux pb écolo et l'agroécologie, et aussi à la biodiversité si tu orientes tes vergers vers de la conservation/exploitation d'espèces.

          • Non pas trop de communs ; mais quand même des parcelles communales ou terrains privés mis à dispo ; je démarre sur 2 ,3 communes et essaimage intercommunal si réussite; un apiculteur professionnel , comme moi vieillissant ,est prêt à mettre des ruches pour lancer le projet. Les vergers jardins seront des fouillis ,mélanges d'arbres et plantes diverses sur le principe des haies fruitières du conservatoire d'Aquitaine ; et sur le plan éco , en plus du miel , j'ai l'idée de créer un atelier figues sèches ( les figuiers n'ont pas besoin d'être traités et certaines variétés produisent des fruits se prêtant bien au séchage) ....Quand je vois d'où on part sur les communes , c'est du Jihad !

          • Elle connait Edgar Morin et Pierre Rabhi, son compagnon est Éric de Kermel directeur du mensuel Terre sauvage. J'ai aussi rencontré sa belle sœur, Véronique de Kermel tout à fait recommandable, mariée à un marocain très sympa de Marrakech.

            La famille de Kermel actuelle est issue du monde bancaire et se rend compte sincèrement des problèmes invraisemblables dans lesquels nous sommes englués, et qui peuvent être très destructifs.

            Tes idées peuvent tout à fait les intéresser et faire également le sujet d'un reportage Terre et société.

          • @ Michel
            Merci pour l'info sur les sections de communes ; je ne connaissais pas.
            Pour le projet ruchers vergers communaux , c'est les abeilles qui vont jouer beaucoup sur le choix du terrain ; d'autre part plutôt que sectionner faudra unir ! je vais demander au maire de ma commune s'il y a une section ; à mon avis c'est peu connu et peu usité ; et comme indiqué dans tes infos on peut plus en constituer depuis 2013.

          • @ Olaf

            Si je prends contact , ça va être "intéressant" mais manque l'ancrage réel , celui qu'on peut avoir dans l'action de tous les jours là où l'on vit . Je préfère rencontrer des gens plus "ordinaire" que Rabhi ou autres qui font ci qui font ça et qui sont en "représentation". Des gens un peu abstrait au bout du compte ....Il y a dans l'idée de relocalisation cet ancrage dans du dur , dans du réel de gens qui se côtoient et se coltinent ensemble des réalités à gérer , un territoire à construire.
            Je crois qu'on est un peu plongé structurellement dans un monde irréel et que c'est en lien avec notre impuissance politique : si je vais voir Rabhi , ça sera intéressant mais d'une toute autre nature que la rencontre avec un quidam local avec lequel j'agis , je travaille , je construis.
            En fait les Rabhi y m'emmerdent un peu maintenant.

    • Les articles de loi cité par Michel Martin sur les sections de communes rappellent en moi une certaine nostalgie de « communaux », survivance de vieilles traditions encore vivantes dans mon enfance : Comme tous les enfants du village, je conduisais aussi en été deux vaches du troupeau des fermes de la commune allant en « vaine pâture » dans les prairies inondables du lit primaire de la Saône. Toute une tradition de pratiques locales gérait ces « communs » inondables avec des fossés et des empellements aménagés grâce auxquels mon père , petit-fils d’immigré maçon du Limousin, était sollicité comme ayant droit au captage de carpes au moment de la décrue. Le devenir de ces terrains du lit primaire a été divers : Tantôt coupés en deux par une autoroute, tantôt zone de captage pour l’eau potable, ou bien zone d’étendage pour les stations d’épuration, ou encore remblaiement par des ordures ménagères de terres maraîchères devenues ensuite zones commerciales…

    • Je dois bien avouer que je trouve Lordon ridicule. On ne manque pas de tribuns grandes gueules (Mélenchon s'est quand même fait rembarrer par les jeunes) mais pas l'ombre d'un débouché (alors il vaut mieux ne pas revendiquer, parler d'affirmation, vouloir le monde ou "destituer le pouvoir", prétendre qu'on veut du nouveau quand on rêve de refaire Mai68, etc).

      Ce qui est curieux, c'est que ces jeunes en tout petit nombre se croient la majorité alors que les élections les démentiront d'autant plus qu'ils s'installeront dans le désordre.

      Dominique Méda en profite pour prétendre que le salariat et la RTT, c'est l'avenir alors que le travail autonome, les autoentrepreneur, c'est le passé. Je veux bien. On ne vit pas dans le même monde. Tout cela me semble à moi des combats d'arrière-garde, mal orientés, mal renseignés sur notre avenir. Aussi bien Méda que Lordon n'ont rien à dire sur l'économie à l'ère du numérique.

      Il est encore possible que les jeunes se rendent compte du monde dans lequel ils vont vivre et changent de revendication en cours de discussion pour une remise à plat de la protection sociale. Il est toujours bon de se mobiliser pour des droits mais le rapport de force n'est pas pour l'instant en leur faveur.

      Il ne peut être question de refaire Mai68 ni même le mouvement des occupations dans notre contexte qui est plutôt celui post-indignés nous confrontant à notre impuissance et la montée de l'extrême-droite. C'est de cette impuissance qu'il faut partir au lieu de se chauffer en AG comme dans les messes charismatiques. Plutôt que de viser le ciel, il faudrait parler d'organisation du travail autonome, de garanti du revenu, de réduction des inégalités, pas seulement des droits des salariés ou je ne sais quelle utopie mais, encore une fois, les rapports de force électoraux ne vont pas beaucoup changer d'ici l'année prochaine, sinon vers le pire sans doute (comme après Mai68).

      Qu'au moins ce mouvement serve à prendre conscience de ses impasses et qu'il faut laisser les vieilles lunes pour inventer du nouveau (il ne s'agit pas de ne plus se mobiliser mais sur d'autres bases).

      • Ce qui est encore plus dramatique c'est que les dirigeants d'entreprise en France sont tout autant archaïques, parvenant à se tirer des balles dans les pied en ayant rien compris de ce qu'est l'économie de l'information, de la connaissance et de l'innovation.

        Là où ils réclament de la flexibilité, ils n'accordent aucune flexibilité pour des économies à leurs propres salariés en termes de lieux et temps de travail, quand ils s'accordent toutes les largesses à grands frais de fonctionnement, des bourrins complets.

        Tout pour leur gueule de crétins.

        On est pris en étau entre deux visions du travail complètement dépassées et en fait convergentes vers l'impasse, la calcification des esprits est grave.

      • Aujourd’hui l’un de mes chiens a tué l’une de mes poules… Elle ne s’est pas défendue, elle n’a pas crié, elle ne s’est pas débattue, le chien a joué un moment avec et a fini par lui arracher la tête… Si elle s’était manifestée, avait caqueté, je serais intervenu et je l’aurais sauvée… Comme quoi c’est parfois bon d’ouvrir sa gueule… Et moi, j’en suis encore à me demander après temps et temps d’années (ça c’est pour le clin d’œil…) qui d’un Zin, d’un Lordon, d’un Jorion ou d’un Mélenchon me séduit le plus, me rend le plus joyeux, m’inspire le plus ? Pas simple, j’aime autant l’obscurité que la lumière, le bruit que le silence… Faut croire qu’il me faut un peu de tout et que c’est plus l’instant qui décide… En ce moment je crois qu’il y a des gens qui n’ont pas envie de se faire arracher la tête sans broncher, quitte à paraître ridicule ; je serais assez enclin à leur faire confiance, un peu de bruit de temps en temps ça ne peu pas faire de mal et sait-on jamais où cela peut nous conduire…

        • C'est un peu n'importe quoi. On n'est pas ici à un concours de beauté et je ne cherche certes pas à séduire comme ces petits coqs. Il ne faut pas venir ici pour se divertir et ressortir joyeux. Que celui qui entre ici perde toute espérance...

          Je ne cesse de répéter qu'il ne faut pas se laisser faire, là n'est pas la question mais de tromper les gens avec de faux discours. Lordon est mille fois plus brillant que moi mais ce qu'il propose est complètement nul, se résumant quasiment à la sortie de l'Euro, et complètement resté bloqué sur Spinoza (cette lecture a dû lui être si pénible qu'il veut la rentabiliser un maximum!), il ne va quand même pas se mettre à lire Hegel, l'histoire de la philosophie s'étant arrêtée au XVIIème. Il fait plaisir à la foule, les gens l'applaudissent, et après ? Certes, ne pas aboyer avec la meute est mal vu, je suis absolument hors jeu pour l'instant, c'est sûr. On verra quand on en sera à la gueule de bois.

          Le problème ce n'est pas le bruit et la fureur, ce n'est pas de se faire plaisir, de retrouver les élans de la jeunesse et la solidarité des luttes mais que, d'une part on gonfle une mobilisation qui n'est pas si forte (plutôt arrière-garde) et surtout que les véritables problèmes sont absents alors qu'on subit une mutation sans pareil. Bien sûr que si le mouvement évolue vers cette prise de conscience j'en serais enthousiasmé mais ce n'est pas le chemin qu'il prend pour l'instant et le contexte reste de toutes façons très défavorable (chômage de masse, droitisation, globalisation, etc).

          L'enjeu est un enjeu de vérité, ce qu'on refuse au nom d'idéaux mal placés (car le salariat ne peut être un idéal) alors que le monde qui s'annonce pourrait être bien plus désirable si on construisait les structures sociales permettant de tirer partie de ses bons côtés au lieu de ne faire que subir ses mauvais côtés.

          • Concours de beauté-mon-c*l, on est d'accord 😉

            Cela dit, à propos de Jorion, je me pense d'accord avec Jean sur le fait que :

            son catastrophisme risque de ne pas mener bien loin (mais au moins il paraît sincère),
            et (2e point de désaccord avec Jorion), celui-ci se plante (avec Méda, Harribey et compagnie, quoiqu'un peu différemment puisque lui Jorion s'intéresse heureusement davantage au revenu garanti qu'à la RTT) ; il se plante donc sur le mirage de la "disparition du travail"...

            (Martelons-le une fois de plus — c'est tellement rare et bon d'avoir pour une fois une quasi-certitude : "ce n'est pas le travail qui manque ou qui manquera, c'est l'argent pour le rémunérer". )

            En revanche

            ce qu'il dit d'une "nécessaire" réforme des normes comptables, la nécessité de se débarrasser d'un "idéologisme" qui paraît certes pernicieux, en l'occurrence le fait d'avoir "sanctifié" l'idée que la rémunération des travailleurs est un coût et celle des actionnaires un (partage du) profit — au lieu, j'imagine, de les laisser par exemple toutes les deux du même côté de la 'bottom line' du compte de résultat — sachant que dans l'imaginaire (?) collectif, il est quasi-universellement ancré que les coûts sont à réduire et les profits à maximiser...
            ... de même, l'idée qu'on aura le plus grand mal à ramener notre empreinte écologique à 1 planète max (au lieu d'1,6 aujourd'hui, avance-t-il), tant que la nécessité de la "croissance" continuera à être imposée par la nécessité de rembourser tout capital avec intérêts...

            ... ne sont-ce pas là des pistes sur lesquelles converger ?

            NB : je n'ai jamais lu de bouquin de Jorion, à peine son blog, en revanche, j'ai visionné son passage dans le 'prime time' de France Inter le 25 mars dernier : http://www.franceinter.fr/emission-le-79-paul-jorion-ce-monde-passe-en-mode-cataclysmique)

          • Pas le temps de répondre à tout. Je ne reproche pas tellement le catastrophisme de Jorion qui a un rôle de piqûre de rappel, même si au contraire du soliton je ne crois pas que les catastrophes s'ajoutent, simplement cela n'aura pas plus d'impact que les précédents. Il y a besoin de lanceurs d'alerte mais il y a besoin surtout de solutions et c'est là où il se plante en dehors de la finance.

            Le coup de se persuader que ce ne serait qu'une question de mots d'appeler les salaires un coût est d'une grande bêtise. On n'est pas dans un jeu dont on choisirait les règles. Il est vrai que les actionnaires sont d'un coût exorbitant mais ils sont en position de force avec le chômage de masse et la fluidité des capitaux. C'est comme Lordon qui croit très malin de dire que les actionnaires ont besoin des travailleurs plus que les travailleurs n'ont besoin des capitalistes. Pourquoi alors chercher du travail chez les capitalistes et ne pas travailler tout seul ? Les salariés ont besoin des capitaux et d'autant plus là encore qu'il y a un chômage de masse. L'idée que la croissance serait nécessitée par le remboursement des intérêts est une autre connerie, comme si on n'avait pas affaire à un système de production très matériel.

            Je ne crois pas trop aux low techs bien que certaines s'imposeront mais toutes les techniques s'améliorent (s'humanisent) et Bihouix, c'est un peu comme Cochet, pas fiable du tout malgré leur bonne conscience. Il ne suffit pas d'être catastrophiste pour être dans le vrai, les chiffres cités sont souvent trompeurs même s'ils sont "exacts" ne tenant pas compte des progrès depuis notamment. Il y a de vrais problèmes comme le phosphore mais l'énergie n'est pas un problème, seulement de transition. Beaucoup de bêtises sont dites par beaucoup de gens, fort sympathiques par ailleurs. Ce qui n'aide pas à prendre les bonnes décisions, à défendre les bonnes revendications. On ne peut pas s'entendre (mais chaque vedette croit qu'il va convaincre tout le monde).

          • J'ignorais l'utilisation de l'image du "soliton" par Jorion (qui date pourtant de novembre 2014, apparemment, http://www.pauljorion.com/blog/2014/11/06/la-question-du-soliton-est-devenue-indecomposable/).

            Merci pour ces éclairages et ces réponses une fois de plus très complètes malgré le manque de temps que tu évoques (j'ai bien conscience d'en abuser à nouveau un peu et m'apprête à m'efforcer de faire silence et laisser place pour quelque temps 🙂 )

            Je pense notamment avoir les idées à nouveau un peu plus à l'endroit à propos du fait qu'effectivement normes comptables et comptabilisation des intérêts sont dérivées (effets plutôt que causes) de la réalité matérielle de la logique d'accumulation du capitalisme (jusqu'au prochain corrigé 😉 )

          • Le plus sidérant chez Jorion, c'est qu'il veut instaurer un salaire compensatoire, chaque fois qu'une machine supprime un job, pour ceux qui auront perdu le job.

            Ca fait penser aux protectionnistes qui pensent savoir dans quel pays est produit un objet ou un service, oubliant complétement le fait qu'il faut une armée de contrôleurs de gestion pour définir pour chaque produit ou service quel pays a participé. Autant dire une usine à gaz ingérable pour le service public.

            Déjà qu'avec les optimisations fiscales les services publics sont complètement débordés, alors si on rajoute une usine à gaz made in Jorion...

          • "L'idée que la croissance serait nécessitée par le remboursement des intérêts est une autre connerie, comme si on n'avait pas affaire à un système de production très matériel."
            Je ne vois pas pourquoi dans un système où causes et effets sont entremêlés, les intérêts et la croissance ne seraient pas liés. L'argent, c'est très matériel aussi.
            Pourquoi aurait-on besoin de croissance?

          • La croissance, ou ce qu'on appelle le "cercle vertueux de la croissance" est une boucle de rétroaction positive auto-entretenue. Si on a "besoin" de la croissance dans une société ouverte, c'est que c'est un facteur de puissance (c'est sa croissance qui a fait de la Chine une puissance). Sans croissance, on s'appauvrit relativement et on engendre du chômage. Il se trouve que le capitalisme est le plus producteur de croissance car fondé sur la plus-value, c'est-à-dire l'augmentation de la productivité (par l'investissement dans des machines) et toute la société salariale (cotisations, impôts) s'est construite sur cette croissance (associée normalement à l'inflation). Le capitalisme industriel est basé sur le fait que la plus-value obtenue par l'augmentation de la productivité est supérieure au taux d'intérêt de l'argent qui dort.

            Il est possible (probable) que l'économie post-industrielle ne produira plus de croissance une fois la globalisation achevée et la population mondiale stabilisée ou décroissante (quand ?). Il faudra tout réorganiser mais cela n'empêchera pas le prêt à intérêt (comme gain de temps).

          • ".... Il faudra tout réorganiser "

            Pourquoi serions nous en capacité de réorganiser quoi que ce soit alors que nous nous soumettons à une productivité organisatrice ?... Qui à un moment donné (démographie , mondialisation "achevée" , catastrophe financière , économique ,écologique majeures) devra faire place à une autre organisation ? ....
            Ne seront nous pas alors , en situation encore moins propice à toute réorganisation ?
            Le "cercle vertueux de la croissance" est un cercle vicieux ; ce n'est pas idéaliste de le dire ; le fait que les propositions politiques actuelles le soient ne contredit pas ce constat ; le fait que ce soit la volonté de puissance des états qui alimentent ce cercle vicieux est une vérité qui par sa dureté devrait effectivement nous empêcher d'en rester à l'anticapitalisme primaire et de remuer l'illusion ; il faut aller un peu plus au fond des choses et formuler la proposition du local dans un monde ouvert ; ce qui est déjà un début de réorganisation.

          • à JZ
            Ah ! Parce qu’à soixante balais vous ne trouvez pas que la Vie c’est un peu n’importe quoi ? Au bout de quinze ans j’avais compris que cela serait pénible, mais qu’il fallait rester pour voir… Non, je ne m’excuserai pas de prendre du plaisir à vous lire, d’ailleurs rien qu’à voir votre mine réjouie sur votre bandeau d’accueil, cela me met à chaque fois en joie… J’y peux rien c’est ma nature… Non, je n’irai pas vomir, ma lecture achevée et je conseillerai même votre blog à quelques amis… Quant à perdre mes espérances, cela fait très longtemps que c’est fait… D’où mon regard sur les autres, je me dis comment font-ils ?... Et j’ajoute au nom de quoi et pourquoi je briserais ces quelques instants ? Que chacun mène ses expériences jusqu’au bout et comme il l’entend !...
            Ceci dit et pour en revenir à notre sujet, c’est mon gamin qui me disait : c’est bien ce qu’il écrit Jean Zin, mais qu’est-ce qu’il fait à part attendre de mourir (les jeunes sont comme ça…)… Ben, lui répondis-je, il fait comme tout le monde, il s’occupe avant de passer à autre chose ; d’ailleurs j’espère que tes copains de Google ne vont pas trouver une saloperie pour faire durer le « plaisir »… En même temps, dans ma famille, on a l’habitude de se pendre avant de coûter trop cher à la collectivité…
            Vous concernant, il me semble que l’occupation que vous avez trouvée et que vous exercez avec un certain talent ne semble pas vous rendre pleinement heureux, sinon vous aimeriez davantage les gens… Vous trouvez Lordon « brillant ?» (je ne vois pas ce que vous voulez dire, à l’oral ?) moi pas, il manque totalement de rythme et sa voix ne porte pas… Et nul (à l’écrit ?) là, je pense que c’est un peu fort, j’ai connu plus nul, mais je laisserai chacun se faire son opinion… Tout ceci reste très subjectif, Jorion par exemple a des tics de langage qui m’insupportent ; on ne peut pas comparer ces gens avec un type comme Mélenchon car c’est le tribun et la foule devient public… Il ne faut pas oublier qu’à cet instant précis, tout cela n’est que spectacle !!! Je crois que c’est ce qui vous manque, ce que dans le fond vous enviez à ces petits coqs… Mais ce n’est que du travail et même les naturellement bons devront travailler… A ce propos, j’aime bien m’écouter un petit Franck Lepage de temps en temps… rien que pour l’exercice.

            Enfin, en vrac , descendre Lordon comme cela ne présente aucun intérêt pour moi, il y a beaucoup plus dangereux ; personne ne vous demande d’aboyer avec la meute car vous avez décidé que personne ne doit savoir que vous existez ; la gueule de bois c’est souvent après une fête, c’est toujours ça de pris ; on ne sait pas la tournure que peut prendre pareil mouvement et tout ce qui peut l’amplifier me plaît, je n’irai pas jusqu’à m’enthousiasmer… Et les enjeux, je vous avoue que cela me dépasse un peu, toutes ces théories mises bout à bout me filent le tournis…

            Amicalement

            PS : Quand je pense qu’il y a quelques temps je voulais publier quelques uns de vos textes, vous imaginez le boulet pour un éditeur, vous auriez été capable d’expliquer, après coup, que vous aviez écrit de la merde. Tu parles d’une promotion !!

          • Eh bé, vous l'avez échappé belle ! C'est St Thomas qui disait de son oeuvre à la fin de sa vie "sicut palea", comme du fumier. Je peux bien me dire que tout ce que j'écris ne sert à rien mais je ne vois pas que j'ai à me désavouer les idées que je défends certes très inaudibles au départ gagnent plutôt les esprits même si c'est trop lentement. Ma propre folie sans doute me fait encore considérer qu'un certains nombre de mes textes valent mieux que tout ce qui se produit depuis des années mais je ne la ramène pas trop pour autant, me limitant à m'exprimer sur mon blog.

            Je n'envie pas du tout les petites célébrités du moment, m'étant dérobé le plus possible à toute médiatisation (même simples vidéos, il y en a peu), ce qui ne veut pas dire que je m'y refuserais toujours si je pensais que cela avait une chance d'être utile. Il me faut dire, d'ailleurs, que j'ai regretté de mettre Jorion dans les petits coqs, ce qui ne lui correspond pas trop même si son succès lui monte un peu à la tête et le conforte dans l'erreur. Je l'aime bien quand même et ne donne mon avis que parce qu'on en parle. Il ne s'agit pas d'insulter les gens mais de réfuter des erreurs qui mènent à des impasses.

            Certes, je déplore la connerie humaine qui modère mon amour du prochain, j'aime pourtant beaucoup les gens - surtout les femmes - même si je préfère aimer à distance. Je ne suis certes pas heureux de l'état du monde et ne prétends pas l'être ni faire plaisir à mes lecteurs (ce qui n'empêche pas d'en rire).

            Ce n'est pas que spectacle, passe-temps, spéculations, émotions. Ce qui semble échapper, c'est que je vise la vérité, rien que ça, et de vraiment transformer le monde, ce qui implique de mesurer notre impuissance, de sortir donc des illusions pour faire la seule chose possible, une adaptation au réel qui soit la meilleure possible, sans doute pas grand chose au regard de nos idéaux mais qui reste vital. Certes, je voudrais ne pas parler pour rien, ce qui n'est pas prouvé encore mais il est un peu fort de prétendre que je n'aurais rien fait sous prétexte que j'ai dû prendre ma retraite et que la période est défavorable (ce ne sera pas toujours le cas, la simple expérience d'une droite dure suffirait à retourner l'opinion).

            Si ma parole avait quelque poids, je ne dirais rien qui puisse briser un hypothétique élan mais ici, je peux juste donner mon propre avis et trouve extraordinaire qu'on puisse faire comme si on n'était pas dans une période de droitisation extrême et de rapports de force défavorables. Si je me trompe, j'en serais ravi, mais je ne vois pas comment. Que ceux qui veulent continuer de rêver, qu'ils rêvent. Il faudra bien des gens plus sérieux pour régler les problèmes même s'ils sont moins brillants.

  9. Les exemples que je cite sont tous véridiques, je les ai vu faire, en tant que réalisations au plan local, par des élus, des directives ( ou des modes) édictées par des experts au plan national, européen, mondial. C'est pourquoi il faut veiller à se méfier des formules toutes faites et facilement reprises comme " Penser global, agir local". J'ai eu le temps de vivre sur 70 ans ce que ça donne...

    • Cette façon répétée chez vous J.Z. de ne supporter personne, ou de s’en prendre à tous ceux qui pensent autrement que vous- à propos des choses dont vous parlez- est en retour insupportable et je partage les réactions de Théo. Souvent je me demande pourquoi je poursuis la lecture de ce blog.
      Sans doute parce qu’il y a chez J.Z. des coups de génie dans la manière d’assumer l’ambiguïté de toute analyse des réalités en évolution. Comme d’écrire ici : « Ce que j’écris n’a aucun effet, mais les réalités dont je parle finissent par s’imposer » Soit une phrase de haute portée philosophique générale, sous réserve que l’auteur n’entretienne pas par là l’illusion de croire que l’avenir lui donnera raison, ou bien au seul parti pris de ses propres hypothèses. C’est par une approche multiple, car toujours limitée ou réduite ( c’est vous. qui me l’avez répété et m’en avez convaincu !) que peu à peu les réalités se révèlent pour ce qu’elles sont. Elles dépassent tous les points de vue des auteurs et lecteurs attentionnés à leur propos ! Il est donc vain d’insulter les autres chercheurs en économie politique, en les disqualifiant comme « coqs » ou « nuls » ou démagogues, ou populistes, etc…

      • Oui, je suis consterné par la connerie humaine, c'est massif et ne m'en soustrais pas, je m'en excuse car effectivement, cela veut dire qu'on ne peut "faire confiance à l'humain" qui nous égare à chaque fois (errare humanum est). C'est un problème pour la démocratie.

        • "Oui, je suis consterné par la connerie humaine, c'est massif et ne m'en soustrais pas, je m'en excuse car effectivement, cela veut dire qu'on ne peut "faire confiance à l'humain" qui nous égare à chaque fois (errare humanum est). C'est un problème pour la démocratie."

          Croire en la démocratie , comme le meilleur régime politique possible c'est croire que le vote de la majorité des électeurs peut être intelligent.
          Ce n'est pas nier la connerie humaine comme un fondamental , c'est croire que dans une situation propice permettant information et réflexion la majorité des votants peut faire des choix valides.
          Le problème majeur de la démocratie c'est sa difficulté à émerger.(et à durer)
          Pourtant ,renoncer à la démocratie comme organisation de l'information ,du débat et du référendum , c'est signifier qu'on y croit pas ou plus.
          Le constat répétitif de la connerie humaine et le fait réel et récurrent qu'on ne puisse pas se faire confiance n'annule pas pour autant le besoin de croire , ce besoin étant lui aussi constant depuis toujours et tout comme la connerie ,il nous fonde .

          • Nous ne devrions pas nommer " connerie" cette faille ouverte liée fondamentalement à l'humain dans son milieu. Il s'agit de la ruse, la fourberie, le mensonge, la bonne conscience qu'on affiche au regard des autres. Soient autant de contreparties de la puissance donnée par l'accès au langage. C'est cela qui constitue " le fait réel et récurrent qu'on ne puisse pas se faire confiance". Rien à voir non plus avec la " bêtise" justement car pas de référence possible pour les bêtes à un absolu accessible de la connaissance, pas d''illusion - seulement humaine- de prétendre à une capacité de calculer une fin heureuse à leur histoire?

          • A LucB

            Oui ,définition très limitée de la démocratie au milieu de quelques lignes de commentaire. Néanmoins définition quand même consistant à dire que la démocratie est un régime politique organisé pour que les décisions structurantes soient prises par tous au bout d'un processus d'information ,réflexion et débat ouvert à tous.
            C'est le cœur de la démocratie : l'accès de tous au pouvoir concernant les décisions engageant le long terme , au local , au national , et au delà.
            C'est donc une définition précise n'annulant pas la démocratie représentative qui même amendée et améliorée en tous sens reste secondaire.

            A pierre ch.

            Oui "Nous ne devrions pas nommer " connerie" cette faille ouverte..." mais c'est si difficile d'en parler ! ....Connerie ou limites cognitives sont des expressions beaucoup plus aisées(pour moi) à employer que le bien , le mal , l'amour.....C'est pourtant vrai que le travail de prédation mené contre les hommes et le milieu par d'autres hommes , nous mêmes y étant toujours impliqués par un bout , ne peut être réduit à des limites cognitives .

            ......Mais tout cela ne fait pas bien avancer les choses sur la question de quoi faire sur un plan politique ?

    • Très bon le dessin. Le problème, des expériences précédentes d'occupation des places à Paris (ni droite, ni gauche ?), c'est qu'elles sont parasitées par des soraliens et autres populistes identitaires (citoyen ordinaire).

      Le portage salarial est l'une des fonctions supposées assurées par une coopérative municipale.

  10. Il faudra tout réorganiser mais cela n'empêchera pas le prêt à intérêt
    (comme gain de temps).

    ... Et intérêt comme rémunération du risque pour le prêteur, aussi (ce qui au passage légitime parfaitement que certains prêts ne soient pas remboursés, voire certaines dettes annulées ?... Même si le bon mode d'effacement des dettes reste l'inflation... )

    • Petit essai sur la connerie :
      Il existe en français un riche vocabulaire précisant en quoi les conneries peuvent consister. Tout d'abord, la connerie n’est pas incluse dans la matière de la chose dont on parle, elle porte sur la forme selon laquelle cette matière est qualifiée par nos prédicats .
      Au plus près de la perception sensible, il peut y avoir bévue : mauvaise vision, par double déchiffrement possible, ou malentendu. ? Ou bien du fait d’ ambiguïtés ou d’une multivocité du signe perçu, indicatif ou indice d’une action, il peut y avoir méprise ( mauvaise prise, défaut d’affordance)? Plus intériorisé il y a le *fourvoiement ( défaut d’interprétation) et l’égarement ( confusion avec d’autres expériences antérieures portant sur des sujets proches, mais aussi absence ou distraction. La gauche par exemple s’est égarée. Il y a aussi le dérèglement : nos perceptions actuelles sur la réalité viennent en dérogation des normes sociales ou sociétales auxquelles l’habitude et l’apprentissage nous avaient formatés. En ce moment nous vivons en phase de dérèglements, ce n'est pas des conneries! Parce que dans le processus d’abstraction intellectuelle la forme du prédicat devient matière d’une nouvelle prédication ( selon le principe de plasticité de son monde pour tout être vivant?) nous tombons aisément dans l’illusion… de prendre nos constructions d’images pour le reflet du réel.
      **Affordance* : capacité de quelque chose à suggérer une offre d’utilisation

      • Sur la connerie collective (dès qu'on est plus de 4 on n'est plus qu'une bande de c....), c'est surtout la lutte des places et la peur de se faire éjecter du groupe qui motivent cette connerie. Et corolairement la dictature du "pour ou contre" (qui se retrouve aussi en démocratie lors de votes prématurés, sans objet ou à côté de la plaque).

  11. Effectivement, même si la bêtise des chats nous réjouit souvent, on ne devrait pas appeler bêtise une connerie humaine qui tient au langage, au fait de parler de ce qu'on ne connaît pas et de préférer le dogme aux réalités, de faire confiance à des raisonnements logiques jusqu'à la psychose et se fier un peu trop aux valeurs, aux bonnes intentions qui pavent notre enfer, à une quête de sens aveugle. Car, je le répète souvent, le mal se fait au nom du bien, ce qui arrive rarement aux bêtes...

    Ma position est cependant assez originale, n'étant pas du tout celle de Platon puisque je ne crois pas du tout que philosophes et savants seraient épargnés par la connerie. Il n'y a pas le peuple ignorant et les intellectuels qui le guident. La connerie des philosophes est au contraire éclatante, en commençant par les âmes ailés de Platon et son horrible République. Aristote est plus raisonnable mais il ne faut pas aller voir du côté de son astrologie divine. Toute la scolastique est un délire, confrontée aux contradictions de la religion. Jusqu'au XVIIIè la philosophie restera obsédée par l'idée de Dieu (et les preuves de son existence). Descartes débite ses conneries mécanistes au kilomètre. La connerie n'épargnera ni Kant, ni Marx (sans parler de Fichte, Schelling, etc). L'idée d'un roi philosophe est dangereuse (le nazi Heidegger s'y est cru).

    Une démocratie tempérée reste le moins pire, ce n'est pas l'idéal qu'on s'imagine. On le voit dans les sciences qui ne peuvent pas être démocratiques (ce n'est pas le vote qui décide qui a raison mais l'expérience). Il est bizarre que ne soit pas plus connu que les sciences loin de célébrer notre intelligence sont basées sur nos limites cognitives et la remise en cause de nos représentations et préjugés que l'observation fait voler en éclat. Une intelligence collective se construit avec les sciences sur la base même de notre errance, sur le fait qu'il n'y a pas d'accès à l'être et qu'on recouvre le réel de sens mythiques (qu'on le met en récit, qu'on se raconte des histoires). Je traque les délires même dans les sciences les plus exactes comme la physique, il n'y a donc pas d'échappatoire avant l'expérience. Les non physiciens croient qu'on sait presque tout alors qu'il reste tant de théories folles témoignant de tout ce qu'on ignore encore. Ce qui apparaît beaucoup plus au public, c'est le caractère incertain de l'économie et la division entre théories contradictoires souvent figées en idéologies opposées refoulant le réel qui les dément. Se persuader qu'on aurait raison dans ce capharnaüm est se croire bien supérieur alors qu'on est si ignorant. Il ne suffit pas de ne plus croire en Dieu pour connaître la vérité, il ne suffit pas d'être un économiste critique, hétérodoxe, atterré pour avoir raison. La connerie règne ici comme partout ailleurs, dont la RTT est le symbole actuellement.

    J'avais commencé avec "le frimeur, l'idiot et le vendu" à montrer qu'il ne fallait pas compter sur une démocratie idéale, et, en listant tous les "biais cognitifs", qu'il fallait tenir compte de notre "commune connerie" tout au contraire de la mythification d'une démocratie directe. Il n'y a de véritable démocratie qu'au niveau local, de face à face, ce qui ne veut pas dire que ce soit le paradis nos rapports avec nos voisins. Avec le spectacle de l'imitation de la démocratie des places, on est dans la caricature, le semblant, mystique du mouvement social dont l'esprit va renaître (là où vous serez plusieurs réunis en mon nom, je serais avec vous). La réalité politique est toute autre, avec des enjeux réels pour lesquels il ne suffit pas d'être aussi ignorant que tout le monde. La démocratie n'est qu'un mode de décision, pas l'expression d'une volonté générale ne reposant que sur elle-même alors qu'elle est contrainte par l'état de droit et les forces matérielles.

    Il faut partir du constat d'une intelligence collective inexistante pour avoir une chance d'en construire une comme dans les sciences. Qu'il y ait des contraintes matérielles de reproduction et qu'on ne fait pas ce qu'on veut n'implique nullement qu'on irait toujours vers le pire, seulement que notre marge de manoeuvre est réduite et surdéterminée. Cela ne veut pas dire non plus qu'on n'aurait pas besoin de mouvement social, de participer au rapport de force contre les dominants, de faire valoir notre solidarité sociale, seulement qu'on ne choisit pas ses combats, qu'il ne faut pas se tromper de cible et qu'il ne suffit pas d'être 300 pour abattre un empire. Tout combat a besoin d'une stratégie qui n'a de chance de réussir qu'à coller au terrain au lieu de miser sur la force de conviction.

    La faiblesse actuelle de la gauche a plusieurs causes, liées à l'économie, au chômage mais beaucoup aussi à cause du bouleversement numérique, du changement de paradigme qu'elle ne peut intégrer, un retard sur la réalité qui ne laisse place qu'à des rêves inconsistants, à un refus du réel qu'on va prendre en pleine gueule. Prendre le réel à pleine main, voilà ce qu'il faudra faire une fois réveillé, quand on ne se prendra plus pour des prophètes visant la lune et qu'on prendra conscience de l'étendue de notre ignorance comme de notre connerie abyssale qui s'étale pourtant devant nous, à la télé, sur les réseaux sociaux et sur les places...

    • "Une démocratie tempérée reste le moins pire, ce n'est pas l'idéal qu'on s'imagine"

      Mieux vaut toujours la modération ; pourtant la condition nécessaire à une démocratie modérée est un niveau de vie acceptable par le plus grand nombre : une certaine richesse partagée. On ne crie démocratie réelle (et moins modérée) qu’à partir du moment où l’enrichissement pour tous se dérègle.
      Le régime politique n’étant comme on le sait que le reflet de la situation d’un pays au regard de la production et du partage de richesses.
      A partir du moment où on est en crise systémique, le maintien d’une démocratie modérée n’est peut être plus le bon choix . Une démocratie plus stricte est peut être préférable à un laisser aller modéré qui laissera place à un régime autoritaire.

      "La démocratie n'est qu'un mode de décision, pas l'expression d'une volonté générale ne reposant que sur elle-même alors qu'elle est contrainte par l'état de droit et les forces matérielles."

      La démocratie n’est effectivement qu’un mode de décision et non l’expression d’une volonté populaire divinisée. Mais c’est la qualité du débat adossé à la décision qui rend intéressant ce régime politique qui en fait repose sur le débat , la recherche et donc l’humilité : personne n’a raison au départ. Même si ce n’est pas parfait et que les décisions qui émergent peuvent , après expérience , se révéler erronées, c’est néanmoins un mode de décision à défendre mordicus.

      "Tout combat a besoin d'une stratégie qui n'a de chance de réussir qu'à coller au terrain au lieu de miser sur la force de conviction."

      Là je donne ma langue au (con) de chat . J’ai le sentiment qu’il faut parvenir à rétablir le mode de décision démocratique et qu’il faut relocaliser. Deux choses liées qui structurellement ouvrent d’autres perspectives( sans pour autant croire au paradis sur terre)

      • La "stratégie", c'est juste l'opposé du volontarisme constructiviste, c'est un judo avec les forces en présence (encore faut-il ne pas croire qu'on représente la force populaire à soi tout seul). Quand son camp est défait, il n'y a pas grand chose qu'on puisse faire sinon préparer le coup suivant.

        Ce qu'on peut donc faire, en attendant, c'est d'essayer de faire prendre conscience du monde qui vient, de l'économie numérique globalisée transformant le travail et de l'importance de la démocratie et de l'économie locale. Je répète souvent que cette prise en charge de l'économie locale avec une monnaie locale et une coopérative municipale, c'est des emmerdements, pas du tout facile.

        C'est un travail nécessaire aussi de réfuter les fausses solutions comme la RTT (il suffirait d'obliger tous ceux qui travaillent 39h à travailler 35h et il n'y aurait plus de chômage !!). Il n'y a pas actuellement de parti pouvant porter un tel discours (un parti communaliste), cela ne sert pour l'instant à rien mais vaut mieux que de continuer à nourrir des illusions parce que c'est trop sympa. Organiser les alternatives par le bas est également utile et se fait petit à petit mais il faudrait que les alternatives elles-mêmes soient moins idéalistes et plus ouvertes à toute la population.

        Pour la qualité des débats en démocratie, je ne suis pas très optimiste dans le contexte actuel malgré tous les moyens de communications à notre portée. Il y a un seul exemple peut-être, celui du référendum - et qui n'a servi à pas grand chose sinon à l'éclatement peut-être de l'Europe ? Le contre-exemple type, ce sont les débats sur le travail organisés depuis plus de 20 ans et qui ne servent à rien, chacun restant sur ses positions. Certes, plus les questions sont concrètes (locales) plus les débats peuvent déboucher sur un consensus mais plus on s'élève vers les principes et plus c'est conflictuel.

        C'est bien sûr la misère du peuple qui alimente le populisme et l'appel à un pouvoir fort. Hitler tirait les larmes en parlant de tous ces chômeurs délaissés par tous qui se suicidaient (et qu'il a vraiment remis au boulot - ou engagés dans l'armée). A ce jeu, c'est le plus démago qui gagne (un scandale financier pourrait neutraliser le FN quelque temps ?). Je n’appellerais pas cela une démocratie radicale, pas plus que ne l'était réellement la république des soviets.

        Je crois cependant que cette période réactionnaire ne peut être que de courte durée face à l'accélération technologique mais qu'elle inaugure une période plus durable de réduction des inégalités.

        La seule façon d'être un peu moins con est de prendre conscience de sa connerie, pas de se croire moins con que les autres, ce qui est très difficile, pas notre pente naturelle.

        Comme disait Fontenelle : "Tous les hommes se ressemblent si fort qu'il n'y a point de peuple dont les sottises ne doivent nous faire trembler".

          • J'ai participé au débat et défendu le non à la concurrence libre et non faussée. Je ne le regrette pas mais c'est incontestablement le début du reflux de l'Europe et, hélas, du retour du nationalisme/souverainisme. La victoire du Non n'a pas changé l'Europe, juste fragilisée. Les problèmes de l'Euro et de l'immigration se seraient posés quand même mais peut-être moins facteur de désagrégation. Pas sûr. Si l'Europe éclate, c'est aussi qu'elle a grossi trop vite (dialectique classique). Ce qui est sûr, c'est que les différents référendum poussent à la sortie de l'Europe. Il est désormais devenu possible, et peut-être souhaitable, que l'Europe se défasse pour se refaire sur de meilleures bases (ou contre un ennemi). Je ne crois pas qu'on ait vraiment la main dans ces processus dans lesquels on est pris.

            Ce que je voulais signaler, c'est que même un moment démocratique exemplaire ne débouchait pas du tout sur une quelconque souveraineté. On change facilement de personnel politique et on peut même changer de constitution, on ne change pas le système de production, les modes de vie, les rapports de force ni les contraintes extérieures ou l'évolution technique (notre monde).

          • "On change facilement de personnel politique et on peut même changer de constitution, on ne change pas le système de production, les modes de vie, les rapports de force ni les contraintes extérieures ou l'évolution technique (notre monde)."
            C'est certain . Pourtant ce qui est ,malgré tout ,intéressant c'est de porter le débat sur le fond : comment les modes de productions et les modes de vie et les innovations structurent et façonnent la société ; il y a qu'aussi le mode d'organisation politique est structurant ; ce n'est pas du tout la même chose de seulement désigner des représentants en alternance ou d'utiliser au mieux le référendum . Et ce n'est pas le même chose d'écrire soi même la constitution ou subir le dictat de représentants . Quant aux "circonstances extérieures" si Poutine ou autre devient fou et bombarde ,c'est difficile d'y échapper ; ce qui n'empêche pas de chercher à mener des politiques extérieures nobles mais réalistes.
            Bref il faut ne jamais perdre le fil de deux tensions : l'une qui qui montre à quel point et comment on est dépendant (constat), l'autre qui cherche à orienter ces dépendances dans le sens d'une société plus humaine et plus durable (projet). Pas d'idéologies mais pas de fil de l'eau.

    • La connerie me parait effectivement la clé de voute de l'humanité qui se croit intelligente en se cachant derrière le petit doigt de quelques géants de la pensée, ou de crétins de la croyance, qui pouvaient par ailleurs se raconter de gigantesques conneries.

      Je me suis rendu compte de cette réalité, la mienne de connerie tout d'abord, toujours à l'affût, mais tout de même surtout de celle de ceux qui m'entouraient, aussi bienveillants se rêvaient ils.

      Même pas un mois dans une boite en France qui se la joue start up et je suis viré, alors que j'avais apporté en un temps record des idées très prometteuses. Ces pauvres cons seront probablement jetés d'ici 6 mois par leur sponsor tellement ils sont nullards et sclérosés, ou alors mes idées et recherches leur sauveront in extremis la mise.

      C'est au quotidien qu'il faut se farcir la crétinerie, la vulgarité, l'incompétence, la malhonnêteté.

      Les cadres dirigeants de boites en France sont d'une connerie incroyable. Les entreprises allemandes, américaines ou japonaises n'ont qu'à se frotter les mains.

  12. Jean, je vous propose d’écrire un nouveau billet sur la question des écarts et des correspondances entre l’Intelligence Artificielle (IA) et l’Intelligence Humaine (IH)
    Les questions que je pose :
    1.Le vivant est agi par des réactions chimiques: L’action est déclenchée en réactions à des bruits, des couleurs, des odeurs, des goûts. Ce qui semble déborder le pur concept de « chimie » ?
    2.Peut-on affirmer que le vivant est régi par des signaux électro-magnétiques porteurs d’information, comme pour l’IA.? Ou bien les signaux électro-magnétiques ( dans les circuits nerveux et des réseaux de neurones) ne font-ils que communiquer l’information reçue à partir des signaux modélisés depuis l’extérieur ?
    3. Je conçois facilement que des machines puissent élargir les possibilités d’exploration sensorielles dont disposent de manière limitative les différentes espèces vivantes (en quelque sorte il s’agit de prothèses qui font la preuve de notre créativité scientifique) , afin de les utiliser pour l’activité d'exploration humaine. Mais j’ai beaucoup de réticences à admettre que des machines complexes puissent mémoriser des schèmes abstraits dans une élaboration qui nécessiterait une plasticité dont elle n'aura pas le secret : reconnaissance de formes, déconstructions et constructions de formes, d’où naît du sens ? Attention je ne parle pas d'art, mais de science,et bel et bien d'élaboration de connaissances!
    4. Je n’ai pas encore lu le dernier livre de Paul Jorion qui semble envisager que l’humanité puisse tomber sous la domination intelligente des robots qu’elle aura créés, mais je n’en entrevois pas même la possibilité. Par contre je crois l’humanité assez « conne »pour s’imaginer capable de créer une Intelligence Artificielle plus puissante que le monde de « chair » qui constitue notre réalité et de l’utiliser pour détruire ce que M.W. Debono nomme « la plasticité active du vivant » ? Je crois l'humain assez con pour entrevoir une "ère de l'information" comme celle d'une toute puissance surhumaine?

    • Comme je ne considère pas les humains comme très intelligents, bien que surpassant largement leurs cousins chimpanzés, il ne m'est pas difficile de considérer les machines plus intelligentes que nous. Ce n'est pas facile à admettre pour notre narcissisme mais cela fait longtemps que j'ai dû m'y résoudre lorsque je programmais (sans debugueurs à l'époque), il était évident que la machine était plus forte que moi (d'ailleurs, comme beaucoup de programmeurs, je n'arrêtais pas de dire "quel con" en découvrant mes erreurs).

      Cela n'est en rien gênant mais une aide précieuse que la machine calcule plus vite et mieux que nous. On a beaucoup à attendre de l'IA et des Big data (macroscope) nous permettant de mieux connaître le réel et prendre de meilleures décisions. Cela n'empêche que ces intelligences ne sont jamais généralistes et sont encore très loin de nos performances notamment pour le langage. On y arrivera sans doute par imitation du cerveau comme les réseaux de neurones (et leur plasticité) nous dépassant déjà dans la reconnaissance de forme. Il est difficile de se projeter dans le futur qui n'est jamais celui imaginé par la science-fiction, l'avenir restant ce qui est imprévisible car on ne peut jamais prévoir l'après-coup (Hegel disant que la compréhension vient toujours trop tard). Plutôt que des machines qui seraient nos doubles mécaniques, je crois plutôt à une hybridation, des hommes augmentés avec la puissance numérique, comme c'est déjà le cas. La question est de toutes façons prématurée car on n'en sait pas encore assez sur le cerveau pour savoir ce qui peut nous différencier comme vivant mais il semble bien qu'une fois qu'on aura compris, on saura l'imiter?

      Le vivant, ce n'est pas la chimie car par la sélection, le biologique ne s'intéresse pas tant à ce qu'est une molécule, sa composition, qu'à ce qu'elle fait. Le génome est une mémoire de ce qui marche, c'est de l'information codée, transformée en protéines qui sont des nanomachines en réaction à des signaux déclencheurs (le signal peut être faible et la réaction massive). C'est toujours l'extérieur qui modèle les corps (évolution) et les esprits (apprentissage).

      On peut bien dire qu'on est régi par nos neurones et par des phénomènes électro-chimiques mais cela n'a pas grand sens, pas plus que de dire que le numérique serait régi par des câbles en cuivre. On est plutôt régi par notre environnement, nos sens (information) mais surtout par nos réseaux (relations, appartenances, fonction). J'ai parlé d'humanisation du monde car dès qu'on est dans le langage, l'humanité est à l'extérieur plus qu'à l'intérieur (technique, culture, sciences, discours). Il n'y a donc aucune puissance surhumaine, c'est toujours l'évolution qui continue à travers la technique et pourra bien nous remplacer comme espèce. Nous n'avons pas fait la preuve que nous dirigions notre évolution, s'adaptant plutôt dans l'urgence. L'IA pourrait cependant nous y aider, nous aider à survivre et corriger nos dévastations.

      • J’entends bien vos arguments, et vous remercie d’avoir répondu à mes questions. Toutefois, heureusement pour moi, je n’ai jamais pensé qu’un fil de cuivre régirait le courant électromagnétique qui le parcourt ! Justement on aurait besoin de bien savoir vulgariser la différence entre communication d’une puissance virtuelle codée par des techniques de communications traditionnelles ou recodifiable numériquement, susceptible d’être reçue et interprétée comme un acte véritable ou pas d’information. A mon petit niveau de compréhension j’utilise ici les mots anciens d’Aristote : Puissance et acte en écho aux deux moments distincts entre un stock d’information possible et sa communication en transit ? On utilise des hautes technologies sans apprendre comment ça marche. C’est ça qui fait problème! Cela change totalement le rapport aux milieux de vie. Exemple trivial pour exprimer du ressenti : Avant les ronds-points à tous les carrefours je faisais l’expérience de mon itinéraire en créant mes propres codages sur les données du paysage local réel. Maintenant je n’ai plus qu’à suivre un itinéraire virtuellement codifié,toujours selon les m^mes codes, sans aucun rapport avec aucun paysage. Et je m’enmerde, parce que ça ne fait plus appel a mon intelligence !

        • Excusez-moi d’insister. Le « monde du rond-point à chaque carrefour » a fait de celui dont les gens de mon âge étions auparavant in-formés ( tout en l’ayant informé nous-mêmes subjectivement) un monde perdu. Nous sommes donc assimilables à des immigrés, dans un monde de nulle part. Il serait vain de se laisser aller dans le fantasme du retour, rétorquera aussitôt Jean à juste titre ! D’abord, constatons que le « regard de nulle part » est le mode de regard nécessaire à la science et aux technologies positives qu’elle a apportées, pour connaître de mieux en mieux les principes généraux de l’environnement. Par environnement j’entends ici le concept de cosmos des grecs ou de l’en soi pour Hegel., le donné général. Mais le regard de nulle part nécessaire à la science est sans rapport avec la normativité que propose un monde artificiellement codifié, rationalisé, réformé continuellement dans ses détails jusqu’à confondre tout particularisme des milieux de vie dans une acosmie du quotidien. Acosmie : désertion de toute beauté. La sécurité et le respect du code comme objectif politique général, c’est l’objectif du politique professionnel aboutissant à un monde proposant l’utopie rêvée comme idéal en soi, mais la dystopie du jugement pour soi à chaque carrefour : nous ne sommes plus initiés aux signes du paysage , mais conduits par le symbolisme creux d’un artefact ( ici un vieux pressoir, là un énorme champignon en plastique, ailleurs une soi-disant œuvre prétendue plasticienne, ou une composition de designer paysagiste , ou un jet d’eau : n’importe quoi ! Politiquement, il conviendrait de restaurer le rapport quotidien avec un monde, et pour ça redéfinir collectivement le concept de « monde ». Combien de nuits debout?

          • @pierre ch,
            moi les ronds-points je les aime bien, ils ont contribué à apaiser les comportements sur la route.
            Mes parents ne se seraient sans doute pas tués en 1978 s'il y avait eu un rond point au carrefour où c'est arrivé.

          • Quand j'étais stagiaire en Angleterre courant années 80, j'avais eu la surprise de découvrir à quel point les routes anglaises étaient déjà truffées de ronds points, je me suis vite habitué...

            Par ailleurs, les ronds points sont bien plus souples que les stops ou feux rouges.

            En revanche, de retour en France après l'Allemagne, les dos d'ânes pullulent, ici, dont certains totalement mal construits qui doivent démolir pas mal de de voitures.

            A rajouter l'administration française des cartes grises qui est une calamité, des temps d'attente invraisemblables, c'est jamais le bon document, alors que c'était le bon pour le fisc...

            En Allemagne, j'avais immatriculé ma voiture française en 3 fois rien de temps, c'était simplissime, carré, efficace, en France c'est le Bronx complet.

            Cette administration française fait perdre des millions d'heures aux francais et ensuite le gouvernement ose nous parler de productivité et de mobilité professionnelle.

            Pour signer un bail de logement, le parcours du combattant en période d'essai est costaud aussi, même si on a de quoi payer, les loueurs demandent des tas de trucs, plus une caution pour un gus en période d'essai.

            Et heureusement qu'internet est là pour aider à gérer tout ce merdier administratif infernal et coûteux. Je peux vous garantir que la mobilité professionnelle et géographique ca coûte un bras en temps et en oseille pour celui qui tente l'aventure.

            Alors vos problèmes de rond point sont assez bénins.

      • Après quelques décennies de vie privée et professionnelle, j'en arrive à la même conclusion que Jean. L'humain est mal équipé et fait un nombre invraisemblable de conneries en demeurant de surcroit très fier de les faire.

        Ma récente expérience professionnelle dans une start up de branques, ne me fait que confirmer cette tendance. Ces cons vont droit dans le mur, ils le savent et ils continuent malgré toutes les alertes, y compris les miennes, ainsi que mes idées pour les sortir leur merde innommable.

        Alea jacta est !

  13. Tout le monde admet que le rond-point avec priorité à gauche assure la sécurité routière, et moi aussi! C'est m^me très pratique quand on se trompe de direction. N'empêche qu'il figure très bien le monde purement artificiel et normatif que je dénonce et que précise Olaf par d'autres exemples.

    • Le rond point est le contre point de l'administration française. Il est simple à comprendre et à pratiquer sans besoin de flics

      Je ne dénonce pas du tout un monde normatif, mais plutôt un monde normatif complétement débile. C'est pas pareil...

      Une norme simple et efficace simplifie la vie. Le contraire d'une norme bien faite produit l'enfer administratif oppressif.

  14. C’est en 1975 qu’A.Gorz dénonça les misères de « l’idéologie sociale de la bagnole ». A partir des années 1980 la solution politique consista à mieux soumettre la consommation individuelle du temps de déplacements «aux lois de la dynamique des fluides ». En 2015, jusqu’à quel point a-t-on évité par des normes plus ou moins bien adaptées que le consommateur « ne vienne
    à l’idée que travail, culture, communication, plaisir, satisfaction des besoins, et vie personnelle peuvent et doivent être une seule et même chose : l’unité d’une vie, soutenue par le tissus social de la commune » A. Gorz, Ecologica, p.87. « Alors, la partie est-elle perdue ? » pour l’auteur, qui écrivait aussi que « pour aimer son territoire il faudra qu’il soit rendu habitable et non pas circulable » ( page 85).

  15. Vous n'avez pas idée de combien je suis enchanté de cette déconfiture bien mérité et logique.......reste plus que des cocus rageurs et atterrés.
    Dieudonné fait salle pleine 2 fois à Lyon, quand maime !
    Vous n'avez pas encore atteint le fond de la déprime, jeu vous fait confiance !

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