38 réflexions au sujet de “Intellectuel et stratège”

  1. C'était un commentaire à sa vidéo que Paul Jorion a transformé en article.

    Il faut cependant noter que c'est lui qui a pris comme titre la dernière phrase, or "rêver à mieux" ne signifie pas "rêver à mieux que notre état présent" mais rêver à mieux que les combats qu'on peut mener qui font l'objet de la phrase précédente (ce qui dépend de nous) :

    Idéalisme et volontarisme sont des impasses. Les intellectuels ne servent pas à grand chose, leurs belles idées finissent dans les poubelles de l’histoire.

    On ne choisit pas les règles de vie en société encore moins celles de l’économie, elles s’imposent à nous par la puissance matérielle qu’elles donnent et les problèmes qu’elles posent ou peuvent résoudre.

    L’économie n’est pas un discours sur la valeur mais un système de production très matériel et difficile à maîtriser, il faut toujours s’y ajuster après-coup (et de façon accéléré avec les transformations du numérique).

    C’est la puissance américaine qui valide son économie capitaliste jusqu’ici et ce sont les limites écologiques qui la remettent en cause mais sur des temporalités différentes.

    En dehors du local qui est notre terrain d’action, la seule chose qu’on peut faire, c’est de s’adapter au mieux aux conditions qui nous sont faites, le plus souvent dans l’urgence, sous la pression des événements, et constituer un rapport de force comme les Grecs essayent de le faire, et il n’y a pas tant à en espérer sinon de limiter les dégâts, quand on ne perd pas simplement la bataille à se frotter à plus fort que soi.

    Rêver à mieux, faire assaut de belles idées et de bonnes intentions n’est que disperser inutilement nos forces.

  2. Sinon, opposer intellectuel et stratège ne peut qu'attirer des critiques.

    Mieux vaudrait évoquer la figure d'un stratège intellectuel agissant opposé à un intellectuel sans bras et inactif.

    C'est d'ailleurs ce que certains vous reprochent, de penser sans agir.

    • Moi, je mérite tous les reproches, il est vrai que je ne fais plus rien, que j'ai pris ma retraite du militantisme, il ne s'agit pas de me faire mousser, juste de ramener sur terre les idées trop spéculatives.

      On peut dire cependant que ce que je pense aujourd'hui vient des leçons de nos échecs, des limites éprouvées de l'action. Ceci pour encourager à des actions plus efficaces par d'autres plus jeunes car il faut sortir de l'échec, on ne peut se résoudre à l'impuissance mais pour cela il faut d'abord la reconnaître.

      • Je ne pense pas personnellement que vous méritez des reproches, vous vous êtes engagé politiquement, avez géré une entreprise, pris des risques, cherché des débuts de solutions dans de nombreuses lectures...

        Puis ensuite, tout cela vous a donné matière à des réflexions intéressantes et probablement utiles pour le futur.

        • Quand bien même si

          vous ne vous étiez pas engagé politiquement, vous n'auriez pas géré une entreprise, pas pris des risques, pas cherché des débuts de solutions dans de nombreuses lectures...

          Puis ensuite, tout cela ne vous aurait pas donné matière à des réflexions intéressantes et probablement utiles pour le futur.

          Vous ne mériteriez pas de reproches ....Et même Olaf qui sait se montrer si acerbe n'en mérite aucun

          de ma part .

          La Grèce est un retour de manivelle d'un truc enclenché depuis plusieurs années ....Puisse ce coup frapper en pleine gueule ceux qui le méritent .

          • Que les Grecs fassent rupture me semblait indispensable (c'est ce que je disais dans "Il faut que ça pète") mais pour l'instant il n'est pas sûr du tout qu'ils s'en sortent bien. C'est possible, les forces européennes vont se mobiliser devant le risque mais un vote oui est possible. La seule chose qui me semble sûre, c'est que cela va avoir un effet de clarification mais, de toutes façons, la période qui vient va être troublée.

          • Étant donné la propagande et la pression maximale, il y a très peu de chance que le "non" l'emporte. Tout cela aura peut être servi de "leçon de choses" aux citoyens à propos de la nature véritable de l'UE. Peut être ...

          • Syriza est aussi bien ligoté avec Anel dont il faudra qu'il se débarrasse le moment opportun venu :

            " La place de l'ANEL est minoritaire mais stratégique : à la Défense, avec ce que cela signifie en Grèce. Le "salut national" est donc entendu comme union nationale - avec ce que représente l'ANEL : Eglise, colonels, et dans un assez large mesure, armateur. De fait la recherche du "consensus national" ne se limite d'ores et déjà pas à l'ANEL. Le problème à partir de là, c'est que précisément pour assurer la souveraineté grecque, c'est difficile, car souveraineté et démocratie supposent que l'on n'affronte pas seulement Merkel, mais le capital chez soi."

            http://blogs.mediapart.fr/blog/vincent-presumey/130615/grece-ukraine-leurope-des-peuples-contre-la-dette

          • Dans l'immédiat l'ANEL est un allié. Un allié n'est pas un ami: il signifie (à tort ou à raison) qu'il y a un ennemi plus important (qui sont les créanciers extérieurs à la Grèce). Un allié peut demain (re)devenir un adversaire, voir un ennemi.

            Je ne sais pas si la stratégie de Tsipras est la bonne, mais selon moi, compte tenu du rapport de force, du contexte etc. il a fait pratiquement un sans faute.

            Peut être que l'idée d'un référendum aurait pu être soumise plus tôt.

            Je ne connais pas suffisamment la situation politique grecque "sur le terrain" pour juger de la proposition de ce blog. Mais cela me paraîtrait téméraire de combattre, tout de suite, sur tous les fronts à la fois. Le défi immédiat consiste à alléger le poids de la dette.

          • (suite) écoutant à l'instant l'émission à propos de Podemos sur Mediapart (voir ici:
            http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/010715/alain-badiou-jorge-lago-apres-syriza-jusquou-ira-podemos )

            Je me demandais si en effet, une part du succès de Syriza ne venait pas d'un effort de vocabulaire. Sauf que Syriza entend mener le combat au nom de la souveraienté nationale, au risque de se compromettre avec l'ANEL. Tandis que Podemos insiste sur la "démocratie" y compris économique.

            Même si je suis bien conscient que in fine, les forces matérielles productives ont le dernier "mot", le nominalisme de Podemos me semble une voie intéressante qui nous débarrasse des vieilles étiquettes identitaires, très prégnantes dans la gauche anti-libérale française. Syriza aussi semble une tentative de renouvellement de ce point de vue, même s'il se positionne nominalement "à gauche" contrairement à Podemos.

            Après, je sais bien qu'être "gramscien" ne résout pas les questions de fond, de la possibilité du développement d'une autre économie.

  3. Comme vous le dites si bien , il n’est pas sûr du tout que les grecs s’en sortent bien, qui ont osé mettre en équivalence une dette financière due au dérèglement libéral actuel et l’héritage culturel antique dont nous leur sommes redevables en tant qu’européens : Solon annulant les dettes insolvables, l’invention de la démocratie, etc…Les sculptures de la Grèce antique sont à Londres, Berlin, Paris, le peuple grec en a été spolié. Est-il question de leur restituer les bas reliefs du Parthénon et la Victoire de Samotrace? Pour ce que je connais de la culture germanique mon prof d’allemand au lycée nous disait, dans les années 1950, l’importance de la « Sehnsucht nach Süden »dans la littérature allemande. Littéralement derrière le vernis d’une traduction par « nostalgie romantique » c'est « un regard ( sehen) cherchant (suchen) vers le soleil ». Soixante année plus tard j’interprète cette attirance plus prosaïquement en effet comme l’intérêt, pour qui a un emploi assuré dans le nord, d’être créancier d’une rente versée à vie dans les pays de l’Europe du Sud en vue de ses congés annuels et de la retraite?
    Avec l'idée de l'union Européenne, on nous aura fait seulement "rêver" à mieux qu'auparavant ?

  4. La raison des succès de Syriza et Podemos ne fait pas mystère, c'est la situation catastrophique de la population plus que leur idéologie plus ou moins contestable et qui ne les empêchera pas de se briser sur la réalité.

    En effet, l'enseignement principal qu'on peut tirer à ce stade me semble bien que les idées les plus justes n'ont aucun poids face aux rapports de force. Syriza a incontestablement la rationalité de son côté (comme le reconnaissent Krugman, Stiglitz, Piketty, etc.) mais "les institutions" y restent complètement sourdes à cause de leurs intérêts propres. Y compris les électeurs basculent entre les contraintes opposées de l'économie nationale et de leurs économies. C'est bien parce que l'éthique de la discussion est impuissante à réconcilier des intérêts opposés que ces question se réglaient traditionnellement par la guerre...

    • Qu'on le veuille ou non, la victoire du "oui" dimanche aura une répercussion sur l'impossibilité d'ouvrir une petite brèche dans le mur de la dictature technique de l'UE (je l'appellerais désormais comme cela à défaut d'être une vraie dictature).

      Les années qui vont suivre s'avèrent bien sombres, je ne vois pas la sortie.

      Même des expériences locales ne feront pas le poids face à la technocratie financière, qui écrase toute tentative d'alternative.

      Franchement, j'en viens à espérer un nouveau crash financier. Si l'on compte qu'il y en a 1 tous les 7-8 ans depuis 1987 (1987, 1994-1998, 2000, 2007-2008), cela devrait être bon pour bientôt.

      • (suite) Ce qui se passe en ce moment dans les médias est encore pire qu'au moment du référendum de 2005 en France: une déferlante de haine jamais vue. En Grèce, des patrons vont jusqu'à forcer leurs salariés à voter "oui".

        Nous avons en face de nous des fanatiques qui se sentent tellement imbus de leur pouvoir, que la moindre résistance les rend haineux.

        En fait, la Grèce est un pion sacrifié parce que l'oligarchie craint la venue au pouvoir de Podemos en Espagne: l'Espagne aurait d'avantage de moyens de peser dans des négociations me semble t-il. Je vais suivre les expériences alternatives des municipalités en Espagne. En tout cas, bye bye Podemos, ils avaient pourtant le revenu d'existence dans leur programme.

      • J'ai été moi aussi choqué par le déchaînement des éditocrates et de la droite mais l'appel à la démocratie n'est pas le miracle qu'on prétend (en juin 1968, on était tombé de haut avec le résultat des élections législatives), la priorité pour tout le monde, c'est que le système marche (qu'on ne ferme pas les banques).

        Même si le non l'emporte mais de trop peu, la négociation sera bien difficile. Si c'est le oui, comme il est de plus en plus probable, ce sera du moins la fin des illusions, y compris pour Podemos sauf s'ils font leur preuve au local.

        Les années qui viennent sont pleines de menaces comme on le sait depuis quelque temps déjà malgré les dénégations (il y a bien pourtant de grandes potentialités avec le numérique si on s'y adaptait). On me reproche mon défaitisme mais cela n'empêche pas les défaites de continuer...

        Ceci dit, il y a actuellement un krach en Chine...

        • Ce qui est terrible c'est que la raideur de l'Europe à ne pas vouloir revenir au principe de réalité ( ce que dit Piketty) place la Grèce en situation intenable quelque soit le résultat du référendum ; Le pire sera peut être une profonde division du peuple Grecque. C'est criminel de pousser à ça.

          • @Di Girolamo

            "Le pire sera peut être une profonde division du peuple Grecque. C'est criminel de pousser à ça." Ou disons le référendum a révélé les divisions notamment les divisions de classes, même si les retraités s'apprêtent à voter "oui".

            Là en effet, c'est criminel: pousser les retraités à voter pour la baisse de leur propre retraite. Il n'y a pas meilleure illustration que la perversité de cette oligarchie européenne qui pousse les gens à voter contre leurs propres besoins immédiats.

            Cela étant, je n'ai jamais cru à la "lutte des classes". Cette notion est politique. Le fait qu'il y ait contradiction de classes, n'implique pas une lutte des classes.

            Parler de "raideur" de l'UE c'est peu de le dire. L'UE organiser en Grèce un véritable putsch contre la démocratie.

            Ce sont les moments de crise qui révèlent la nature profonde des choses me semble t-il, en particulier les rapports de domination.

        • Merci de l'info concernant la Chine, cela m'avait complètement échappé. Coïncidence.

          Du coup j'ai relu la chronique "l'économie à contre courant" dans "Politis Hebdo" du mois de mars 2015, où D. Plihon économiste d'Attac, prédisait que la prochaine grande crise du capitalisme financier partirait de Chine.

          Depuis 2007 la dette totale a quadruplé pour atteindre 282% du PIB.

          Vu que l'Europe s'est enfermée dans une spirale récessioniste cela ne m'étonnerait pas que cette crise touche l'Europe si elle venait à se poursuivre.

          A suivre: mais en même temps, le gvt chinois très centralisé est une sorte de "capitalisme d'Etat", il pourrait réagir très vite.

          Sans vouloir passer pour cynique, je souhaite pourtant ardemment que cette crise touche les banques européennes et US encore une fois.

        • Concernant 1968, la même chose s'est produite en Espagne après le mouvement des Indignés. Une sorte de schyzophrénie des gens comme l'explique un leader de Podemos, qui soutenaient à 75% le mouvement, et qui lors des élections ont voté pour le PP.

          C'est pour reconnecter le "social" et le "politique" comme il l'explique dans l'interview de Mediapart, que Podemos s'est constitué.

        • Il ne semble pas que le krach de la Chine affecte notre situation pour l'instant mais il y a beaucoup de raisons d'avoir un effondrement financier ici comme aux USA, les positions intenables ne manquent pas (prêts étudiants, planche à billet, etc.). Le plus attendu étant toujours le krach de la dette que la Grèce pourrait précipiter.

          http://www.journaldunet.com/economie/magazine/1157436-bulle-de-la-dette/

          La lutte des classes est structurelle, elle résulte des intérêts opposés des capitalistes et des salariés dans le partage de la valeur, sauf que, comme Marx le remarque dans "Travail salarié et capital", les salariés se trouvent dépendants de leur employeur et partagent donc ses intérêts plus que l'employeur ne dépend des salariés, du moins en période de chômage. La lutte des classes est favorable aux salariés seulement lorsqu'il n'y a plus de chômage de masse. C'est même pour cela que les capitalistes ne veulent pas supprimer le chômage, le NAIRU étant supposé calculer le niveau minimum de chômage pour ne pas inverser le rapport de force au profit des salariés. On peut donc dire que le chômage est voulu mais pas à ces niveaux actuels qui ne profitent à personne, preuve simplement que les économistes ne servent à rien, qu'on ne sait pas gérer l'économie, il y a juste des modes comme pour les régimes...

          En tout cas, la lutte des classes ne s'exprime jamais dans les élections, seulement dans les luttes sociales. Pour le référendum grec, ceux qui votent oui sont principalement les retraités alors que ce sont les jeunes qui votent non.

          • C'est l'inverse, le oui, c'est en faveur des propositions de la Troïka et le non est contre.

            Le patronat grec est aussi du côté du oui.

            Les souverainistes de type Anel ou autres néo-nazis sont pour le non.

            Ca fait une belle salade mixte avec tous les imbroglios possibles quel que soit le résultat du vote.

          • D'après "La Tribune", il y a tout de même un risque de contagion à l'économie mondiale:
            http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/en-chine-des-courtiers-s-allient-pour-tenter-de-stopper-le-krach-boursier-489594.html
            "Le risque est évidemment à présent que ce krach non seulement se poursuive, mais commence à avoir des effets sur l'économie réelle, comme c'est immanquablement le cas. Cette fois, le canal de transmission pourrait bien être précisément les investisseurs endettés et ayant tout perdu en Bourse."

            Cela dit, il est précisé en fin d'article que le gouvernement chinois pourrait intervenir massivement.

            Sinon en effet, selon J. Gadrey, le rapport entre le cours boursier des actions et le bénéfice par action est de 27 à New York. Il était de 25 avant les grandes crises précédentes (1929, 2007-2008 notamment). Il y a également un retour des prêts à haut risque aux US auprès de ménages insolvables.

            Le marché des dérivés représente 10 fois le PIB mondial, tandis que le trading haute fréquence représente la moitié des transactions alors qu'il était peu utilisé avant 2008.

            Concernant la Grèce, je suis tout de même étonné du peu de mobilisations solidaires en France, alors que ce référendum est crucial, et a lieu sous l''égide - une première dans l'histoire de l'UE - en plein chaos financier organisé sciemment par les "Pinochet économiques" que sont devenus en quelques mois FMI, BCE et Eurogroupe (disons que la crise grecque révèle leur vraie nature).

          • (suite)
            a lire un interview je crois qui résume parfaitement la situation:
            http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/07/03/31003-20150703ARTFIG00361-referendum-grec-quoi-qu-il-arrive-rien-ne-sera-plus-jamais-comme-avant.php

            "La décision de Mario Draghi de ne pas couper brutalement l'ELA a été présentée comme un cadeau fait à la Grèce. Mais de quel cadeau parle-t-on? C'est la mission même d'une banque centrale que de refinancer les banques de second rang et cela, partout dans le monde. Le seul cas où elle doit s'abstenir de le faire, c'est si lesdites banques sont insolvables. Comment sait-on si les banques grecques sont insolvables ou simplement illiquides? Si elles sont insolvables, pourquoi la BCE a-t-elle augmenté le plafond de l'ELA trois fois au cours de la semaine dernière? Si elle sont simplement illiquides, pourquoi ne les refinance-t-on pas sans discuter? La réponse est évidente: pour contraindre le gouvernement grec à décider de la mise en place d'un contrôle des capitaux, mesure dont tout le monde savait qu'elle serait très impopulaire et militerait avec une efficacité redoutable en faveur du «oui»...."

            Non vraiment, l'absence de réactions "normales" de la part du mouvement social en Europe face à ce putsch de la finance me laisse stupéfait ... les syndicats ne se sont même pas mobilisés, absolument rien.

    • En tous cas, je suis dans la même approche que Piketty ou Varoufakis.

      Isoler la dette Grecque, comme le fait le CADTM, comme cas particulier, ne fait qu'exacerber les tensions centrifuges du système.

      Le problème ne peut être qu'une problématique mise débat de la dette globale européenne avec des pondérations par pays. La fixette sur le cas grec bouc émissaire est de l'ordre de la monomanie...

  5. Je viens de passer 2 mois dans une filiale française du groupe allemand où je bosse. Ça m'a fait pensé à la Grèce, cette filiale représente moins de 1% du CA du groupe, soit quelques dizaines de millions d'Euros de CA, l'épaisseur du trait des courbes comptables du groupe.

    Les mecs font n'importe quoi dans cette filiale, nomment n'importe qui à des postes stratégiques de cadres ou cadres sups, font des études techniques totalement foireuses, c'est le théâtre permanent de la connivence des incompétences qui se couvrent les uns les autres. Ils ont une forme de génie pour expulser les types compétents et les remplacer par des guignols effrayants de manigances pathétiques.

    C'est de l'ordre du mystère mystique, de la comédie cosmique, il se dégage une forme de poésie de toute cette gabegie insouciante et relaxée du slip.

    Sauf que tout a une fin, et j'ai bien peur que la fête ne se termine un jour pas très lointain en requiem pour cette filiale qui pourtant avait les moyens de perdurer.

  6. J'ai vu un bout hier soir d'une très bonne émission sur la Grèce (avec Benjamin Coriat que j'aime bien mais c'est surtout Philippe Dessertine qui est intéressant ici) qui réfute tout le narratif actuel sur la Grèce en montrant le contexte de l'intégration de la Grèce à l'Europe puis à l'Euro face à l'URSS d'abord puis de la Turquie ensuite. Réduire la question à l'économie est tromper son monde alors que c'est la géopolitique qui était déterminante. Ensuite, le déversement d'argent de l'Europe a eu des effets délétères comme pour d'autres pays la rente pétrolière. On se rend compte de la médiocrité des dirigeants actuels (notamment le ministre de l'économie allemand dont la popularité est au plus haut) dans la disparition de la géopolitique de leur vision réduite à un dogme économique. Si je martèle que l'économie est bien déterminante en dernière instance, cela ne peut signifier qu'il n'y a rien d'autre que l'économie comme forces matérielles !

    http://replay.publicsenat.fr/vod/le-debat/crise-grecque-a-qui-la-faute-/pascal-durand,georges-prevelakis,olivier-toscer,philippe-dessertine,benjamin-corr/180578

    • L'objectif européen était bon, mais la mise en œuvre calamiteuse, trop rapide, trop extensive, mal conçue.

      Marteler des objectifs et se contenter de dire que l'intendance économique suivra, on voit le résultat...

      C'est pourquoi je cite mon expérience dans le secteur des entreprises privées où l'on voit les mêmes phénomènes. Des dirigeants qui donnent des orientations sans écouter les opérationnels qui soit contredisent leurs optimismes et se font virer, soit ferment leur bec pour percevoir leur salaire en attendant l'écroulement.

    • OXI 61% ! Ce qui me réjouis entre autre, c'est la capacité des grecs à résister à l'immense pression qui a été mise en oeuvre contre eux. En particulier celle des médias. Il est toujours intéressant de constater les limites de la propagande médiatique dominante lorsqu'elle n'a plus prise sur les esprits.

      Je me réjouis, même si je sais bien que la partie n'est pas terminée, lorsque je lis les réactions de M. Shulz ou encore Sigmar Gabriel qui semble encore pire que Merkel (sans même parler de Shlaübe).

    • J'ai bien peur que ça ne mène qu'à une mise en quarantaine de "décontamination" économique.

      Les Grecs se sont honorablement exprimés, mais les mécanismes que l'Allemagne avec l'appui des autres pays ou institutions va mettre en œuvre risque d'en surprendre plus d'un. La gueule de bois n'est pas loin.

      L'imagination et la créativité sont largement partagées.

      • Oui , c'est loin d'être terminé ! Et il peut y avoir gueule de bois si l'Allemagne et ses consœurs , restent bornés et ne donnent pas de l'air à la Grèce .... Mais rien n'est terminé , et une gueule de bois en annoncera une autre : selon le principe de réalité qui fait que "le monde des marchés et des banques " s'écroulera ; plus ce sera tard , plus nous seront tous violemment en souffrance et impactés. Il ne faut pas oublier que le problème est global , l'humain , la violence , le climat , la cinquième extinction de masse etc et qu'au bout du compte c'est la réalité qui triomphe toujours . Les lois d'organisation des sociétés humaines ne sont pas facultatives. Le monde est réel.

        Pour l'instant bravo au gouvernement grec qui teint une bonne position et un bon discours.

        • Les grandes puissances de l'UE, l'Allemagne en tête resteront inflexibles.

          Au risque de flétrir un peu plus l'image d'une Union Européenne qui s'assoit sur la démocratie (mais peut être que le capitalisme contemporain n'en a plus réellement besoin, il n'est même plus question de sauver les apparences).

          Je me demande dans quelle mesure l'idée d'une monnaie parallèle est jouable:

          http://www.politis.fr/Grece-le-plan-B-a-l-irlandaise,31815.html

          C'est à dire un mi-chemin entre l'euro et le grexit (voulu semble t-il par l'Allemagne).

          • (suite) Il est clair désormais que l'euro est un outil de domination de l'oligarchie financière et/ou de l'Allemagne.

            La BCE a joué dans la crise grecque un rôle politique indéniable. Ce n'est certainement pas la première fois dans l'histoire que des banquiers centraux font pression sur un gouvernement (cf le cartel des gauches en France en 1924), mais c'est la première fois qu'un changement politique a lieu, sans que le gvt ne dispose de la possibilité d'un peu de contrôle sur sa propre monnaie.

            Ceci pose également le problème de l'existence même des monnaies locales parallèles à la monnaie centrale, et pouvant jouer un rôle de substitution et de développement économique. Sauf qu'ici la "local" concerne une grande "région" européenne telle que la Grèce.

            Ces questions cruciales me semblent sous jacentes à l'enjeu actuel, étant donné que le gvt de cette "région" est disposé à mener une politique de développement social et économique à l'encontre de ses "partenaires/adversaires" des autres régions de l'UE.

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