Réexaminer notre rapport aux drogues

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On considère en général que le problème des drogues est le type même du problème marginal concernant des marginaux. Il y aurait tant de choses plus importantes, surtout en cette période de crise. On considère aussi qu'il n'y aurait en tout cas aucun rapport avec l'écologie réduite à l'environnementalisme. C'est pourtant tout le contraire. Les drogues ont une place centrale dans les sociétés humaines, elle est simplement presque universellement déniée. Il ne s'agit que d'en devenir conscients, de regarder la réalité en face. Il est même difficile de faire le tour des différentes dimensions affectées par les préjugés scientistes ou religieux sur les drogues qui incarnent au plus haut point nos limites cognitives et le poids des fausses opinions.

De même, la plupart de ceux qui ne sont pas écologistes voudraient limiter l'écologie à un secteur spécialisé et consensuel en oubliant sa dimension politique et conflictuelle soulignée par André Gorz en 1974 (leur écologie et la nôtre). Si l'écologie-politique attentive au bien-être des populations ne peut être insensible à ces questions vitales et liberticides, il y a incontestablement division dans l'écologie entre hygiénistes ou moralistes (qui confondent le naturel avec le normatif) et une écologie-politique attachée à l'autonomie du vivant et sa diversité comme à l'expérience de soi et l'exploration du monde, à l'opposé de toute administration autoritaire de nos vies, même au nom de l'écologie.

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