2012, l’année de tous les dangers

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On a beau ne pas croire à toutes les prédictions farfelues sur la fin du monde et vouloir faire le malin à qui on ne la fait pas, il est quand même bien difficile de s'imaginer que le monde ne va pas s'écrouler cette année, sans attendre sans doute la date fatidique du 21/12/12 ! Certes, ce ne sera pas vraiment la fin du monde, même pas du capitalisme comme on se précipite à l'espérer, mais il est encore plus difficile de savoir comment on va pouvoir se sortir de ce bourbier, les élections ne faisant qu'ajouter à la confusion.

Pour les bons voeux, on repassera. Comme cela fait 4 ans que ça dure, on a pris l'habitude de l'extrême lenteur avec laquelle la crise s'aggrave et fait tomber les Etats un par un, on pourrait en avoir pour 10 ans peut-être mais, tout de même, cette fois on ne voit pas comment on va s'en tirer. Beaucoup dépend de l'effondrement du dollar qui devrait s'être produit depuis longtemps déjà et donc peut à nouveau être différé quelque temps alors même que la planche à billets tourne à plein régime, venant de rajouter au pot encore 1000 milliards fictifs, c'est Noël ! Il est quand même peu probable que ça tienne encore longtemps comme cela, la crise touchant maintenant au coeur, ne laissant personne à l'abri et devant se transmettre aux monnaies désormais.

Il n'est guère envisageable que la crise européenne n'entraîne le reste du monde dans sa chute mais la situation n'est pas du tout la même si l'effondrement est général mobilisant la coopération de tous les pays ou si on peut croire quelque temps circonscrire le problème à quelques pays soumis à une rigueur implacable. Tant qu'on peut accabler les Grecs de leur grècitude, les Espagnols de leurs espagnolades et les Italiens de leur esprit latin ou l'Europe de ses divisions, c'est haro sur le baudet et chacun se débrouille dans son coin sous la botte d'une finance impitoyable. La raison pour laquelle une crise attribuée aux subprimes, puis aux banques et aux marchés financiers contamine désormais les pays reste obscure, attribuée à des causes contingentes et particulières à chaque fois. Aujourd'hui, ce sont les défauts de la construction européenne qui sont mis en cause, non sans raisons mais sans voir que ce sont tous les défauts de tout le monde, connus depuis longtemps, que la crise exacerbe et rend insupportables. Ce type d'aveuglement semble caractériser au plus haut point les crises systémiques et leur déni de causes globales trop impalpables, où c'est donc l'arbre qui cache la forêt, raison pour nourrir le plus grand pessimisme sur les réactions des gouvernements comme des peuples en cette année cruciale.

A force d'attendre qu'on touche le fond, la lente dégradation du système peut rendre légitimement impatient que l'effondrement se produise enfin. Il serait même tout-à-fait souhaitable que ce soit général pour éviter la multiplication des boucs émissaires mais ce n'est pas certain dans l'immédiat et il ne faut pas trop espérer qu'il en sorte quelque chose de bon, du moins dans un premier temps. Certes le mouvement des indignés et des occupations, dans la lignée des révolutions arabes, portent bien les germes du renouveau et de la première révolution mondiale, mais ce n'est qu'un début et pour l'instant, il est plutôt confronté à son échec et son manque de perspectives. Il faut qu'il passe à un nouveau stade, ce qui risque de prendre du temps. En attendant, on risque d'assister plutôt à la montée des tensions, au réveil des nationalismes avec un discours "populiste" aussi irréfutable que trompeur et que les indignés devront surmonter pour changer le monde vraiment.

Ce n'est pas que je renie l'optimisme de la raison dont j'avais fait preuve juste avant les révolutions arabes, mais pour cette année, j'ai du mal ! Il se peut toujours que rien ne se passe, pris dans une sorte de glaciation mais on a plutôt l'impression qu'on a épuisé toutes nos cartouches et il ne faut pas oublier que, de l'autre côté on a les Islamistes, les tendances fascisantes et le Tea Party. Plusieurs croient que les Etats-Unis pourraient se retrouver au bord de la guerre civile, ce qui est très exagéré sans doute mais témoigne d'un affrontement qui se durcit. On se persuade qu'on a les ressources pour s'opposer à une nouvelle barbarie, mais ce n'est pas si sûr. On voit même des chasseurs de nazi trouver acceptable tout ce qui ne va pas jusqu'à l'horreur génocidaire, difficile à égaler on en convient ! On ne devrait pas retourner à ces extrémités, la communication généralisée devant apporter un élément modérateur dans ce qui est une véritable guerre des religions (où aucune n'est vraie). Je dois dire que ce qui m'a fait le plus peur, c'est le caractère finalement très convaincant du discours du Front National basé justement sur les fausses évidences du vécu et des causes particulières contre lesquelles il est bien difficile d'argumenter, encore plus de convaincre. On ne joue pas dans la même catégorie mais on assiste au même phénomène, aux mêmes types d'erreur de raisonnement dans les discours de l'extrême-droite et celui de nos dirigeants. Le plus désespérant, c'est qu'on ne peut dire que cela relève d'une démagogie intentionnelle, plutôt de nos limites cognitives. Il faut donc s'attendre, en l'absence de solutions effectives à ce que de fausses solutions soient plébiscitées jusqu'à ce que l'échec de l'expérience ne devienne manifeste.

Ce ne sont pas de bonnes nouvelles. J'espère bien me tromper, n'étant pas devin à faire simplement état de mes craintes. Un miracle est toujours possible, la mobilisation des Etats pour se résoudre à effacer les dettes (et remplacer le dollar par un panier de monnaies?) mais il ne faut pas être trop confiant dans nos potentialités, ne pas trop se monter la tête parce qu'un mouvement inespéré a réussi à prendre corps, ce qui n'est déjà pas si mal. Pour l'instant on reste dans les menaces sans traduction tangible, une sorte de drôle de guerre qui se prolonge mais chacun sait que la situation n'arrête pas de s'aggraver malgré tous les sommets, les changements de gouvernement et toutes les déclarations volontaristes adressées aux marchés qui savent bien que la récession qui en découle nous mène au précipice... On a vu comme, à chaque fois, on croit pouvoir réduire le problème à une mesure ponctuelle et des causes particulières (Grèce, Euro, déficits, banques, spéculation, subprimes) sans prendre en compte le retournement de cycle qui a commencé avec le décollage des pays les plus peuplés provoquant des tensions inflationnistes sur les matières premières et le pétrole, ce qui a précipité la chute de l'immobilier jusqu'au krach des dettes et le rééquilibrage géopolitique auquel nous assistons. C'est ce qui devrait nous persuader que la crise n'est en rien finie, qu'on peut même dire qu'elle n'a pas vraiment commencé encore et qu'il n'y a aucune chance qu'elle se calme bien longtemps avec des montagnes de dettes devenues irremboursables. Se focaliser sur chaque épisode et les responsabilités particulières c'est de l'ordre de la pensée magique voulant expliquer la tombée de la nuit par une transgression accidentelle ! Aucun sacrifice demandé aux peuples ne pourra éviter le krach de la dette.

Il est tout aussi certain qu'il n'y a aucune raison qu'on prête crédit à mon interprétation en terme de cycles et de système, assez peu partagée, il faut bien le dire. Pour ceux qui sont touchés par la crise, ce n'est que du baratin inaudible. On pourrait donc faire ici l'expérience à la fois de causes immédiates trompeuses et de l'impossibilité de reconnaître les causes globales effectives. Cette impuissance de la raison relativise l'action politique, du moins à certaines époques. Il est cependant intéressant de souligner à quel point c'est très général, s'appliquant à la plupart des problèmes et tout autant aux intellectuels qui s'imaginent qu'il suffirait de nationaliser les banques ou de créer une monnaie mondiale, que la crise pourrait être localisée dans le système financier ou la monnaie sous prétexte que ce sont effectivement des domaines à réformer. C'est le même réductionnisme qu'on trouve dans les discours politiques sur toutes sortes de sujets, véritable réduction à l'absurde.

Ainsi, alors même que l'augmentation du chômage est aux yeux de tous une conséquence de la crise, on va lui chercher des causes imaginaires que ce soit la technologie, l'immigration ou même la paresse supposée des chômeurs. Plus la charge d'un chômage subi devient lourde et plus on culpabilise ses victimes, plus c'est un chômage de masse, plus on croit s'en tirer en faisant la chasse aux fraudeurs. Le pire, c'est qu'à chaque fois, on trouvera des preuves évidentes de ces causes imaginaires ! Qui ne connaît dans son entourage un chômeur paresseux, ou considéré comme tel ? C'est d'ailleurs la réputation qu'on me fait alors que ce sont des années de surmenage qui m'ont rendu malade ! Que le progrès technique crée du chômage, c'est une vieille histoire, aussi vieille que les machines et malgré les périodes de plein emploi qui ont suivi ! Quoi de plus évident pour celui qui perd son emploi à cause d'une nouvelle machine qu'il doit son sort au progrès technique ? C'est incontestable mais tout autant que cela ne diminue pas le nombre d'emplois total qui dépend presque entièrement de questions monétaires comme on l'expérimente en direct. Quoi de plus évident enfin que le slogan nazi qui fait de l'immigration la cause du chômage. Comment prétendre le contraire ? Si on boutait tous les étrangers hors de France et qu'on les remettait sur des bateaux, cela ne ferait-il pas autant d'emplois pour les vrais français ? Pour la plupart, il ne s'agit que de renouer avec le bon sens que les élites nous cachent. Le résultat risque pourtant d'être nettement moins brillant !

L'autre illusion, qu'on croit plus civilisée, c'est le recours au protectionnisme qui ne peut pourtant aller aussi loin qu'on le prétend et résorber le chômage. On sait que je défends plutôt le localisme mais il faut très certainement plus de protectionnisme pour réduire la concurrence déloyale avec des systèmes sociaux qui ne sont pas assez protecteurs. Seulement, l'imbrication des économies, le fait que nous exportons, empêche que ce protectionnisme soit une fermeture du marché intérieur et donc que son impact soit à la hauteur du chômage, qui, encore une fois a des raisons plus conjoncturelles. Le résultat pourrait être l'inverse de celui attendu, aussi bien pour l'emploi que le pouvoir d'achat. Quoi de plus convaincant pourtant que le protectionnisme ? Et d'acheter français ? Quelle tromperie pourtant, dans les faits.

Une façon de faire financer notre protection par les importations aussi, c'est la TVA sociale qui est pourtant combattue farouchement par la gauche au nom du fait que la TVA serait l'impôt le plus injuste. Tout le monde en conviendra, sauf que c'est faux. Le plus injuste, ce sont les cotisations sociales qui ne sont pas progressives mais au contraire plafonnées !! On se retrouve à défendre l'inverse de ce qu'on veut en s'obnubilant du fait que l'augmentation des prix toucherait plus sévèrement les plus pauvres, ce qui là aussi n'a rien d'aussi évident, les plus pauvres touchant des allocations indexées sur l'inflation et les salaires nets pouvant augmenter avec la baisse des cotisations. C'est d'ailleurs la plus grosse des arnaques, le soi-disant souci des pauvres de banquiers comme Trichet alors que la lutte contre l'inflation protège en premier les rentiers et les plus riches. Le travail se trouve d'une façon ou d'une autre indexé sur l'inflation alors que l'inflation réduit les dettes, ce que Keynes appelait l'euthanasie des rentiers et qui est devenu indispensable dans notre situation. On pourrait trouver des représentants de la gauche la plus extrême qui se joignent sans vergogne aux banquiers pour soutenir une lutte contre l'inflation qu'on paye au prix fort, tout cela au nom de réalités immédiates ne prenant pas en compte la dynamique temporelle.

Un autre miroir aux alouettes, c'est la ré-industrialisation où les politiques rivalisent de déclarations fracassantes pour un résultat qui ne peut aller bien loin et qui fait plutôt penser au bon Dr Quesnay ne voyant de richesse que dans la terre, et dans l'industrie qu'une activité parasite, tout comme on considère aujourd'hui avec mépris le travail immatériel dans les services, le social ou le numérique. Là encore, il ne s'agit pas de dire qu'il ne faudrait pas relocaliser des industries pour les rapprocher de leur marché mais seulement qu'il ne faut pas en attendre la résolution de la crise ni la reconstitution de tous les emplois perdus par l'automatisation. L'industrie restera aussi importante que l'agriculture mais ses effectifs devraient se réduire de la même façon. Il ne manque pas pourtant d'économistes donnant l'exemple de l'Allemagne comme si elle n'était pas elle-même menacée par la crise ni endettée bien au-delà du raisonnable, ni gangrénée par la précarité. C'est la même chose pour les Etats-Unis, une fois qu'ils seront au coeur de la tempête, les discours changeront du tout au tout, car eux aussi leurs faiblesses sont criantes ! Il n'empêche, la ré-industrialisation ça fait rêver à ce qu'il paraît. Pas vous ? En tout cas, les syndicats et les salariés les plus combatifs sont dans l'industrie déclinante (automobile), ce qui n'est pas du tout de bon augure.

Il y a toutes sortes d'autres fausses évidences qui devraient se disputer les suffrages des électeurs et nous conduire au pire sans doute, du moins à bien des désillusions. J'espère avoir tort, c'est en tout cas un test grandeur nature de nos limites cognitives. On ne peut dire qu'on n'a pas les moyens de s'en sortir, en particulier par la mise en réseau qui devrait accélérer le rétablissement final mais l'année me semble vraiment mal engagée, les marchés désorientés, les incertitudes au plus haut, les forces sociales au plus bas alors que le discours nationaliste semble irréfutable et devrait séduire les électeurs par une sorte de tautologie de la démocratie dans l'Etat-Nation. La seule bonne nouvelle, c'est que cela devrait s'arranger ensuite, mais quand ? Là est la question !

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62 réflexions au sujet de “2012, l’année de tous les dangers”

  1. Effectivement, les effets du protectionnisme risquent d'être inverses du résultat attendu :

    http://www.liberation.fr/politiques...

    La cerise sur le gâteau, c'est l'engouement quasi fétichiste pour des étiquettes tricolores, une usine à gaz totalement stupide et ingérable, permettant peut être quand même de créer des emplois chez Véritas et autres grattes papiers.

    C'est sûr, 2012 s'annonce mal, pour la Chine l'opacité est au RDV :
    http://www.rtbf.be/info/chroniques/...

  2. Je suis d'accord avec l'idée que les solutions simplifiées de la gauche (des gauches traditionnelles ?) sont moins percutante que celle du FN. Le débat sur le made in plus ou moins en France en est une parfaite illustration. Mais je suis moins pessimiste car il me semble que l'idée que c'est compliqué d'en sortir , qu'il faut beaucoup d'invention , qu'il faut inventer de nouveaux instruments pour la souveraineté populaire par exemple et que la réactivation des anciens conduit au nationalisme (ou le FN nous attends), cette idée progresse plus qu'il n'y parait. Et pour moi, c'est bon signe. Mais je n'en suis pas sur non plus.

  3. vous dites jean : Certes le mouvement des indignés et des occupations, dans la lignée des révolutions arabes, portent bien les germes du renouveau et de la première révolution mondiale, mais ce n'est qu'un début et pour l'instant, il est plutôt confronté à son échec et son manque de perspectives. Il faut qu'il passe à un nouveau stade, ce qui risque de prendre du temps. En attendant, on risque d'assister plutôt à la montée des tensions, au réveil des nationalismes avec un discours "populiste" aussi irréfutable que trompeur et que les indignés devront surmonter pour changer le monde vraiment.

    très juste d'écrire cela !! c'est en passe d'être fait sur bordeaux le net art est déjà sur orbite et la maison des indignations et autres atterements ser ouverte à bordeaux en janvier !! du sport ça promet et des palabres étincelente créolisées et épicées !!

    http://www.facebook.com/#!/groups/198954360148965/

    http://www.facebook.com/#!/pages/la-baston-%C3%A0-la-bastide/169831923104216?sk=wall

  4. Oui, on ne sait pas si ça sent la révolution mondiale, la montée du fascisme ou une prochaine guerre civile ou mondiale... Mais ce qui est certain c'est que vu l'état de la planète, après les émigrés pour causes de persécutions religieuses, ou politiques, il y aura indubitablement les émigrés climatiques.... ni les lingots, ni les billets ne se mangent tout le monde le sait. Bientôt à combien le kg de blé, de riz, de sucre ? bientôt combien le litre d'eau ? que voudra dire la gauche, la droite, les idéologies si on crève de faim ? J'ai l'impression que les politiques sont dans un monde parallèle, virtuel qui les empêche d'anticipés concrètement. Leur discours n'est pas au cœur du réel. Ils fatiguent ! Pendant ce temps(aujourd'hui les frères musulmans, hier les sœurs catholiques, ) donnent du pain, des soins, des hospices de charité.. l'antidote d'une religion contre le désespoir. Peut être que le F.N. distribuera des soupes populaires... sans rire, j'adhère de suite, les temps sont durs !

  5. Il y a déjà des soupes populaires avec les Restos du coeur, ça ne devrait pas s'arranger, mais il est vrai que la crise a commencé avec les émeutes de la faim et que celles-ci reviendront avec l'inflation, il vaudrait mieux anticiper car, là aussi, la cause est monétaire et non pas objective, ce n'est pas le manque de nourriture qui est en cause mais, comme en toute famine, des raisons politico-économiques.

    Je suis certain qu'on a les germes d'un avenir meilleur mais je suis plus pessimiste que tout le monde sur nos capacités cognitives, non seulement leur limitation mais aussi la tendance à rester fasciné par de fausses évidences et des raisonnements trop logiques (simplistes), ce qui est le principe de la folie ; folie qui reste au coeur de l'homme et dont la raison finit toujours par triompher mais après coup, le plus souvent, d'expériences catastrophiques.

    Ceci dit, j'ai bien du mal à croire à mes sombres prédictions alors que tout est calme (et que la bourse monte), gardant une sorte d'assurance que ça pourrait bien se passer, que nos moyens sont si considérables. Ce sont les faits objectifs qui poussent à la dramatisation mais on ne devrait pas tarder à voir comment les événements vont tourner.

  6. se profilent de grandes similitudes avec le moyen âge : les croisés, la famine, bouleversement des saisons, charges des agriculteurs, ...les trop riches et les trop pauvres...l'aide alimentaire européenne a un sursis de 2 ans, je crois...tout recul pour mieux sauter... la bourse monte pour mieux descendre, du palliatif partout, des autruches sur un terrain de golf.... où elle est la ba-balle ?!
    Comme vous, je suis pessimiste sur nos capacités cognitives, impression que l'électromagnétisme de notre cerveau à perdu sa boussole Comme nous sommes tous atteints, personne ne s'en rend compte.
    Les germes de l'avenir meilleur sont peut être stockés dans l'arche des semences en arctique...Pourquoi, pour qui ? post quoi ?
    http://www.semencespaysannes.org/ar...

  7. Une grande différence avec les crises précédentes, c'est l'existence des réseaux numériques qui pourraient nous éviter un nouveau Moyen-Âge.

    Par contre il semble que la BCE qui croyait pouvoir imiter les Américains en injectant 500 milliards d'Euros puisse avoir fait le pas de trop qui pourrait faire s'écrouler le château de cartes...

  8. C'est le poker menteur, des châteaux en Espagne, etc.
    Banque qu'elle soit Européenne, alimentaire, de données du génome, des semences ou autres, la Banque c'est toujours la même chose déguisée autrement, c'est à dire : le temple sur le parvis duquel ont sacrifie l’innocence du spontané, du créatif, du libre. De seuil en seuil, (de plus en plus infranchissables pour la majorité), se trouve finalement au "sein" du "saint", la convergence d'une volonté de monopole sur le tout le vivant.
    Les réseaux numériques existent, et ils servent bien le web bot de big brother, (entre autres).
    Il n'empêche que je salue l'espace que vous ouvrez, avec courage et persévérance.

  9. Quand même, une des grosses différence avec le moyen age c'est qu'il ya beaucoup plus de gens qualifié, capable d'inventer des solutions à tout niveau. C'est peut être aussi pour çà qu'on a du mal a voir les germes de transformation, c'est parce qu'ils sont très décentralises, très multiformes, et peut être a des niveaux très différents de la société. Peut être les élites modernes ne sont pas là ou on avait pris l'habitude de les situér.

  10. la vérité lacérée au skalpel ! hip hop chirurgical, avec le lyrical qui part à la verticale pour une diagonnale de sample pour illuminer nos soirées et conjuger nos envies , guerrilla pirate !! desert rebel !! ivre de l'helium glacé de la vérité , et de ciment et de formol !!!un autre punk intellectect !! hip hopologie défoncée à la skunk !! bbbbbrrrrraaaa !!!!!!

    http://bboykonsian.bandcamp.com/alb...
    Skalpel (La K-Bine) -

  11. Pas le temps de vraiment répondre mais on peut dire qu'on est en 1933, après il y a 1945, c'est mieux. Cela peut prendre moins de temps comme pour l'Argentine mais ce n'est pas la même échelle. En tout cas, ceux qui se persuadent que l'avenir est à la rigueur et à la remise en cause des protections sociales sont dans l'erreur (constante du FMI) et ne font qu'aggraver le problème. L’Amérique latine prouve le contraire.

  12. J'ai horreur de ce mot, "protectionnisme", parce qu'il est connoté négativement. L'économie est bien le seul domaine où "se protéger" passe pour une tare. En revanche, face aux étrangers et aux immigrés, le "protectionnisme" serait une vertu aussi naturelle que la respiration.

    L'idéal serait de pouvoir parler "protectionnisme" sans employer ce mot, parce que chaque fois qu'on le prononce on fait de la pub pour ceux qui n'en veulent pas.

  13. @Crapaud Rouge :

    Le protectionnisme correspond à défendre les intérêts sociaux et économiques d'un pays ou d'une zone économique. Ce qui est assez complexe à réaliser, car ça ne peut pas non plus constituer caricaturalement à fermer tous les échanges arbitrairement, ce qui aurait des conséquences inverses.

    Le libéralisme caricatural prétend que toute entrave réglementaire est néfaste.

    De fait, aucune de ces caricatures n'existent, puisque même le commerce international est soumis à des règles, discutables d'ailleurs.

    Plutôt que de parler de protectionnisme, ou de libéralisme, il serait plus productif de remettre en cause les règles existantes, mais là, il y a un travail de fourmi que la classe politique est loin d'envisager, les partis politiques préférant s'envoyer des anathèmes.

    Compte tenu de la démagogie électorale actuelle de l'UMP et du PS qui prennent l'électeur pour un âne, je ne voterai pas,
    pas même si le FN est au deuxième tour, ni pour le PS, ni pour l'UMP, ni pour le FN.

    Je serai très curieux de voir ce qui se passera si le taux d'abstention du deuxième tour atteint plus de 50%.
    Maintenant, on en est arrivé là.

  14. Concernant le protectionnisme, donc le sujet de la balance commerciale et des paiements, voilà une démonstration très bancale de sa nocivité par un économiste :

    http://economistes.blogs.liberation...

    L'économiste a juste oublié un détail, parmi d'autres, dans sa petite fable où les habitants de Neuilly sont en réalité des travailleurs frontaliers qui exportent des services très bien rémunérés hors du pays Neuilly. Ca donne une idée de la rigueur logique de quelques économistes.

  15. Sans prendre position pour ou contre le protectionnisme, je donne ici le lien vers le discours de Pompidou ( repris en introduction du film « volem rien foutre al païs »),
    http://video.google.com/videoplay?d...

    discours dont le ton montre assez la volonté délibérée d’ouvrir la France au libre échange, c'est-à-dire suite au choc pétrolier de 1973, de mettre un terme au cycle d’économie planifiée, régulée, qui avait été inaugurée par le Comité National de la Résistance, et qu’on nomme « les trente glorieuses ». Dans le m^me temps le président Pompidou a fait voter comme on sait une loi interdisant à l’Etat d’emprunter à sa propre banque centrale, sans intérêt.

    Sur le problème du retour aujourd’hui à un protectionnisme sélectif, en attente du point de vue de Jean Zin à ce ,deux articles récents , l’un de Fréderic Lordon, l’autre de Jean Marie Harribey :
    http://blog.mondediplo.net/2011-06-...
    http://projet.pcf.fr/15996
    Pour ma part je vote Front de gauche. On ne peut pas ne pas exprimer un point de vue, du moins au premier tour

  16. @P.J. Chavant :

    Encore une fois, le protectionnisme et le libéralisme sont des mots fourre tout qui ne servent qu'à manipuler les affects et à écarter toute remise en cause détaillée des mécanismes et des dysfonctionnements au regard des résultats possibles.

    Aucun libéral ne peut renier la nécessité des lois et aucun protectionniste proclamé ne peut renier la nécessité des échanges.

    Quant au premier tour, chacun fait ce qui lui plait, ça ne mange pas de pain...mais ça ne changera pas grand chose aux 3 scénarii probables du second tour. L'affaire est pliée.

    Seule l'abstention massive devant ces 3 scénarii du second tour est susceptible d'ébranler le système qui ronronne et dire ya basta ! Fini de plaisanter.

    C'est tout aussi utile que de manifester et de faire la grève.

    J'estime qu'avec une abstention massive, l'ambiance va changer de quelques crans et nous sortir de la ouate bien huilée du jeu politique actuel qui est une tartufferie complète.

  17. Je suis d'accord avec Olaf, les extrêmes sont absurdes, la relocalisation ne peut pas être la fin de la globalisation et le libéralisme dogmatique ne marche tout simplement pas, il faut des politiques différenciées. Un exemple, ce sont les marchés agricoles qui sont à la fois indispensables pour éviter les famines (notamment en Asie qui sera de moins en moins auto-suffisante sur ce point) et qui créent des famines en Afrique, là où la productivité est trop faible. Impossible d'appliquer le même principe partout.

    Lordon propose des solutions simplistes, même si elles peuvent être utiles, si je pensais que c'est tout ce dont nous avons besoin, je ne défendrais pas les dispositifs de la relocalisation (bien sûr inaudibles pour la plupart). Je ne crois pas du tout à la souveraineté dans notre monde, c'est cultiver les illusions, et c'est ce qui est dangereux avec le PG. On va voir ce que donne cette souveraineté du peuple avec le FN (après les divers fascisme ou islamismes).

    Par contre, si je ne voterais pas car l'élection présidentielle est une arnaque dangereuse, je ne crois pas du tout que ce sera majoritaire ni que cela pèsera sur le débat démocratique. Je suis hélas persuadé qu'il faut expérimenter l'erreur, ce qui n'est pas une raison pour y pousser.

    Pas le temps d'en dire plus en cette période...

  18. @Olaf
    En ne votant pas ne va-t-on pas dans le sens de la négation de la démocratie qui actuellement consiste à désigner pour exercer le pouvoir à la tête des nations européennes d'anciens experts des grandes banques, qui n'ont pas même été élus? Je suis comme vous, je ne me fais aucune illusion. Mais ne faut-il pas montrer au moins que nous ne sommes pas dupes? Et il y a des façons contradictoires de le montrer...

  19. Concernant les présidentielles, les combinaisons contradictoires ont été essayées, sans résultat.
    donc

    Donc 2012 ça sera au 2d tour re-UMP vs PS ou MODEM, ou l' un des 3 contre FN qui ne peut espérer que juste faire un peu mieux qu'en 2002. Les dés sont comme truqués, ils retombent sur la même face à part quelques aspects cosmétiques, ce qui me semble être tel quel une négation de la démocratie qui est devenue un trompe l’œil.

    Bien entendu, une partie importante geignent à l'imposture et vont du même pas mettre leur bulletin dans l'urne sacrée de la démocratie. Grand bien leur fasse de se complaire dans ce jeu de rôle.

    L'abstention ou vote blanc, c'est kif kif, est le seul moyen que je vois, peu importe les moralisateurs qui appellent à voter.

    Mais comme J Zin, il n'y aura pas de grosse surprise, la valse à 2 ou 3 temps sera confirmée en 2012.

  20. Oui, je ne dis pas du tout que Lordon a complètement tort et, même, dans ses critiques des libéraux il a entièrement raison, simplement il se trompe sur les causes profondes de la crise qui ne sont ni les banques ni seulement la mondialisation ou la dérégulation, remplaçant un préjugé par d'autres préjugés.

    Il faut revenir à plus de protectionnisme (ce que fait l'Amérique latine désormais) mais on ne peut en attendre trop, comme si la mondialisation, c'était les autres et qu'on n'avait pas beaucoup d'entreprises exportatrices. Du coup il fait naître des espoirs démesurés de mesures effectivement simplistes et trop partielles (comme la nationalisation des banques). Il a les défauts des intellectuels de se prendre pour Dieu en reconfigurant le monde selon un schéma idéal sans tenir compte des rapports de force effectifs et de la complexité du réel. Du coup, il passe complètement à côté du localisme, entre autres, qui pourtant devrait avoir plus d'impact que le retour à une dose nécessaire de protectionnisme (ou de ré-industrialisation).

    C'est le problème de la politique en général, on croit qu'il suffit de réfuter l'adversaire (en prenant ses représentants les plus caricaturaux) comme s'il avait entièrement tort (qu'on nous cache tout, qu'on nous ment, que ce n'est que propagande, qu'il y a un complot, etc.) et qu'il suffisait de prendre les positions inverses et de haranguer les foules pour les persuader qu'ensemble (comme si on n'était pas divisés) on peut tout changer, etc. C'est incontestablement ce qu'on veut entendre mais justement ce qui me rend très pessimiste sur l'année qui vient.

  21. On a tord de ne pas lire les libéraux, quand bien même ils ont aussi des vues idéelles critiquables. Je suis d'ailleurs surpris par les dires de Jorion estimant que les libéraux sont des fascistes. Les PC russes ou chinois étaient plutôt protectionnistes, tout comme le nazisme.

    Les libéraux n'ont jamais préconisé des banques irresponsables too big to fail, ni des crédits accordés sans examen de solvabilité, ce sont les gouvernements qui ont été dans ce sens prétendu social, ni les subprimes, ni la monnaie unique, au contraire de la diversité des monnaies.

    Ce qu'on appelle libéralisme actuellement, c'est le lobbyisme conjugué des oligarchies vis à vis des gouvernements.

  22. On ne peut pas mettre tous les libéraux dans le même sac. Il y a des libéraux très bien comme John-Stuart Mill (car il y a bien sûr du vrai dans la liberté économique) et des fous comme Spencer, Gary S. Becker, Pascal Salin, etc. Ce sont bien ces derniers qui sont majoritaires, hélas. Paul Jorion a raison de dénoncer Ron Paul et les libertariens du Tea Party comme des fascistes n'aspirant qu'à reconstituer des aristocraties. Le baron Hayek le dit explicitement, considérant lui qu'on subit la dictature des classes moyennes au détriment à la fois des riches et des pauvres ! Même s'il est pour un revenu de base (impôt négatif) pour les pauvres, sa constitution de la liberté assez délirante est une négation de la démocratie (qui s'appuie toujours sur les classes moyennes justement) en lui substituant la gouvernance généralisée (dont la BCE est une incarnation).

    Ceci dit, il est exact que ce n'est pas "le libéralisme" la cause de la crise actuelle bien que la dérégulation l'a aggravée ainsi que la sophistication des produits dérivés au nom de la liberté des contrats. On ne peut les absoudre non plus, surtout que les dérives "étatistes" comme les subprimes dérivent de la volonté de réduire les impôts et les prestations sociales au profit de "mécanismes de marché" sensés garantir une augmentation éternelle de l'immobilier.

    Il est par contre absolument vrai que derrière les arguties idéologiques, c'est surtout l'oligarchie qui pousse son avantage et défend ses privilèges, d'ailleurs de façon brouillonne et sans prévoir le coup d'après mais en reproduisant les mêmes mécanismes que ceux de la crise de 1929 qui relèvent de cycles à long terme plus que de causes particulières.

  23. 2012, l'année de tous les dangers, mais peut-être aussi de quelques réalisations.
    Vœu spécial Jean Zin: Je vous propose de déplacer l'énergie mise sur la revue des sciences à la mise en place de votre coopérative municipale par les moyens qui vous sembleront les plus efficaces (action auprès des maires de France, soutien intellectuel à ceux qui accepteront de se lancer dans l'aventure...).

  24. @Jean Zin : Du coup il fait naître des espoirs démesurés de mesures effectivement simplistes et trop partielles (comme la nationalisation des banques). Il a les défauts des intellectuels de se prendre pour Dieu en reconfigurant le monde selon un schéma idéal sans tenir compte des rapports de force effectifs et de la complexité du réel. :

    Là, je te trouve vraiment dur envers Lordon, il ne mérite pas un tel traitement. (Je me permets de te tutoyer parce que tu es incontestablement sympa.) Voici ma réponse :

    1) Toute mesure est forcément "partielle" puisqu'on ne saurait trouver de formule fondamentale et générale comme en physique. Donc toute mesure est insuffisante à elle seule.

    2) Toute formule est forcément "simple", (simpliste si l'on veut), comme l'atome est simple par rapport à une protéine. On pourrait en dire autant de la taxe Tobin ou du revenu universel.

    3) Ce sont les néolibéraux qui ont vraiment une formule simpliste et universelle : le marché est efficient, donc il faut déréguler, laisser faire le marché. Eux non rien d'autre, et ainsi ne s'exposent pas à la critique.

    4) "il fait naître des espoirs démesurés" : admettons, mais ce ne peut être qu'à son corps défendant. Lordon analyse et explique, c'est tout. Dans ses textes comme dans les vidéos, on ne le voit pas, (au contraire de Jorion), guetter les effets de son influence. Et il ne se montre pas du tout, (au contraire de Jorion), dans les "médias mainstream".

    5) "défauts des intellectuels de se prendre pour Dieu" : Ah ! Si seulement tous les intellos qui "se prennent pour Dieu" pouvaient parler comme lui, avec autant d'humour, de mordant et de style...

    6) "en reconfigurant le monde selon un schéma idéal" : les solutions pour l'avenir sont forcément inexistantes, donc "idéales". Voir aussi point 3.

    7) "sans tenir compte des rapports de force" : je gardais ça pour la fin, parce que dire ça d'un spinoziste comme lui est un non sens !

    Cordialement

  25. Moi, je ne suis certainement pas aussi sympa que Lordon et, contrairement à lui, je ne passe ni à France-Inter, ni sur France 3, etc. Une des choses que je trouvais le plus sympa chez lui, c'est d'ailleurs. de critiquer les intellectuels médiatiques... Il a certainement plus d'humour que moi et c'est un bien meilleur homme de scène, son talent est indéniable. Mon blog est assez confidentiel pour que je puisse me permettre de dire ce que je pense sans forcer quiconque à penser comme moi. Le simple fait d'être spinoziste me semble suffisant comme certificat de dogmatisme, le fait de se prendre pour Dieu étant le principe même de la connaissance du 3ème genre.

    Je ne cherche sûrement pas à déconsidérer Lordon pas plus que Jorion qui ont un rôle plutôt positif dans la conjoncture actuelle, cela ne m'empêche pas de faire part de mes divergences qui sont importantes (et personne ne s'en soucie).

    Quand je parle de solutions simplistes, c'est parce que je défends une conception systémique articulant production, circulation, répartition et basée sur l'évolution des forces productives, ce qui m'amène à réfuter tous les monétarismes et réductionnismes, tout autant que le revenu garanti comme mesure isolée. On pourrait légitimement me taxer d'idéalisme plus que lui de vouloir monter le niveau d'exigences, sauf que c'est au niveau local que je me place, où les rapports de force peuvent plus facilement être favorables quelque part pour en tenter l'expérience. Je ne m'appuie pas que sur des dysfonctionnements économiques mais sur des mouvements de fond à la fois écologiques, technologiques, géopolitiques, sociaux, historiques, etc. Cela peut sembler beaucoup plus abstrait alors que je crois que c'est beaucoup plus concret au contraire (car nationaliser une banque ne va pas rendre le crédit plus facile, sauf à risquer la banqueroute comme en 1936, ce qui n'a pas duré longtemps. Le problème n'est pas d'avoir une banque nationalisée mais de savoir qui la contrôle, au profit de qui, ce qui n'est jamais "le peuple", mais des personnes appartenant à des réseaux de pouvoir). Qu'y-a-t-il de plus "réformiste" ou plutôt conservateur que le protectionnisme et la nationalisation des banques, rêve d'un national-capitalisme dont il n'y a rien de bon à attendre. Changer le travail et la façon de produire est tout autre chose, pour lequel on n'aura effectivement que mépris par rapport à l'affirmation volontariste de la souveraineté nationale dont on attend merveille (et quoi d'autre que la guerre?).

    Il est vrai que les néolibéraux ont une position simpliste, se suffisant à dire toujours la même chose au nom d'un scepticisme dogmatisé. Il n'empêche que le marché produit des systèmes complexes alors que les systèmes étatisés n'arrivent pas à gérer la complexité. Surtout, il faudrait abandonner cette idée qu'on aurait forcément raison parce que les autres ont tort (falsus sequitur quod libet). Pour ma part, je crois qu'il faut jouer sur tous les tableaux et avec finesse, gérer les cycles économiques et la stabilité de l'économie en même temps qu'il faut préparer l'alternative mais pas promettre la lune avec le protectionnisme ou les nationalisations sans avoir à rien changer au système de production. Tout cela me semble imaginaire, une reconstruction d'un monde qui n'a que peu de rapport avec la réalité mais, l'objet de cet article, c'est de montrer que cela ne concerne pas que Lordon mais que c'est très général, au point qu'il n'y a absolument aucune raison de croire que je puisse avoir raison contre toute cette cohorte d'économistes, moi qui ne le suis même pas !

    Bien sûr je préférerais pouvoir dire que Lordon est formidable, qu'Emmanuel Todd a tout compris et qu'il faut voter Mélenchon mais j'ai trop mauvais esprit, hélas pour rejoindre l'enthousiasme des foules.

  26. @Michel MARTIN : Merci pour les voeux, même si je ne crois pas trop à la réalisation de coopératives municipales avant qu'on soit vraiment dans la panade (les rapports de force ne s'inventent pas). Plusieurs ont déjà essayé sans rien donner pour l'instant. Bien sûr que j'apporte mon soutien intellectuel à ceux qui veulent tenter l'aventure mais je ne crois pas pouvoir être très utile pour autant n'ayant évidemment aucune expérience de la chose, il y a juste quelques principes pour guider l'action, ensuite c'est le terrain qui décide, il faut tout inventer ce qui est à la fois exaltant et casse-gueule.

    La revue des sciences est effectivement un gros travail et qui n'intéresse pas tant de monde, sans doute, mais pour certains, c'est la seule chose intéressante que je fais ! Pour moi, cela me permet de mieux évaluer ce qui nous menace et de me rappeler constamment qu'il ne faut pas tenir à ses théories, ne pas avoir de convictions, que tout change et que plus on en sait, plus il y a d'inconnus et que c'est le réel qui tranche en dernière instance. Cela me repose surtout des débats politiques et idéologiques où il faut se coltiner toutes sortes de délires sans avoir les moyens de trancher justement, et soumis par le fait à un relativisme démocratique sans issue où celui qui gagne est celui qui dit ce qu'on veut entendre, refoulant la triste vérité, et où les expériences en grandeur nature sont meurtrières.

  27. OK d'accord, je saisis mieux, mais quand même... Les propositions concrètes et praticables sont forcément critiquables parce qu'elles ont le défaut d'être (ou de pouvoir être) réelles. Je pense à la nationalisation des banques qui, évidemment, n'a rien d'une "solution idéale".

    Crois-tu qu'un gars comme Lordon ignore que : "Le problème n'est pas d'avoir une banque nationalisée mais de savoir qui la contrôle, au profit de qui, ce qui n'est jamais "le peuple", mais des personnes appartenant à des réseaux de pouvoir" ?

    "nationaliser les banques" n'est jamais qu'un mot d'ordre et un premier pas (analogue à l'interdiction des paris chez Jorion), ce n'est une "solution idéale" que si l'on s'en tient là. Mais pour l'heure, on en est si loin qu'on est bien obligé de s'en tenir là.

    De manière générale, j'apprécie Lordon parce qu'il s'en prend d'abord aux institutions, car ce sont elles (et les multinationales) qui font que notre monde est ce qu'il est. Les mouvements de fond à la fois écologiques, technologiques, géopolitiques, sociaux, historiques, ne font que suivre le mouvement impulsé par les institutions. Certes, ces mouvements anticipent les changements mais, comme on le voit pour le nucléaire, ils pèsent des clopinettes face aux institutions.

  28. Je pense moi aussi que les institutions sont primordiales, je propose de nouvelles institutions ! J'ai toujours été assez en accord avec l'école régulationniste mais, justement, je préfère des banques régulées que des banques étatisées le mélange des intérêts n'étant pas bon du tout (on peut prendre toutes les garanties démocratiques qu'on veut) et par contre la diversité des banques étant indispensable. Il faudrait que la BCE joue mieux son rôle de banque centrale et qu'elle puisse prêter aux Etats mais on s'en approche...

    L'interdiction des paris sur les prix et une taxe sur les transactions financières me semblent beaucoup plus pertinents, sans rien avoir de révolutionnaire non plus ni de rapport avec la crise (ATTAC, c'est pas tout neuf, c'est là aussi une évolution de fond, là-dessus YMB a entièrement raison). Notre entrée dans l'ère du numérique change les institutions (les rapports sociaux entrent en contradiction avec les nouvelles forces productives) mais surtout le travail lui-même et le mode de production, ce qui crève les yeux mais dont personne ne parle, surtout en temps de crise où ne comptent que les problèmes immédiats et les solutions miracles détaillées dans l'article qui sont anciennes et plus familières mais n'ont aucun rapport avec le problème.

  29. A propos de coopérative municipale : Pris chez Etienne Chouard une utopie réalisable ; je dirais plutôt une réalité exemplaire :

    http://etienne.chouard.free.fr/Euro...

    A part ça je partage l'idée que rien n'est simple en matière politique et que les solutions définitives et suffisantes n'existent pas ; cela étant posé , ce qui compte c'est que les choses soient en mouvement : que la démocratie fonctionne ; il semble évident que ce n'est pas le cas et que ni nos institutions ni nos pratiques politiques ne permettent ce fonctionnement. C'est en effet la possibilité de confronter les points de vue qui permet de mieux globaliser les solutions, de produire des analyses , des délibérations et des décisions politiques; les erreurs sont possibles et de mauvais choix peuvent être fait , mais au moins , la démocratie fonctionne;
    On sait bien que le vote par alternance pour des représentants , qui plus est dans un contexte d'élargissement des échelons territoriaux et mondialisation , fausse la vie démocratique , la réduise à un combat électoral permanant, chapeauté non par des analyses en débat mais des idéologies droite gauche qui ne font plus sens ; de ce fait et sans outil politique digne de ce nom , c'est le système qui prend le dessus , la pensée unique qui prend ses aises grâce au système médiatique qui donne la même tonalité ; les bonnes propositions ou analyses des uns ou des autres n'ont au final aucun intérêt parce qu'aucune possibilité réelle d'être prise en compte dans un débat public organisé .
    Je profite de cet espace de réflexion pour vous demander votre point de vue sur le programme de Asselineau :
    http://www.u-p-r.fr/presidentielles...
    notamment la conception du rôle présidentiel qui distingue le champs de l'immédiat , du court terme, de la gestion des affaires par l'éxécutif (le gouvernement ) et le champs du global , de la prospective , du projet de société , du débat public ( le président ).

  30. Je me permets de critiquer sur mon site ceux qui me sont les plus proches, ce n'est certainement pas pour être indulgent avec des crétins villiéristes qui rêvent de restaurer la grandeur de la France et de son industrie. Tous ceux qui se présentent à l'élection présidentielle sont des malades mentaux mais il y en a de plus gratinés que d'autres. Je n'arrête pas d'insister sur le fait qu'on est à l'ère du numérique (je n'y suis pas pour grand chose) et qu'il faut une politique adaptée (une écologie-politique à l'ère de l'information), une politique hyper-moderne si l'on veut effectivement, la machine à remonter le temps n'étant pas encore au point ! Si je dénonce sans arrêt les archaïsmes de la plupart des propositions, c'est qu'elles sont vouées à l'échec tout simplement mais je sais tout aussi bien que cela ne sert à rien de le dire, on se prépare toujours pour la dernière guerre pas pour la prochaine...

  31. @ jean Zin

    - "je trouve l'expérience de Marilaneda passionnante, grâce à la propriété communale du foncier"
    Elle est passionante mais sa réalité même montre ses limites : il a fallu un notable possédant plus de 20000 hectares de terres ( pour qu'il puisse en céder 1000), il a fallu la ténacité et le courage des initiateurs, il a fallu que les habitants soient des sans terres et éprouvent fortement le besoin de terres etc etc
    Dans ma commune rurale et péri urbaine , les terres , ce n'est pas 20 000 ha à un seul mais 10 par ci ,20 par là , les habitants ne sont pas des sans terres , mais des urbains habitant en zone rurale , le maire et les conseillers ne sont pas des foudres de guerre et gèrent sans ambition autre que le bon équilibre financier (c'est déjà pas mal) mais jamais de projet , aucune réflexion prospective , aucune envie d' assemblées citoyennes ! Même l'urbanisme est subi !

    - "penser que je puisse m'intéresser à un discours aussi archaïque et réactionnaire que celui d'Asselineau !"
    Loin de moi l'idée de penser quoi que ce soit sur vos centres d'intérêts ! Moi même je connais peu Asselineau ; j'ai visionné son programme et certains points me semblent très intéressants , ni archaïques et ni réactionnaires .....Mais peut être est ce que sans bien me connaître , je suis moi même archaïque et réactionnaire ? J'avoue que cette découverte ne me serais pas agréable ! Mais si j'ai un bouton sur le nez , autant le savoir ...
    Avez vous vous même visionné ce programme en surmontant votre aversion ? et si c'est le cas, en mettant de côté "la grandeur de la nation" , pouvez vous en faire très synthétiquement la critique ?
    Cela dit je respecte votre agacement , vous êtes sur votre blog et pouvez m'envoyer balader ; je ne m'en offusquerais pas .

    Bonne fin d'année à tous.

  32. Entièrement d'accord sur Marinaleda, difficilement reproductible juste encourageant (et montrant l'importance du foncier).

    J'avoue ne pas m'être trop attardé sur Asselineau, ce que j'en ai lu m'a suffi et je n'ai pas le temps d'approfondir un sujet qui me semble de peu d'intérêt (je suis en pleine revue des sciences). Il est possible qu'une mesure ou deux puissent en être sauvées mais cela m'étonnerait étant donnée l'erreur d'analyse de départ. En politique, les forces sur lesquelles on s'appuie sont plus déterminantes que le baratin (Michel Serres, ce matin, a lui aussi insisté sur l'inutilité des débats qui se vérifie tout au long de l'histoire des sciences, pas seulement de la politique pour qui c'est juste un mode de communication).

    Bonne année à vous aussi !

  33. @di girolamo

    Bonjour.Ce que j'ai trouvé bien chez Asselineau c'est de montrer que l'adoption de l'euro comme monnaie unique fut prématuré, et de comparer le concept de nation avec celui de peuple, qui ne se superposent pas .Sans partager avec lui ce qu'il me semble mettre derrière ces prédicats, je pense aussi que les peuples du sud et les peuples du nord de l'Europe ne sont pas mûrs pour une économie et une politique commune. ( Par ailleurs,je suis assez d'accord avec Crapaud rouge)

    Meilleurs voeux à tous, et particulièrement à Jean Zin. Qu'il fasse bouger encore longtemps, sans protectionnisme, nos incertitudes!

  34. La "robotcalisation" est le nom donné à la relocalisation de la production industrielle (sans beaucoup d'emploi donc) :
    http://www.journaldunet.com/economi...

    The Great Crash Ahead, de Harry S. Dent donne une explication de la crise par le baby boom qui recoupe donc la mienne (bien qu'il néglige le rôle de la lutte contre l'inflation maintenant des taux trop bas favorisant l'endettement, de même qu'il néglige le retour de l'inflation puisqu'il parle de déflation), ce qui l'amène à prédire que la contraction du crédit entraînera une longue récession (ce que j'ai dit dès le début).

    Dans cette guerre de la dette et de la création d'argent, la Réserve fédérale est simplement désarmée. Elle ne peut pas créer assez d'argent pour parer à la déflation sans ruiner la monnaie. C'est tout simple.

    La seule question, c'est de savoir si le dollar peut tenir, ce qui semble impossible dans ces conditions, mais tant qu'il tient, les USA peuvent sembler s'en sortir...

  35. Le coût réel de la "robotcalisation" a t-il été calculé ? Tout comme le coût réel du nucléaire ? etc etc
    Le calcul du coût ne se faisant plus sur des bases seulement économiques et financières mais GLOBALEMENT .
    Par exemple la mécanisation de l'agriculture a permis de libérer un grand nombre de personnes qui sont venues habiter les villes.... Y a t il un gain ou une perte, globalement ? Le calcul ne doit pas être fait entre modernisme et retour à la bougie : on pourrait , on doit penser qu'on pourrait garder la recherche scientifique et technologique dans la cadre d'une organisation du travail et de l'espace autre que l'urbain et le rural au sens que l'on donne aujourd'hui à ces termes , ce sens étant lui même issu des évolutions technologiques permettant à un seul agriculteur de produire pour un nombre très important de citadins.
    Je reformule autrement ma question : n'y y a t il donc pas possibilité , à un moment donné ou l'autre , de ne pas subir les techniques mais de les orienter et choisir ? Sans les prendre pour modèle mais juste pour étayer mon questionnement , les Hamischs ont décidés (pour des raisons religieuses ) de ne pas utiliser certaines techniques ; par exemple ils travaillent encore beaucoup manuellement et ont mis au point des outils agricoles spécifiques au travail animal .
    Bref , sommes nous cons-damnés à subir l'histoire et attendre que les crises rectifient le tir en nous écrasant les doigts , les bras , les jambes ...le corps entier , ou avons nous en nous même cette faculté POLITIQUE de prendre du recul et quitte à nous tromper décider par nous mêmes ?

  36. Je ne pense pas qu'on puisse parler d'un coût de la robotcalisation qui n'est qu'une façon de produire plus près des consommateurs, ce qui semble un gain net. On pourrait éventuellement parler du coût de la robotisation en général, ce qui est tout autre chose, mais là il s'agit seulement de mettre les robots ici plutôt que là-bas.

    Vouloir calculer un coût social pour l'industrie me semble une impasse, on peut seulement interdire certaines techniques ou certaines implantations, imposer des normes et appliquer impôts et taxes mais rien n'arrêtera l'automatisation et l'amélioration des techniques de production qui sont même souvent positives écologiquement en exploitant mieux les facteurs de production (énergie, matière, etc.).

    On peut certes décider de se priver des derniers progrès techniques comme les Amish mais d'une part cela ne peut être que local, n'affectant pas le progrès général, d'autre part il faut de fortes motivations spirituelles car cela constitue un handicap dans une société ouverte, enfin ce n'est jamais qu'un retard provisoire car même les Amish se sont mis à utiliser l'électricité et les ordinateurs maintenant. Il n'en reste pas moins qu'on est libre individuellement d'utiliser ou non telle ou telle technique même si cela n'a aucune portée générale. Il y a encore des tribus qui vivent de façon primitive, c'est donc possible mais pas pour l'industrie soumise à la concurrence internationale.

    On ne peut pas comparer l'industrie et l'agriculture. Il y a incontestablement un gain écologique à une agriculture moins intensive et qui ménage mieux ses ressources naturelles pour assurer leur reconstitution et les cycles écologiques, ce n'est pas comparable avec l'industrie qui n'a pas ces limitations.

    C'est une illusion de croire qu'on pourrait choisir ses techniques au-delà du choix, par exemple, entre nucléaire et solaire ou renoncer au gaz de schiste (et encore, la question du coût est décisive, ici comme ailleurs). C'est une surévaluation du politique de s'imaginer pouvoir obtenir une majorité pour une perte de productivité (ce que j'ai appelé l'appauvrissement volontaire), c'est bien pourquoi j'ai adopté une toute autre stratégie qui passe par le travail choisi, hors salariat productiviste, favorisant effectivement des techniques artisanales et compensant la perte de revenu par l'intérêt du travail lui-même. Autant cela me semble praticable, autant rêver d'imposer politiquement de renoncer au progrès technique me semble une impasse. On peut, relativement choisir sa vie et les techniques qu'on emploie soi-même, pas la marche du monde ni une histoire qui nous a produit plus que nous la produisons. J'ai essayé de montrer que c'est une erreur de croire que le progrès technique s'imposait à nous de façon purement hétéronome alors qu'il y avait une certaine unité du sujet et de l'objet se construisant mutuellement tout comme dans l'évolution du vivant sans qu'on puisse contrôler cette évolution comme si le sujet était hors de l'histoire et pouvait choisir l'époque de sa naissance, ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut rien contrôler mais pas l'évolution technique y compris dans ses aspects les plus dangereux (bombe atomique, virus modifié, etc., depuis le feu, le fer, les gaz, etc).

  37. Le coût me parait vite évalué en terme de retour sur investissement. C'est différent du nucléaire, dont les risques sont en fait mal évalués.

    Un robot, c'est de l'électromécanique, ça ne va pas chercher très loin en termes de pollution.

    Tout ça me rappelle qu'une de mes formations initiales concernait la robotique et ses modèles mathématiques.

    Choix entre un robot anthropomorphe ou un robot linéaire, vaste question métaphysique...

  38. Je ne parle pas d'évaluation économique mais me situe au niveau global d'organisation générale de la société ,par définition innapréhendable puisque s'imposant à nous d'une manière multi factorielle qui échappe à nos faculté cognitives individuelles.
    Nos inventions, nos techniques, ne sont pas neutres ; pas seulement dans la manière de les utiliser ou non mais aussi en amont puisque leur émergence répond souvent à des recherches financées et que par conséquent la recherche répond en quelque sorte à une commande ; "on" dit cette commande a- politique , c'est à mon avis plus que douteux ,même si le choix politique n'est pas affirmé en tant que tel .En d'autres termes je ne crois pas à un monde qui avance tout seul et que nous gérons au jour le jour comme nous le pouvons , je n'y crois pas même si c'est une réalité incontestable : l'ambivalence des choses fait qu'on peut aussi sans se tromper affirmer le contraire : nous avons la possibilité en amont d'impacter l'évolution de la société.
    Même si le global nous échappe ( n'en est il pas de même pour la science ?) nous pouvons POLITIQUEMENT faire des choix globaux en amont , en fonction de repères de valeur qui sont eux aussi incontestables et fondateurs de notre espèce.
    Les Amischs , pour revenir à eux font sans doute preuve d'intelligence en utilisant maintenant les ordinateurs et l'électricité qui les alimentent , mais peut on dire qu'ils se trompent en développant la recherche d'outils agraires adaptés à la traction animal , dans un monde ou l'énergie devient plus difficile à capter et ou le travail manuel a été peut être trop vite jeté aux orties?

  39. Le problème, c'est que l'évaluation économique a force de loi dans l'économie, ce ne sont pas les "valeurs" subjectives qui permettent de rende viable une production.

    Je n'ai jamais dit que les techniques étaient neutres mais qu'on ne pouvait vraiment les choisir (on ne choisit pas l'état des techniques de son temps), qu'on en est plutôt sujet, mais elles ont à la fois des bons et des mauvais effets (comme la médecine). Je ne crois pas du tout qu'il y ait une science prolétarienne opposée à une science bourgeoise, le maoïsme ayant expérimenté déjà de façon désastreuse des techniques considérées plus progressistes. Il est certain que les intérêts favorisent certaines techniques sur d'autres mais ce n'est pas plus qu'une inégalité de rapidité dans leur développement. Il est tout aussi certain qu'on peut choisir individuellement les techniques qu'on utilise et qu'on a a intérêt à privilégier les techniques douces et décentralisées mais ce qui est déterminant en dernière instance, c'est l'efficacité, qu'on le veuille ou non ("peu importe qu'un chat soit blanc ou noir pourvu qu'il attrape des souris").

    Le monde n'avance pas tout seul, il y faut notre participation mais nous ne pouvons le former à notre convenance. Dans la dialectique sujet/objet, je sujet n'est pas passif mais il n'en reste pas moins qu'il n'est pas le maître de l'univers, que c'est le monde qui nous produit plus que nous ne le produisons, les effets de masse nous échappant complètement. Les choix globaux résultent de processus globaux et de la pression des événements (ou des rapports de force) pas du tout de nos choix "politiques" car il y a un gouffre entre "je" et "nous" sensés représenter une majorité, entre notre rayon d'action et la totalité du monde. Il n'y a pas de gouvernement du monde, encore moins de démocratie mondiale, c'est un fait, on ne peut que peser plus ou moins sur les événements (on voit le mal qu'on a à réduire nos émissions de co2). L'exemple le plus récent, c'est la tentative désespéré de vouloir tenir secret la fabrication d'un virus foudroyant. On ne le peut tout simplement pas, pas plus qu'on n'a pu s'opposer à l'invention du fer avec l'âge sombre d'incessantes invasions guerrières que cela a pu provoquer.

    Il ne s'agit en aucun cas de dire que les Amish se trompent, on peut même trouver très utiles des techniques agraires qu'ils ont développé. Ce qui est impossible, c'est de convertir la terre entière à cette religion ultra-minoritaire (moi je ne pourrais vivre cette vie). On peut penser le contraire, cela ne sert juste à rien et sûrement pas à régler les problèmes qui se posent à nous. Il est plus que légitime par exemple d'être contre l'arme nucléaire, ce n'est pas ce qui la fera disparaître de la surface de la terre. De même, on peut se battre contre les OGM, refuser leur contamination locale, ce qui les condamnera sera plus sûrement leur inefficacité, ce qui n'empêchera pas la technique elle-même de se perfectionner. Il y a un monde entre refuser une technique localement et convaincre les Américains, les Chinois, etc. de l'abandonner.

    C'est toujours cette confusion entre être acteur d'une pièce ou de s'en croire l'auteur. Internet renforce sans doute cette illusion "altermondialiste" que pourrait se former une véritable uniformité mondiale par contamination d'un même nous voyant soudain faire bloc et réaliser l'universel, permettant de choisir comme un seul homme, version moderne de la révélation religieuse et qui n'aura pas plus de succès (non pas que la religion n'ait pas de succès, mais qu'il y en a plusieurs).

  40. Auteur…Acteur …. manifestement nous sommes acteurs et non créateur du monde ; pourtant si souvent on se trompe de rôle !
    Ce que j'essaie de dire , la pensée que j'essaie de formuler est la suivante : si la pièce n'est manifestement pas écrite par nous , on peut néanmoins constater que le scénario comporte une grande originalité qui consiste , du moins concernant notre espèce , à pouvoir NOUS CROIRE auteur et ainsi à ne pas respecter les règles du scénario ; ce qui peut nous amener à nous auto détruire , par exemple rejeter massivement du Co2 fossile , est ce un scénario obligé ? La pièce à ce niveau là est elle déjà écrite ? Ne pourrions nous pas considérer, que, une autre écriture aurait été, serait encore possible ? Celle par exemple d'une "mutation " supplémentaire dans nos cerveaux permettant de distinguer l'intérêt à court et long terme ? Quand vous dites « Le problème, c'est que l'évaluation économique a force de loi dans l'économie, ce ne sont pas les "valeurs" subjectives qui permettent de rende viable une production » …..On peut dire oui et non : l’économie de la pêche a naturellement tendance à pousser vers l’extinction des espèces marines en mettant au point des nouvelles techniques de pêche ( on revient vers les techniques !) ; on est donc obligé de distinguer l’économie et l’intérêt général à long terme , y compris l’économie elle même : « quand plus de poissons on mange les billets »
    Bref, je ne pense pas qu'on puisse évacuer cette question du mystère de notre condition d'acteur qui possède une possibilité illusoire de devenir auteur mais que pour sa destruction ; parce que si on respecte la pièce, les règles de la vie sont apparemment tournées vers la vie ?
    C'est ainsi qu'individuellement on peut fumer et refumer et attraper un cancer du poumon , signe évident que le poumon est fait pour respirer de l'air et non du tabac ; qu'on peut se jeter du haut d'une tour et mourir ,signe que la loi de la pesanteur existe . Et que par conséquent pour tout simplement survivre nous avons besoin de respecter certaines règles dont nous ne sommes pas les auteurs ; pour bien vivre il nous faut « obéir » aux règles écrites.
    Effectivement le problème qu'on a avec une société c'est que la donne n'est pas individuelle, ce qui complique bougrement les choses. Les données s’entre croisent, les paramètres sont si nombreux qu’on a du mal à bien percevoir les règles de survie d’une société (société durable). Il y a le facteur de complexité ; d’autre part si individuellement le non respect des règles se paient souvent au comptant, la dilution sociale fait que l’illusion peut durer et que le non respect des règles peut toucher autrui et non pas soi même. Ce qui fait que, n’ayant pas la sanction, on peut s’illusionner plus longtemps ; on peut tyranniser, exploiter autrui, piller les ressources , un temps social plus long et plus dilué et de ce fait faire durer le mirage…Un certain temps. Nous sommes peut être à un moment de l’histoire où ce temps nous est compté ?
    Un autre problème, en plus de la difficulté de compréhension des règles et du fait qu’on puisse tricher plus longtemps, est la difficulté de la décision collective qui suppose qu’une majorité d’individus différents puissent peser dans un sens ou l’autre au même moment.
    Il y a aussi le phénomène de propagande, ou voile de fumée que vaporisent les individus et groupes ayant un intérêt à masquer la réalité. Et la propension bien humaine de ne réagir que lorsque cela fait mal (la grenouille d’AlGore)…….ETC etc

    Peut on pour autant dire : on est acteur, au sens de l’abeille, des biches , des oiseaux du ciel ?
    Peut on dire, étant acteur et non pas auteur (quel con cet auteur !) Les dés sont jetés ? A l’évidence non ; cela dit tout comme vous je ne vote plus, refusant de me faire piéger dans un jeu qui voudrait nous faire croire que …Les dés sont jetés.
    En conclusion, nous ne sommes qu’acteurs, individuellement et socialement ; mais individuellement et socialement , nous DEVONS respecter les règles et le scénario. L’activité politique consiste donc essentiellement à réfléchir pour faire émerger ces règles ; l’intelligence et la morale ( au sens des valeurs que nous avons en nous ) ont donc une grande importance . Le constat est qu’AUJOURD’HUI l’activité politique n’est pas du tout organisée autour d’un travail cognitif qui pour avoir quelque chance de prendre en compte le maximum de facteurs possibles, RAISONNER GLOBAL , doit être un travail collectif ,OUVERT A TOUS LES ACTEURS ; nous choisissons comme avec un caddy des produits programmatiques clé en main élaborés par des individus en recherche de victoire électorale .Nous somme donc très très loin de la politique et de la démocratie .
    Néanmoins, si nous voulons rester des humbles acteurs, il faudrait sans aucun doute activer un nouvel outil politique très ancien qui a nom démocratie , tout bonnement faire travailler ENSEMBLE tous les acteurs, notre matière grise , au sein d’un espace public de recherche . Ces travaux seraient indépendants mais néanmoins très liés en l’impactant à la gestion au quotidien des affaires de la cité, qu’il faut bien assumer même si beaucoup de scènes sont incohérentes et peu respectueuses de ce que nous sommes.

    Veuillez excuser mon délire dont je ne suis pas vraiment l’auteur et le très mauvais acteur.
    Le but recherché étant d'avoir votre avis , et celui des fidèles de ce blog , sur l'intérêt de chercher à réformer notre système politique dans le sens indiqué ; en prenant en compte que n'étant qu'acteurs le résultat reste aléatoire .

  41. Je crois comprendre ce que vous voulez dire Di Girolamo. A l'origine, l'objet de la théorie révolutionnaire était effectivement de "faire prise" sur la subjectivité individuelle pour la porter dynamiquement vers un autre idéal de vie, cette prise pouvant être assez hétéroclite, fondée sur des arguments rationnels, subjectifs, culturels, localisés, mondialisés ou internationalisés, etc., selon les cas que l'on prendre. La recherche dans la théorie révolutionnaire a essentiellement servi à cela, à tenter de trouver une critique de la société existante assez probante pour faire prise sur les subjectivités individuelles et assez "enthousiasmante" pour canaliser les énergies humaines. Les théories révolutionnaires ont connu le reflux que l'on sait avec l'avènement de la subjectivité contemporaine sur laquelle, pour bien des raisons, elles désespèrent de "faire prise".

    Je ne pense pas du tout qu'il s'agisse de la perspective de Jean. On retrouve un peu partout ce marasme fataliste, issu également d'une "technique" qui, au sens propre comme au sens figuré, nous a englouti.

    Il est certain que personne ne voit exactement comme un pays isolé pourrait se détourner du cours suicidaire du monde. Aucun pays n'a jamais fait son histoire consciemment, quel que soit la technologie en vigueur dans leur société, mais il est certain qu'à mesure qu'augment la complexité d'un monde structurellement unifié par les critères d'efficience décroissent grandement nos capacités individuelles d'intervention. En d'autre terme si le village isolé et lointain du XIVe siècle était protégé par la distance (à l'inverse des technologies qui déspatialisent le réel en le rapprochant) et permettait donc une certaine "autonomie locale" (lenteur de transmission de l'ordre, lenteur d'acheminement de l'information, etc.), le village moderne (désert et asservi aux structures centralisées dont sa survie dépend) en serait l'image opposée.

  42. On est assez proche de la position d'un voilier qui tire ses forces des éléments environnants, un peu de force humaine et beaucoup de connaissances permet d'en tirer quelque chose via le gouvernail.

    La technique est un peu une drogue, aussi ancienne que cette dernière, comme l'argent, "Once a trader always a trader…"

    On voit par ailleurs, le résultat de la politique de lutte contre les drogues, des Kalachnikov qui poussent comme des petits pains, plus seulement au Mexique, mais dans notre bonne France.

    Moyennant quoi Areva est en mauvaise posture, après Fukushima. Les investissements douteux entrainent des retours de manivelle douloureux quand il faut faire des bilans.

    C'est tortueux, et l'on a souvent un train de retard, ce qui nous contraint à redevenir acteur à sa propre échelle souvent limitée au regard de ses ambitions propres.

  43. C'est la révolution française qui a donné l'illusion qu'on pouvait choisir notre destin et faire triompher la raison sur l'obscurantisme, ce qu'on peut considérer comme vrai mais uniquement sur le long terme et en passant par toute une dialectique contradictoire. Toutes les idéologies sont venues de là, avec leur caractère explicitement totalitaire puisque voulant organiser la totalité de la société (comme si on pouvait en être les auteurs et que la révolution française avait été préméditée). On ne peut plus l'ignorer, pas plus qu'on ne peut ignorer leur échec et leurs horreurs (y compris le totalitarisme de marché et le volontarisme de la commission européenne pour détruire ce qui fausse la concurrence). Il ne suffit pas de parler d'un reflux comme s'il était dû à des causes contingentes. Je recommanderais bien de lire les page du gros livre de René Passet (Les grandes représentations du monde et de l'économie à travers l'histoire) consacrées au socialisme utopique, on y verrait que tout a été expérimenté déjà, dans l'enthousiasme, le reflux venant de leur échec patent, non sans qu'il n'en reste tous les progrès sociaux qui eux n'étaient pas aussi utopiques mais sont beaucoup moins révolutionnaires et anticapitalistes, en tout cas pas du tout totalitaires.

    Le marxisme est lui aussi basé sur cet espoir de pouvoir dépasser le fétichisme qui transforme les rapports entre les hommes en rapport entre les choses, refusant que nos actes individuels se retournent contre nous au niveau social. Marx avait compris que c'était son caractère systémique qui autonomisait le système de production capitaliste de la société (ce que Karl Polanyi appelait le désencastrement de l'économie par rapport à la société), mais il n'avait pas compris qu'on ne pouvait que changer de système aussi hétéronome par rapport à l'individu (ce que les régimes socialistes on illustré de façon insupportable).

    C'est tout cela qui m'a persuadé qu'il n'y avait que des alternatives locales mais en 1999 j'étais encore persuadé qu'on pouvait dépasser le fétichisme et l'hétéronomie alors que le langage, la culture, les techniques, l'organisation sociale sont une donnée objective sur laquelle nous avons peu de prise. L'appel à l'enthousiasme de Badiou par exemple n'est que l'appel au fanatisme des foules qu'on chauffe comme chez les évangélistes, donnant une sensation de toute puissance bien trompeuse alors que ce n'est que le refoulement de tout ce qui dément cette toute-puissance.

    Au lieu de cela, il faudrait essayer de déterminer ce qu'on peut faire et donc essayer d'avoir une pensée stratégique. La stratégie ne garantit aucune victoire, elle évite de se lancer dans des batailles perdues d'avance comme le refus de la technique. Je répète que, pour ma part, je suis assez terrorisé par les biotechnologies (et pas du tout par les nanotechnologies) mais qu'il n'y a aucun moyen d'empêcher la fabrication d'un supervirus par un savant fou (un biohacker pouvant être un écologiste voulant réduire la population mondiale), de même que vouloir empêcher un pays comme l'Iran de se doter de l'arme nucléaire exige des moyens terrifiants pouvant être pire encore. On vit dans un monde très dangereux, il y a de quoi s'en alarmer. Comme dit Brel, moi, si j'étais le Bon Dieu, je serais pas fier ! S'il y avait un auteur du monde il serait bien criminel.

    A partir de là, répétons-le, il s'agit de déterminer ce qu'on peut faire, faire prendre en compte les contraintes écologiques au niveau mondial (climat), au niveau européen (normes, subventions, taxes), au niveau local (coopératives, monnaies locales). A chaque niveau notre mobilisation est utile et pèse dans la balance mais cela dépend de l'ambiance générale et des rapports de force, de causes économiques et sociologiques. Beaucoup d'Allemands ont voulu empêcher la montée du nazisme, ils n'y sont pas parvenus submergés par une vague plus forte que ceux qui s'y opposaient. Il y a de quoi le déplorer mais ce n'est pas en refusant tout réalisme qu'on sera plus efficace, précipitant au contraire l'échec de son camp au nom d'un volontarisme extrémiste qui n'est qu'aveuglement.

    L'essentiel, c'est d'arriver à déterminer ce qu'on peut changer (ce qui dépend de moi) et ce qu'on ne peut pas dans la conjoncture actuelle, en essayant de porter son énergie sur ce qui pourrait être le plus décisif. C'est là-dessus que le débat doit porter et dont cet article montre que c'est loin d'être facile...

  44. L'UE telle qu'elle a été vendue m'est toujours apparue comme une chimère aux accents mystiques, c'est probablement ça qui m'a gêné, sans compter la démarche très hasardeuse ne mettant pas cartes sur table en proposant un gouvernement fédéral, accepté, ou refusé.

    Je me demande bien ce que Kojève en penserait, ayant œuvré dans ce sens.

  45. "André Orléan propose une autre approche qui pose, après René Girard, que les individus ne savent pas ce qu’ils désirent et que pour déterminer ce qui mérite d’être acquis, ils regardent ce qu’achètent les autres, avant de suivre par désir mimétique. Ils vont alors décider d’obtenir les objets de prestige qui leur permettront de se différencier socialement."

    http://alternatives-economiques.fr/...

    Post-scriptum : J'aurais plutôt conçu un désir de s'indifférencier socialement, être assimilé, rester dans la course pour ne pas être distancié plutôt que chercher à être en tête. Par un raisonnement par l'absurde, pour se différencier, il est plus simple d'être Diogène dans son tonneau.

    Plus clairement, le désir de l'autre serait la boussole.
    On y échappe pas...

  46. Encore plus clairement, les désirs des autres nous déboussole.

    avec deux corps de façon binaire la relation est bouclé ou je dirais plutôt en couple..!
    Alors qu'à trois corps c déjà le bordel et bien dans la vie de tout les jours c le chaos mais forte heureusement il y a des tendances et on appel ça la mode...

  47. Il semble certain que sans les 2 guerres mondiales, il n'y aurait pas eu d'Europe, le volontarisme avait de fortes raisons, mais ce n'est pas la première chimère, tous les empires ont regroupé des peuples très différents depuis les Hittites, les Egyptiens, les Perses, Alexandre le grand (ça n'a pas duré longtemps), les Romains.

    Kojève est dans une certaine mesure responsable d'une partie de la crise actuelle du fait que son projet était d'empêcher que l'Europe soit réduite aux pays du nord dominés par l'Allemagne, son engagement dans la construction européenne visant essentiellement à la latiniser, ce qui veut dire aussi de la relier à son origine grecque. C'est la géopolitique qui a pris le pas sur l'économie, ce qu'on ne doit pas forcément regretter mais il est certain qu'il faut tout reconstruire, on était mal barré avec la concurrence libre et non faussée où l'économie prenait cette fois le pas sur la politique, ce qui ne veut pas dire que l'éclatement de l'Europe serait souhaitable. Le retour aux nations ne me semble pas possible ou seulement formellement, restant fortement intégré au marché européen et mondial. Ce qui se dessine, c'est un marché commun étendu à la Turquie, l'Ukraine voire la Russie et un noyau européen fédéraliste, peut-être avec l'Eurozone, plus sûrement avec un nombre réduit de pays. La grande question non résolue est toujours de savoir si la France et l'Allemagne peuvent se fédérer, ce qui n'a rien d'évident, ou si on préfère se faire la guerre tant nos intérêts divergent.

    Je trouve aussi bien René Girard qu'Orléan trop simplistes. Le mimétisme est évident en finance, notamment dans les bulles et les krachs, de même qu'on a bien montré dans les années 60 comme la mode était effectivement le résultat d'un désir de distinction qui mène au mimétisme de sa génération mais ces théories se mordent la queue évacuant les processus réels derrière ces effets subjectifs et surtout la construction d'une vérité qui n'est pas donnée. Ces théoriciens croient connaître la vérité en dehors de toute mode alors que les modes participent à la construction historique de cette vérité absente. Je ne crois pas du tout qu'on peut réduire des processus systémiques, résultant des règles du jeu, avec le prestige, de même que je ne crois pas du tout que les gens achètent des choses inutiles juste pour faire comme les autres, c'est de la médisance et de l'ordre du mépris aristocratique. Les marchandises qu'on achètent sont utiles (j'écris là-dessus en ce moment). Tout cela n'empêche pas que le désir de l'homme, c'est le désir de l'Autre mais c'est un peu plus compliqué (cela ne supprime pas le Réel) et il ne faut jamais aller trop vite pour se précipiter à en tirer des conclusions. Effectivement, ce qui domine, c'est le bordel, l'incertitude, le chaos des pensées, la multitude des groupuscules où chacun proclame sa vérité...

  48. Je pense que vous devriez réhabiliter l'individu dans sa capacité à influer sur le cours des choses. Ce ne sont souvent que des poignées d'individus qui parviennent à "provoquer" quelque chose. Même si cela ne prend pas toujours la direction voulue ou même si cela échoue parfois entièrement. Je pense aux faucheurs de chimères lors de la première campagne, etc. Vos écrits refoulent l'individu dans sa faiblesse, sa nullité, son impuissance et ses capacités qui seraient trop limitées.

    Enfin je pense que vous rejetez trop la faute sur l'homme, qui devient porteur de la responsabilité d'une grande partie de ce qui apparaît comme "négatif". Ce qui est paradoxale : d'un côté vous reconnaissez que l'homme en tant qu'être historique est fait plus qu'il ne fait, de l'autre vous l'affublez d'une part de responsabilité plus grande que sa marge de "faire". Les transhumanistes ont également fait de la faiblesse cognitive/physique (théorique) de l'homme et de sa responsabilité l'argument angulaire justifiant son altération radicale. Avec cette idée en tête : seul un autre homme ou un surhomme (avec des pincettes) serait suffisamment responsable et capable pour assumer the shape of things to come, le poids des choses à venir.

    Je pense qu'un texte clarifiant ce déséquilibre ne serait pas malvenu !

  49. Le prochain texte en parle mais non l'individu ne peut pas grand chose sauf localement ou par la participation au mouvement. Je suis plus du côté de Marx que de Bakounine sur ce point mais je ne crois pas rendre l'individu responsable de ses aveuglements et ce n'est pas parce que nos capacités cognitives sont augmentées que notre rationalité est beaucoup moins limitée, la vérité restant toujours aussi insaisissable et disputée.

  50. "par la participation au mouvement"

    là vous allez vous faire taxer de jaune, selon l'expression de Bourdieu.

    Ceci dit, participer au mouvement c'est une des façons de l'anticiper un peu.

    Le problème de la vérité est qu'elle ne s'institue pas que à priori selon certains philosophes grecs ou théologiens proches orientaux, mais qu'elle est changeante et subit l'humeur du temps ainsi que les moyens de son accès.

    La difficulté de la vérité c'est son immédiateté, pas son immanence ou sa transcendance.

  51. Participer aux mouvements veut dire participer aux mobilisations sociales du moment (indignés, retraites, etc.), prendre le vent, c'est tout ce que l'individu peut faire en effet contre l'évangile individualiste. La vérité échappe au savoir et dépend de processus historiques qui dépassent l'individu.

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