L’invention de Jésus

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On peut s'étonner qu'il y ait de nos jours si peu de spécialistes qui osent remettre en cause l'existence de Jésus alors qu'on n'a aucune trace archéologique ni même aucun témoignage de son existence historique en dehors des évangiles ! Les hypothèses les plus farfelues circulent à son sujet, quitte à en faire une sorte de révolutionnaire tout ce qu'il y a de plus humain, sans envisager que ce puisse être simplement une figure symbolique dans la lignée de l'interprétation allégorique de la Bible par Philon d'Alexandrie !

Les religions sont la pire et la meilleure des choses. La pire car prendre à la lettre ces histoires fantastiques témoigne de l'étendue de notre crédulité et mène aux fanatismes les plus meurtriers : rien de pire en effet que les guerres de religion ou qu'une foi pétrie de certitudes ! C'est aussi la meilleure des choses pourtant car l'enseignement spirituel des religions est ce qu'il y a de plus précieux et subtil, expression de notre propre divinité et de la "dignité de l'homme" (Pic de la Mirandole) qui donne une valeur absolue à chacun, "vagabond de la vérité ... ouvert à tout le possible, poète de lui-même" ! En l'absence de cette dimension spirituelle, l'homme est souvent réduit à rien, à son utilité ou à ses gènes, en tout cas à ses déterminations ne lui laissant plus aucune liberté. On ne peut dépasser les religions qu'en reconnaissant leur part de vérité, en reconnaissant qu'elles parlent de nous. Pour cela rien de mieux que l'histoire des religions.

Hélas, notre époque scientifique, plus fermée encore à la dimension symbolique, veut prendre les textes sacrés à la lettre comme si c'étaient de véritables récits historiques au lieu de récits mythiques. Non seulement on cherche des preuves archéologiques attestant des faits relatés, mais on voudrait même expliquer les miracles les plus invraisemblables par de fumeuses explications scientifiques ! C'est l'époque de tous les fondamentalismes qui sont déjà une dégénérescence de la foi car non seulement ils font une lecture trop littérale du contenu exotérique mais réduisent le sens ésotérique et véritablement mystique à des histoires complètement délirantes de sociétés secrètes et de puissances occultes.

Le succès planétaire du "Da Vinci Code" témoigne de cet égarement (qui touche même des Japonais !) où Alexandre Adler voit l'appel d'une nouvelle religion planétaire, dans son dernier livre bien étrange et qui reprend une série d'émissions radiophoniques sur le sujet ("Sociétés secrètes. Des secrets de Léonard de Vinci à Rennes-le-Château"). Là-dessus, la prétendue découverte du tombeau de Jésus par le réalisateur du Titanic, James Cameron, suivie de la véritable découverte celle-là du tombeau d'Hérode, redonnent une actualité brûlante à la question de la réalité historique du personnage de Jésus, ce qui nous vaut toute une série d'articles ou d'émissions de radio plus ou moins complaisantes sur le sujet (c'est pas fini!) mais qui toutes partent du principe que Jésus aurait bien existé même si rien ne permet de l'affirmer ! On prétend garder un regard scientifique sur un objet qui brille par son absence ! Même l'excellente émission d'exégèse "Corpus Christi" diffusée par Arte en 1997, véritable modèle du genre qui montrait pourtant bien texte à l'appui toutes les contradictions des évangiles, réduisant à néant tout ce qu'on pouvait croire connaître de la vie de Jésus, rechignait malgré tout à remettre en cause son existence !

Tout cela est bien agaçant, signe de l'obscurantisme qui règne encore (avec le retour du créationnisme). Aussi il m'a semblé utile de rappeler des thèses assez anciennes sur l'invention de Jésus et la naissance du christianisme, thèses reprises récemment par Michel Onfray mais dont je faisais déjà état dans mon Histoire des religions qui date de 1993 et qui s'appuyait non pas tant sur le livre de Bernard Dubourg "L'invention de Jésus" (1987, Gallimard) que sur celui de Raoul Vaneigem, dont on ne connaît pas assez les études d'histoire des religions qui valent largement ses écrits politiques, l'excellent "Résistance au christianisme" (1993, Fayard). On se rend compte effectivement que sur ce sujet, comme sur d'autres comme la drogue, la vérité est encore interdite ! On n'a pas autant le droit qu'on croit de ne pas croire et de prétendre contredire la vérité officielle ! Il faut être un marginal, un révolutionnaire pour oser le blasphème dans nos sociétés libérées : il y a donc plus sacré que le sexe ! Il ne s'agit pas de faire part de mon opinion, ni de vouloir convaincre quiconque, seulement de faire savoir qu'il y a de bonnes raisons de croire que la figure de Jésus est une construction théologique et qu'il faudrait au moins en mentionner l'hypothèse, qui ne complique pas tant les choses, contrairement à ce que prétendent les Chrétiens, mais qui les éclaire singulièrement au contraire en les portant au symbole et à leur sens mystique. Il faut au moins en prendre connaissance.

D'abord, il faut situer le contexte. Le nouveau testament n'a pas pu se détacher de l'ancien testament malgré tous les efforts de Marcion pour séparer le nouveau dieu d'amour de l'ancien dieu vengeur selon le principe de Paul que l'amour abolit la Loi. L'évangile universel n'a pas de sens sans la bible hébraïque qui en constitue le fondement historique depuis la création du monde jusqu'à l'Empire en passant par le Peuple élu. Sur la Bible, on en sait beaucoup plus depuis peu, du moins l'archéologie a confirmé et précisé ce qu'on avait pu déduire avant, en partie au moins, mais qui n'était pas reconnu comme maintenant, depuis le livre de Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman "La Bible dévoilée" qui montre que la rédaction de la Bible date du VIIè siècle (on le savait) et qu'avant cette date il n'y avait pas grand chose au royaume de Judas, ni vraiment de Jérusalem, avant que le royaume d'Israël plus au Nord ne soit détruit par les Assyriens (On ne le savait pas). Toute l'histoire biblique est profondément remise en cause et dépouillée de toute véracité historique. C'est au moins une mythification, si ce n'est une mystification au service d'intérêts politiques, mais qui reprend une grande partie de la sagesse babylonienne (Sumérienne, Akkadienne, Egyptienne, Hittite et Perse) et d'anciennes traditions locales. Bien sûr tous les Juifs ne l'admettent pas, la plupart ne sont même pas au courant, mais cette archéologie de la Bible n'a pas rencontré d'opposants sérieux à ce jour sans que cela ne trouble vraiment les croyants. C'est sans doute que les Juifs ont gardé en partie le sens de la lettre et des symboles, de la distance entre la représentation et le réel qui exige interprétation, de la dimension proprement religieuse alors que les chrétiens ne faisant plus de différence entre le monde divin et le monde profane ne peuvent admettre que le Christ n'ait pas vécu (né d'une vierge), qu'il ne soit pas vraiment mort ni vraiment ressuscité (comme Osiris et Dyonisos) ! Mystère de l'incarnation...

Si l'Ancien testament ne tient pas le coup, que reste-t-il du Nouveau ? Sans Père dans les cieux, Jésus perd toute divinité, mais cela ne l'empêche pas d'exister pour autant ! Ce qui rend son existence contestable c'est seulement qu'il n'y en a aucune trace. Aucune ! Au point qu'on sait que toutes les soi-disantes preuves archéologiques de son existence sont des faux, plus ou moins grossiers. Le plus troublant c'est qu'on n'en trouve aucune trace ni dans Philon d'Alexandrie, ni dans "La guerre des Juifs" de Flavius Josèphe qui couvre cette période de façon assez détaillée pourtant (parlant de Jean-Baptiste entre-autres). Bien sûr il y a des versions chrétiennes (en slavon) qui ont réparé l'oubli et que certains vont s'imaginer être la version originale censurée par Flavius Josèphe lui-même ! Quand on est croyant, on peut croire n'importe quoi ! Il y a tellement rien nulle part ailleurs qu'on s'appuie toujours sur les mêmes passages des Antiquités judaïques (écrits dans les années 93-94) pour se rassurer sur l'existence de Jésus mais d'une part il y avait effectivement plusieurs Jésus à cette époque, qui n'avaient pas grand chose à voir avec celui des évangiles, et la seule citation qui n'est peut-être pas rajoutée est celle-ci :

Comme Anan était tel et qu'il croyait avoir une occasion favorable parce que Festus était mort et Albinus encore en route, il réunit un sanhédrin, traduisit devant lui Jacques, frère de Jésus appelé le Christ, et certains autres, en les accusant d'avoir transgressé la loi, et il les fit lapider. (201) Mais tous ceux des habitants de la ville qui étaient les plus modérés et les plus attachés à la loi en furent irrités et ils envoyèrent demander secrètement au roi d'enjoindre à Anan de ne plus agir ainsi, car déjà auparavant il s'était conduit injustement. (202) Certains d'entre eux allèrent même à la rencontre d'Albinus qui venait d'Alexandrie et lui apprirent qu'Anan n'avait pas le droit de convoquer le sanhédrin sans son autorisation. (203) Albinus, persuadé par leurs paroles, écrivit avec colère à Anan en le menaçant de tirer vengeance de lui. Le roi Agrippa lui enleva pour ce motif le grand-pontificat qu'il avait exercé trois mois et en investit Jésus, fils de Damnaios.

Il n'est pas sûr que la mention "appelé le Christ" ne soit pas un ajout mais il n'est pas impossible que ce n'en soit pas un car il y en avait pas mal en ce temps là qui se prenaient pour le Christ appelé à délivrer les Juifs des Romains. On s'arrête en général à ce petit bout de phrase sans aller jusqu'au bout du paragraphe où l'on voit qu'on parle d'un Jésus, fils de Damnaios. Plus loin, il précise :

Le roi donna aussi la succession du grand pontificat à Jésus, fils de Gamaliel, après l'avoir enlevé à Jésus, fils de Damnaios. Cela fut cause d'une lutte entre eux. En effet, les gens les plus audacieux ayant été rassemblés par eux en bandes, des insultes on en vint à se jeter des pierres.

Ayant enlevé le grand-pontificat à Jésus, fils de Gamaliel, il le donna à Matthias, fils de Théophile, sous lequel commença la guerre des Juifs contre les Romains.

Précisons que Jacques le juste, dit "frère de Jésus", a sûrement existé, ayant constitué une des première communautés chrétiennes mais cela ne veut pas dire qu'il soit vraiment son frère ni que ce soit de lui qu'on parle ici. L'autre citation (Antiquités XVIII) est encore plus douteuse. Le texte "officiel" venant de l'Histoire ecclésiastique (I, 11) d'Eusèbe devrait d'autant moins être pris en compte qu'il y a 3 autres versions qui n'ont pas plus de raisons d'être authentiques ! C'est justement parce qu'on veut faire dire à Flavius Josèphe, qui n'était pas du tout chrétien, que Jésus était bien divin que la supercherie semble évidente :

En ce temps-là, paraît Jésus, homme sage, si toutefois il faut l'appeler homme; car il était l'auteur d'oeuvres prodigieuses, le maître des hommes qui reçoivent avec joie la vérité. Il entraîna beaucoup de Juifs et aussi beaucoup de Grecs. Il était le Christ. Et comme sur la dénonciation des premiers parmi nous, Pilate l'avait condamné à la croix, ceux qui l'avaient aimé précédemment ne cessèrent pas. Car il leur apparut le troisième jour, vivant à nouveau; les prophètes divins avaient dit ces choses et dix mille autres merveilles à son sujet. Jusqu'à maintenant encore, le groupe des chrétiens, ainsi nommé à cause de lui, n'a pas disparu. (Eusèbe, Histoire ecclésiatique 1,11)

A cette époque-là, il y eut une homme sage nommé Jésus, dont la conduite était bonne; ses vertus furent reconnues. Et beaucoup de Juifs et des autres nations se firent ses disciples. Et Pilate le condamna à être crucifié et à mourir. Mais ceux qui s'étaient faits ses disciples prêchèrent sa doctrine. Ils racontèrent qu'il leur apparut trois jours après sa crucifixion et qu'il était vivant. Peut-être était-il le Messie au sujet duquel les prophètes avaient dit des prodiges. (Agapios, Histoire Universelle)

À la même époque il y eut Jésus, homme sage, pour autant qu'il convienne de le dire homme. Il était en effet l'auteur de faits étonnants et le maître de ceux qui reçoivent librement la vérité. De plus, beaucoup, tant parmi les Juifs que parmi les Gentils devinrent ses disciples, et l'on croyait qu'il était le Christ... (Saint-Jérôme, De Viris illustribus)

En ce temps-là, il y eut un homme sage du nom de Jésus, s'il nous convient de l'appeler homme. Car il était l'auteur d'oeuvres glorieuses et maître de vérité. Et de beaucoup parmi les Juifs et parmi les nations il fit des disciples. On pensait qu'il était le Messie... (Michel le Syrien, Chronique)

Bien sûr on ne peut prouver une non-existence. L'absence de preuves n'est pas preuve de l'absence. Il n'est pas impossible qu'il y ait un noyau de vérité dans les évangiles, mais tellement remanié qu'on n'en a pas besoin. Ce n'est pas qu'il n'y aurait eu aucun prophète à l'origine de ce remaniement théologique mais plutôt plusieurs (voir tableau) ! Qu'on sache déjà que les premiers évangiles, comme l'Evangile selon Thomas, n'étaient qu'une suite de logia ou paroles de Jésus qu'on retrouvera dans l'évangile officiel ensuite mais sans aucune mise en scène alors (ni nativité, ni mort et résurrection), chaque sentence étant simplement précédée par : "Jésus a dit". L'histoire de Jésus et de sa crucifixion ne viendront qu'après. Il est donc loin d'être absurde de voir dans l'invention de Jésus et de sa passion une construction théologique des prêtres exilés à Nazareth par les Romains qui interdisent désormais Jérusalem aux Juifs après la destruction du temple par Titus (en 70). On peut lire la construction de cette figure comme "réalisation des écritures" (notamment Isaïe, Le livre d'Esther, le psaume 21 pour la crucifixion), ce qui en dénonce le caractère de fiction et dont la finalité est de détacher la religion de la politique pour survivre à l'anéantissement de l'espoir d'un messie qui leur donnerait une domination militaire devenue impossible. Dès lors, plutôt que de s'attacher au personnage du Christ, c'est la constitution du christianisme lui-même qu'on devrait examiner et l'ensemble des courants qui ont mené à cette branche qui se détache du judaïsme et s'universalise au moment même où les juifs sont expulsés de leur pays et dispersés à travers l'Empire.

Le Christianisme n'est pas autre chose que la religion de l'Empire romain, c'est-à-dire du Césarisme (où le nouvel Alexandre n'a d'autre légitimité que ses actes), reprenant le calendrier de Jules César (JC) et identifiant grossièrement la naissance de Jésus Christ (JC) avec la naissance de l'Empire (le recensement). C'est son adoption par l'empereur Constantin qui en a fixé le dogme, avec Eusèbe, et lui a donné son véritable essor. L'unité d'un empire regroupant de si nombreux peuples ne pouvait se satisfaire de la religion romaine hellénisée, utilitaire, imprégnée de superstitions et confisquée par l'aristocratie patricienne (qui détenait les sacra), encore moins de la divinisation de l'empereur. Les légions romaines popularisaient le culte de Mitra, dieu de l'amitié virile et des contrats, avec ses initiations de guerriers héritées des Aryens. Les tentatives de culte solaire (Sol invictus) témoignaient de la nécessité d'une religion universelle mais cet Universel ne pouvait être atteint vraiment que par les exclus de l'empire, les esclaves, car sous l'autorité absolue de l'empereur la distinction de l'esclave et du citoyen n'a plus de sens. La diffusion de la bible des Septante, traduction en grec de l'hébreux, donnait à cette nouvelle religion la tradition qui lui manquait ainsi que sa conscience malheureuse, attisée par la destruction du temple, et qui exprimait le délaissement de l'empire à la recherche de son unité. La dispersion des Juifs dans tout l'empire favorisait aussi son universalisation comme représentant des peuples soumis face à la diaspora des maîtres (Grecs et Romains).

C'est dans le creuset d'Alexandrie (notamment avec Philon d'Alexandrie), avant Rome, que devait s'effectuer la synthèse des sectes esséniennes (ou gnostiques, héritières de la Perse à travers Isaïe) et de la philosophie (stoïcienne et néoplatonicienne), voire du culte de Mitra et des religions agricoles (pain et vin). Les thèses essentielles en sont la création (qui change l'avenir), l'incarnation (Dieu fait homme) et la Rédemption (amour de Dieu) mais qui se réduisent explicitement au commandement "aime ton prochain comme toi-même" faisant de Dieu l'entre-deux, la relation au semblable, la conscience réflexive dans l'autre, incarnation de la liberté, de la conscience dont procède le péché qui pour être originel ne nous épargne guère (et si la liberté est créatrice, amour, charité, elle se soumet aussitôt à la foi ou à l'amour, s'y abandonne et se renie alors dans un asservissement extrême : manuel de discipline essénien, le sacrifice de soi qui sauve). Cette théologie se réfère, particulièrement au sermon sur la montagne, d'origine éssenienne, dont la morale paradoxale du manque annonce déjà le triomphe de la crucifixion, où le négatif est sauvé comme sacrifice. "Heureux, vous les pauvres, le royaume de Dieu est à vous ! Heureux, vous qui avez faim...". C'est l'universalisation de la religion des anciens esclaves juifs. La personnalité juridique romaine trouvait là un fondement universel (Catholicon) qui faisait de chaque être humain, maître comme esclave, Romain aussi bien que Juif, l'incarnation du divin (L'homme passe infiniment l'homme. Pascal).

Les messianismes, inspirés de Jéhu oint par Élisée, ne manquent pas depuis la révolte des Maccabées qui devait exacerber l'opposition entre les tendances universalistes et particularistes de la Révélation. L'intégrisme patriotique des Zélotes ne tolérait pas que le Dieu des juifs puisse sauver les autres nations alors que la dispersion des juifs dans tout l'empire et la diffusion de la bible des septante transformait la religion hébraïque, comme les autres religions orientales, en religion universelle. Le christianisme qui s'enracine dans l'éssenisme (la Didachê) et dont la première forme repérable est sans doute celle de Jacques le Juste (frère de Jésus) et des ébionites (les pauvres), ne commence vraiment qu'avec Marcion (140, soit après la fin du messianisme juif, après la défaite définitive de 135 et la mort du messie Chimon Bar Koziba, le fils de l'étoile) qui s'appuie sur Paul (Juif élève de Gamaliel mais citoyen romain de Tarse donc après 150!?) pour le séparer du judaïsme (opposition ancien/nouveau testament) et l'universaliser. En 140, le Pasteur d'Hermas ignore encore le nom de Jésus formé par les kabbalistes exilés en galilée. Mais c'est la prédication de Montan (160) qui en fera une religion populaire proche de celle d'Attis, rejetant la gnose (la kabbale) au profit de la foi et faisant de Jésus un personnage historique, introduisant la vierge (sans doute à cause de la traduction grecque d'Isaïe).

Le succès durable de cette nouvelle prophétie (Tertullien, Irénée, évangiles canoniques) malgré sa répression, ses martyrs, (et malgré le manichéisme qui lui fait concurrence ensuite) va mener Constantin à la transformer, 150 ans après, en religion d'Etat pour asseoir l'empire sur une autre base religieuse que le culte de l'empereur : Eusèbe de Césarée et le concile de Nicée (325) vont définir le nouveau dogme (le pouvoir de l'empereur comme représentant du pouvoir divin) en accord avec les intérêts de Rome, respectant les coutumes acquises comme la fête de Mitra le 25 Décembre (naissance de Mitra le soleil-bienfaiteur-ami-allié d'une vierge dans une grotte, qui rend Varuna propice, culte du Soma-sang du Christ somagraha=graal), constituant avec les théologiens néoplatonisants une synthèse remarquable des grandes traditions de l'empire (les trois rois mages Égyptien, Perse et Chaldéen, les juifs plus la philosophie). Le syncrétisme ne s'arrêtera pas là et, à travers le culte des saints, donnera au christianisme une capacité immense d'absorber les cultes locaux païens (la Vierge Marie, Mère de Dieu depuis le concile d'Ephèse ne sera vraiment divinisée que vers l'an mil sous l'influence de l'amour courtois, retrouvant la trinité Perse Ahura Mazda-Mithra-Anahita).

Il y aurait beaucoup à dire encore mais ce serait dépasser le cadre d'un article, il ne s'agit que de signaler une piste plus raisonnable que la version officielle. J'ai extrait les 4 derniers paragraphes de mon histoire des religions, ainsi que ce tableau ci-dessous, très simplificateur et critiquable mais qui peut être utile pour visualiser les différents courants qui ont participé à la construction du christianisme et voir comment ça se fabrique. Cela montre au moins que c'est bien un processus historique (on ne peut faire de l'histoire des religions et y croire comme le cardinal Poupon qui en a fait une très partiale). Cela n'empêche pas de reconnaître la valeur du message évangélique pour la libération des esclaves, l'exigence de justice, l'universalisation de l'humanité et la sortie de la religion (le désenchantement du monde). Plus proche d'Albert Jacquard ici que de Michel Onfray sans doute, même s'il n'est pas question d'en rester aux évangiles qui datent de presque 2000 ans et qu'il faudra bien tenir compte d'un monde qui a complètement changé depuis (passer de l'amour à la liberté?) :

Les origines du Christianisme

Le même
L'Un, le Père
Le double
Le divisé, le Fils
L'Autre
L'Unité, l'Esprit
Judéens
Yhavé
Samaritains
El, Magna Mater
Hellénistes
Dualisme iranien
Jérusalem / Rome
Samarie / Antioche
Damas / Alexandrie
Messianismes
La tradition, l'autorité, La Loi
Millénarismes
L'incarnation, la Foi, l'ascétisme
Apocalypses
La raison, la liberté, la charité
-165 Maccabées Baptistes (Masbothéens) Sadducéens (Justes)
-135 Dosithée (crucifié)
-100 Pharisiens (séparés) Nazoréens
Yeshu Ben Pandira ?
Esséniens (église) 
Manuel de discipline
-63 Jules César (mort -44) La sagesse de Salomon Mort du Maître de Justice
0 Zélotes 
(Judas le galiléen)
Simon de Samarie/Hélène 
(magie)
Thérapeutes, Philon 
Hermès trismégiste
19 Anti-sémitisme (Tibère)    
30 Jacques le juste et Simon (crucifié) Jean-baptiste
Jacob de Kepher (crucifié en 42)
Simon l'éssenien
50 Sicaires, "Chrétiens"
(Néron/Sénèque, Plutarque)
Galiléens Theudas et les pauvres
70 Destruction du temple 
Ebionites, Pierre
Unité des sectes 
Gnostiques, Cérinthe (Jésus)
Qumrân 
Didache (remaniée en 140)
95 Persécutions des Chrétiens (Domitien)
100 Elchasaïtisme (Jacques et Simon-Pierre)
Clément (Rome invention d'Irénée)
Philippe
Aquilas et Priscilla
Ignace (Antioche écrits 135/190)
Jean (Ephèse), Apocalypse 
Apolos (Grèce), Paul
Thomas (Edesse)
135 Fin du messianisme juif 
(Chimon Bar Koziba)
rupture chétiens/juifs extension à l'empire
140 Evangile de Pierre 
Evangile de Matthieu
Evangile des Hébreux 
Polycarpe, Papias
Evangile des Égyptiens 
(Apolos), Hermas
150 Evangile de Jacques Valentin 
Justin le gnostique 
(Livre de Baruch)
Marcion / Paul, luc
160   Nouvelle Prophétie 
Montan
Justin l'apologétiste (grec)
170 Evangiles canoniques Tatien, Tertullien Apollonius
180 Irénée (tradition)   Agbar IX (Edesse)
190 (Talmud, Merkabah)   Clément d'Alexandrie
230     Origène (Plotin, Jamblique)
242 Mani (Manichéisme)
325 Catholicisme
Constantin, Eusèbe de Césarée
400     Augustin


Je dois ajouter un codicille car, si je fais mine de m'étonner que bien peu prennent le risque de remettre en cause l'existence de Jésus, la raison n'en fait pas mystère et il est plus que compréhensible qu'on se dérobe à la vindicte des croyants ! Les commentaires reçues ailleurs sont effectivement accablants et peuvent ôter le goût de recommencer ! Les croyants se permettent des attaques personnelles car ils se sentent agressés par les faits qu'on révèle et qu'ils préféreraient refouler (celui qui ne connaît rien et ne doute de rien accuse de mensonge, de dogmatisme et de manipulation, voire de méchanceté, celui qui en connaît un petit peu plus et doute de tout !). La bêtise étalée est consternante. Il ne faut pas la déranger : "Heureux les pauvres d'esprit, le royaume de Dieu leur appartient !". Le pire, c'est qu'il faut se persuader qu'on n'est pas nous-même épargnés par cette débilité mentale à se croire délivrés de toute croyance : c'est le témoignage de notre humanité et de notre rationalité limitée dont il faut tenir compte...

Bien sûr, il m'est complètement indifférent qu'un Jésus ait existé, je m'en accomoderais fort bien si c'était le cas. Ce qui m'agace au plus haut point, c'est qu'on fasse comme si ce n'était pas douteux, y compris dans ses aspects les plus fantastiques, alors qu'on se base sur des indices si minces et des documents falsifiés. Il y a surtout des arguments forts pour une construction historique, que Jésus ait existé ou non, et donc pour une interprétation symbolique du Nouveau testament bien plus riche que l'interprétation littérale. Il n'est pas inutile de constater la résistance à cette évidence et l'intolérance religieuse des chrétiens, intolérance qui n'est donc pas réservée aux Mulsulmans, même si cela ne provoque pas des violences comparables il faut bien le reconnaître... Ceci dit, on peut refuser l'hypothèse que Jésus n'ait pas existé sous prétexte qu'il faut bien quelqu'un à l'origine. C'est ce que pense Maurice Sachot l'auteur de "L'invention du Christ" mais le rôle qu'il fait jouer au Jésus historique est minime par rapport à la construction ultérieure. Je pense plus probable qu'il y a eu plusieurs prophètes à servir de modèle (le maître de justice, Dosithée, etc.) pour ce qui est une construction théologique collective faite par les juifs d'Alexandrie. Surtout il semble qu'au début Jésus n'a pas d'histoire (Evangile selon Thomas) mais rien ne s'oppose à ce qu'il y ait eu un leader au début de ce mouvement, simplement il n'a rien à voir avec le récit évangélique (ce que Maurice Sachot semble bien admettre même s'il croit un peut bêtement que Jean-Baptiste est le cousin de Jésus et que Jacques le juste est vraiment son frère, voulant faire de tout cela une affaire de famille !).

Il est d'ailleurs intéressant qu'il fasse du Nouveau testament la réalisation de l'écriture, l'achèvement de la Bible. Tout comme le prophète Mohamed voudra être une conclusion, un point final qui fixe le sens pour toujours. Cette fin de l'histoire est une perfection qui ouvre une ère nouvelle, temps de résurrection à l'éternité mais qui ne s'ouvre qu'à la conscience pure, à la foi sincère, à la conversion des coeurs ; ce qui intériorise la religion comme jamais ouvrant la voie à une culpabilisation à outrance et, finalement, à la nécessité du pardon... Rien à voir avec la vie d'un supposé véritable Jésus. Ce qui est incompréhensible c'est de donner foi aux récits de l'évangile malgré un examen textuel approfondi. L'enjeu n'est pas l'existence de Jésus, c'est l'interprétation des textes, leur statut, leur sens !

Ce qui a provoqué cet article, c'est la façon dont les médias parlent du sujet et surtout de présenter des citations tronquées comme preuve ultime ! Il se trouve que d'autres citations tronquées sont brandies comme preuves, notamment des sources talmudiques supposées impartiales, par exemple celle-là :

"La tradition rapporte : la veille de la Pâque, on a pendu Jésus. Un héraut marcha devant lui durant quarante jours disant : il sera lapidé parce qu’il a pratiqué la magie et trompé et égaré Israël. Que ceux qui connaissent le moyen de le défendre viennent et témoignent en sa faveur. Mais on ne trouva personne qui témoignât en sa faveur et donc on le pendit la veille de la Pâque. Ulla dit : — Croyez-vous que Jésus de Nazareth était de ceux dont on recherche ce qui peut leur être à décharge ? C'était un séducteur ! et la Torah dit : tu ne l'épargneras pas et tu ne l'excuseras pas (Deutéronome 13,9)... Une tradition rapporte : Jésus avait cinq disciples, Mattai, Naqi, Netser, Boni et Todah". (Sanhédrin, 43a)

C'est assez comique car, non seulement la rédaction de ce texte pourrait dater du début du IIIème siècle mais il fait référence à des faits qui datent du règne d'Alexandre Jannée, soit vers -80 ! Bien sûr il ne suffit pas qu'un texte parle de Yeshu pour que ce soit le jésus de la Bible, surtout que la mention"de Nazareth" ne figure pas dans d'autres versions (et c'est plutôt le Nazaréen) ! Mais, vous avez remarqué les trois petits points dans le texte ? Le bout de texte qui n'est pas cité dit ceci : "Avec Yeshu c'était différent, car il était lié au gouvernement". On avouera que cet "oubli" n'est pas innocent car cela ne cadre pas tellement avec l'histoire de Jésus et pourrait éveiller des doutes légitimes, quant à assimiler la pendaison à la crucifixion... On voit comment procède la croyance à mélanger les dates, déformer les textes et substituer un sens à un autre pour obtenir finalement une coïncidence si frappante qu'elle en devient irréfutable pour qui n'y connaît rien. Ensuite, à partir de ces fausses preuves on voudrait nous faire croire à toute l'histoire : à la naissance dans une grotte, au massacre des innocents, aux miracles...

En fait, pour des érudits comme Johann Maier, aucun des passages du Talmud ne fait référence au jésus de la Bible mais à deux autres "Jésus" :

  • Yeshu Ben Pandira (vers -80) qui a fondé une secte et gagné de nombreux partisans. Son enseignement "hérétique et idolâtre" a perduré après sa mort mais, comme bien d'autres sectes, s'est lentement éteint après la destruction du Temple. Bien sûr, il n'est pas impossible que cette figure ait participé à la construction du christianisme, voire de l'essénisme, mais c'est douteux (il faudrait en savoir plus).
  • Le second, appelé plutôt "Ben Stada", se situe vers +100 et n'était qu'un "idolâtre" d'une famille illustre qui a été arrêté et condamné à mort.

Il ne s'agit pas de prétendre être certain de quoi que ce soit, sinon qu'il est inutile d'argumenter en ces matières, ce que savait bien l'ésotérisme : la vérité ne peut être révélée au vulgaire qui ne peut l'accueillir. On peut le regretter mais c'est un fait hélas. L'ésotérisme de l'Hermès Trismégiste notamment, n'a rien à voir avec les sociétés secrètes auxquels on l'identifie de nos jours, ni même avec l'alchimie et la pierre philosophale. C'est tout bêtement une suite de phrases obscures destinées à égarer le lecteur, au milieu desquelles on trouve des vérités profondes mais il faut savoir les reconnaître. Ce sont vérités interdites à ceux qui ne savent pas déjà et ne sont pas prêts à les entendre...

Il est d'autant plus affligeant de voir des chrétiens faire référence à la condamnation de l'écriture par Thot dans le Phèdre de Platon, car l'écriture peut être mal interprétée par les ignorants, pour défendre une lecture littérale et fanatique des écritures alors que Thot, invoqué par l'Hermès Trismégiste, appelle à une interprétation symbolique et mystique des textes !

En fait, les réactions montrent que les chrétiens qui ne peuvent accepter le caractère de construction mythique du Nouveau testament, l'inexistence du Jésus historique et une lecture symbolique des Evangiles ne sont que des hommes de peu de foi qui s'imaginent que tout s'écroulerait si tout cela n'était pas platement réaliste, et qu'il ne pourrait plus y avoir ni morale, ni sens, ni société... C'est un peu comme croire que le soleil ne se lèvera pas si on n'exécute pas les rites ! Contrairement à ce que croyait Dostoïevski, il n'est pas vrai que "si Dieu n'existe pas, tout est permis", illusion du croyant aux prises avec son surmoi. Pour Lacan, au contraire, "si Dieu n'existe pas, rien n'est permis" ! Bien sûr, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de Dieu qu'il n'y a que de la matière (avec laquelle la vie ne se confond pas, ni l'esprit avec la vie) ! La trinité égyptienne reste l'Akh, Ba, Ka de notre existence (le corps, l'âme, l'esprit). Le langage, la science, l'aventure humaine à laquelle nous participons continuent à donner sens à notre vie au-delà de la mort...

Enfin, on voit bien comme l'identification qui est faite par le pape Benoît XVI de la religion avec la raison est dangereuse. Dans un premier temps on se dit que c'est un progrès que l'Eglise accepte la science mais lorsqu'on constate que la raison qu'elle défend est "sa" raison (qui ne saurait mettre en cause le dogme) et que l'universel dont elle se réclame est "son" universel qu'elle voudrait imposer à la Terre entière, on se dit que cet éloge de la raison a surtout pour effet de rejeter dans l'inhumanité ceux qui ne sont pas d'accord et d'en faire des fous, des fanatiques, des barbares ! Ce n'est donc pas sans raison que les Musulmans s'en sont émus. C'est la même impasse que l'utopie communicationnelle d'Habermas, une éthique de la discussion qui rejette hors de l'humanité celui qui se soustrait au dispositif "démocratique" et au débat public tel qu'il est organisé, au service de la classe dominante...

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15 réflexions au sujet de “L’invention de Jésus”

  1. Je ne suis pas spécialiste mais j'ai fait 15 ans d'enquêtes ! Résultat : un bouquin qui, selon certains éditeurs, est impubliable parce que c'est un "véritable brûlot".
    J'y dénonce l'immonde supercherie qui nous accable depuis 2000 ans. Vous voulez le lire ? Je vous l'envoie en format PDF pour 20€.

  2. > L'absence de preuves n'est pas preuve de l'absence.

    Et bien si, justement. Jusqu'à preuve du contraire toutes les hypothèses sont fausses. Ceux qui n'acceptent pas cet axiome ne sont simplement pas des philosophes. La version correcte de votre phrase est : l'absence de preuve n'est pas une preuve *définitive* d'absence. Là, d'accord, cela signifie que de nouvelles données peuvent remettre en cause les anciennes démonstrations. Un philosophe ne peut pas accepter de considérer comme vraie une théorie qui ne présente aucune preuve. Faudrait-il croire qu'il existe des sirènes dans les océans et des petits lutins dans les bois, sous prétexte que leur inexistence n'aurait pas été prouvée ? Comme vous l'avez noté, il est impossible de prouver l'inexistence d'une chose, et c'est justement pour cette raison que l'on doit considérer l'absence de preuve comme une preuve (provisoire) d'absence.

    Vous considérez peut-être les preuves comme étant nécessairement définitives. C'est une posture qui présumerait notre omniscience. De nouvelles données pourraient très bien nous conduire à reconsidérer des démonstrations prouvées. Bon, tout ça pour dire que votre phrase est l'argument favori des théologiens. Il est maladroit de la leur emprunter mot à mot, sans plus d'explication.

    À part ça, il me semble que la littérature athée depuis le XVIIe siècle affirme abondamment l'inexistence de Jésus. Une telle affirmation ne pourrait certainement pas venir des chrétiens eux-mêmes. Les croyants ne recherchent pas la vérité. J'ai étudié quasiment toutes les religions, et je n'ai trouvé que très peu de désir de vérité dans leurs textes. Plutôt un désir de faire confiance et de se laisser guider, donc plutôt un désir d'infantilisation.

  3. Bonjour.

    Article très interessant.

    Quelques petites anomalies :

    'une construction théologique des prêtes exilés à Nazareth". Nazareth n'existe pas avant 333 ap JC. Le chemin des pélerins de Bordeaux Itinerarium Burdigalense fait visiter les villes de Jésus, mais Nazareth est totalement absente. http://www.jesusneverexisted.com...

    "culte de Mithra et des religions agricoles (pain et vin) ." En fait en -100, les Esseniens pratiquent le repas avec la bénédiction du pain et du Vin (source : Livre : L'enigme des Manuscrits de la Mer Morte)

    "95 Persecutions des chrétiens par Domitien." Origène nous rapporte (vers 200) qu'il y a peu de martyrs chrétiens et qu'ils se comptent tous sur les doigts d'une main. Cette persécution par Domitien est une invention d'Eusèbe de Césarée.

    Pourriez-vous donner votre source pour que Tarse soit romaine qu'en 150 ap JC s'il vous plait ?

  4. Je suis bien d'accord sur le fait que les croyants ne recherchent pas la vérité et que l'absence de preuve peut parfois constituer une preuve mais c'est quand même un principe général que l'absence de preuve ne peut constituer une preuve d'inexistence. Dans notre cas, il s'agit juste de savoir si un homme (nommé ou non Jésus) est à l'origine du christianisme ou si c'est plutôt une construction collective et il est difficile de trancher définitivement. Je suis presque convaincu qu'il n'y a pas de véritable Jésus, j'en donne quelques raisons, mais je ne peux dire que ce soit absolument certain et cela m'indiffère en grande partie. Ce qui m'intéresse ce sont les textes, leur évolution, leur déformation, voire leur manipulation.

    Je ne suis pas sûr que Nazareth n'existait pas au 1er siècle mais je n'ai pas le temps de vérifier. Je suis bien d'accord sur le fait que les Esséniens pratiquaient le partage du pain et du vin, cela n'empêche pas que ce sont des rites païens (agricoles) très anciens car le pain et le vin étaient le signe de la civilisation (fruits de la terre et du travail des hommes) depuis Sumer au moins.

    Les persécutions des "chrétiens" du 1er siècle visaient des Juifs révolutionnaires se réclamant d'un messie (Zélotes et Sicaires) et non de véritables chrétiens, pour autant qu'on puisse savoir, mais il y a bien eu un terrorisme juif et des répressions (limitées).

    Pour Tarse, je ne suis pas sûr du tout (j'ai mis un ?). Ma source c'est Vaneigem et, même si la plupart des informations que j'ai vérifiées sont justes, son livre "Résistance au christianisme" n'est pas exempt d'erreurs. D'ailleurs mes textes aussi ne sont pas exempt d'erreurs, il ne faut rien prendre pour argent comptant et tout vérifier !

  5. Alors je vous donne les éléments nécessaires à cela :

    1/ Inexistence archéologique
    2/ Inexistence historique et problème de localisation

    1/ Inexistence archéologique :

    Les fouilles archéologiques si elles confirment une occupation très ancienne ( VIIIe siècle av.notre ère), il n'y a pas de village avant le IIe siècle. Certains fondamentalistes se raccrochent à la présence possible d'une ferme. Mais une ferme n'est pas une "ville"

    1er doute :

    Nazareth n'est pas mentionné une seule fois dans l'ensemble de l'Ancien Testament ( textes interstestamentaire compris). Le livre de Josué ( 19:10,16) - qui explique le procédé de colonisation dans cette région - nous donne 12 ville et 6 villages et pourtant omets Nazareth de la liste !

    2e doute

    Le Talmud, lui aussi nomme 63 villages de Galilée (excusez-du peu !), ne connait rien de Nazareth, ni dans la littérature rabinique antérieur !

    3e doute

    Paul ne connait rien de Nazareth. Dans ces épitres il (ou d'autres) mentionne Jésus 221 fois, Nazareth : pas une seule fois

    4e doute

    Aucun historien ou géographe antique ne mentionne Nazareth. Pourtant Flavius Josèphe en énumère 45 en Galilée ! Cela est indiqué pour la première fois au 4e siècle.

    5e doute

    Les évangile nous mette une synagogue près d'une falaise pour jeter Jésus du haut de cette falaise ("sur laquelle est construite Nazareth")
    Nazareth ne possède que des collines peu pentues et le seul Mont qui aurait pu faire du mal à Jésus est à plusieurs kilomètres de Nazareth.

    6e doute :

    Matthieu nous mets Nazareth près d'un lac

    Comment se fait-il alors que Jésus puisse s'en éloigner en barque dans Matthieu ?

    "13.54 S'étant rendu dans sa patrie, il enseignait dans la synagogue, de sorte que ceux qui l'entendirent étaient étonnés et disaient: D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles?
    14.12 Les disciples de Jean vinrent prendre son corps, et l'ensevelirent. Et ils allèrent l'annoncer à Jésus.
    14.13 A cette nouvelle, Jésus partit de là dans une barque, pour se retirer à l'écart dans un lieu désert; et la foule, l'ayant su, sortit des villes et le suivit à pied."

    Si vous regardez la carte ici holylandarchive.com/secti... vous pourrez constater qu'il faut ramer sur des cailloux !

    7e doute

    Origène qui chercha les lieux où était passé Jésus ne trouva jamais Nazareth et en déduit qu'il fallait l'interpreter comme une allégorie.

    Pas mal pour un Jésus venant de Nazareth, non ?

    Amicalement

  6. Il est possible que vous ayez raison mais la question n'est pas tant celle d'un Jésus de Nazareth mais de l'existence d'une synagogue près de Nazareth après 70 si l'on suit par exemple Maurice Sachot l'auteur de "L'invention du Christ" qui passe cette semaine à France-Culture car l'hypothèse que j'avais retenue c'était celle d'une construction du christianisme par les rabbins exilés à Nazareth après la destruction du Temple. Il se peut que ce ne soit pas la bonne hypothèse mais je n'ai pas les moyens ni le temps de vérifier pour l'instant. En tout cas merci pour ces éléments.

  7. Article documenté mais orienté artificiellement par une thèse à-priori : l'existence de Jésus de Nazareth est fort douteuse. Et c'est cette thèse que vous voulez démontrer en sélectionnant les arguments qui peuvent la valider et en écartant les arguments qui risqueraient de la contredire. Exemple. Placez "l'Evangile de Thomas" comme première source scripturaire consacrée à Jésus de Nazareth est une fantaisie rigolote digne des élucubrations dan-brownienne. Aucun exégète actuel, qu'il soit chrétien ou athée ne valide cette opinion relative à l'évangile de Thomas. Le consensus des exégètes est de considérer ce texte comme un mélange complexe de trois composantes : quelques paroles (sur les 114) pourraient provenir d'une tradition remontant au Jésus historique ; la plupart des paroles sont un emprunt aux textes des évangiles synoptiques (qui sont antérieurs à l'évangile de Thomas) ; l'orientation d'ensemble du texte est gnostique et de nombreuses paroles empruntées aux synoptiques ont été réécrites selon une tournure gnostique. Si vous voulez vraiment devenir savant sur Jésus, lisez les trois tomes de J.P.Meier, "Un certain Juif". Bon travail.

  8. Evidemment, je ne me situe pas dans le consensus et je ne m'imagine pas un instant que je vais convaincre un croyant de ce qui pourtant crève les yeux, je ne prétends d'ailleurs pas dire la vérité seulement ouvrir à des hypothèses raisonnables trop ignorées mais il est faux bien sûr de dire qu'il n'y a aucun exégète qui considère l'Evangile selon Thomas comme un état plus primitif que le texte des évangiles canoniques, ce qui ne veut pas dire qu'il n'aurait pas été remanié ni qu'il serait "l'original" qui n'existe pas. Ce n'est pas pour autant la base de l'article, juste un élément parmi bien d'autres (les autres évangiles dit apocryphes, Marcion l'inventeur de Paul, Hermès trismégiste, etc.). Ceci dit je n'ai aucun dogme sur cette question qui ne m'intéresse pas tant que cela, que j'ai étudié il y a longtemps déjà, ce qui me sidère c'est le soi-disant "consensus" justement, de prétendus savants qui refoulent les travaux qui les contredisent pour nous raconter de belles histoires invraisemblables comme on nous en racontait sur l'ancien testament jusqu'aux découvertes archéologiques de "La Bible dévoilée". Pas la peine de me signaler qu'il y a des milliers d'ouvrages qui contredisent les hypothèses présentées ici, c'est une évidence, mais pour ceux qui veulent savoir, ce ne sont que des pistes, pas une vérité définitive, et qui n'ont d'intérêt que dans une étude plus large de l'histoire des religions, histoire très instructive où l'on retrouve souvent les mêmes schémas et les mêmes évolutions. Pour qui veut confirmer ses croyances, tout cela n'a aucun intérêt, ce n'est même pas la peine d'aller y voir !

  9. Je suis athée. Vous commettez l'erreur de croire qu'il y a deux camps : les chrétiens, qui forcément, sont incapables de se situer face à l'objet historique Jésus de manière scientifique et les athées qui, forcément, parce qu'ils sont rationalistes, ne peuvent pas accepter la réalité d'un individu dont les fidèles ont cru qu'il avait ressuscité. Il est parfaitement légitime de considérer que Jésus de Nazareth n'a raconté que des conneries, au nom d'un jugement de nature philosophique, sans nier la réalité de son existence historique.
    Donnez-moi le nom de l'exégète qui considère, ainsi que je le dis, que l'évangile de Thomas est la première source scripturaire consacrée à Jésus de Nazareth.
    Ensuite vous ne dites rien des évangiles synoptiques sinon pour situer leur date de composition vers 170, ce qui est, là encore une fantaisie, sauf à ce que vous m'apportiez des preuves plus solides de cette datation que celle qui fait l'objet de ce fameux "consensus" que vous récusez, savoir, Marc vers 60, Luc et Mathieu vers 80 et Jean vers 100.

  10. Il est fort bien que vous soyez athée mais il est bien curieux que vous accordiez tant de foi aux affirmations d'un prêtre catholique ! C'est un peu comme l'histoire des religions du cardinal Poupon, inénarrable ! Non, je ne crois pas qu'il y a d'un côté les croyants et de l'autre les athées dans cette affaire car j'ai constaté comme même les athées n'osent pas pousser bien loin leur remise en cause pour ne pas perdre leur "crédibilité" (si ce n'est leurs crédits), voulant tout au plus faire de Jésus un agitateur politique. Il y a plutôt les conformistes et les révolutionnaires, comme je le dis dans le texte, ce qui n'est bien sûr d'aucune garantie sur ce que disent les non-conformistes mais témoigne bien du poids de la tradition et de la sociologie.

    Je ne considère pas du tout pour ma part que Jésus n'a dit que des conneries, c'est même plutôt le contraire, j'accorde une assez grande valeur au message biblique inspiré par Philon d'Alexandrie, la philosophie grecque et la tradition ésotérique juive ou égyptienne. C'est même la valeur du message qui explique le caractère symbolique du personnage de Jésus qui n'a pas d'existence historique (pour Paul notamment, ni pour Thomas) et dont la nativité est une invention tardive comme tout le merveilleux qu'on trouve dans l'évangile de Marie.

    Je n'ai bien sûr jamais affirmé que l'évangile selon Thomas était la "première source" des évangiles. J'ai dit que "les premiers évangiles, comme l'Evangile selon Thomas, n'étaient qu'une suite de logia", ce qui est un peu différent (même si on peut le comprendre de travers, il aurait mieux valu dire "les premiers évangiles n'étaient qu'une suite de logia, comme l'Evangile selon Thomas"). Il y a un grand nombre d'érudits qui font de l'évangile de Thomas une source plus ancienne que les canoniques, renvoyant à une très mythique "source Q", même si certaines parties peuvent être postérieures et remaniées (tout était remanié sans cesse). Je n'ai pas le temps de refaire des recherches à ce sujet qui ne m'intéresse plus assez. On peut citer, avec des nuances Koester, Crossan, Theissen mais il y en bien d'autres et des meilleurs (que vous récuseriez sans doute). Si vous cherchez vous trouverez (et lisez les apocryphes, lisez Marcion, facilement disponibles), moi j'ai d'autres choses à faire...

    Quant aux datations traditionnelles des synoptiques, c'est n'importe quoi et ne tient pas le coup, mais croyez ce que vous voulez, encore une fois je ne me prétends pas compétent, encore moins détenteur de la vérité. Je n'ai pas de théorie à défendre même si je trouve plus intéressante l'interprétation symbolique, je prétends juste qu'il y a d'autres interprétations possibles que les interprétations dominantes et qui mériteraient d'être mieux connues. On en saura sans doute un peu plus à l'avenir, comme pour l'ancien testament pour lequel il y avait aussi de belles théories avec plusieurs sources, etc., qui se sont écroulées devant les faits.

  11. "Quant aux datations traditionnelles des synoptiques, c'est n'importe quoi et ne tient pas le coup, mais croyez ce que vous voulez, encore une fois je ne me prétends pas compétent, encore moins détenteur de la vérité."

    Si vous dites que vous n'êtes pas compétent et encore moins détenteur de la vérité, je ne vois pas très bien quelle est la signification de vos développements à propos de Jésus de Nazareth, sauf à rigoler un bon coup.

    Et d'ailleurs vous aviez déjà posé cette attitude :

    "je ne prétends d'ailleurs pas dire la vérité seulement ouvrir à des hypothèses raisonnables trop ignorées"
    En somme cela signifie que ces hypohèses dites "raisonnables" n'ont aucun rapport avec le vrai ou le faux ? Mais quel est l'intérêt de proposer des hypothèses relatives au phénomène historique "Jésus", si on affirme par avance que ces hypothèses n'ont pas du tout l'ambition d'améliorer la connaissance que nous avons de ce phénomène ? D'ailleurs cette posture "épistémologique"affichée est en contradiction avec vos analyses développées qui, bien évidemment, mettent constamment en jeu le paradigme de la véracité ou de la fausseté. Ainsi, la proposition que je viens de citer est suivie immédiatement par : "... mais il est faux bien sûr de dire qu'il n'y a aucun exégète qui considère l'Evangile selon Thomas comme un état plus primitif que le texte des évangiles.." Ainsi vous ne prétendez pas dire la vérité, mais vous savez très bien dire ce qui est faux, non ? Le sens de cette dernière phrase est bien, à contrario, : "il est vrai de dire qu'il y a au moins un exégète qui considère l'Evangile de Thomas comme etc" ? Donc , sur l'Evangile de Thomas vous nous proposez ce que vous estimez être vrai, non ? Etes-vous d'accord avec mon analyse ? Dans quelle mesure est-elle vraie ; dans quelle mesure est-elle fausse ?

    [je comprends fort bien que, actuellement, vous ayez d'autres chats à fouetter que de vous occuper de ce Jésus de Nazareth. Bon. Mais alors, si vous ne voulez pas être ennuyé par ce bonhomme et par les bonhommes qui critiquent ce que vous en écrivez, retirez le texte de la circulation]

  12. L'objet de l'article, il n'y en a pas d'autre, c'est le dogmatisme et le conformisme de la pensée, d'avoir été choqué que dans les médias on ne fasse pas état de l'hypothèse, qui s'impose au moins comme hypothèse, que Jésus n'aurait pas existé puisqu'il n'y a aucune trace de son existence historique. Pas plus. C'est pareil pour la Physique où je suis notoirement incompétent, et pour le reste, comme je l'ai déjà dit, on trouve sur internet pas mal d'informations que je n'ai pas besoin de répéter ici. (C'est par contre une vérité, facile à vérifier, qu'il y a des exégètes qui voient dans l'évangile selon Thomas une source plus ancienne que les synoptiques).

  13. Bon. Je me suis instruit sur vous en lisant la notice, abondante, que vous consacre Wikipédia. Vous avez ainsi une véritable notoriété. J'ai une certaine sympathie à l'égard de votre parcours et de votre combat. Vous incarnez assez bien la figure du révolutionnaire professionnel léniniste - démocratiquement rectifié ! ou de l'intellectuel prolétaroïde de Max Weber. Et je comprends bien, alors, vos difficultés actuelles d'insertion professionnelle.

    Cela étant vous vous évanouissez dans les brumes face à mon questionnement "épistémologique". C'est pas grave. Allez en paix, bon vent et bon courage.

    [Pour en finir avec la question du personnage Jésus : vous écrivez :
    "Jésus n'aurait pas existé puisqu'il n'y a aucune trace de son existence historique." Ben non, là encore, vous ne maitrîsez pas votre discours. "Aucune trace", c'est une sottise d'écrire cela. Il y a beaucoup de traces, car il y a beaucoup d'écrits [tous les apocryphes en plus des canoniques] où ce Christ ou ce Jésus ou l'Enseigneur est mentionné. Mais le problème, et c'est le travail des exégètes, est de déterminer la validité historique de toutes ces traces.]

  14. Jesus a existe : Ponce Pilate aussi: c est, entr autre dans ses memoires que l on trouve les recits le splus precis sur la fin de la vie de Jesus, tout la consultation des registres romains, ceux sauves apres l incendie de rome nous apprennent qu un denomme jesus a bine ete crucifie a la fin du regne d Herode pour s etre proclame Roi, dont la royaute viendrait deu Ciel.
    les preuves, sans parler de foi sont innombrables...
    SVP ne tombez pas dans les theories de complot si cheres aux personnes en mal de sensation forte ou se sentant attaquees, voire menacees. La consultation de registres historique constitue une preuve.

  15. Les croyants croient n'importe quoi, impossible de discuter avec ! Bien sûr si c'était vrai il n'y aurait pas de problèmes et tous ceux qui cherchent la plus petite des preuves n'auraient plus besoin de chercher si vainement... Ceci dit personne ne conteste qu'il y a eu plusieurs "christos" qui se sont soulevés contre les Romains mais qui n'étaient que des juifs comme les sicaires et dont l'examen historique réduit à néant toute tentative d'en faire en quoi que ce soit le Jésus des évangiles. Quand à parler de preuves innombrables, il faut que les théologiens et les archéologues soient bien stupides pour ne pas les reconnaître dans leur si grande évidence lorsqu'on n'a pas été voir de plus près... S'il suffisait de consulter les registres historiques ! Il n'y a pas de mémoires de Ponce Pilate, il y a juste la mention de Ponce Pilate par Tacite dans ses Annales et qui serait sans doute la meilleure preuve de la passion du Christ si ce n'était si tardif et faisant de Ponce Pilate un procurateur et non un préfet, ne faisant ainsi que reprendre ce qu'en disaient les chrétiens à son époque, ce que désignait ce terme de chrétien étant très différent à l'époque de Néron, n'étant qu'une secte juive messianique (la religion juive avait à l'époque pas mal de succès auprès des romains séduits par leur dévotion).

    Ceci dit, à retracer la formation de la théologie chrétienne à partir d'Alexandrie et des Thérapeutes au début pour se mêler au pathos de Montan, des martyrs, des cultes d'Attis et finir en dogme d'Empire, ce n'est pas de complot qu'on peut parler, mais on peut parler d'ésotérisme, en un sens très différent de celui du roman, l'ésotérisme est un savoir sur le divin, savoir interdit mais qui touche aux fondements de la vérité et donne forme au Dieu vivant, à la succession de l'Amour à la Loi comme nous passons de l'Amour à la Liberté.

    Dire que Jésus est une figure symbolique qui "réalise les écritures", n'est pas faire appel à un complot mais à la profondeur du sens de la religion chrétienne où Jésus est présent quand on se rassemble en son nom et qu'il est dans le prochain qu'on doit aimer comme soi-même, jusqu'à y sacrifier sa vie ! Pour cette vérité révélée, peu importe l'histoire qui l'inscrit dans le temps et ne fait que l'illustrer d'un récit où chaque moment fait sens, est un enseignement, une parabole. Celui qui parle par paraboles est lui-même une parabole ! Mais inutile d'argumenter, je vais sûrement clore les commentaires sur les articles de plus de 3 mois. Je n'ai pas le temps de me replonger dans les délices de l'histoire des religions (Osiris, Dyonisos, Attis, Mitra...)

    JÉSUS A DIT :

    SI CEUX QUI VOUS GUIDENT VOUS DISENT :
    VOICI, LE ROYAUME EST DANS LE CIEL,
    ALORS LES OISEAUX DU CIEL VOUS DEVANCERONT,

    S'ILS VOUS DISENT QU'IL EST DANS LA MER,
    ALORS LES POISSONS VOUS DEVANCERONT.

    MAIS LE ROYAUME EST LE DEDANS DE VOUS
    ET IL EST LE DEHORS DE VOUS

    QUAND VOUS VOUS CONNAÎTREZ,
    ALORS VOUS SEREZ CONNUS

    ET VOUS SAUREZ QUE C'EST VOUS
    LES FILS DU PÈRE VIVANT;

    MAIS S'IL VOUS ARRIVE DE NE PAS VOUS CONNAÎTRE,
    ALORS VOUS ÊTES DANS LA PAUVRETÉ,

    ET C'EST VOUS LA PAUVRETÉ.

    L'ÉVANGILE SELON THOMAS, 3

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