La part du négatif

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"A la base de chaque être, il existe un principe d'insuffisance" (Georges Bataille, Principe d'incomplétude).

NégatifIl faut enfoncer le clou, l'écharde dans la chair, car on tombe toujours au pire à s'enivrer de mots et se faire une image trop idéalisée de soi-même comme des autres. "Qui veut faire l'ange, fait la bête" disait déjà Pascal, mais l'histoire nous a appris que c'est surtout la porte ouverte à toutes sortes de barbaries, dans la négation de l'existant au nom d'un monde futur supposé purifié de tout négatif !

Ce n'est donc pas seulement ce qu'on peut savoir qui est limité mais bien ce qu'on peut espérer de l'action politique, sans que cela ne diminue en rien pourtant notre devoir de résistance et d'engagement dans la transformation du monde. Il faudra simplement faire preuve d'un peu plus de prudence et de modestie, prendre soin de corriger ses erreurs et de ne laisser aucun pouvoir sans contre-pouvoirs pour l'équilibrer. Refuser l'extrémisme et rabaisser nos prétentions n'est pas se condamner à l'inaction pour autant, ni à un réformisme mou. C'est même tout le contraire puisque c'est ne pas se cacher la réalité des faits. Il faut y voir un préalable à l'indispensable "réalisme révolutionnaire", seul susceptible de se réaliser ! Dans cette perspective, reconnaître la part du négatif (ce qui pourrait définir l'écologie-politique) n'est pas un raffinement intellectuel et marginal, c'est la condition première de toute alternative effective.

Ce n'est pas gagné, c'est le moins qu'on puisse dire ! La voie est on ne peut plus étroite puisque, si l'important c'est de ne pas vouloir tout régler magiquement, cela n'empêche pas que nous vivons de tels bouleversements qu'il faudrait changer la totalité de l'organisation sociale, construire un nouveau système de production et ne pas se résigner à un réalisme trop étroit ! mais, encore une fois, cela ne signifie en aucun cas qu'on pourrait arriver à une perfection quelconque et que ce serait la lutte finale.

On ne guérit pas de la vie (de l'envie ni de l'ennui). Ce n'est pas une raison pour en hâter la fin et ne plus vouloir rien faire, se laisser aller et ne plus réagir ! Pareillement, on ne saurait parvenir à une concorde sociale dépourvue de conflits et d'injustices, ce n'est pas une raison pour ne pas empêcher que ça empire encore, mais, simplement, il ne faut pas s'imaginer ainsi se délivrer du mal, qui n'est que l'envers du bien, ni de la part du diable qui semble déjouer avec malin plaisir tous nos plans, et pave notre enfer de nos si bonnes intentions pourtant, on ne le sait que trop...

La pensée positive

Certes, s'il faut reconnaître la part du négatif, on ne peut oublier le positif pour autant. Ainsi, reconnaître le négatif de notre industrie devrait mener positivement à une écologie-politique moins destructrice. C'est d'ailleurs ce que le romantisme révolutionnaire trouvera trop prosaïque sans doute, mais on ne peut s'installer dans le négatif : il n'y a pas de négatif sans positif ! L'inverse est tout aussi illusoire d'une société idéale entièrement positive : on ne pourra donc pas plus éviter "le sérieux, la douleur, la patience et le travail du négatif" (Ph I p18). Il est bien difficile en tout cas de tenir les deux bouts, à la fois le positif et le négatif. On vit ordinairement sous le règne de la pensée positive, du spectateur enthousiaste de l'ordre établi soumis à une propagande d'un simplisme désarmant !

Depuis quelque temps c'est le néolibéralisme qui prétend nous apporter le bonheur individuel le plus enviable... au prix du sacrifice de populations entières et d'un productivisme insoutenable complètement utopique. L'époque se veut dynamique et conquérante, dévouée à la compétition et l'admiration de quelques vedettes médiatiques, de vainqueurs triomphants, quand elle ne se consacre pas au développement personnel, absorbée par un amour de soi satisfait qui nous est même prescrit par ordonnance ! Rien qui laisse une place à l'expression du négatif. La mode n'est certes pas à reconnaître ses limites. Il faudrait au contraire chasser de son esprit toute pensée mauvaise, éviter les ondes négatives, refuser d'admettre jamais sa défaite ! Il semble bien qu'on rassemble ainsi tous les caractères de la psychose, d'un temps de folie et d'irresponsabilité qui va à sa perte au nom de beaux idéaux, dont il faut bien dire qu'ils sont complètement délirants.

Aucun domaine ne semble épargné par cette fuite de la réalité dans un imaginaire sans bornes et dépourvu de toute négativité. L'illusion peut porter sur notre savoir ou notre sagesse, sur les promesses de la technique ou le pouvoir du politique, tout comme sur l'amour ou la liberté, si ce n'est le bonheur même, tant qu'on y est, ce ne sont que des mots ! C'est le règne du spectacle, du virtuel, de la com. Ce qu'il y a de consternant dans cette vogue de l'idéalisme le plus débridé, ce n'est pas de vouloir transformer le monde et le rendre plus conforme à nos désirs, ce qui est on ne peut plus légitime, ce sont les prétentions d'une perfection sans tâche, d'un idéal de l'homme et de la société sans plus aucun vice ni contradictions et qui s'accomode bien hypocritement de son irréalisme.

Qu'on rêve d'une démocratie radicale, d'une complète autonomie, d'un amour universel, d'une jouissance sans fin ou de la fin de toute aliénation ou domination, c'est la vérité de notre désir qu'on vient à manquer, le caractère tragique d'une vie qui n'est pas une partie de plaisir mais une affaire sérieuse dont on doit se tirer au mieux. On ne peut ignorer à ce point les enseignements de l'anthropologie et de la littérature, si ce n'est des religions et de la psychanalyse, avec les méandres de l'amour qui se retourne en haine et toutes les contradictions d'un désir qui dure et jamais ne s'assouvit !

Le plus comique, car sa fin tragique fait aussi de la vie une comédie assez risible au fond, c'est que dans ce fanatisme ambiant d'une lutte entre Bien et Mal, la plupart des révolutionnaires rejoignent religieusement cette soif d'absolu, d'un monde publicitaire tout de joie et de lumière qui est bien ridicule au regard de notre histoire et de la longue litanie de nos échecs passés. Bien sûr, le héros révolutionnaire n'a rien de nouveau, glorifié déjà par les dictatures communistes ! Comment croire encore à ces fadaises, à ce paradis mille fois promis et mille fois démenti ? Faut-il que nous soyons crédules ! L'expérience historique ne suffit-elle donc pas ?

La vérité est pourtant loin d'être reluisante qu'il faudrait regarder en face. Que dire après Hiroshima (et encore plus Nagasaki) ? Que dire après Auschwitz, après le nazisme et le communisme ? Déjà la boucherie de 14-18 et les massacres de la colonisation suffisaient pour nous faire descendre de nos prétentions à une filiation divine, jusqu'à vouloir remonter dans l'arbre, sinon dans le temps ! Faut-il faire l'énumération de toutes les horreurs qui parsèment notre histoire ?

On dira qu'il y a tout de même les oeuvres de l'esprit, mais la poésie n'est pas hors de son temps, et d'ailleurs il n'y a plus d'Art ni de poésie depuis DADA, qui conclut la première guerre mondiale, même si le surréalisme devra en épuiser le contenu, après la destruction des formes, jouant les prolongations jusqu'à la dernière guerre mondiale qui devait rivaliser encore d'inhumanité ! Il n'y a rien là pour entretenir nos illusions. On peut même dire que la décomposition de l'idéal classique avait commencé bien avant, depuis Baudelaire au moins et ses "fleurs du Mal", mais le tranchant de l'art moderne semble bien oublié désormais, devenu objet de musée. Il a perdu son audace, son pouvoir de dévoilement et le goût d'une transgression qui ne soit pas de pure convention.

Le parti du négatif

Après tout c'était la poésie moderne, depuis cent ans, qui nous avait menés là (Guy Debord, Panégyrique).

Où donc nous a bien mené la poésie moderne ? A la déconstruction des règles de l'Art et la déqualification de l'artiste, au nom de la critique de la communication. Sans doute nous en avons perdu le sens avec la chanson, qui occupe la place laissée vide, mais il ne faut pas attendre de la véritable poésie un hymne à la communication alors qu'elle témoigne plutôt de l'incommunicabilité entre les êtres et d'un impossible amour ! Dénoncer l'illusion d'une communication artistique qui reste spectatrice, n'a pas d'autre sens qu'affirmer après Guy Debord que "la communication n’existe jamais ailleurs que dans l’action commune". Il ne suffit pas d'être connectés en réseau, il faut faire équipe et se mobiliser sur un objectif commun ! On est loin des "prétentions à quelque jouissance sous-esthétique".

Au-delà, ce que la poésie moderne nous enseigne, c'est notre part d'ombre et de mystère mais c'est surtout que les choses n'ont pas de sens par elles-mêmes. Le sens, il faut le créer par la force poétique ou l'action historique, sens gagné sur le non-sens originel, et qui est le contraire d'un sens imposé et indiscutable, phénomène collectif entièrement suspendu au poids des mots et de leur pouvoir d'éblouissement. Si la poésie est bien dans son rôle d'illumination du monde, à produire le sens qui manque, entraîner dans l'action pour "changer la vie", ce n'est pas une raison pour faire croire qu'on fera des merveilles ! Améliorer les choses ne serait déjà pas si mal. Pas la peine de se monter la tête pour cela, il vaut bien mieux rester clairvoyant et l'esprit en alerte. Le poète doit se faire voyant plus qu'illusionniste, ce n'est pas un amuseur public ! On peut se demander tout de même si la poésie ne restait pas trompeuse, prise dans la séduction et la gloire du poète.

Je cite Guy Debord parce qu'il s'impose à moi, est-ce dire que je pourrais me prendre pour Debord ? Ce serait bien ridicule et hors de saison, mais il faut se demander comment se fait-il que tant de prétendus révolutionnaires prennent Debord en modèle ? Par quelle malédiction Debord suscite-t-il tant d'admiration de spectateurs enthousiastes, comme Sollers ? Sans doute est-ce d'avoir voulu être admirable. Dès lors, en le prenant pour modèle, ses admirateurs peuvent se prendre eux-mêmes pour des modèles, tout ceci par une inversion purement verbale des valeurs du positif au négatif (et qui reste encore en fait un positif dépourvu de tout négatif) !

Les pro-situs n’ont pas vu dans l’I.S. une activité critico-pratique déterminée expliquant ou devançant les luttes sociales d’une époque, mais simplement des idées extrémistes; et pas tant des idées extrémistes que l’idée de l’extrémisme; et en dernière analyse moins l’idée de l’extrémisme que l’image de héros extrémistes rassemblés dans une communauté triomphante. Dans "le travail du négatif", les pro-situs redoutent le négatif, et aussi le travail. VS 42

Pour éliminer ces petits frimeurs encombrants, il faudrait éviter de recréer de nouveaux héros révolutionnaires et critiquer chez Debord un reste des prétentions artistiques issues du lettrisme, ce qui l'a mené à vouloir faire de sa vie une oeuvre d'art un peu trop lisse, où il manque la rugosité du réel, de nos erreurs et nos remords. C'est bien ce côté exotique qui séduit aujourd'hui, cette impossible perfection, cette révolte hautaine. Si on doit reprendre Debord à partir de son échec historique (qui est non seulement l'échec de Mai 68 et de l'I.S. mais surtout du rêve d'un vie souveraine et d'une communauté de maîtres), il faudra se débarrasser de cette mise en spectacle, non seulement inutile mais qui fait obstacle à la perception de la réalité effective, de nos moyens limités et de la pauvreté des rapports humains ordinaires.

Pas besoin d'être parfait pour changer le monde, il vaut même beaucoup mieux savoir sur quelle genre d'humanité on peut compter pour avoir une chance d'y arriver. A suivre la Phénoménologie de l'Esprit, il s'agirait de passer de la sévérité du maître à penser, et de sa dureté envers la passivité des spectateurs, au pardon réciproque dans la réconciliation de tous les pécheurs ! Un peu trop curé sans doute pour les chercheurs d'absolu et les plus nihilistes, c'est pourtant sur le négatif qu'on peut construire plus sûrement une communauté qui ne soit pas de pure apparence (de même que c'est en reconnaissant ses erreurs qu'on a une chance de les corriger). Pas de quoi se donner en modèle, donc, un minimum d'honnêteté intellectuelle suffit pour savoir qu'on n'est pas à la hauteur la plupart du temps. Ce n'est pas atteindre à notre dignité pour autant mais seulement ne pas placer la barre trop haut pour nous et vouloir rester à hauteur d'homme.

Faire l'aveu de nos faiblesses et de notre inhabileté fatale ne doit pas servir à justifier l'ordre établi et décourager la révolte contre les injustices comme s'il n'y avait rien à y faire ! Ce n'est pas nier l'aliénation, c'est seulement nier la possibilité d'une totale désaliénation, d'une abolition de la séparation qui serait un retour à la Mère originelle. "La vraie vie est absente", il n'y a pas à y revenir. On ne la trouvera pas par décret du gouvernement ni révolution politique, même si on peut en avoir un avant-goût parfois, en particulier dans les mouvements naissants. Cela n'empêche pas qu'il y a des vies préférables à d'autres, qu'on peut éviter le pire et favoriser le meilleur. Ainsi, il est indéniable qu'il y a une aliénation du travail salarié et de la domination. Dès lors, l'accès au travail autonome, rendu possible par le revenu garanti et le devenir immatériel de l'économie, peut être comparé à la libération de l'esclavage, ce n'est pas rien ! Ce n'est pas la promesse d'un bonheur sans fin malgré tout. D'un autre côté, l'augmentation de notre aliénation n'est pas aussi évidente que certains le prétendent lorsqu'on regarde 60 ans en arrière, par exemple, mais si elle a bien diminué sur de nombreux plans, ce n'est pas sans générer de nouvelles aliénations en nombre. Au point qu'on peut se dire que globalement le niveau d'aliénation ne doit pas tellement bouger, mais cela ne justifie aucunement de rester passif car nous ne sommes pas au niveau global ou statistique et le degré de résistance constitue sans doute ici le facteur décisif, localement au moins.

Reconnaître la part inéliminable du négatif n'est pas renoncer au positif alors que c'est au contraire la seule façon de le sauver. Certes, s'il faut ramener le ciel sur la terre, ce n'est pas pour en garder les représentations les plus idéalisées et les exagérations les plus folles, mais en déchirer plutôt le voile d'illusions pour revenir au sol des problèmes concrets et des conflits sociaux dont ils sont l'objet. Pour atteindre ses objectifs, il n'y a pas d'autre moyen que de tenir compte du négatif, des erreurs commises et des effets indésirables de nos actions, pas d'autres moyens que de tenter de corriger le tir à chaque fois et redresser la barre quand la dérive devient trop forte. Pas d'action sans rétroaction, il faudra toujours rattraper le coup, faire preuve de précaution, rester vigilant. Ne jamais croire en tout cas qu'on est sur des rails une fois pour toutes : ni que notre aliénation pourrait devenir totale, ni qu'on pourrait en être totalement délivré, mais qu'on devra toujours s'en défendre !

Reconnaître la part du négatif est finalement une question de vérité. Il ne faut plus se la jouer, l'enjeu est trop d'importance vitale. Il n'y aura pas d'intelligence collective sans ce constat de départ, pas de véritable conscience de soi sans l'acceptation de nos limites et de nos folies. C'est la base d'une philosophie politique digne de ce nom et d'une véritable démocratie, en même temps que l'instrument d'une compréhension de la dialectique historique. Au-delà de notre rationalité limitée et de la prise en compte de notre ignorance, c'est aussi ce qui constitue l'écologie-politique comme nouveau stade cognitif par la prise en compte du négatif de notre industrie (des externalités négatives). Il serait dés lors bien paradoxal de prétendre supprimer toute négativité d'une société plus écologique et d'arriver à extirper le mal du coeur humain...

Dans la conception positive des choses existantes, la dialectique inclut du même coup l'intelligence de leur négation fatale, de leur destruction nécessaire, parce qu'en saisissant le mouvement même dont toute forme faite n'est qu'une configuration transitoire, rien ne saurait lui en imposer ; parce qu'elle est essentiellement critique et révolutionnaire. (Marx I, p559, Postface de la 2ème édition allemande du Capital)

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5 réflexions au sujet de “La part du négatif”

  1. je crois que je vais bien aimer , (voir "adorer" : mais je suis un enthousiaste ... ) lire tous vos textes : ça fait du boulot , du pain sur la planche , du grain à moudre (.... aie pôvre de moi !)
    d'autant qu'il me semble , d'avoir parcouru de-çi de-là, que vous visez tout à fait juste : en quoi donc , que cela vous soit rendu ! , outre les savoirs et les capacités , il faut savoir là où ça coince ... le réel.
    Il faut savoir viser juste. Là où est la cible ...
    amitiés en tous cas !

  2. Diable, voila des textes bien complexes.

    Même si vos reflexions sont intéréssantes elle sont très dures à comprendre pour la moyenne des gens ordinaires. C'est peut-être la limite des vos reflexions : vous souhaitez passer au travail cognitif hors il faut se rendre à l'évidence : pour beaucoup de gens c'est ch**

    Je suis moi même Verts (vous avez abandonné les Verts à une époque à cause de leur "part de négatif", la collaboration plus ou moins forcés avec le PS)

    Vous parlez beaucoup du coopératisme municipal, mais sembler moi parler du tier secteur à plus grande échelle (songeons par exemple à enercoop.fr ou ouvaton.org), c'est assez surprenant.

    Je suis également chrétien (je ne connais pas le Taoïsme 😉 ! ) et j'aimerais avoir votre avis sur une comparaison que j'ai faite entre la parabole des talents et le revenu minimum garantie (ou d'existence)(que les Verts mettent en partie au programme pour les 16-25 ), vous pourrez le consulter sur mon site dans la rubrique religion, des lors que les serveurs d'ouvaton daigneront remarcher

    et même si je suis loin d'être d'accord avec vous sur beaucoup de point (par exemple sur le TCE auquel j'étais favorable, car "moins pire" que Nice), je vous félicite pour votre travail.

  3. Nous devons effectivement affronter une complexité qui nous dépasse, que nous le voulions ou non et il n'y a aucun savoir qui soit donné d'avance sans travail personnel, c'est sans doute fort regrettable mais c'est notre condition. Non seulement la pensée dialectique est difficile à comprendre mais la dialectique n'est rien d'autre que cette difficulté à intégrer le point de vue opposé. Penser, c'est sûr, c'est se prendre la tête mais il n'y a pas de royaume enchanté où nous pourrions nous reposer sur des croyances naïves, c'est la réalité qui nous ramène à la dialectique et la part du négatif. Ce n'est pas le vocabulaire qui est difficile, c'est la chose même. Ce n'est pas ma limite, c'est la limite de notre rationalité, mais personne n'est obligé ni de l'admettre, ni de me lire !

    Ce n'est pas par peur de me salir les mains que j'ai quitté les Verts mais parce que le ridicule cocktail de principes libertaires inquestionnés et de l'arrivisme des élus qui ont remplacés les militants m'a paru très contre-productif, prouvant l'incapacité des Verts à se gouverner eux-mêmes avant de vouloir gouverner les autres... Trop de nullité et c'est le débat sur les prétendus "marchés des droits à poluer" qui m'a fait désespérer définitivement de ces faux écologistes !

    Il est exact que je ne parle pas de tiers-secteur, avec quelques raisons. La notion de tiers-secteur regroupe nationalement en secteur séparé l'économie solidaire (aux marges du capitalisme) alors que je suis partisan d'une relocalisation et d'un secteur coopératif intégré au tissu local. C'est une différence fondamentale. Ainsi des monnaies alternatives me semblent être des gadgets le plus souvent alors que des monnaies locales sont un véritable instrument pour une production alternative.

    Enfin, il n'est pas vrai que les Verts mettent le revenu d'existence dans leur programme, Voynet défend un RSA qui est tout autre chose et n'a rien de révolutionnaire ni d'écologiste ! Sur ce point comme d'autres, les Verts ont plusieurs trains de retards, figés en 1995 ! Ce n'est pas une question de bons sentiments mais d'analyse des nouvelles forces productives à l'ère de l'information.

    Le Non à l'Europe libérale a été fondateur, cela n'a rien à voir avec le fait que le traité aurait été meilleur que Nice, c'est l'affirmation qu'une constitution ne peut être basée sur la concurrence (au contraire d'un traité), question qui n'est pas technique mais symbolique, et que la domination des idées libérales était terminée, ce dont la commissions et les élus européens enfermés dans leur tour d'ivoire ne veulent rien savoir encore... Pour moi c'est la nécessité d'une relocalisation que le TCE pouvait rendre impossible qui a été le plus déterminant.

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