L’élimination annoncée des Verts

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Voynet choisie par les Verts pour se ridiculiser comme candidate à l'élection présidentielle...

Voynet

Comme je le disais dans mon interview sur "les limites de la décroissance", les élections présidentielles ne sont pas des élections pour les écologistes mais cela ne sert à rien de le dire quand la logique des appareils oblige chaque petite formation à présenter son candidat par peur de disparaître du paysage médiatique!

On va donc encore une fois au désastre mais, avec la fin des péripéties de la désignation de leur candidat, on pourrait bien assister à l'élimination définitive des Verts puisque finalement c'est Dominique Voynet qui a été choisie, qu'elle n'a plus rien à dire et que les sondages ne lui donnent pour l'instant que 1,5% des intentions de vote ! Même si cela ne veut pas dire grand chose et que la campagne n'est pas commencée, sauf catastrophe écologique faisant basculer l'opinion, le score ridicule qu'elle risque de faire pourrait être le signe de l'éclatement d'un parti à bout de souffle.

J'ai cru à Dominique Voynet au début et je l'ai soutenu jusqu'au moment où elle est devenue ministre. Après un assez bon démarrage, la suite a été lamentable. En premier lieu d'avoir fait échouer les négociations de La Haye sur le climat sous prétexte de refuser les prétendus inacceptables "marchés des droits à polluer" alors que c'est le marché des combustibles fossiles qui est catastrophique ! Du coup rien n'a été fait depuis, ou presque. Il n'y a pas plus grand échec pour un écologiste, témoignant d'un dogmatisme irresponsable, et cela fait longtemps qu'elle n'a plus rien à proposer. Qu'elle ait été choisie tout de même par les militants en dit long sur l'état d'un parti devenu un parti d'élus sans substance et sans poids, à la traîne du PS et qui nuit à l'écologie plus qu'il ne la sert.

L'irresponsabilité est partout et les écologistes loin d'être la solution font partie du problème, incapables d'inventer une véritable démocratie et de nouvelles pratiques, cantonnés à leur part de marché (OGM, nucléaire et protection de la nature), ils font partie de la foliedu monde qu'ils prétendent dénoncer (tout comme l'extrême gauche). L'ennemi ce n'est pas l'Autre, ce n'est pas la droite mais nous-mêmes. Avant d'accuser les autres, il faudrait se regarder soi-même. Hélas qu'y faire sinon crier dans le désert du réel ?

 


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7 réflexions au sujet de “L’élimination annoncée des Verts”

  1. Comme je vois, ici et ailleurs, la médiocrité des verts de France ne diffère guère de ceux de la petite Belgique, bien que le constat soit peut-être un peu dur, car il y a quand même de nouvelles pratiques qui s’expérimentent, mais elles ne vont pas assez loin (quelle aberration de prendre des décisions à 50,1 contre 49,9 !), et à force de fricoter avec le système, on finit par tomber dans les mêmes travers que les partis « traditionnels ». Sans compter que les verts n’ont pas (encore) pris conscience de l’importance du changement individuel - y c. psychologique et spirituel - si l’on veut transformer le monde (cf. Gandhi et, bien avant lui, Socrate), ce qui leur vaut des réunions qui tournent périodiquement au psychodrame. La conscience a encore bien du chemin à faire !

  2. Les Verts français pratiquent le vote à 60%, ce qui n'arrange rien...

    En tout cas ce n'est absolument pas une question de "pratique" mais d'organisation et sûrement pas une question psychologique ou de changement individuel mais d'une logique du champs politique et de captation des ressources par des réseaux de pouvoir et d'élus.

    Quelque soit notre haute moralité, sur laquelle on se fait toujours bien des illusions, on ne ferait pas mieux à leur place, ou si peu. Ce n'est certainement pas parce qu'elle serait particulièrement mauvaise que Voynet a échoué. Elle était même très bien à l'origine et avait plutôt de "bonnes pratiques". Il ne faut pas se croire supérieur aux autres et les mépriser ainsi. La question est politique, collective, et c'est bien plus compliqué...

    Ce qui est vrai, c'est que les Verts devraient mettre en place les procédures d'une véritable démocratie cognitive en leur sein avant de la proposer au reste de la société. On en est loin et je ne pense pas qu'on y arrivera sans une scission ou au moins une refondation qu'on ne voit pas venir hélas !

  3. Bonjour,

    Il est vrai que l'écologie est quelque chose d'important quand bien même ce terme soit un peu vague et chacun met dedans ce qu'il aime entendre ou percevoir. Je connais mal le parti des verts mais tant que la plupart de ces partis politiques resteront sur des théories ou des concepts désuets le débat n'avancera pas particulièrement.

    Une démocratie cognitive ? Certes ce serait réintroduire dans la place publique les nouvelles données liées auc concepts de la théorie de la complexité et de l'information (au fait, je suis en train de lire votre livre sur le monde de l'information que vous m'aviez mentionné ailleurs sur ce site).

    Or il me semble qu'il y aurait un travail énorme à engager sur cette notion d'information non pas dans sa description théorique comme vous le décrivez si clairement mais plutôt comme objet qui possède une valeur à la fois vraie et fausse. Ce qui serait à rapprocher de la guerre de l'information (-je fais référence à l'information warfare- dommage que ce sujet ne soit pas abordé dans votre ouvrage).

    Il suffit de prendre, pour exemple, cette dernière légende urbaine : celle de la venue hypothétique de 40 000 prostituées en allemagne pour la coupe du monde. Le journal "l'en-dehors (endehors.org/news/11129.s... a démonté la problématique.

    Si je ramène vers ce sujet c'est qu'il possède un enjeu important. La guerre de l'information est peut-être cet être hybride lequel repose à la fois sur nos anciennes conceptions politiques et militantes (la société du spectacle, ce qui convainc et nous persuade qu'une chose est potentiellement vraie) et sur cette nouvelle approche (la théorie de l'information, conception de ses contours, de ses limites, comment est-elle perçu si nous sommes impliqués ou non dans une action militante, etc) avec cette subtilité particulière qu'elle n'est ni totalement vraie ni totalement fausse.

    Le problème de l'écologie est quelque chose mis devant notre nez. Cependant que faut-il entendre par écologie :

    -une augmentation du prix de l'essence décrétée politiquement dont la conséquence principale est d'aller à l'encontre des pauvres en milieu rural où les déplacements sont vitaux ?

    -une politique globale qui vise à réduire l'émanation de certains produits toxiques ?

    -Réduire la consommation, la décroissance ?

    On pourrait poser autant de questions sans pour autant savoir ou connaître la part du vrai et du faux non pas dans le but de juger mais dans le fait que l'ensemble de ces questions sont à la fois vraies et fausses en ce sens qu'elles peuvent être utilisées dans un sens ou dans un autre selon que l'on appartient à tel ou tel type de lobbying ou sphère d'influence. Voir la fameuse problématique du trou de la couche d'ozone :

    -Le trou s'est agrandi du fait de notre société

    -mais il existait auaparavant

    -Les scientifiques, au final, ne nous ont pas apporté de réponses claires et c'est, bien souvent, ce qui nous laisse dans un désarroi profond. "Nous ne faisons qu'expliquer un phénomène. Nous n'interprétons pas ses conséquences."

    Nous savons quelque chose mais il est impossible de déterminer s'il est vrai ou faux...

    Que faire ?

  4. Impossible de répondre à tout.

    La guerre de l'information n'est certes pas nouvelle (c'était la véritable force de Napoléon) mais disons qu'elle se complique à mesure que les sources se multiplient, sans pouvoir empêcher pour autant les rumeurs, les phénomènes de mode, les folies collectives... Au fond la "lutte idéologique" n'est rien d'autre et un art révolutionnaire dont je rêverais révèlerait ce qu'on voudrait nous faire taire ! Ce que je fais ici n'est rien d'autre que faire la guerre à la bêtise et à la fauxlie même si je ne suis pas sûr d'y échapper moi-même...

    Car oui toute vérité est à moitié fausse et toute erreur a ses raisons. L'information n'est rien de plus que ce qui fait pencher la balance sur le moment, l'information c'est ce qui est décisif dans l'action, "une différence qui fait la différence". Et oui tout savoir est trompeur dès que ce n'est plus qu'un savoir mort qu'on répète sans y penser, sans y regarder à deux fois et de loin sans se rappeler très bien de quoi il s'agissait...

    La leçon qu'on doit retenir à s'être laissé prendre dans une propagande qui s'est avérée mensongère (endoctrinement, rumeur ou préjugé) ce n'est pas qu'on ne nous y prendra plus, mais au contraire qu'on est toujours pris dedans, ce pourquoi il faut faire preuve de prudence et de retenue.

    Pour ce qui est de l'écologie-politique, j'ai écrit assez en détail ce que j'en pensais et ce n'est certes pas un point de vue tellement partagé, très éloigné des représentations habituelles sans aucun doute mais que je définissais dès le départ :

    jeanzin.free.fr/...

    comme "prise en compte de la totalité et maîtrise de notre environnement, des conséquences de nos actions sur nous-mêmes et notre avenir", projection dans l'avenir, très loin d'un retour en arrière, responsabilité que je relie désormais à l'information qui nous permet d'agir, inséparable de l'autonomie et la solidarité (rien à voir avec l'environnementalisme, encore moins avec les taxes mais avec la construction d'une conscience collective, d'un vouloir vivre ensemble, passage de l'histoire subie à l'histoire conçue, nouveau stade cognitif et d'humanisation du monde).

    Il est vrai qu'on est encore bien ignorant, qu'il y a tant de choses qu'on ne sait pas, on est même incapable de prévoir ce qui se passera le lendemain ! Mais ne pas tout savoir n'est pas ne rien savoir et il faut bien nous orienter dans un monde incertain, animal apeuré au milieu d'une forêt obscure et pleine de surprises. On se guide avec les informations que l'on a.

    Il faut savoir qu'on peut se tromper mais il y a une bonne méthode pour cela, c'est celle du vivant et de la cybernétique : c'est de juger aux résultats et d'adapter notre action aux effets voulus, à l'objectif visé (boucle de rétroaction qui corrige le tir).

    C'est l'action qui détermine ce qu'il faut faire dans la précipitation du moment, c'est de vouloir transformer le monde qu'on peut le comprendre (comprendre ce qui résiste et ce qu'on peut faire). Mais notre rationalité est très limitée, notre maladresse immense et notre pouvoir si minime. Ce n'est pas une raison pour se laisser faire et subir passivement, il faut résister, agir, trouver les bonnes informations...

  5. Bonjour,

    Juste une remarque sur l'idée de prudence et de retenu. Cette idée est utile mais, au final, elle s'avère handicapante dans certaines situations. Je m'occupe d'une asso de chômeurs. Celle-ci est considérée comme asso faisant de la politique (Je me demande en quoi mais passons). Défendre des chômeurs...

    De ce fait, j'ai eu droit à peu près à tous les discours uniquement à cause de cet 'a priori' que ce soit dans le monde réel ou sur le net. Qu'il était hors de question qu'on se mêle à une asso considérée comme politique et justement à cause de ce principe de prudence et de retenu. Dans un autre sens, j'ai eu droit à toutes sortes de contacts incroyables quand il s'agit de récupérer une asso de chômeurs pour telle ou telle cause (j'ai même eu droit à des lobbyistes qui ne vous contactent que pour cela - Qui manipule qui dans ce contexte ?)

    Donc non seulement il y a ce problème de l'information (est-elle vraie ? Est-elle fausse ?) mais en plus beaucoup de personnes se protègent de toute forme d'engagement à cause de ce principe de retenu et de prudence parce que chacun sait plus ou moins intuitivement et consciemment que l'information est ainsi.

    j'ai à peu près tout entendu, je me répète, et c'est pour la même raison que l'on demande de plus en plus à des personnes jugées comme expertes de faire la part des choses. Autrement dit, les personnes ne savent plus examiner une situation, un fait et en tirer les conséquences par elles-mêmes. Ce qui est quand même grave. Ces mêmes personnes se replient sur une position de prudence : "si vous venez ici et que vous faites de la politique alors moi je m'en vais". Ce qui veut dire que nous sommes considérés comme des manipulateurs potentiels, que nous déformons la réalité des choses par le biais d'un discours dialectique ou rhétorique dans le but de priver cette personne de son jugement propre afin de l'embrigader. Bah ! Mais cette personne n'a pas peur de se faire manipuler par la télé. C'est à se demander si ce n'est pas là un acte manqué si on se réfère au registre de l'analyse...

    C'est tout simplement agaçant... mais tout aussi inquiétant. le désavoeu est clair selon moi quant aux outils d'analyse qu'une personne possède... Ils deviennent de plus en plus rares. On fait appel à une personne experte, censée être neutre laquelle possède les outils d'analyse corrects. Le fait est que nous vivons aussi dans une société de plus en plus complexe d'où la nécessité de personnes expertes mais du même coup ces experts empêchent la maîtrise ou au moins la capacité à être capable d'utiliser les bons outils d'analyse.

    On se repose un peu trop sur les experts et les média l'ont bien compris...

  6. stratégiquement la prudence et la retenue , tactiquement , va à ta perte , tel un taureau en furie dans l'arène . si tu parle de l'apcd j'aimerai bien savoir dans quels circonstance vous vous êtes fait mis au banc .... dire qu'il y a encore des tarlouzes qui pensent (?) qu'on ne doit jamais s'occuper de politique ne pensant même pas qu'affirmant cela l'air agard dans un espace improbable , ils en font . de fait . mais comme le dit jean , avec le retour de la morale , il s'agira peut-être de dire tout haut ce qu'on voudrait nous faire taire . c' est peut-être par là que l'on commence à "faire" de la politique et que l'on peut se passer, autant que faire ce peu, des experts. mais c'est probablement qu'avec la multitudes des mécanisme de précarisation on a au bout du compte à faire à de la torture . (je rapelle que la toture vise à faire taire et à désaffilier , cf françoise sironi , psychologie de la torture . et je me demande si ce succès peut être pas tellement des névroses traumatiques ( on a souvent le plus grand mal à identifier dans les histoire des gens qui en présente le tableau clinique un évènement traumatique majeur - c'est plutôt une multiplicité d'évènement mineurs) mais pluto^t des névroses réactionnelles ( de réaction à une situation plus qu'à un évènement) ne serait pas en train de faire basculer l'art , ou du moins la possibilité de son inspiration de la psychose ( maniaco dépressive ) à la la névrose . et dans un certain sens tous les mouvements culturels depuis le milieu des anéée 80 punk rap hard core ....) en serait peut être une préfiguration .

    mille coup dépingles tuent aussi surement qu'un coup de massu. eh oui ,messieurs!!!!! en france ontorture !!!!!!

  7. Bonjour sable,

    Oui je parle de l'apcd. L'asso n'a pas été mise au banc par qui ou quoi que ce soit. Il faut bien comprendre qu'une asso de chômeurs, cela dérange c'est tout. Cela sert politiquement (tu es une sorte garantie de contre pouvoir) aussi.

    Le plus marrant dans l'histoire, c'est que notre asso est plus reconnue par les administrations (Caisse d'allocation familiale, assistantes sociales, département pour le plan canicule, etc) que par les personnes concernées par le chômage et la précarité.

    D'où cette question sur la vraie fonction d'une asso de chômeurs quand elle n'est pas récupérée par d'autres personnes ou groupes plus militants plus durs ou un parti politique bien défini... en ce sens qu'il y a toujours une référence tacite (libertaire pour ma part) mais pas de référence idéologique explicite avec ac, mncp, apeis, cgt chômeurs.

    Et ce genre de questions, peu de personnes se les posent. Lorsque tu enlèves les oripeaux idéologiques qui masquent le fonctionnement de ces assos (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en a plus), tu n'es suivi par personne parce que tu n'as pas le discours qui va avec. Eh ! Oui, c'est aussi cela la réalité militante... De plus les personnes qui viennent te voir te demandent mais que faîtes-vous alors ? Sans parler de cette peur de l'embrigadement idéologique : risqué-je quelque chose si je m'implique ? C'est du vécu, des dizaines de personnes que j'ai aidées, commission de recours de la ddte, chômeurs en fin de droits et toujours cette même question en filigrane.

    Si je me réfère à la question de la mobilisation à l'intérieur de mon asso, c'est qu'il y a selon moi une analogie avec la mobilisation politique aussi. Les fiascos des différents partis montrent qu'ils ne savent tirer aucune leçon, qu'ils posent leurs analyses à partir de concepts et de théories lesquelles ont fait leur temps de nos jours et ne savent plus faire politique. C'est vite dit, je le concède.

    Patrick Mignard, professeur d'économie, pose un certain nombre de bonnes questions même s'il reste dans une conception assez classique mais il a, au moins le courage, de se les poser. Jean Zin, aussi et, jusqu'à un certain point, ses positions sont assez proches des miennes puisqu'il intègre dans sa critique, mais pas uniquement, et qu'il exprime d'une meilleure façon que la mienne, la théorie générale de l'information, la complexité ainsi que la question de la biologie avec sa conséquence l'écologie.

    Ensuite en ce qui concerne l'analyse plus ou moins psychologique, je n'ai aucune compétence dans ce genre de trucs et je me garderai bien de trouver telle ou telle explication à partir d'articles lus dans les pages psy de nos magazines préférés. Si je dois faire ce genre de travail, je le ferai avec une personne compétente en la matière. De plus, je tiens à le préciser très clairement, le fait d'écrire ici ou là des posts n'implique pas une tentative d'interprétation voire même une suggestion de type analytique, je trouve cela absolument absurde d'autant plus qu'il n'y a aucun accord tacite ou explicite qui autorise ce genre de trucs. C'est un petit peu raide, je le conçois, mais on fait dire tout et n'importe quoi à la théorie analytique comme si elle était le graal. Laissons le travail de l'analyste se faire là où il doit être : un travail thérapeutique. Maintenant, trouver une explication analytique pour tenter de trouver une formulation thérapeutique à nos comportements ou à l'histoire de notre société moderne, je dis non c'est du grand n'importe quoi.

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